Hors des sentiers battus (Eretria&Alex)

Courir. C’est une des plus belles inventions. Quoi que ce n’est pas réellement une invention, mais plutôt un réflexe, mais c’est un sacré bon truc en tout cas. Ça occupe, ça permet de se défouler et en plus, ça libère des endorphines. Le must pour aider à une insomnie ou pour calmer une période de stress intense. D’ailleurs, c’est justement pour la deuxième option que j’ai décidé de venir courir aussi tôt ce matin. J’ai une grosse opération cet après-midi et même si j’ai besoin d’être le plus reposé possible, je suis incapable de dormir. Je me suis donc levé avec le soleil et j’ai enfilé des baskets. C’est merveilleux ça aussi, de ne pas avoir besoin de davantage de matériel et d’avoir autant de bénéfices. Je comprends pourquoi de plus en plus de médecin prescrive l’exercice physique à leur patient. Moi, ce n’est pas vraiment mon cas par contre. Difficile de le faire lorsque la plupart de mes patients ont des problèmes de maladies incurables ou de malformation.

Bref, tout ça pour dire que je cours depuis une bonne trentaine de minute quand je m’arrête finalement près d’un genre de ruisseau. Je m’assois quelques minutes après avoir passé un peu d’eau très fraîche sur mon visage et sur ma nuque. Je remonte la petite pente par laquelle je m’étais faufilé pour atteindre le ruisseau, mais pile à ce moment-là, une femme arrivait, probablement en courant aussi, et on rate de très peu de se percuter de plein fouet.

« Oh merde… ! Pardon ! »

Je peux assumer mes tords, même si ce n'est pas vraiment quelque chose que j'aime faire et là, c’est vrai que c’est moi qui est sorti de nulle part.

Même si en ce moment je suis dans une période compliquée pour moi, entre mes études, mon internat et mes tonnes de questions existentielles… Je prends une de mes rares mâtinés pour aller courir. J’ai toujours aimé le sport, ça m’a toujours permis de me libérer l’esprit ! Et surtout, lorsque j’étais plus jeune, d’être loin de ma jumelle. Elle n’est pas très sportive… Ou du moins pas ce sport-là si vous voyez ce que je veux dire et quand vous savez que dans notre club elle continue d’y bosser alors qu’elle en est la patronne à temps partiel. Enfin bref… Tout ça pour dire que le sport a toujours fait partie intégrante de moi et ça me fait un bien fou d’en faire. Et en ce moment ? C’est clairement ce dont j’ai besoin ! Voilà comment je me retrouve à courir aussitôt dans la forêt, mes écouteurs dans les oreilles et la musique à fond. Je suis tellement dans mon élément que je hurle lorsque soudainement quelqu’un débarque de nulle part. J’enlève à la voler mes écouteurs, à temps pour l’entendre s’excuser alors que je pose une main sur mon coeur et grimace de douleur en me tenant l’arrière de la cuisse, une fois la pression retomber, comme réalisant que je me suis fait mal à me stopper comme ça.

« Aie ! »

Si ça ne me gêne pas de courir sur un tapis, j'adore de loin plus l'idée de courir en forêt. Il faut être réactif, garder un oeil toujours autour de soi, parce qu'il y a des branches et des racines à éviter. Et lorsqu'on fait une pause, on peut entendre le bruit de la nature qui nous entoure. C'est relaxant. Et juste de n'entendre rien d'autre que sa respiration ou le bruit de ses pas, je trouve aussi que c'est relaxant. On ne passe plus beaucoup de temps en tête à tête seul avec soi-même de nos jours, à simplement mettre de l'ordre dans sa tête, alors je profite de ces moments-là.

Mais je n'ai pas vraiment le temps de me relancer après ma pause que je percute presque quelqu'un en revenant sur le sentier. J'ai à peine le temps de faire quelques pas qu'une personne hurle et je m'excuse en tentant de l'éviter pour ne pas que l'on fasse une mauvaise chute tous les deux, parce que la chute aurait été très douloureuse. Elle se stoppe d'un coup et c'est seulement lorsqu'elle laisse échapper un aie que je la détaille un peu plus.

- « Eretria ? Ça va ? Tu t'es fait mal ? Merde, je suis désolé, je ne voulais pas te faire peur, j'étais descendu près de la rivière et je ne t'avais pas entendu arriver.. »

Je fronce un peu les sourcils, comme tentant d'expliquer la situation qui l'avait laissé aussi surpris qu'elle.

Je sais qu’il n’est pas bon d’avoir la musique trop fort, déjà ce n’est pas bon pour l’ouïe parce qu'a forte dose ça peut clairement lui nuire, mais également, car on n’entend pas réellement ce qu’il y a autour lorsque c’est beaucoup trop fort. Mais là, normalement ce n’était absolument pas gênant ! J’étais en forêt, aucune voiture ne risquait d’arriver de nulle part… Je n’avais cependant pas prévu qu’un être humain pouvait arriver de nulle part ! Me stoppant net, je me fais mal à la jambe sur le coup. Le souffle plus court je garde une main appuyée contre en secouant légèrement la tête.

