It's not a date, not yet... [Eretria]

Qui l'aurait cru qu'un jour viendrait où Nolan entrerait beaucoup plus facilement dans un hôpital ? Surtout quand on savait qu'il avait fortement horreur de ce genre d'endroit, que moins il y mettait les pieds et mieux il se portait. Oui enfin ça c'était avant d'avoir failli passer l'arme à gauche comme on dit. Quand il était aux USA, on lui avait juste diagnostiqué un trouble mineur du sommeil, mineur lui avait-on dit. En d'autres termes, que ce n'était pas si dramatique que ça, quelques médicaments pour l'aider à s'endormir et on en parlait plus. Ou quelque chose dans ce genre, enfin approximativement. Jusqu'à ce qu'il tombe dans les pommes en pleine nuit au beau milieu de la route et être à deux doigts de passer sous les roues d'une voiture d'un charmant infirmier. Cependant Nolan était resté bien têtu, et ce malgré le fait que cet infirmier lui avait dit malgré tout de refaire un diagnostique de son soit-disant trouble mineur du sommeil. Pour lui cela semblait incohérent ou bien le médecin de Nolan à l'époque s'en moquait pas mal et n'avait pas envie d'aller chercher plus loin que le bout de son nez, dans les deux cas, c'était fort possible.

Mais du coup il fallait bien le savoir, n'est-ce pas ? Cela serait embêtant qui puisse réellement lui arriver quelque chose de dramatique juste parce que son corps lui dit stop à un moment ou un autre. C'était très probablement pour cette raison qu'il avait plausiblement accepté un rendez-vous avec un médecin de cet hôpital. Il aurait bien fallu bataillé durant des mois entiers avant qu'il finisse par accepter. C'était ainsi que nous retrouvions notre très cher jeune-homme, étudiant en photographie, vagabondant dans les couloirs de cet hôpital comme un paumé de touriste qui viendrait pour la toute première fois à Oslo. Bien entendu, ce n'était clairement pas son cas, c'était juste qu'il allait à son rendez-vous à reculons, oui c'était plutôt ça venant de lui. Il longeait les murs en traînant les pieds tel un gamin capricieux refusant de quitter un parc où il s'amuser si bien avec ses amis... Tout du moins jusqu'à ce que quelque chose, ou plutôt quelqu'un, attire son attention. Pour le cas de Nolan, il s'agirait plutôt d'une belle personne, oui belle car il ne pouvait pas dire que cette demoiselle ne pourrait pas être son genre. M'enfin, il ne le faisait pas savoir, il savait rester silencieux et cela n'était clairement pas son but ultime comme il avait si bien pu lui en faire part.

Il observa donc quelques instants la jeune Eretria qui était clairement en train de faire oublier à Nolan qu'il était ici pour quelque chose d'autre. Au diable le rendez-vous, il n'avait pas plus l'envie que ça de s'y rendre, alors le reporter ça ne lui ferait pas de mal, c'était donc bien vrai, il y allait vraiment à reculons. Il faisait un pas en avant pour dix pas en arrière si ce n'est plus. Il regarda un peu autour de lui, assez hésitant car il ne voulait pas non plus la déranger dans son travail, mais c'était plus fort que lui. Et puis un simple bonjour c'était rapide, non ? Il s'approcha donc d'elle, enfonçant ses mains dans les poches de son jean avant de commencer par lui dire quelques mots assez brefs au cas où elle n'avait réellement pas le moindre temps à lui accorder : « Bonjour la demoiselle du parc. » Simple et toute en discrétion.

Combien de chance avait-il de tomber nez-à-nez avec la personne la plus douce qu'il n'avait encore jamais rencontré dans toute cette ville ? Pas la moindre, ou peut-être bien une toute petite chance très minime, d'autant plus qu'il n'avait nullement l'intention de la chercher, pas encore tout du moins. Mais bien plus tard, oui c'était dans ses projets, c'était ainsi qu'ils s'étaient quittés, Nolan lui disant qu'il viendrait un jour après son service. Même s'il était hésitant à venir lui passer, ne serait-ce, qu'un simple bonjour, uniquement par peur de la déranger en beau milieu de son boulot, il y trouva malgré tout le courage. Il s'était donc lancé à lui souhaiter le bonjour en insistant un peu sur le fait qu'ils s'étaient rencontré au parc comme si qu'il avait peur qu'elle l'avait déjà oublié. Après tout cela pouvait arriver très souvent, n'est-ce pas ? Une personne qui en oublie une autre parce que le temps passe sans jamais se revoir. Bon d'accord, c'était ridicule, ce n'était pas comme si que dix ans était passé.

