Like Before [Niva]

Ces derniers jours, il était devenu un peu plus difficile pour moi de m’endormir. Ce n’était pas à cause du matelas, je m’y étais habitué, mais bien parce que Rosa n’était plus à mes côtés. Le nez plongé dans ses grimoires et ses artefacts, je la voyais grandir. La femme que je croyais disparue redevenait Rosaria Cavaletti, celle qui aimait me charrier. J’étais fier, mais elle me manquait. J’avais envie de passer du temps avec elle, ses remarques sarcastiques et ses jolis yeux verts. Et puis, j’avais peur qu’elle étouffe, à ne pas sortir. Lorsqu’elle le faisait, c’était pour voir un certain… Christian. Je m’y étais intéressé à cet homme, il lui donnait du matériel et elle créait des artefacts, comme une cape rouge dont je n’avais pas très bien compris l’utilité. Le wyverne que j’avais en moi ronchonnait. Est-ce que ce fichu Christian lui prêtait des choses pour profiter d’elle ? Si c’était le cas, j’avais deux mots à lui dire.

Au lieu de rendez-vous galants pour être avec ma protégée, je pensais plutôt à faire une balade avec elle. Comme avant, rien que tous les deux, liés par la télépathie. C’était notre petit rituel, notre moment à nous. Et j’aimais ça. J’adorais voler avec elle et lui permettre de penser à autre chose. Je ne m’attendais pas à la voir pleurer lorsque je lui proposais cette idée. Paniqué à l’idée de la blesser, ce n’étaient pas des larmes de tristesse, mais de joie. C’était peut-être niais à dire, mais ça m’avait rendu ému. Son corps contre mon torse, je savais qu’elle pouvait entendre mon cœur battre rapidement et fort. J’avais relevé son menton et plongé mes lèvres contre les siennes, et cette fois-ci je ne voulais pas m’arrêter. Je voulais que ce baiser soit un bon souvenir pour nous deux, la dernière fois qu’on s’était embrassés, ça avait laissé un goût amer chez Rosa.

Après toutes ces années de flirt, il était peut-être temps que je fasse quelque chose.

La forêt d’Oslo était encore mieux que celle de Milan pour me transformer. La nature y était sauvage et protégée, il m’était donc plus facile pour prendre mon autre forme sans me sentir trop stressé par les environs. A côté de moi, se trouvait mon italienne préférée qui attendait. On s’échangea un sourire, qui voulait tout dire pour nous. Le tout se passa en quelques minutes, Rosa avait l’habitude me voir passer d’humain à wyverne, et même de grimper sur moi – après quelques années, elle était devenue une pro à l’escalade de créature géante. Elle vint rapidement et gracieusement se poser sur moi, son poids était léger et je ne la sentais qu’à peine. Sa voix s’infiltra dans mes pensées, elle était prête. Bien sûr, le lien était un gros avantage durant toutes ces promenades : on était pas obligé de crier super fort par-dessus le vent. Mes ailes se déployèrent et je prenais de la hauteur, n’ayant pas besoin de demander à Rosa de s’accrocher, elle le faisait instinctivement. J’étais parti, laissant derrière moi les soucis de notre quotidien. Si je n’étais pas une wyverne, j’aurais soupiré. J’avais l’impression de me libérer d’un poids et j’avais attendu ce moment depuis un bon bout de temps. Les mots n’étaient pas assez pour décrire ce que je ressentais.

– T’es bien installée ? demandais-je. Tu veux aller à un lieu en particulier ?

Tandis que je continuais de voler tout droit, je continuais mes petites questions, curieux :

– Alors, ce Christian… je le connais ?

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Avec sa cape rouge sur les épaules, postée près de ma nuque, mon italienne préférée avait réellement l’air du chaperon rouge. Fort heureusement, je n’étais pas un grand méchant loup, mais son gentil petit gardien. Il y a quelques années, je n’aurais probablement jamais osé dire ça. Maintenant que j’y pensais, j’agissais comme un connard avec elle – enfin, ses remarques piquantes me rendaient fou aussi. Si je pouvais retourner dans le passé, je me donnerais sûrement une claque à mon moi. « Vile sorcière », que je l’appelais… ce que je pouvais avoir honte. Je n’aimais toujours pas les sorciers, mais Rosa était évidemment une exception parmi tous ces gens.