« Oui… Comme si ça avait claqué dans ma jambe... »

Grimaçant alors de douleur je manque de peu de tomber totalement par terre. Je me rattrape de justesse aux épaules du docteur Karev qui m’explique la situation, mais honnêtement ? À ce moment précis j’en ai rien à faire ! J’ai plutôt envie de le noyer dans sa rivière !

Dans un sens, ça aurait pu être pire, on aurait pu tous les deux dévaler la pente qui mène jusqu'à la rivière et s'ouvrir le crâne, mais ça aurait aussi pu être mieux si tous les deux on s'était entendu arriver. Lorsque je reconnais Eretria, je m'informe de son état et je fronce un peu plus les sourcils lorsqu'elle m'explique qu'elle a senti quelque chose claquer dans sa jambe. Ce n'est pas un très bon signe. Je pose mes mains sur sa taille en faisant un petit pas de recul de surprise lorsqu'elle pose ses mains sur mes épaules.

« Attend attend, on va t'asseoir pour éviter que tu tombes. »

Je l'aide alors à s'asseoir et s'appuyer le dos contre un tronc d'arbre avant de me mettre à la hauteur de sa jambe. Je ne suis pas kiné, mais je connais tout de même bien le corps humain, je suis quand même médecin et bien qu'elle le soit aussi, ce n'est pas facile de s'ausculter soi-même.

« Tu me laisse regarder ? Tu t'es probablement coincé ou étiré un nerf en t'arrêtant brusquement. »

J'avance ma main vers sa cuisse, même si je me doute que je ne verrais rien, je pourrais peut-être sentir si son nerf s'est coincé ou quoi et tenter de soulager cette douleur. De toute façon, il faudra aussi que je l'aide à sortir de la forêt, parce que là je ne crois pas qu'elle puisse remarcher directement seule en mettant du poids sur sa jambe sans que ça ne soit douloureux.

Dans une situation tout à fait normale j’aurais surement eu envie de lui arracher ses mains d’oser me toucher ainsi au niveau des hanches, mais pour le moment ? C’est vraiment le cadet de mes soucis ! Il me sert d’appuis et au fond, qu’il me tienne ainsi, m’aide aussi à m’appuyer un peu mieux. Lorsqu’il me dit qu’il faut que je m’asseye, ma tête ne fait que se hocher faiblement tandis que je regarde autour de nous pour voir un endroit où le faire. Cependant Karev agit avant moi et je me laisse donc guider avant de totalement appuyer mon dos contre le tronc d’arbre en soupirant d’envie m’assoir tandis que ma jambe me lance un peu. Lorsqu’il me demande s’il peut regarder en approchant sa main de ma cuisse je le regarde un instant dans les yeux et finis par simplement hocher la tête, lui donnant mon autorisation. De toute façon je n’ai pas le choix ! Il faut qu’il m’aide à soulager cette douleur et seule ce n’est pas simple, autant profité qu’il soit médecin… Même s’il ne fait pas très attention pour un médecin !

Je reprends finalement assez rapidement le contrôle de moi-même et je laisse le Karev surpris et désolé un peu plus loin dans ma tête pour laisser ressortir le Karev médecin et chirurgien. Il est beaucoup plus utile dans cette situation et beaucoup plus confiant également. Je l'aide à s'asseoir près de l'arbre et elle doit voir dans mon regard que je suis devenu beaucoup plus sérieux, vraiment comme si j'auscultais l'une de mes patientes. Je lui demande l'autorisation de toucher sa jambe et lorsqu'elle me la donne, je glisse l'une de mes mains contre sa cuisse, jusqu'à sous celle-ci pour venir palper doucement le muscle qui s'y trouve. Je n'appuie pas trop fort pour ne pas lui faire mal, mais suffisamment pour sentir qu'il ne semble pas y avoir d'enflure ou de luxation de quoi que ce soit.

« Ça semble aller, enfin pas de blessure plus grave. Il te faudra simplement un bon massage, un bain chaud et du repos et tout rentrera dans l'ordre, comme si rien ne s'était produit. »

Je la regarde en venant alors frotter un peu rapidement mes mains ensemble puis les remettre sous sa cuisse, mes mains étaient désormais plus chaude et pouvant aider un peu à détendre son muscle.

Je laisse le docteur Karev faire puisque de toute façon je n’ai pas le choix. Je l’observe donc toucher ma jambe et … Faire je ne sais pas trop quoi, surement voir si j’ai quelque chose d’enfler ou quoi. Tout ce qu’il a comme réaction de ma part c’est quelques grimace et bruit qui signifie que j’ai un peu mal, mais je n’ai aucune réaction extrêmement vive non plus. Rien de casser en vue donc. À son diagnostic, je relève mes yeux vers lui et soupire doucement en m’appuyant totalement contre l’arbre.

« En étant interne et célibataire je peux oublier le repos et le massage, cependant il y a surement moyen que je prenne un bain... »

Redressant finalement un peu ma tête je plante mon regard oscillant entre gris et marron pour observer ce qu’il fait. Ils e chauffe les mains on dirait et touche de nouveau ma cuisse. Je ne dis plus rien et l’observe tout simplement.

