Another nightmare [Nivahriin]

Another nightmare

Codage par Libella sur Graphiorum

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Another nightmare

La petite sorcière était brisée. Cassée. Morcelée. Comme une poupée désarticulée.
Elle était angoissée et terrifiée la petite sorcière. C’était elle seule contre le monde, elle seule contre ses souvenirs. Il y avait toujours ce moment de latence à chacun de ses réveils, où elle le pensait sincèrement. Mais à chaque fois… Niva était là, vraiment là, juste à côté d’elle.
Elle s’accrochait, aussi fort qu’elle en était capable, cependant, les doutes et les angoisses ne la laissaient pas en paix.
La petite sorcière était marquée. Ce massacre, ce sang, elle craignait de les revoir un jour. Elle angoissait intensément à l’idée de perdre à nouveau le contrôle. De tuer tout le monde, encore. Et surtout, de le tuer, lui… Enveloppée dans ses bras, elle murmurait ses craintes. Des craintes auxquelles elle ne voulait pas penser, mais dont elle avait terriblement besoin de parler.
La petite sorcière était dans un cercle vicieux. Prise au piège. Prisonnière.
Dans les bras de Niva, ce n’était pas si terrible. Elle aimait son étreinte, sa chaleur. La seule chose de sa vie passée qu’elle avait pu conservé, et qu’elle désirait garder. Alors, elle ne pouvait se permettre de perdre à nouveau le contrôle. Niva était résistant, mais était-ce réellement suffisant..?

Collée contre son torse, la petite sorcière se laissait bercer par le son des battements de son cœur. Elle était toujours anxieuse sur son futur, leur futur. Peur d’y être seule, sans Niva.
Ses paroles furent salvatrices à ses oreilles, la faisant sourire un court instant. Elle releva la tête vers lui, pour pouvoir le lui montrer, pour le lui partager. Elle avait compris qu’il souffrait de la voir dans cet état. Elle avait compris que ça lui manquait de la voir sourire comme avant, mais elle n’y arrivait plus.. jusque là. Alors, elle le partagea avec lui, son premier sourire depuis leur cavale.
Mais rapidement les larmes revinrent, et elle vint s’appuyer contre son cou pour le cacher, demandant confirmation. Il serait là, même dans le futur, quoiqu’il advienne, n’est-ce pas.. ?
Un léger soupir de soulagement lui échappa à sa réponse. Elle mis quelques secondes, avant d’oser le regarder à nouveau, décryptant ses émotions, et voyant bien sa sincérité.

Même si elle n’était plus collée contre son torse, elle était toujours bercée par le son des battements d’un cœur, perdue qu’elle était dans ses yeux noirs. Presqu’instinctivement, sa main vint doucement caresser sa joue, ses yeux toujours ancrés dans les siens. Un silence paisible s’installa, sans briser la magie de ce moment.
D’étranges envies opposées l’animait.
Rosaria voulait plus, mais elle ne voulait pas interrompre ce moment, chaste mais qui suffisait à lui retourner le ventre. Sa main redescendit lentement, abandonnant sa joue. Avoir l’impression d’être seuls au monde n’était pas si angoissante avec lui. Pendant un long moment, ni lui ni elle ne bougea, jusqu’à ce que Niva se décide à les rallonger, caressant ses cheveux, dans un geste réconfortant et agréable. Rosaria n’avait pas lâché son regard, et vint à nouveau caresser délicatement sa joue par mimétisme, répondant inconsciemment à sa question, toute concentrée qu’elle était à observer son visage dans les moindres détails, comme si elle le voyait pour la première fois.


Elle dit ça sans réfléchir, caressant doucement la commissure de ses lèvres avec son pouce. Avec toutes les pensées qui se bousculaient en elle ces derniers jours, Rosaria n’avait plus pris le temps de juste.. le regarder, et le toucher. Pas parce qu’elle avait besoin d’être rassurée, juste pouvoir le toucher car elle en avait envie, exactement comme maintenant. Cela semblait remonter à une éternité, à cause d’elle et de ses angoisses qui n’en finissaient pas.. ce qu’elle aimerait qu’elles s’arrêtent.