Mes ailes me portaient loin d’Oslo. Je n’avais pas besoin de lire en ma protégée pour savoir que ça lui faisait autant du bien à elle qu’à moi, c’était une vraie libération de partir d’ici. C’était une ville charmante, mais ce n’était pas Milan. Ce n’était pas là où nos souvenirs étaient. On avait tout de même laissé des traces à Oslo, comme notre premier (l’officiel, plutôt) baiser. En tant que wyverne, mes « lèvres » avaient encore l’impression d’être bénies. C’était une déesse après tout, non ?

Je lui demandais alors si elle était bien placée, avant de lui demander si elle avait une destination en tête. J’avais songé à passer au-dessus de Milan, mais j’avais peur de lui raviver de mauvaises choses. Il fallait que ça vienne d’elle-même et de toute façon, Rosa voulait survoler l’océan. Satisfait, je lui répondais.

– Je pense que c’est mieux, c’est plus tranquille.

Vint ensuite une question que j’avais depuis quelques jours et qui me brûlait les lèvres. Christian. Une sorte de type qui lui donnait du matériel, qui venait de je ne sais où. Cet homme était un peu trop suspicieux à mon goût, mais au fond de moi je savais que c’était la jalousie qui parlait. Pour la première fois en six ans, j’étais… envieux d’un autre homme. Il la voyait plus que moi ! Oh, merde. Rosa venait de me demander pourquoi.

– Euh… je sais pas, comme ça. Tu es sûr que c’est quelqu’un de bien ? Il a essayé de te draguer ?

Si ma patte pouvait atteindre mon front, je l’aurais fait. C’était quel genre de question, ça ? Gêné, je toussotais. Ma forme wyverne s’avançait vers le sud, si je devais survoler l’océan, c’était mieux de quitter directement la Norvège au lieu de traverser toutes ces terres. Dorénavant, on quittait la ville et je descendais un peu plus. J’étais toujours assez haut pour qu’un bateau ne nous voit pas. L’air se faisait un peu plus frais, mais c’était supportable et de toute façon, ça me faisait du bien. J’espérais simplement que Rosa n’attrape pas froid.

– J’ai pensé à quelque chose, Rosa, commençais-je, me rappelant d’une chose. On a pas vraiment eu le temps de fêter ton anniversaire, alors je me suis dit qu’on pourrait… visiter Svaak. Pas maintenant, je veux dire. Enfin, quand tu veux ! J’aimerais te présenter à mes parents, ma mère adore les humains.

J’ajoutais, un peu moins fort :

– Et il est temps que je revois ma famille.


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Le vent effleurait mes ailes, me laissait nous transporter loin d’Oslo et de nos problèmes. L’appartement dans lequel nous étions était bien trop petit pour se sentir à l’aise et le quartier général de la Section 45 m’oppressait. Je n’étais pas habitué à un endroit si lugubre (et surtout en sous-terrain), lorsque le siège social de l’agence à Milan était totalement l’opposé. Luxueux, moderne, fenêtré, l’endroit était ancré dans les montagnes. J’avais besoin d’air, de Rosa et de m’enfuir de là. C’était réciproque pour ma protégée, qui avouait avoir besoin de tranquillité.

– Je sais, répondis-je, d’une voix grave.

Je voulais en savoir plus sur ce fameux Christian. C’était une sorte de dealer et j’étais curieux quant à ce personnage que je ne sentais pas. Ce n’était pas rare que je sois trop méfiant envers les personnes, après tout je l’étais toujours à Oslo malgré la confirmation de l’agence sur le fait qu’ils allaient nous laisser tranquilles. Il restait toujours le problème de la famille de Rosa. Je l’écoutais d’ailleurs parler de lui. Un pratiquant de la magie blanche… oh, tout s’expliquait.

– Je suis sûr qu’il est pas très doué, maugréais-je.

Je lui demandais ensuite s’il la draguait. Peut-être qu’il profitait d’elle et c’était inacceptable ! Son « ouais, tout le temps » manqua de me faire étouffer, mon corps voulant s’arrêter sur place – mais j’étais dans les airs, alors je ne pouvais pas. OK, je n’aimais pas ce type. Vraiment pas.