Je me sens responsable de sa chute et je n'aime pas ça. Du coup, je tente au mieux de m'assurer de son état et de voir comment elle va, trouver un moyen d'apaiser un peu sa douleur, mais sans matériel et en pleine forêt, il faut se débrouiller avec ce qu'on a : c'est-à-dire pas grand chose. Sa réponse me fait la regarder dans les yeux quelques secondes. Est-ce qu'elle ne viendrait pas de me donner un peu trop d'informations, dans le genre de je te les glisse subtilement ? Non, bien sur que non. Je tente de me ressaisir mentalement, mais en même temps..

« Ça peut toujours s'arranger pour le massage.. »

Je la regarde alors à nouveau dans les yeux, cette lumière naturelle dans laquelle je n'ai pas l'habitude de la voir en raison des néons de l'hôpital fait ressortir quelque chose de différent et d'envoûtant dans ses yeux. Puis, je me rends compte que mon attitude n'a plus rien de professionnel et même si on n'est pas à l'hôpital, je ne veux pas me mettre dans la merde.

« Enfin, tu es mon interne, il faut que je prenne soin de toi. Et tu as de la chance de ne pas avoir de trauma crânien, parce que là ça aurait été l'ambulance directement. »

Je lui souris alors en réchauffant un peu le muscle de sa jambe, les yeux baissés vers celle-ci.

« Tu te sens prête à te lever ? Je vais te ramener chez toi.

Je sens le docteur Karev me regarder lorsque je parle et sur le coup je relève un sourcil en me demandant pourquoi est-ce qu’il me regarde comme ça. Les êtres humains sont vraiment étranges parfois… À ne rien y comprendre. Je reste donc longuement dans cette position alors qu’il me propose un massage, enfin je crois… Ce semble être ça dans tous les cas. Reprenant alors d’un air sérieux.

« Ah oui ? Même si je ne suis pas patiente de la pédiatrie ? Je veux dire… Le grand docteur Karev serait s’occuper de femme aussi bien qu’enfant ? »

Bon peut-être que je pousse le bouchon trop loin de l’ironie. Mais je suis une démone que voulez-vous je n’ai pas ma langue dans ma poche et certes il est mon supérieur, mais pour le coup… Je suis en colère de m’être fait mal en partie à cause de lui. Lorsqu’il finit par justifier ces actes, je secoue la tête en grimaçant face à ce qu’il dit.

« Oh non… Mais ne me portez pas malheur ! Ça me rappelle bien trop l’histoire qui est arrivé dernièrement à l’hôpital, vous n’en avez pas entendu parler ? Il a un patient qui était tellement désorienté qu’il c’est relever après une opération et touuuuutes les coutures ont craqué ce qui fait que littéralement ses boyaux sont tombé à ses pieds !… Il y en avait partout… »

Soupirant, je finis par hocher la tête.

« Oui je me sens prête... »

Je ne sais pas vraiment pourquoi sa phrase m'a fait cet effet, mais je lui propose alors carrément de lui faire moi-même le massage dont elle aurait besoin. Jamais je n'aurais fais ça en étant normal. Quoi que peut-être. Après, oui c'est une interne, mais ce n'est pas mon interne de façon spécifique, pas en ce moment en tout cas, et il faut avouer qu'elle est jolie. Je la regarde lorsqu'elle me lance une sorte de pique et je redescends alors un peu sur terre.

« C'est simplement une surface un peu plus grande avec laquelle travailler ... Mais tu n'auras qu'à demander à celle qui l'aura ce massage, si tu n'en veux pas. »

Je hausse les épaules. Ce n'était pas à moi que ça changeait quelque chose, que je lui en fasse un ou pas de toute façon. Je fronce cependant les sourcils quand elle me raconte une histoire franchement dégueulasse.

« Je n'en avais pas entendu parler non.. Mais c'est vraiment l'une des des histoires les plus dégueulasse que j'ai entendu et pourtant, j'en ai entendu des pas mal à l'hôpital.. »

Je me penche finalement vers elle lorsqu'elle dit qu'elle est prête pour se lever, m'accroupissant pour venir passer son bras autour de mes épaules, le mien derrière son dos. Je me redresse lentement en l'aidant à en faire de même et je guette une quelconque réaction de douleur sur son visage. Je glisse ma main sur sa taille, la soutenant ainsi lorsque nous sommes finalement tous les deux debout.

« Tu crois que tu vas arriver à marcher ? »

Nous n'étions pas qu'à quelques pas de la sortie de la forêt en plus..

Je regarde longuement le docteur Karev qui semble soudainement moins avenant avec moi et qui me fait bien comprendre que si je refuse ce massage et bien... Tant pis pour moi. Je retiens une moue boudeuse et reprends simplement.

« Je n’ai jamais refusé, j’ai simplement demandé si c’était vraiment votre domaine... »

Croisant un peu les bras, je soupire faiblement avant de grimacer de nouveau, mais cette fois d’horreur en pensant à la petite histoire que sa phrase me ramène ! Je la lui raconte donc et visiblement lui aussi ça lui fait quelque haut-le-coeur vu ses grimaces. Lorsqu’il me parle des histoires d’hôpital, je me sens soudainement intéresser. Après tout on sait jamais.