Elle murmurait toujours, comme si elle craignait que parler trop fort briserait ce silence agréable. Son regard descendit lentement, en même temps que sa main, sur son torse, et elle écouta leurs cœurs battre à l’unisson, aussi fort l’un que l’autre. Un léger sourire en coin se forma sur ses lèvres et un gloussement lui échappa à cette constatation. Cette impression de vide semblait presque partie depuis quelques instants.

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Another nightmare

Rosaria avait toujours été tactile avec les personnes qu'elle chérissait, et cela s'était exacerbé depuis l'incident. Elle doutait tant de sa propre existence qu'elle avait besoin de toucher Niva, pour être certaine de sa présence. Pour être certaine d'être bien réelle et non morte avec le reste de sa famille. Même si au fond, elle savait que quelque chose s'était brisé à jamais en elle depuis ce jour.

Mais.. à cet instant, elle se sentait plus vivante que jamais, le cœur battant à cent à l'heure en dardant ses iris vertes sur le visage de Niva. Malgré l'horreur de ses cauchemars, ces courts moments suivant son réveil lui procuraient un soulagement de plus en plus grand au fur et à mesure des jours. En particulier en ce moment, où elle ne se sentait ni vide, ni angoissée, juste.. entière.

Rosaria l'observait sans un mot, caressant sa joue, presque hypnotisée. Le temps s'était suspendu, il n'y avait qu'eux deux et rien d'autre. Elle avait répondu machinalement à sa question, sans réfléchir. Elle se fichait des mots, seul son contact visuel et physique comptait. Il aurait pu lui demander n'importe quoi qu'elle aurait répondu sans ciller.
Elle s'obligea à quitter sa contemplation à sa question suivante, et le regarda à nouveau dans les yeux.

Elle repris ses gestes, laissés en suspend le temps qu'elle lui réponde. Cette information était insignifiante à ses yeux, elle ne s'y attarda pas et recommença à détailler son visage. Elle voulait faire plus mais.. ce moment était déjà parfait pour elle, elle ne voulait pas le détruire.. même si son envie d'aller plus loin, de franchir les limites, ne cessait de croître. Arrivé au coin de ses lèvres, elle s'excusa pour cacher son trouble. La jeune femme sourit à moitié à sa remarque, relevant la tête vers lui.

Son regard descendit en même temps que sa main sur son torse, et le sourire en coin qu'elle retenait finit par apparaître, ainsi qu'un petit rire. Elle ne se souvenait même plus de la dernière fois qu’elle avait rit depuis ce jour.
Ses joues rosirent légèrement et son sourire s'effaça quand il caressa doucement les restes de brûlure sur sa main. Elle détourna les yeux, peu encline à avouer qu'elle avait essayé de fumer. Ça ne lui plairait pas, elle le savait.


Ce n'était pas tout à fait un mensonge après tout.. Elle s'apprêtait à ajouter quelque chose mais ses mots moururent dans sa gorge quand Niva vint attraper son menton. Elle se perdit à nouveau dans ses yeux, le cœur s'emballant tandis qu'il se rapprochait. Son regard oscilla rapidement entre ses yeux et ses lèvres sans qu'elle ne puisse s'en empêcher. Elle ferma timidement les yeux et attendit, un mélange d'appréhension et d'envie lui vrillant l'estomac.

Rapidement, elle sentit le souffle de Niva sur ses lèvres, et l'instant suivant, la douceur d'un baiser lui parvint, accélérant davantage les battements de son cœur. La main sur son torse remonta lascivement vers son épaule, et elle rapprocha son corps du sien, désireuse de plus de contact, mais se mouvant avec délicatesse, imprégnée de la douceur du baiser qu'ils partageaient. Rosaria n'avait jamais embrassé quiconque, mais à présent que cela arrivait, cela semblait si.. naturel avec Niva.

Ce dernier finit par abandonner la douceur, au profit d'un baiser plus passionné qui la fit frémir. Elle vint passer sa main dans ses cheveux, l'autre retournant caresser son torse, avide de sentir sa peau sous ses doigts. Un frisson la parcouru en sentant la main de Niva glisser sur sa hanche. Son contact suffisait à l'électrifier, c'était grisant.