Mais il fût rapidement soulagé de voir que finalement non elle ne l'avait pas oublié. Son sourire ainsi que ses paroles le rassurer fortement. Voilà qui lui arracha également un large sourire à la suite de ses propos. Cependant, sa question le fit très rapidement redescendre sur Terre, ah oui son rendez-vous là ? Ah bha il avait quelques minutes de retard maintenant. Il humidifia ses lèvres en y passant le bout de sa langue d'un air gêné avant de lui répondre :

« Censé être à un rendez-vous médical, je crois... »

Il croyait ? Non il en était certain, c'était juste un peu ironique de sa part. Mais il n'y pouvait rien, il détestait les hôpitaux alors tout était un prétexte pour retarder l'inévitable selon lui. Cependant il était bien curieux de voir la réaction de la jolie demoiselle en blouse blanche devant lui. Non, il n'avait aucun fantasme débile de tout homme face à une jeune-femme avec ce genre de blouse. Il ne trouvait même pas cela rassurant, c'était limite phobique pour lui ce genre d'endroit. Alors avoir ce genre de fantasme, non absolument pas ! Même si elle semblait être jolie en toute circonstance.

Nolan ignorait si ça avait été très malin de dire qu'en fait il était censé être à un rendez-vous médical. Mais que pouvait-il réellement y faire ? Il détestait les hôpitaux, il avait l'impression que les médecins tournaient en rond avec lui de toute façon. Il n'était pas vraiment très avancé sur sa situation, et il avait autre chose à penser et à faire de son début de vie dans ce monde. Alors peut-être que finalement il avait cherché longuement à se trouver une excuse pour ne pas s'y rendre. Peut-être même que sans le vouloir, Eretria devenait cette excuse. En même temps, plus sérieusement, si vous aviez le choix entre un rendez-vous médical et vous arrêtez pour dire bonjour à une jolie demoiselle, quel choix feriez-vous ? Ce n'était pas comme si que c'était super urgent et qu'il pourrait en mourir dans la seconde. Enfin théoriquement. Alors oui, s'arrêter, dire bonjour à Eretria était ce que préférait faire Nolan.

Un faible petit rire se fit entendre de sa part lorsqu'elle reprend ces dernières paroles concernant le fait d'être censé être à son rendez-vous. C'est vrai que dit ainsi, c'était plutôt amusant, et ça devait également faire genre qu'il en avait rien à faire. Ce n'était pas forcément vrai, c'était juste le lieu qui lui déplaisait fortement. Il haussa les épaules en affichant un fin sourire à ses lèvres.

« Je suis loin d'être un patient modèle, j'avoue mon crime. » Avoua-t-il dans un tout premier temps. Quand il pouvait échapper à se retrouver enfermer dans un bureau d'un médecin, ou bien à faire des examens quelconques, Nolan faisait tout ce qu'il pouvait pour ne pas s'y rendre. C'était un fait, il détestait ça et il n'y avait rien d'autre à ajouter. « Mais oui, normalement je devrais y être, mais je n'aime pas ce genre... D'endroit, sans t'offenser. »

Il ne disait pas ne pas aimer le personnel, c'était véritablement l'endroit qui lui donnait la chair de poule. À croire que s'il pouvait avoir la phobie de l'hôpital, il l'aurait avec facilité. Il n'avait jamais compris non plus, comment les gens pouvaient aimer travailler dans ce genre de lieu. Peut-être que ça avait un lien fort avec un coté humanitaire, l'envie d'aider les autres, d soigner les autres, voire même de sauver des vies. En tout cas, il voyait bien Eretria dans ce rôle là, celle qui aimer tendre la main aux autres.

« Oh... J'espère que je ne te dérange pas ? » Demanda-t-il en venant de se rendre compte qu'elle travaillait ici. Non pas qu'il ne le savait pas, au contraire même, mais elle n'était peut-être pas en pause et Nolan venait l'interrompre comme un gosse capricieux.

Eretria venait peut-être de mettre le doigt sur quelque chose. Qu'est-ce qui pouvait effrayer le jeune Berry, au point où il ne préféra pas aller à son rendez-vous, ne pas vouloir savoir ce qu'il avait de potentiellement plus "grave" que son simple trouble du sommeil. Nolan n'était pas certain d'avoir la réponse. Enfin, peut-être un bout, et peut-être que le reste il l'avait très certainement occulté. Le cerveau pouvait nous faire faire de ces choses sans qu'on le lui demande, sans qu'on le sache en réalité. Alors peut-être avait-il vécu un moment traumatisant, que son cerveau à juger bon de le lui cacher au plus profond de l'une de ses petites cases que pouvait contenir son cerveau. Il n'avait donc que la moitié de la réponse et comptait tout simplement y répondre, en pensant que c'était la seule et véritable raison.