« Ah oui ? Comme quoi ? »

Lorsqu’il m’aide à me relever, je m’accroche bien à lui car je n’ose pas m’appuyer sur ma jambe « blesser ». Je grimace et soupire d’exaspération lorsque je sens que ça tire. Je finis par secouer la tête à sa question.

« Oui je pourrais, mais j’ai peur qu’avec un aussi mauvais chemin je ne fasse qu'aggraver ce qui devrait être réglé rapidement par un bain chaud et un massage... »

Je ne suis pas tellement du genre à être serviable normalement, du coup le fait qu'elle dise quelque chose qui montre qu'elle doute de mes capacités, ça me refroidit un peu. Elle précise finalement qu'elle n'a pas refusé et je la regarde pendant quelques secondes.

« Ça sera à toi de me le dire alors.

Je lui adresse finalement un petit sourire en coin avant d'être dégoûté par son histoire. C'est nettement dans le top trois des pires. Mais comme je lui dis que j'en ai déjà entendu des pas mal aussi, elle me demande un exemple et je réfléchis alors. Dur de trouver à la hauteur des boyaux sur le sol.

« - Une fois, il y avait un patient de neurochirurgie, qui avait subit une opération mais qui allait devoir en subir d'autres donc ils n'ont pas refermé sa boîte crânienne … Avec les anti-douleur puissants et tout ça, il ne ressentait pas la douleur, du coup ils s'amusait à soulever la partie de son crâne et à faire comme si c'était une bouche qui parlait..

C'était moins gore, mais pour l'avoir vu, ça laissait de sacrées images derrière. Des images que j'aurais bien aimé pouvoir oublier d'ailleurs depuis le temps.. Je l'aide à se lever doucement, mais malgré mon examen qui ne révélait rien de cassé, ça semblait être très douloureux. À des propos, je hoche la tête puis je descends alors ma main dans son dos.

« Attends, je vais te porter alors, on va essayer d'éviter un maximum d'empire ta situation .. Sinon tu en as pour la nuit de massage et de bain chaud ..

J'esquisse alors un petit sourire discret puis je la soulève directement, comme pour ne pas lui donner le temps de réfléchir d'avantage. Ensuite, je prend la direction de la sortie de la forêt en faisant de mon mieux pour ne pas me prendre les pieds dans les racines, parce qu'en la portant comme ça comme une princesse, si on tombe, elle va se faire très mal !

Je peux voir le regard de mon supérieur poser quelques secondes sur moi et je le fixe moi aussi en silence. Malheureusement je peux être un peu trop intrépide pour une interne, mais… C’est dans ma nature même de ne pas me laisser marcher sur les pieds. Lorsque finalement il me dit que ce sera à moi d’en juger, ma tête se hoche simplement légèrement, vivement, mais légèrement, sans un mot de plus.

Enfin on dirait que je le refroidis pas mal aussi avec mon histoire un peu gore ! Je n’y peux rien, c’est lui qui m’a lancé dessus, on peut donc dire que c’est de sa faute s’il se retrouve dégouté ! Finalement il me raconte son histoire aussi et… Je grimace autant que j’en ris d’imaginer la scène. Posant une main sur mon ventre, d’avoir trop ri, je reprends.

« Ça devait être quelque chose à voir ! Ça devait être dur pour les médecins de ne pas rire… ! »

Plissant finalement légèrement le nez, je reprends.

« Il y a en a qui ont vraiment de drôle d’idée ! »

Mais je n’ai pas le temps d’ajouter quoique se soient d’autres, ni même de protester face à ce qu’il me propose finalement que je me retrouve soulevé. Je lâche un petit cri de surprise et m’accroche directement à sa nuque avant de le regarder. Cependant… Je ne dis rien, être porté ce n'est pas si mal !

Finalement, on se raconte certaines anecdotes par rapport à des choses qu'on a vu tous les deux à l'hôpital et autant l'une que l'autre sont franchement gores. Je hoche la tête quand elle dit que certains ont du avoir mal à se retenir de rire. Elle est elle-même morte de rire et je ne sais pas trop si c'est normal qu'on trouve ça aussi amusant. On est peut-être dérangé au fond. C'est les années d'études qui font ça. On devient tarés.

« C'était à mourir de rire, mais certaines personnes avaient du mal à se retenir de vomir plutôt ! Faut dire que parfois, il avait du sang qui coulait sur son front et tout ça.. »

Mon début de matinée change finalement du tout au tout lorsque je la soulève du sol pour la porter dans mes bras telle une princesse. Non, je n'étais franchement pas parti pour faire ça de ma journée avant d'aller bosser. Je lui jette un coup d'oeil avec un petit sourire puis je marche jusqu'à la sortie de la forêt.

« Est-ce que tu bosses aujourd'hui ? Tu serais peut-être mieux d'appeler pour dire que tu ne seras pas là vu ton état.. »

Ça me permettait également de voir à quel point elle était déterminée ou raisonnable. Les deux valeurs étaient importantes au fond. J'arrive enfin à la sortie et je regarde autour de nous.

« Tu es venu à pied ou en voiture ou autre.. ? »

Sinon, j'allais devoir la ramener jusqu'à chez elle et ça risquait d'être un peu plus complexe. Pas qu'elle soit lourde ou quoi, mais ça fait déjà un moment que je la tiens comme ça et ça fait aussi un moment que je ne me suis pas entraîné.