Niva interrompit le baiser, restant cependant tout près d'elle, qui en profitait pour reprendre son souffle. Sans voir la culpabilité sur les traits du wyvern, elle s'apprêtait à l'embrasser de nouveau, mais ses mots l'arrêtèrent. Rosaria releva les yeux vers lui, surprise.
Surprise qui ne cessa d'augmenter au fur et à mesure de ses paroles.
Où en étaient-ils dans leur relation.. ?
Elle se mordit la lèvre inférieure, coupable, et détourna les yeux. Elle avait presque oublié la situation dans laquelle ils étaient par sa faute.


Elle le lâcha lentement et s'éloigna, remontant la couverture sur elle en lui tournant le dos.


Les joues encore rouges, elle ferma les yeux, honteuse, en espérant qu'il retourne dormir.

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Another nightmare

I
l n’y avait ni vide ni angoisse en elle, et cela lui offrait un soulagement incommensurable. Après des jours d’anxiété, et de dissociation avec son environnement, elle avait enfin l’impression de vivre, comme avant, à travers les nouvelles sensations qu’elle découvrait. Ses mains exploraient la peau de Niva, s’accrochant au contact grisant que cela lui procurait. Rosaria voulait plus, bien plus. Peut-être était-ce précipité, trop guidé par sa soudaine envie, son désir de se sentir vivante.. Peu importait, elle s’en fichait. La seule chose qui comptait étaient les émotions de cet instant, le plaisir qu’elle ressentait.

Lorsque Niva écarta ses lèvres des siennes, un peu essoufflée, Rosaria ne comprit pas immédiatement ce que cela signifiait. Ce n’est que lorsqu’il prit la parole, qu’il lui fit comprendre que cela n’irait pas plus loin. La sorcière détourna les yeux devant ses explications, se sentant coupable. C’était de sa faute s’ils étaient dans cette situation après tout… Ce n’était sans doute pas une bonne idée de se précipiter alors que les choses étaient si compliquées… Mais malgré ça, elle ne pouvait s’empêcher de ressentir de la déception face à ce rejet, avec l’impression d’avoir pris une douche froide. Il y avait vraiment de bons moments pour ça ? Même si tout était parti en fumée ces derniers jours, cela lui ne lui semblait pas être un moment plus mauvais qu’un autre.

Rosaria se mordit la lèvre avant de se résigner, puis lui tourna le dos pour se recoucher. Enfin, essayer de se recoucher, il lui faudrait sans doute un moment avant de se rendormir. Elle remonta la couverture sur elle sans un mot. Elle ne voulait pas qu’il se rende compte que ce refus l’avait blessé, bie que cela soit sans doute inutile puisqu’il pouvait comprendre toutes ses émotions. Elle aussi, elle voyait bien qu’il n’avait pas voulu la blesser, mais… cela ne suffisait pas à atténuer ce qu’elle ressentait à présent.
Sa réflexion lui arracha une grimace.


Elle tâcha tant bien que mal de ne pas sembler sèche mais c’était probablement raté aussi. Probablement immature, mais elle l’avait toujours été de toute manière.
Rosaria entendit Niva se recoucher à côté d’elle, à bonne distance comparé à d’habitude. C’était étrange d’être aussi loin l’un de l’autre, après qu’elle ait passé toutes leurs nuits ensemble dans ses bras. Au moins, elle ne serait pas tentée d’aller plus loin comme plus tôt, même si ça lançait un froid de ne plus sentir la présence de Niva tout près d’elle.

Elle pouvait toujours se rapprocher de lui en faisant fi du rejet de tout à l’heure mais… pas question qu’elle fasse le premier pas, c’était lui qui l’avait repoussé après tout. Sa fierté ne s’était pas volatilisée non plus.
Rosaria ne bougea pas et tenta de trouver le sommeil en vain. Une heure plus tard, elle n’était toujours pas parvenue à fermer l’oeil. Cela ne l’étonnait plus, elle n’avait pas réussi à passer une nuit de sommeil complète depuis qu’elle avait fuit avec Niva.