– TOUT LE TEMPS ? Il habite où ? Je vais juste discuter avec lui.

Discuter et lui péter les doigts ! Enfin, il en avait besoin pour donner du matériel. Je maugréais et ronchonnais, préférant m’attendre à ce que ce type ne la drague pas. Je ne pouvais pas tabasser le mec qui était son seul contact de l’extérieur…

La mer était en vue, plus loin. On s’en approchait et je descendais un peu plus, pour laisser Rosa profiter de la vue. Être tout le temps dans les nuages n’était pas si bien que ça. Alors que je redevenais un peu plus calme, abandonnant l’idée d’aller frapper ce maudit Christian, je préférais détendre l’atmosphère en proposant à ma protégée d’aller, un jour, à Svaak. Je voulais la présenter à ma famille et les revoir officiellement. Je n’avais pas d’espoir pour mon père, cependant. Il était sûrement encore fâché contre moi.

Rosa me demanda si j’étais sûr, avant d’accepter, me faisant battre le cœur plus rapidement.

– Oui, bien sûr ! Je veux faire ça avec toi et rien qu’avec toi, tu es ma privilégiée après tout, riais-je doucement. Tu vas voir, c’est magnifique ! On peut y aller quand tu veux.

J’étais content, je m’imaginais déjà revoir le visage de ma famille et les présenter à Rosa. Ma mère adorait les humains et allait sûrement bien s’entendre avec elle. Par contre, mon père, le nouveau Roi, c’était autre chose… il n’aimait que sa femme et sa fille, les autres n’étaient pas dignes de lui – tiens, ça me rappelait quelque chose ça.

– Tu as pris l’artefact d’invisibilité avec toi ? Je vais descendre près de l’océan, comme ça y a pas de bateau qui nous verra.

Tandis que je disais ça, ma descente se fit de plus en plus progressive. Je ne savais même pas où aller, peut-être qu’après une heure ou deux une pause allait être nécessaire. Si on trouvait une île, on pouvait s’arrêter là-bas.


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Son rire me parvint. Ma forme wyverne ne me permettait pas de sourire, mais je l’aurais sûrement fait. J’étais surpris de la voir rétablir si vite, peut-être parce que c’était une Cavaletti (et une italienne) ! Ou alors, c’est parce qu’elle avait son caractère à elle. Rosa avait toujours été quelqu’un qui ne se laissait pas faire. Si elle était réellement possédée, alors elle devait vouloir faire sortir ce… truc qu’elle avait en elle. Alistar aurait pu voir ce qui n’allait pas, mais cette femme me haïssait.

– J’ai pensé à la même chose ! Ajoute les bijoux de famille dans la liste, il survivra sans ça.

Désormais, nous étions proche de l’océan. Encore un peu et mes pattes iraient effleurer l’eau. C’était trop glacial pour que j’y mette ne serait-ce qu’un demi-ongle. Je lui demandais de venir à Svaak avec moi, loin d’ici. Pas aujourd’hui, mais quand elle le voulait. Je n’y étais pas la bienvenue et c’était à coup sûr une mauvaise idée, mais il était temps de redorer mon blason auprès de ma famille… et de mon peuple. Et puis, je devais bien présenter Rosa à ma mère ! D’ailleurs, ma protégée accepta.

– Ce sera génial, oui, tu vas voir ! Ma sœur pourrait aussi t’apprécier, maintenant que j’y pense.

Le même caractère… les mêmes remarques piquantes… ouais, les mêmes. Il me fallait l’artefact d’invisibilité à présent, c’était trop risqué de voler si bas s’il y avait des bateaux dans les environs. Je sentis quelque chose qui vint se placer sur ma nuque, c’était la pierre noire que j’avais vu à la maison. Mon regard se déposa sur ma patte, j’étais invisible. Je descendais encore, jusqu’à faire glisser une patte dans l’eau. Ce n’était pas si désagréable finalement.

– Alors, tu as trouvé des indices sur ce qui résidait en toi ?

Ça avait été dur, mais on en était arrivés à la conclusion que Rosa était effectivement possédée ou que du moins, quelque chose se tramait à ce niveau. C’était Mat qui était parvenu à faire éclairer l’ampoule, alors c’était peut-être encore pas très sûr. Je me rappelais encore ses yeux… était-ce un démon à sa place ? Peut-être que Voigt pouvait l’aider, alors ? C’était un démon !