Lorsque je me mets à rire, il se met finalement à rire, même si quelques minutes avant il grimaçait, surement de dégoût de revoir la scène dans sa tête. Lorsqu’il me dit que certains vomissaient plutôt que de rire, parce que du sang coulait aussi parfois de sa tête sur son front, je grimace légèrement, mais rit de plus belle. Je crois que c’est un tout : la tension, la pression, la fatigue, la douleur… Ça peut faire de sacré choc émotionnel et de sacré fou-rire incontrôlable !
Heureusement on finit par le contrôler tous les deux parce qu’on devait avoir l’air pas bien fin à rire comme ça à gorge déployé. Je finis par secouer la tête lorsqu’il me demande si je bosse.

« Non, je ne bosse pas… C’est pour ça que j’étais venu courir, sinon je ne l’aurais pas fait avant… Je suis interne, mes gardes peuvent être interminables et je ne suis pas suicidaire pour me fatiguer avant l’heure... »

Même si du coup c’était difficile de garder la forme de façon correcte et régulière, mais j’y parvenais toujours… Disons que je ne mangeais pas non plus énormément pendant mes longues gardes donc ça aidait à garder la forme. Lorsqu’il me demande finalement comment je suis venue, je le regarde et réponds comme si c’était évident.

« Bah à pied... »

Je ne m'attendais vraiment pas à ce que l'on se mette à rigoler presque comme des tarés en fait, à imaginer une scène aussi glauque que ce que l'on est en train de raconter, mais.. C'est justement ce qui est en train de se passer. On se calme finalement tous les deux, mais je dois avouer que ce petit moment de rire après toute cette tension, ce n'était pas de refus. Ça m'a fait du bien. Je la questionne pour savoir si elle doit bosser aujourd'hui et je hoche la tête à sa réponse, puis un petit sourire se dessine contre mes lèvres.

« Bonne logique. Tu fais bien de rester focuser et de mettre toute ton énergie dans le boulot quand tu y es. Ça fait toute la différence. Tu tiens bien le coup quand même alors si je comprends bien ? Pas de.. perte de motivation à l'horizon ? »

Une façon détournée un peu de lui dire qu'elle était douée et mieux que les autres de sa cohorte. Je l'aide finalement à sortir de la forêt en la portant et je lui demande comment elle est venue jusqu'ici et je pense qu'elle doit voir toutes mes convictions et mon espoir s'envoler de mon visage en une fraction de seconde ! Je reprend rapidement le dessus heureusement.

« Tu vis si près que ça toi aussi ? Je suis surpris qu'on ne se soit pas croisé ici avant du coup.. Par contre, je vais plutôt te faire monter sur mon dos, pour pas qu'on ait l'air trop idiot à se promener comme ça.. »

Je la pose délicatement pour qu'elle n'appuie pas trop son pied au sol et risque de se faire encore plus mal. Je me tourne ensuite dos à elle en me penchant un peu pour qu'elle puisse monter. Ce n'est pas vraiment que pour l'apparence que je la fais monter derrière, c'est aussi un peu moins forçant juste sur mes bras comme l'autre position.

Il me suit dans mon fou rire et vu que je sais qu’il est humain, je pourrais me demander s’il est dérangé mentalement. Que moi je trouve ça drôle, ça passe… Lui, c’est plus étrange ! Enfin… C’est bon à prendre quand même ! Ça fait du bien au moral, surtout après le pique d’adrénaline que nous venons d’avoir. Lorsqu’il se renseigne sur mon internet, je secoue immédiatement la tête. C’est un de mes supérieurs, si j’avais une petite perte d’envie, je ne le lui dirais certainement pas à lui. Je prends donc un air sûr.

« Aucune ! »

Je suis juste pommé, mais ça il n’a pas besoin de le savoir. Encore une fois… Pour moi, actuellement, il est seulement mon supérieur, rien de plus. Bon… Il peut être aussi celui qui m’a blessé, mais ça s’arrête là ! Je le laisse me porter et lorsque je lui dis que je suis venu à pied, je peux voir son visage se décomposer, ce qui me faire rire, puis je reprends.

« Je vis dans le quartier de Grünerløkka… »

Je le laisse alors me poser et une fois fais, je remonte sur son dos, en essayant de pas trop m’appuyer sur ma jambe… Ce que je suis obligé de faire, au moins un peu, je grimace donc et m’accroche à lui du mieux que je peux.

J’apprécie Eretria en tant qu’interne et je sens qu’elle a beaucoup de potentiel. C’est un peu pour ça que je la pousse parfois à bout ou que je peux me montrer plus exigeant envers elle, car je sais qu’elle parviendra à relever chaque défi que je lui donnerais. Par contre, ça fait un moment qu’elle n’est pas venue dans mon service.. et je dois avouer que ce serait la meilleure nouvelle de l’année de savoir qu’elle veut poursuivre sa spécialisation avec moi, même si j’en doute. Une intuition. Du coup, tout de même, lorsque je lui demande si elle a une perte de motivation, je souris un peu à sa réponse.