Elle sentit Niva bouger de l’autre côté du lit, et avant de le réaliser, son bras l’entourait. Rosaria s’empourpra sans réagir durant quelques secondes. Encore à moitié vexée, elle finit cependant par attraper sa main dans la sienne. Le contact chaud la réchauffa, et elle resta ainsi un petit moment, avant de monter sa main à ses lèvres, y déposant un baiser. Elle n’arrivait jamais à lui faire la tête bien longtemps de toute façon, encore moins maintenant.

Rosaria se retourna, et entoura son dos de ses bras, dans une timide étreinte. Elle se sentait immédiatement plus en sécurité ainsi.. Sans réfléchir, elle releva la tête pour déposer un baiser dans son cou, oubliant ce qui avait été dit avant. Elle souffla, le front contre son torse, pour tâcher de se reprendre.
Pas le bon moment..

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Another nightmare

I
l y avait un vide sans la présence de Niva. Un froid insidieux.
Le sentiment de vide dominant était devenu habituel, mais le vide physique ne l’était pas. Rosaria aurait voulu faire fi de sa déception pour retourner près de lui, elle aurait voulu, mais.. Ce n’était pas le bon moment. Cette phrase tournait en boucle dans son esprit. Si elle revenait près de lui, elle souhaiterait plus, encore enivrée de son contact qu’elle était. Elle voudrait plus, et devrait de nouveau faire face à un rejet.

Alors, elle se cachait derrière la couverture. Elle ne voulait pas qu’il puisse décrypter ses émotions. Presque honteuse de ces dernières. Avaient-elles toujours été là, où venaient-elles à peine d’éclore ? Rougeoyante, la sorcière ne trouva ni la réponse ni le sommeil.
Ne pas parvenir à fermer l'œil avant l’aurore après seulement quelques heures de sommeil était devenue une routine après tout. Plus fatiguée, plus stressée de jour en jour, la petite sorcière. Coincée dans un cercle vicieux.. qui semblait finalement voir la fin.

Rosaria ne réagit pas pendant quelques secondes, semblant durer une éternité, tant pour elle que pour lui. Le temps suspendu aux lèvres de la sorcière, qui les fit glisser sur la main de son wyvern, reprit enfin son cours après leur étreinte de nouveau scellée. Un baiser fût déposé sur le cou de Niva, malgré la phrase qui tournait toujours en boucle dans l’esprit de la sorcière. Elle voulait recommencer.
Mais elle ne fit rien, fuyant dans le sommeil pour échapper au rejet.

Le sommeil fût sans cauchemars, sans souvenirs déchirants. Réveillée par la voix rauque d’un Niva encore endormi, Rosaria s’étira silencieusement, sans quitter le lit. Seule dans la chambre, elle y resta un long moment, ressassant le moment de la nuit précédente. Ecartant les rideaux, elle observa le ciel nuageux et la vie citadine qui commençait doucement, jusqu’à entendre l’eau s’arrêter, puis Niva s’activer dans la cuisine.
Rosaria se remémora la routine mise en place, et finit par sortir de la chambre, toujours silencieuse, fatiguée. Elle avait froid. Prête à se glisser sous la douche, ses pas la guidèrent dans la cuisine, et elle attrapa instinctivement le t-shirt de Niva pour l’étreindre.


La fatigue encore perceptible dans la voix, Rosaria reposa son front contre son dos un petit instant, puis quitta la cuisine pour prendre une douche. Elle mis peu de temps, l’eau commençant à devenir froide quand elle en sortit. C’est les cheveux encore humides et habillée pour cette journée qu’elle revint dans la cuisine. Elle prit place sur une chaise, observant Niva préparer le petit déjeuner.

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Another nightmare

E

ncore imbibée de la chaleur, Rosaria frissonna en sortant de la salle de bain, saisie par la différence de température dans les autres pièces. Elle avait oublié que le chauffage était inégale ici..