« Eh bien... Hormis le fait qu'on peut y naître ? On peut y mourir. C'est déroutant d'ailleurs... » Répondit-il tandis qu'il pourrait presque en avoir la chair de poule. L'idée de mourir dans un tel endroit, non vraiment, il préférait encore passer sous les roues d'une voitures car il se serait effondré d'épuisement. Comme ça avait failli lui arriver il y a peu de temps d'ailleurs. Il maudissait intérieurement ce soir-là, car s'il n'était pas tombé au beau milieu de la route, alors il n'aurait jamais fait la rencontre d'un infirmier de cet hôpital, et il n'aurait donc pas eu le besoin de s'inquiéter pour sa santé. C'était fou, parfois on avait le destin entre nos mains, et puis parfois non, il en avait décidé autrement.

Enfin il en oublia bien rapidement ce petit détail en se rendant compte qu'il avait, très probablement, dérangé Eretria dans son travail. Alors il le lui demanda poliment, et la réponse lui fit faire un large sourire sur son visage. Non seulement il ne l'avait pas dérangé, mais en plus elle lui accordait un peu de son temps de pause. Pourquoi refuser ? Cela serait dommage, et puis il avait tellement adoré lui parler la dernière fois, leur de leur rencontre au parc, autant en profiter.

« Bien sûr que je veux ! » Dit-il enchanté. Et son rendez-vous alors ? Au diable son rendez-vous, il préférait largement passer son temps avec la jolie Eretria. Il se permit donc de la suivre en direction de la cafétéria. Et qui sait, peut-être avait-il encore des choses à apprendre l'un sur l'autre ?

Lorsque l'on regardait bien aux alentours, tout autour de nous, on pouvait voir que toute clinique quelle qu'elle soit en effrayait plus d'un. Autant chez les êtres-humains que chez nos amis les bêtes finalement. Avez-vous déjà vu un chien acceptait d'entrer dans une clinique vétérinaire sans ronchonner ? Sans vouloir faire demi-tour, sans implorer son maître de rentre à la maison ? Eh bien les humains étaient en quelque sorte pareil. On y allait parce qu'on savait qu'on n'avait pas trop le choix, que c'était soit se faire soigné, soit trépassé. Alors finalement, toutes choses vivantes avaient la même peur. L'odeur, le fait que la peinture soit toute blanche, sans couleur, sans vie au final, pouvait devenir effrayant. Naturellement, lorsque la jeune Eretria finit par dire que nombreux patients pensaient la même la chose, cela n'étonna guère Nolan. C'était fortement compréhensible. Néanmoins le fait de se dire qu'ils sauvaient des vies bien plus qu'ils n'en perdaient, n'était pas réellement le problème, enfin pas selon le jeune Berry en tout cas.

« Ce n'est pas vraiment ce qui pose problème, on a conscience que vous faites toujours de votre mieux. C'est vraiment l'endroit en lui-même qui donne la chair de poule. Quand on entre, on a l'impression d'un endroit froid comme la mort, ça manque de couleurs, alors que les couleurs c'est la vie, tu vois ce que je veux dire ? » Répondit-il en essayant d'expliquer ce que lui-même pouvait ressentir en ces lieux. Et il n'avait pas tort, les couleurs c'étaient bien plus vivant que la couleur blanche qu'on ne qualifiait même de couleur en réalité. Fort heureusement que les hôpitaux n'étaient pas tout en noirs, ça aurait été bien pire.

Nolan se contenta de suivre Eretria dans les couloirs de cet hôpital qui ne lui donnait toujours pas envie de passer des heures entières en ces lieux, jusqu'à la cafétéria. Il l'observa se prendre un café et une part de gâteau, quant à lui ? Il ne prit rien, il était juste là pour lui tenir compagnie, et puis il avait toujours entendu que la nourriture à l'hôpital n'était pas des plus excellentes. Il la suivit donc jusqu'à une petite table et s'installa tout simplement en face d'elle. La question dont Nolan redoutait tant arriva, mais il ne pouvait pas lui en vouloir de sa curiosité, lui aussi de nature très curieuse, il ne se serait jamais gêné. Il haussa simplement les épaules comme si que rien de tout ceci n'était grave et qu'il ne fallait guère s'en faire. Il ne s'en faisait déjà pas pour grand chose lui-même, alors de son trouble du sommeil, il s'en fichait pas mal.