« Tant mieux. Tu auras besoin de toute la motivation que tu pourras trouvé pour la suite de ton internat, mais aussi pour les étapes après.. Il n’y a plus beaucoup de jours faciles à venir, il faut s’accrocher, mais de ce côté-là, je ne crois pas que ce soit un souci.»

Elle semblait un peu têtue alors pour ce qui était de s’accrocher, ça ne me surprendrait pas qu’elle réussisse sans souci si elle a décidé de tenir bon. Parlant de tenir bon, finalement, je lui propose de s’installer sur mon dos pour que ce soit plus simple pour la porter et lorsqu’elle me dit dans quel quartier elle vit, je me dis que j’ai fais la bonne chose.

« Ah oui, c’est un petit temps de marche.. mais du coup, nous ne vivons  pas dans le même quartier.. Je suis dans le centre ville.. A peu près la même distance, mais pas tout à fait dans la même direction..  Bien installée pour le voyage?»

Je me mets en route maintenant parce que je dois aussi encore rentrer chez moi par la suite et me préparer pour aller bosser. Je suis les indications de mon interne jusqu’à arrivé devant un immeuble, puis une porte.

« Alors, nous y voilà. Tu n'as pas été trop secouée derrière ? »

Je me penche un peu pour lui permettre de descendre de mon dos et d’attraper ses clés.

Je n’ai pas besoin de tourner dix ans autour du pot de sa question. Je connais la réponse. Je n’ai aucune perte de motivation, je suis juste complètement perdu, mais ça c’est complètement autre chose. Je sais que je veux continuer, je ne sais juste pas où. Lorsqu’il me parle du reste de l’internat, je ris légèrement.

« Vous en parlez comme si j’allais en enfer, croyez-moi l’enfer ne me fait pas peur. »

Je finis avec un petit sourire. Cette phrase est plus que plein de sous-entendu, mais lui ne peut pas les comprendre. En même temps qui se dirait « tiens cette fille est un démon ! » Je n’ai rien de démoniaque, pas en apparence du moins, ni en attitude, Lilith est un peu plus révélatrice de ce côté-ci ce qui n’est pas nécessairement une bonne chose pour se fondre parmi les humains… Et c’est peut-être ça qui est vraiment démoniaque au fond. Lorsqu’il me demande finalement si je suis bien installé, je reprends…

« Ce n’est pas un 3 étoile, mais ça le fera ! »

Il y a un peu d’ironie dedans, mais de la gentille ironie bien entendu. Ça reste mon supérieur, je ne lui manquerais pas de respect juste « comme ça » même si l’envie de me manque pas puisque je suis sur son dos à cause de lui. On marche un moment, en silence, enfin presque, je lui indique souvent les petites routes. Les gens nous regardent souvent, mais je m’en fiche et une fois arrivée, je redescendent en grimaçant.

« Aie... »

Je soupire et sors mes clés pour ouvrir la porte de l’immeuble puis reprend.

« J’habite au dernier étage au 999... Ascenseur en panne... »

Là il va vraiment regretter de m’avoir blessé en étant dans la lune ! Puis je remonte sur son dos.

Elle a de la chance de n'avoir aucune hésitation de la sorte. La plupart des personnes à sa place, j'étais moi-même passé par là, avait au moins une période de doute pendant laquelle on perdait une partie de motivation. Certains la retrouvaient et continuaient, d'autres pas. A sa réponse, j'esquisse donc un sourire. Elle a un quelque chose qui m'intrigue vraiment beaucoup.

« Il n'y a donc absolument rien qui te fasse peur ? »

Je remarque qu'elle me vouvoie toujours, mais je ne fais pas de remarque à ce sujet. Autant garder cette petite distance pour le moment, sinon ça risque d'être plus compliqué d'y revenir devant les autres à l'hôpital. Même si dans les secondes qui suivent, nous franchissons une certaine ligne d'intimité après qu'elle se soit installée sur mon dos. Sa remarque me ferait presque rire si je n'envisageais pas pendant combien de temps je vais devoir marcher en la portant sur mon dos.

« Tant mieux. »

Le trajet se fait sans trop de discussion et tant mieux pour ça aussi. Je pense que je n'aurais pas suivi le rythme, même si ça va ce n'est pas encore trop pénible. C'est après un vague espoir lorsque je vois l'ascenseur devant son appartement, qu'elle anéanti tout de par quelques mots.

« Bon.. On n'a pas trop le choix de toute façon, alors allons-y. »

Je me retiens d'ajouter par orgueil que je ne peux pas garantir dans combien de temps nous serons en haut par contre. Je ne vais quand même pas admettre directement que j'abandonne d'avance. Elle remonte sur mon dos et celui-ci proteste déjà. Je fais de la course à pied moi, pas de la muscu. En tout cas, je ne l'ai pas encore reprise. J'attaque finalement les escaliers et je tente de le faire d'un coup, mais je n'ai pas le choix de m'arrêter à un endroit pour reprendre mon souffle. 9 étages c'est énorme. Je finis par m'arrêter une fois pour toute devant sa porte et je me baisse pour qu'elle repose directement ses pieds au sol pour déverrouiller sa porte.