Elle vint s’asseoir sur une chaise de la cuisine, où Niva venait de servir le petit-déjeuner, et passa une main dans ses cheveux humides. Un sèche-cheveux aurait été le bienvenu, ou un meilleur radiateur, à votre convenance. Niva avait préparer une omelette avec des fruits aujourd'hui, qu'elle commença à manger immédiatement.

Heureusement qu'il y avait l'un d'eux qui savait cuisiner, ce n'était pas elle qui aurait réussi à préparer ça.. ou quoi que ce soit par ailleurs. Élevée comme une petite princesse, elle n'avait jamais eu à faire ce genre de tâche.

La sorcière était en train de déguster une fraise quand Niva pris la parole, lui rappelant le baiser de la nuit dernière. Elle manqua de s'étouffer sur le coup, et avala difficilement le morceau de fraise qu'elle avait dans la bouche, ses joues prenant la même teinte que le fruit. Elle toussota légèrement pour se redonner contenance.


Bien dormir était une notion très relative pour elle depuis quelques temps. Mais cela avait bel et bien était un peu mieux que les nuits précédentes.
Elle fronça un peu les sourcils à ses excuses. Pourquoi se sentait-il coupable ? Certes, elle n'était pas bien mais.. Elle n'était pas devenue totalement folle non plus !

Ce n'était probablement pas si grave d'un point de vu extérieur, mais ça l'énervait plus que de raison sans qu'elle ne sache pourquoi. Il commençait à la vexer à dire qu'il n'aurait pas dû l'embrasser. Ça lui avait plu, et à lui aussi, pas besoin de chercher plus loin.


Rosaria détourna les yeux, et recommença à manger en silence, un peu gênée une fois la colère passée. Peut-être qu'il n'avait pas le même ressenti qu'elle sur ce baiser finalement, et qu'elle se faisait des films.. Est-ce que cela aurait été différent si elle avait été de nouveau comme avant ?

Elle venait de finir son omelette quand Niva toussota, attirant son attention. Il voulait en savoir plus sur la cause de sa brûlure.. Elle hocha doucement la tête à sa supposition.

Probablement parce qu'ils ont dû croire qu'elle avait simplement mal allumé sa cigarette, mais ça..

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Another nightmare

E
lle avait bien compris que ce n’était pas le bon moment pour envisager d’aller plus loin dans leur relation, ils étaient en caval et elle n’arrivait pas à penser à autre chose qu’à l’incident. Ils étaient tous les deux stressés avec cette situation. Sans compter la police, sa famille et l’agence de Niva, qui étaient à leurs trousses… C’était probablement loin d’être le bon moment pour autre chose, malgré ce qu’elle aurait voulu. Rosaria s’était enfin sentie.. bien, après ces trois semaines angoissantes. Elle avait aimé pouvoir se raccrocher à lui, pour autre chose que sa sécurité.
Mais elle ne pouvait pas y faire grand-chose après tout, puisque Niva préférait attendre que leur situation, et son état, aillent mieux. Bien qu’elle ignorait quand est-ce qu’elle parviendrait à avancer…

Sans pouvoir se contrôler, irritée par les excuses de Niva, elle explosa, exprimant ce qu’elle pensait réellement. C’était insupportable pour elle de l’entendre regretter ce qu’il s’était passé. Une fois lui avait amplement suffit. Incapable de le regarder dans les yeux après ça, elle détourna le regard, se sentant presque gênée. En l’entendant reprendre ses termes, elle rougit, regrettant immédiatement d’avoir été si franche sans réfléchir davantage. Elle se mordit la lèvre, toujours sans oser le regarder. C’était elle qui ne voulait pas interpréter ses émotions actuellement.


La sorcière recommença à manger, jusqu’à la question de Niva, portant sur ses brûlures. Elle décida donc de lui dire la vérité, en omettant certains détails indésirables.

Un coup de chance, peut-être que c’était le signe que les choses iraient finalement mieux à présent.
Niva était décidément très bavard ce matin, prenant à nouveau la parole. Rosaria suspendit ses gestes, immobile. Elle leva lentement les yeux vers lui. Il voulait qu’elle aille voir un psy ?