« C'était juste pour un nouveau diagnostique lié à mon trouble du sommeil, qui est normalement mineur. Mais d'après un infirmier qui travail ici et qui m'a conseillé de consulter quelqu'un après avoir failli m'écraser sur la route, estime qu'il s'agit d'autre chose. »

En temps normal, ce genre de situation pourrait le faire rire, mais finalement, en y réfléchissant un peu mieux, avoir failli perdre la vie en se faisant écraser, n'était en rien quelque chose d'amusant.

Nolan n'était pas un grand fan des hôpitaux, et cela n'allait très probablement jamais changer. Mais ce n'était pas pour autant qu'il n'allait pas écouter Eretria, après tout elle travaillait dans cet endroit pour une bonne raison, et il était évident qu'elle aimait, à sa propre manière, ce genre d'endroit. Chaque personne choisissait, en règle générale, le métier, non pas parce qu'elle n'avait pas le choix que de travailler, mais bel et bien parce que c'était son but, ce qu'elle aimait faire. Un peu comme lui au final, il avait décidé d'étudier dans la branche de la photographie car c'était quelque chose qui lui plaisait.

Il observa quelques instants les alentours lorsqu'elle lui parlait des différentes couleurs et ce que cela pouvait ou non représenter aux yeux des différentes personnes. Certes le blanc c'était assez neutre, mais du coup si on allait par-là, pour ce qu'elle pouvait représenter aux yeux des autres, peut-être que le blanc pouvait faire penser au paradis. Enfin, c'était un grand peut-être, parce que Nolan n'y pensait absolument pas, il n'était peut-être pas très objectif, c'était une possibilité.

« Oui... Je suppose que chaque personne le perçoit différemment. Bien que même gamin je n'aimait pas ce genre d'endroit, même avec des girafes sur le papier peint. » Répondit-il avec une petite note humoristique en affichant un petit sourire aux lèvres.

Quoi qu'il en soit, il ne comptait pas insister sur ce fait, chaque personne était différente et c'était ce qui faisait le monde après tout. Mais au moins, cela leur faisait quelques sujets de conversation propre à leur image, ou plutôt à l'image de leur rencontre surprenante ? Quoi qu'il en soit, qui dit hôpital, dit un petit Nolan qui évitait tout lien avec ce genre d'endroit, dont la nourriture. À croire qu'il avait réellement été traumatisé pour être ainsi. Mais il ne dit rien et ne montra rien. Enfin presque, puisqu'elle finit par le questionner. Il haussa donc les épaules assez brièvement.

« Ce n'est pas mon truc la nourriture de ce genre d'endroit. » Répondit-il avec une grande simplicité. Mais une toute autre question lui vint à l'esprit, il était vrai qu'il n'y avait pas réfléchi une seule seconde et qu'il serait peut-être temps qu'il se renseigne malgré tout. « Est-ce que c'est différent des états-Unis ? Je veux dire le fonctionnement ? »

Et c'était une réelle question, il ne le savait pas, il savait comment s'était aux USA, et ce n'était clairement pas l'idéal, si tu n'avais pas d'argent, alors tu ne pouvais pas te faire soigner. Parfois même si, tu n'avais pas d'assurance, alors tu ne pouvais pas te faire soigner non plus. Il était clair qu'il y avait très certainement du progrès à faire à ce niveau-là, mais il ignorait comment cela fonctionnait dans les autres pays.

« Le rapport... ? » Demanda-t-il à nouveau comme si qu'il n'avait pas compris, alors qu'en réalité il avait très bien entendu sa question. Il passa l'une de ses mains sur sa nuque en grimaçant faiblement. Il ignorait ce qu'elle lui dirait par la suite lorsqu'elle entendra toute son histoire. Peut-être qu'elle l'engueulerait elle aussi ? Pourtant ce n'était pas sa faute s'il n'avait pas conscience du fonctionnement dans ce pays niveau médical, si ?

« Je... Eh bien chaque soir, j'ai pour habitude de sortir prendre l'air, de faire un tour pour me fatiguer un peu sinon j'ai beaucoup de mal à m'endormir. Mais ce soir-là, sans prévenir, je me suis évanoui en plein milieu de la route et cet infirmier à juste eu le temps de freiner, je suppose... Il m'a ramené chez lui, m'a soigné, m'a engueulé et a critiqué mon ancien médecin d'incompétent, ou un truc dans ce genre-là. »

Pourquoi fallait-il que ça soit toujours lui qu'on blâme d'abord ? Il était jeune, ce n'était pas réellement de sa faute s'il y avait une erreur de diagnostique, et il avait toujours eu l'habitude de faire ainsi sans avoir eu le moindre problèmes.