– Tu n’as pas de contacts sorciers qui pourraient t’aider ? Mateo a parlé… d’exorcisme, l’autre jour.



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Oslo était loin derrière nous et le soleil peinait à se lever, à présent on pouvait discuter tranquillement, loin de la civilisation et de ses problèmes. Après avoir discuté de ce Christian, on en venait à ma famille, puis ma sœur en particulier. Une wyverne bleutée, au tempérament de feu et qui n’aimait pas tout ce qui était en lien à la politique – contrairement à notre cher père. Rosa me demanda si c’était aussi une fan des humains.

– Pas vraiment, mais elle aime bien les personnes qui ont une forte tête.

Et Rosa, depuis quelques temps, reprenait du poil de la bête. C’était rare de la voir assise dans un coin, le regard perdu, le visage terne. Peu à peu, elle redevenait Rosaria Cavaletti. Ce n’était pas un changement brutal, bien évidemment. Le progrès avait débuté lorsqu’elle s’était faite attaquée – à cette mention, je fis une légère grimace, ne voulant plus m’en souvenir à nouveau.

Mes ailes décidèrent de doucement me diriger vers l’eau, j’avais envie de montrer à ma protégée le paysage plutôt que de la faire voler dans les nuages. Elle vint déposer l’artefact d’invisibilité contre ma nuque, un objet plutôt pratique dans cette situation. Au moins, les pêcheurs n’allaient pas voir une créature géante passer à toute vitesse à côté de leur bateau. Je sentis l’italienne bouger de mon dos, pour se diriger vers mon aile. Je l’observais faire avec un peu de stress, un peu paniqué à l’idée qu’elle tombe. Cependant, Rosa avait l’air d’une vraie pro et se glissait gracieusement. Sa main plongea dans l’océan. Du coin de l’œil, je la voyais dessiner des choses dans l’eau, me faisant sourire. Puis, toujours aussi souplement, elle remonta jusqu’à mon cou, s’y logeant confortablement.

Curieux, je demandais si Rosa avait récupéré des indices sur ce qu’il lui arrivait. En la voyant surprise et gênée, je compris que je n’aurais peut-être pas dû poser la question.

– C’est une bonne nouvelle ! dis-je, content. Si tu veux, je peux essayer d’en parler avec Voigt. Tu te souviens, le démon qui était là quand on s’est rencontré ? Il a beaucoup de contacts autour de lui.

Avant de nous enfuir vers ce pays du nord, mon vieil ami avait accepté de nous aider. C’était lui qui s’était occupé de vérifier les passeports, de nous faire passer dans l’aéroport sans trop de soucis. Voigt… n’appréciait pas tellement Rosa – même si au début, il comptait la mettre dans son lit. Je le soupçonnais d’en être jaloux, c’était quelqu’un de collant, qui voulait de l’attention, et voir un de ces très bons amis s’éloigner de lui pour une fille était embêtant.

Comme la dernière fois, lorsque Mat était là, j’évitais de lui poser d’autres questions. J’avais tendance à vouloir faire passer des interrogations, mais là ce n’était pas le bon moment. C’était une balade pour vider l’esprit, pour éloigner les soucis qu’on avait. Alors je décidais de respecter ça.


Une heure, ou peut-être moins, s’était écoulée. Une pause était nécessaire, surtout qu’il commençait à pleuviner. Fort heureusement, au loin, je vis une île qui m’était inconnue. Grande, elle me faisait un peu penser à Svaak, mais était évidemment moins majestueuse. Mes ailes me transportèrent vers la terre ferme et c’est là que je sentis que j’avais trop volé. Une grotte devant nous me fit de l’œil, c'était assez large pour mon italienne préférée et moi.

– Je vois un abri, on va s’y reposer, prévins-je Rosa, pour qu’elle puisse descendre de mon dos.