Cela sonnait plus comme un cri de désespoir qu’autre chose. Voir un psy.. ça rendrait tout ça trop réel, il percevait déjà bien assez sa fragilité pour ajouter ça en plus ! Et puis, comment un humain pourrait l’aider ?

Elle reposa ses couverts en soupirant, et passa sa main dans ses cheveux nerveusement.


Rosaria se mordit la lèvre, reposant sa tête entre ses mains. Une part d’elle hurlait de pouvoir s’exprimer sur ce qu’il s’était passé, mais elle souhaitait tant ne plus revoir une seule image de cet événement…

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J’observais les traits de son visage tandis que Rosa n’osait pas regarder le mien. Je voyais bien que mes excuses l’agaçaient, mais de là à penser que le baiser l’avait rendue heureuse… je n’en avais eu aucune idée. Après tout, je n’avais jamais eu de vraies relations amoureuses pour savoir comment réagir face à ça. Sa réflexion me fit réfléchir.

– Tu as raison, dis-je finalement. J’ai juste pas réfléchi.

Lorsque je la vis reprendre une bouchée de son omelette, je fis pareil jusqu’à poser une autre question. Je voulais en savoir plus sur sa brûlure et cet homme qu’elle avait rencontré. C’était donc un infirmier, elle avait eu de la chance d’être tombée sur lui alors.

– C’est gentil de sa part.

Rassuré, j’espérais que Rosa ne tente pas une seconde « expérience ». Je me demandais bien que quoi ça consistait, peut-être qu’elle voulait voir si ses pouvoirs étaient vraiment dangereux. D’ailleurs, à part les conséquences du massacre, je ne l’avais jamais vu démontrer ses dons. Je venais de terminer la dernière fraise, puis après un autre silence, je me décidais de lui proposer d’aller voir un psy. « Je vais bien » … pas tellement. Son désespoir me fit un pincement au cœur et alors que je voulus lui répondre, elle continua sur sa lancée.

Je l’écoutais silencieusement, observant sa nervosité avec le même sentiment. J’avais l’impression d’être inutile. Que je ne l’aidais pas à aller mieux. Je n’étais pas un bon soutien moral, et je ne voulais pas l’enfoncer. Je voulais qu’elle avance, j’avais au début eu l’impression qu’elle le faisait, mais c’était moi qui avançais.

– Tu n’es pas folle, Rosa, répondis-je enfin. Et je comprends que tu ne veuilles pas voir un psy, je ne te force à rien. Si tu ne veux pas, alors n’y vas pas. Mais sache que je serai toujours là, donc si tu veux parler ou… déverser ta tristesse sur moi, tu peux le faire.

Je la regardais poser sa tête entre ses mains, et je me sentais de plus en plus invulnérable. Je voulais au moins lui faire comprendre que j’étais là et que je n’allais jamais l’abandonner. J’avais envie de prendre sa main et de la serrer, ou alors de lui faire un gros câlin. Pourquoi j’étais si… nul ?

C’était au tour de Rosa de poser une question et la sienne me fit perdre un court instant dans mes pensées. Je me repris.

– Oui, j’en suis sûr. Je vais m’en assurer, et je sais que je fais des erreurs, mais je ferai tout pour que tu aies une belle vie.  

Je pris sa main non blessée dans la mienne et la serra. Aujourd’hui, peut-être que je n’allais pas sortir pour vérifier les alentours.


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Another nightmare

R
osaria se demandait ce qu’il pouvait bien y avoir dans la tête de Niva. On pourrait croire qu’avoir la capacité d’interpréter les émotions de l’un et de l’autre permettait de n’avoir aucun quiproquo ou malentendu, mais ce n’était visiblement pas le cas. Elle ne comprenait pas pourquoi il aurait eu besoin d’interpréter ses émotions pour comprendre qu’elle avait apprécié le baiser. Si ce n’était pas le cas, elle l’aurait arrêté. Ce n’était pas devenue une personne entièrement différente non plus ! Quand quelque chose ne lui plaisait pas, elle le disait, et quand quelque chose lui plaisait…

Elle avala un morceau de fruit en secouant la tête, l’air blasée de son comportement, avant de retrouver une expression plus déterminée.