« Bon sang, j'espère que tu n'es pas du genre à avoir trop de sac de course parce que tu dois bien les sentir passer les allé-retours. Le proprio est au courant pour la panne ? »

Je retiens un sourire à sa question sur la peur de quelque chose. Bien sur que si j’en ai des peurs, mais pas celle de l’enfer ! Ce serait vraiment ironique sinon. Je reprends alors, ne perdant que très rarement tête.

« Même si j’en aurais, je ne les dirais pas c’est les confier qui nous rend faibles parce que ça les rend réelles... »

Je hausse doucement les épaules, même si rapidement je me retrouve sur ses épaules. Enfin sur son dos. Je le rassure sur le fait que ça va, même si n'est pas du luxe et il se met en route. On arrive rapidement, quoique je voie clairement qu’il s'essouffle. Il a bien tenu quand même ! Par contre sa tête lorsque je lui annonce pour l’ascenseur vaux de l’or et je me retiens de rire… Je pense que je le vexerais et je pourrais possiblement le faire une fois en haut, bien chez moi ! En attendant je remonte sur son dos et attend qu’il gravit tous les étages ! Lorsque je repose les pieds au sol, je souris.

« Franchement pas mal ! »

Je déverrouille ma porte et le regarde de nouveau.

« Je ne fais pas beaucoup de course puisque je passe plus mon temps à l’hôpital qu’autre chose et… J’en sais rien à vrai dire ! »

Elle semble avoir tout un caractère, toute une personnalité et je trouve ça vraiment intéressant. Elle n'est pas comme toutes ces femmes, collègues ou non, qui tentent toujours l'air d'avoir de la douce et gentille petite personne. Non, elle, elle semble oser et foncer et je sens qu'elle pourra réellement aller loin dans la vie si elle le désire. J'esquisse alors un petit sourire lorsqu'elle me répond en lien avec les peurs et je hoche du coup la tête.

« Ce n'est pas complètement faux. Tu fais bien de te méfier des gens à qui tu le confies. »

C'est à mon tour cette fois de hausser légèrement les épaules. Après tout, en plus je suis son supérieur. Qui sait quel genre de tyran je pourrais être en voulant la confronter à ces plus grandes peurs en pleine chirurgie ? Peut-être que j'aurais aussi pu en avoir de ces envies après qu'elle m'ait annoncé que son ascenseur est en panne et que du coup je dois la porter jusqu'au tout dernier étage. Je tente au mieux de ne pas trop montrer que je suis en galère et que même si je ne suis pas pompier, j'arrive à être un minimum en forme, mais ce n'est pas forcément facile. On y parvient tout de même après de longues minutes qui me semblent interminables et je reprend mon souffle pendant qu'elle déverrouille la porte.

« Je vois.. Tant mieux alors. Il faudra lui signaler, c'est quand même pas très pratique. »

Maintenant que j'ai repris mon souffle, je lui refais signe de monter sur mon dos.

« Maintenant direction ta chambre ou le canapé, l'endroit où tu seras le mieux pour ne plus avoir à bouger de la journée. »

J'attends alors ses indications avant de me mettre en route et de la poser.

« Tu as de la glace ou même un sac de petit pois ? »

Je sais que, normalement, la femelle humaine est plus faible… Mais je n’ai pas envie de l’être. Je reste moi… Une démone ! Je ne me laisserais donc pas avoir par mes peurs et heureusement ma réponse semble lui convenir donc pour moi tout va bien ! Ma tête se hoche simplement lorsqu’il me dit de me méfier des personnes à qui je me confie, mais je n’ai pas attendu de le rencontrer pour le faire, je ne réponds donc rien et le laisse simplement me raccompagné jusqu’a chez moi. Je sens bien que plus le temps passe, plus il galère, mais je ne dis rien. Je ris finalement un peu une fois ma porte ouverte.

« Ouai… Quelqu’un finira par le faire ! »

Sous-entendu que ce n’est pas moi. Comme je le disais ça m’importe peu… Et je suis sportive normalement, donc bon… J’allais entrer dans mon appartement, mais il semblerait qu’il me l’interdise. Je remonte donc sur lui et lui indique mon canapé. Une fois posé je le remercie et reprends.

« Des glaçons dans mon congèle, là-bas... »

Je montre ma cuisine dans un coin. C’est une grande pièce qui forme cuisine et salon, il ne devrait donc pas trop galérer à trouver mon frigo et donc par la même occasion mon congélateur.

Eretria semble avoir plus de caractère que ce à quoi je m'attendais. En même temps, elle ne le montre sans doute pas trop à l'hôpital pour ne pas trop se le faire reprocher, mais dans un sens ça me plaît bien qu'elle ait un peu de mordant comme ça. Bon, je suis certaine que je n'ai en réalité encore rien vu, mais quand même. J'esquisse un petit sourire même si je suis surpris de sa réponse.

« Comme tu voudras. »

Puis, je reprend mon rôle de médecin en l'empêchant de marcher encore et je la porte jusqu'à son canapé, même si clairement je commence à galérer. Je me suis concentrer sur la course dernièrement, mais ça me fait réaliser qu'il serait grand temps que je me remettes aux haltères. Je vais ensuite à la cuisine comme elle me l'indique et, une fois les glaçons trouvés, je lui demande où serait les serviettes. J'enveloppe par la suite les glaçons et je reviens vers elle pour pouvoir les poser moi-même directement contre sa cheville.