Enfin, elle ferait une exception cette fois.. Elle n’irait pas contre sa volonté.
Elle continua de manger, jusqu’à ce que Niva la questionne sur ses brûlures. Elle hocha la tête à son commentaire. Cet inconnu avait été gentil oui. Même si elle s’était méfiée de lui à un moment.

La proposition suivante de Niva manqua de lui glacer le sang. Elle n’était pas prête pour ça. Pas prête du tout. Elle commença à parler, et rapidement, elle ne parvint pas à s’arrêter. Elle avait besoin d’expliquer ce qu’elle ressentait.
Elle sentit son cœur se réchauffer un peu lorsqu’il déclara qu’il était prêt à l’écouter.


Rosaria s’arrêta, ne parvenant pas à trouver les bons mots. Ce qu’elle avait ressenti, ce qu’il s’était passé.. elle n’arrivait pas à poser de mots dessus. Il n’y avait pas de termes assez forts..
Elle finit par lui poser les questions qui lui brûlaient les lèvres. Elle avait besoin de savoir si elle espérait pouvoir avancer. Est-ce qu’ils pourraient vraiment reprendre tout à zéro ici ?
Elle esquissa un sourire à sa réponse, et posa son autre main sur la sienne. C’était plus rassurant lorsqu’il était celui qui disait cela.


Un silence agréable pris place, jusqu’à ce qu’il soit brisé.
Rosaria tourna les yeux vers la source du bruit par réflexe, découvrant que le frigo était ouvert. Il ne s’agissait ni plus ni moins que du chat errant qui commençait à devenir un habitué de l’appartement à force de venir y voler de quoi manger. Il tentait tant bien que mal de prendre un paquet de saumon dans sa gueule.


Il faudrait vraiment faire quelque chose pour cette fenêtre, elle refusait de se verrouiller quoiqu’ils fassent.

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Cela faisait longtemps que nous nous étions pas parlés, et j’étais content de l’entendre faire des phrases complètes. J’avais l’impression que discuter lui permettait de reprendre un peu d’entrain. Rosa décida de me lancer une pique sur ma remarque et je ne pus empêcher un ricanement, avant de sourire. Ça aussi, ça m’avait manqué. J’avais l’air un peu débile comme ça, n’empêche…

Je repris mes esprits pour ensuite l’écouter. Est-ce qu’elle venait d’affirmer que je lui plaisais ? En même temps, elle avait dit être heureuse par le baiser, alors je devais forcément l’attirer. Ou alors, c’étaient mes lèvres qu’elle aimait. Ou alors… ouais, je vais me taire.

– Tu n’as jamais été hésitante, t’es Rosaria après tout.

J’avais un peu – beaucoup – évité la partie où elle disait que je lui plaisais, j’avais peur de faire un mauvais pas. Agacé par mon propre comportement, je réalisais que j’étais comme ça qu’avec elle. Les autres filles me voyaient comme un homme qui fonçait, sans jamais réfléchir. Maria avait été celle de trop, probablement. On parla ensuite de la brûlure, pour après dévier sur une proposition que je lui fis. Ma demande la fit paniquer et j’attendais qu’elle finisse de parler pour la rassurer.

Elle disait ne pas être sûre de réussir à en parler. Je cherchais les bons mots, puis me décida à parler :

– Tu n’es pas obligée de tout me raconter. Jamais je te forcerai à quoi que ce soit, je veux que tu t’en souviennes. Je veux que ça vienne de toi, que tu veuilles vraiment m’en parler et pas parce que je te l’ai proposé.

J’attrapais sa main tandis que je répondais à sa question qui me fit un pincement au cœur. La voir vulnérable était difficile, même pour le wyverne colérique que j’étais. J’avais tout de même une part d’humanité et face à la personne à qui je tenais le plus au monde, j’avais du mal à rester indifférent. Elle me remercia, alors que c’était tout à fait normal, mais je n’en fis rien. Elle déposa ses doigts sur ma main et le silence nous apaisa.