« Maintenant repos, pour toute la journée minimum et si ça empire, faudra peut-être des béquilles pendant quelques jours.. Tu as besoin d'autres choses ?»

Même si ça ne serait pas pratique en étant interne et en devant courir partout, mais parfois y'a pas le choix !

Le docteur Karev est bien mignon, mais… Si avec ce que j’ai dis, il ne comprends toujours pas que je ne vais pas m’occuper des problèmes de mon immeuble… Je ne sais pas quoi faire ! Donc je finis par lui répondre que oui, il a raison… Mais que quelqu’un le fera ! Je pense qu’il finit par le comprendre puisqu’il finit par sourire légèrement et qu’il me dit que c’est comme je veux. Je hoche la tête sans vraiment rien répondre de plus puisque… Oui… C’est comme je veux! Il me reporte ensuite pour me poser jusqu’à mon canapé et je le laisse faire. Je lui indique où il peut trouver des glaçons pour ma cheville et attend bien sagement. Ce qui est assez exceptionnel lorsqu’on me connaît… Lorsqu’il me demande où je peux trouver des serviettes, je lui indique où il peut trouver ma salle de bain, puis j’attends de nouveau… Lorsqu’il revient et qu’il commence à mettre les glaçons sur ma cheville, je grimace légèrement... pas parce que j’ai mal, mais parce que le froid… C’est vraiment pas agréable ! Lorsqu’il me préconise du repos et qu’il me demande si j’ai besoin d’autre chose, je me mordille légèrement la lèvre inférieure et le regarde un instant avant d’oser demander.

« J’aurais bien soif… Avec la course et tout ça… Je voudrais bien boire de l’eau s’il te plait ! Mes verres se trouvent là-bas ! »

Je lui indique d’un signe de main où se trouve le bon placard puis le regarde de nouveau.

« Et puis, tu peux boire aussi si tu veux… J’imagine que tu dois avoir soif ! »

Je lui offre un petit sourire, autant que je le peux en tout cas... parce que je ne suis pas vraiment habituée à sourire… Ce n’est pas vraiment habituel ou quelque chose de normal pour un démon, mais je tente au mieux de me fondre comme une humaine et puis... plus ça va et plus je le trouve sympa ! Même si bon, il aurait quand même pu faire attention à savoir où est-ce qu’il allait ça m’aurait évité tout ça ! Bien évidemment, je ne lui réponds pas sur les béquilles parce que… c’est évident, non ? Je ne comptes pas en porter. Je me reposerais aujourd’hui et puis ça ira mieux ! Et puis c’est tout !

Finalement, on arrive dans son appartement et je fais au mieux pour qu’elle continue à ne pas trop forcer sur sa cheville en la portant et en l’aidant à bien s’installer. On a beau dire tout ce qu’on voudra, nos internes sont importants, sans eux plusieurs tâches ne seraient pas faites ..Mais bon, surtout je l’apprécie bien alors c’est plus pour ça que je l’aide autant. Une autre personne, je l’aurais sans doute laissé se démerder. Par contre, une fois les glaçons enroulés dans une serviette et posé sur sa cheville, je m’apprête à partir, demandant simplement par politesse si elle souhaite autre chose quand elle me demande un verre d’eau. Je la regarde une seconde l’air de dire, elle est sérieuse?, puis je me ressaisis. C’est moi qui lui ai dit de ne pas forcer alors c’est normal qu’elle profite pendant que je suis encore là.

« Oui, bien sur. »

Je retourne alors à la cuisine et sers donc au final deux verres après ses paroles avant de revenir et de lui en tendre un.

« C’est gentil de penser à moi, je t’avoue que je n’avais pas réaliser à quel point j’avais soif après tout ça. »

Je m’étais beaucoup plus focalisé sur elle à vrai dire. Je termine du coup assez rapidement de boire mon verre et je lui offre de remplir le sien si elle le souhaite avant que je partes.

« Je prendrais de tes nouvelles demain matin et si je te vois venir à l’hôpital avec une cheville non rétablie sans que tu prennes de béquilles..»

Je laisse ma “menace” un peu en suspens avant de lui sourire légèrement. Je ne blague pas vraiment, mais qu’elle ne pense pas que je la menace réellement trop.

Alex me demande si j’ai besoin de quelque chose et lorsque je lui dis que j’ai bel et bien besoin de quelque chose il se stoppe. Comme s’il avait bugué… Mais finalement il me dit qu’il va le faire. Je ne réponds donc rien de plus jusqu’à ce qu’il revienne avec le verre d’eau et que je puisse le remercier. Ma tête se hoche légèrement lorsqu’il m’avoue ne pas avoir réalisé à quel point il avait soif. Je bois simplement et repose le verre alors qu’il se relève et me « menace » en quelque sorte.

« Ça ira mieux demain ! »

Je lui souris simplement, convaincue de ça. Ce n’est qu’une petite entorse, ça ne va pas rester longtemps… Je ne vais pas pleurer pour ça ! J’ai connu pire ! Je le laisse cependant partir cette fois-ci, ne le retenant pas plus.

The End