Jusqu’à ce que l’attention de Rosa soit détournée. Je fronçais les sourcils, il y avait du bruit derrière moi. Je suivis la direction de son regard, tandis que Rosa commentait la venue d’un nouvel invité… ce maudit chat ! Il fouillait dans nos affaires ! Je me levais, m’approchant de lui pour essayer de le chasser. Comment il avait pu entrer ? Ah. La fenêtre s’était mal fermée. J’allais finir par mettre du putain de scotch dessus.

– Hé, petit voleur ! D’abord le poulet, puis le thon et maintenant le saumon !

Au moment où j’approchais mes doigts pour reprendre le paquet, le chat émit un grognement, continuant de mâchouiller le saumon. Je refermais le frigo et me releva, le regardant. Je croisais les bras, ça ne servait à rien de me battre contre lui, il était féroce ce petit félin.

– On dirait que la nourriture est à toi.

J’entrepris de bien claquer les fenêtres avant de me rassoir sur la table, je jetais des coups d’œil vers le chat qui avait l’air de savourer son plat.

– Il a l’air amoché, ce chat, puis je me tournais vers Rosa. Ne t’inquiète pas, on va pas rester ici très longtemps. Cet appart’ va finir par me rendre fou, j’ai l’impression qu’il est hanté. Et en plus la proprio me colle au cul dès qu’elle me voit, elle m’agace.

Rosa ne l’appréciait pas et moi non plus, mais on devait serrer les dents temporairement. Ce n’était pas très discret d’emménager dans un immeuble moderne et luxueux, et pourtant j’avais assez d’argent pour ça. Si la situation restait stable dans les semaines à venir, j’allais chercher un bel appartement pour nous deux. Hors de question de vivre ici une éternité.

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Another nightmare

C
omment une discussion aussi banale lors du petit-déjeuner avait pu dériver de cette manière ?  C’était pas si mal de voir Niva marcher sur des œufs concernant leur relation finalement. Plus simple, beaucoup plus simple que de parler à un psychologue, en parler tout court à vrai dire. Même en parler à Niva était au-dessus de ses forces, et il était celui à qui elle tenait le plus au monde.. Elle n’avait tout simplement pas les mots pour exprimer ce qu’elle avait ressenti et continuait de ressentir. Et ce n’était pas tout, il faudrait également lui expliquer que les Cavaletti n’étaient pas ses parents biologiques.. ou parents tout court.

Rosaria ne lui avait jamais vraiment parlé de ce qu’il se passait dans le manoir familiale, il ne savait rien sur ce qu’elle avait vécu, ce qui reposait en réalité sur un mensonge. En parler lui rappellerait qu’elle ignorait tout sur sa vraie famille. Elle se demandait quel genre de personnes avaient-ils pu être, à quoi sa vie aurait ressemblé avec eux. Est-ce qu’elle aurait quand même rencontré Niva ?
Elle baissa les yeux, en pleine réflexion. Si seulement les choses étaient plus simples.. Rosaria esquissa un sourire en attrapant la main de Niva à son tour. Peut-être qu’elle réussirait à en parler avec le temps, une fois qu’il serait certain qu’ils n’avaient plus rien à craindre, ni de sa famille, ni de la police, ni de l’Agence.

Le silence qui s’était installé fût coupé par la découverte du chat errant, qui avait une fois de plus pénétré dans leur appartement en secret. Niva se leva pour tenter de récupérer le paquet de saumon que le chat était en train de dévorer, mais abandonna en le voyant grogner. C’était presqu’amusant de le voir abdiquer devant un petit félin aussi vite, alors que sous sa forme wyverne il n’en ferait qu’une bouchée.
Elle haussa un sourcil à sa remarque sur l’appartement.


Si elle ne se sentait pas aussi mal, il l’aurait entendu pester tous les jours sur tout ce qui va de travers ici. Un appartement plus luxueux ne serait pas plus mal, et sans la même proprio, encore mieux. Rosaria fit la moue en entendant Niva parler d’elle et de sa fâcheuse manie à le coller.

Ils se faisaient passés pour un couple pourtant, mais ça ne la freinait visiblement pas.

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