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S’il accepterait ? Je me mis à réfléchir. La dernière fois, il avait tout de même risqué sa carrière (et sa vie) en nous aidant, car l’agence me cherchait à cette époque, ayant déserté mon poste. Je n’avais rien fait pour le remercier et j’étais même parti sans lui dire au revoir, alors peut-être que Voigt m’en voulait, ou pire me haïssait. C’était peu probable, mais cet homme pouvait se montrer imprévisible. Donc, qu’il nous aide une deuxième fois… c’était impossible d’y répondre maintenant. Il fallait que je trouve un moyen pour le contacter.

– Je ne sais pas du tout… ça dépend de son humeur, j’imagine. Les démons sont étranges quand ils veulent.

Je me tus, voulant laisser Rosa profiter de la promenade. C’était supposé être une balade reposante, je ne voulais pas lui rappeler les mauvais souvenirs ou la stresser avec mes questions bien trop nombreuses. Le trajet se fit dans un calme agréable : les seuls bruits furent le vent qui sifflait dans nos oreilles ainsi que les vagues qui s’avançaient. Ma forme wyverne, un peu fatiguée, arriva près d’une grande île que je ne connaissais pas.

C’était un peu étrange, elle me faisait penser à Svaak sans les wyvernes et sans les montagnes gigantesques. Mes pattes se déposèrent sur la terre ferme et je laissais ma protégée se glisser hors de mon dos. Elle aussi, elle était épuisée. Ce n’était pas rien de se tenir à moi, cela ne voulait pas dire qu’elle ne bougeait pas qu’elle était forcément tranquille.

L’abri que je désignais était devant nous et assez grand pour nous accueillir tous les deux (et même une troisième personne !). Je m’approchais, et un peu difficilement, je sus entrer. Étrangement, l’intérieur était confortable et moins froid que dehors. Une fois bien installé, je me tournais vers Rosa :

– C’est bon, tu peux venir sur moi.

C’était la première fois qu’on s’arrêtait sur une île avant de continuer. D’habitude, nos balades duraient trente minute, une heure tout au plus et on revenait toujours sur les terres de Milan sans passer par des endroits pour nous reposer. C’était sûrement la meilleure occasion pour parler et rattraper le temps « perdu ». Bah oui, elle restait soit plongée dans ses grimoires, soit avec ce maudit Christian !



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J’avais un peu du mal à me placer dans la grotte, je n’étais pas habitué à m’installer dans un endroit et encore moins me déplacer tout court en wyverne. Ma forme était plus prévue pour du vol, et pas pour des petits pas… ce fut de longues minutes plus tard, sous le regard amusé de Rosa, que je parvins à m’allonger confortablement. Entouré par la pierre, c’était tout de même assez agréable d’être là. Une fois prêt, ma protégée put se déplacer vers moi afin d’elle aussi s’installer. Je sentais ses pieds m’escalader, puis longer mon dos jusqu’à venir jusqu’à mon cou. C’était la première fois qu’on était comme ça : elle couchée contre ma forme wyverne, dans une grotte, loin de la civilisation humaine. Il n’y avait plus personne pour me dire d’aller au QG et remplir des contrats, plus personne entre nous deux. Juste elle et moi.

L’italienne me demandait ensuite si je voulais partir après ou demain, avant qu’elle ne s’étire et me dise qu’elle préférait la deuxième option. A vrai dire, c’était aussi ce que je voulais. J’étais soudainement fatigué et j’aimais être près d’elle, comme ça.

– Ça me va aussi, je suis bien là.

Si la grotte était silencieuse, ce n’était pas totalement le cas à l’extérieur. En tant que wyverne, j’avais plus l’odorat et la vue qui étaient un peu plus aiguisés, mais mon ouïe parvint pourtant à capter des sons que je reconnaissais. Des dragons. Nous étions sur leur île, sur leur territoire. Je préférais ne rien dire à Rosa, car ces créatures étaient hostiles envers les wyvernes. Ce n’étaient pas nos ennemis, mais… disons qu’on ne s’appréciait pas vraiment.

– Tu t’endors déjà ? Tu étudies tellement que tu ne te reposes qu’à peine, on a bien fait de venir dans cette grotte.

Pour voir si elle dormait vraiment, je la poussais très doucement de mon « museau ». Un peu comme un chien, mais j’étais une wyverne majestueuse, pas un de ces sacs à puces que les humains adoraient.


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Bien installé, avec Rosa contre mon cou, le repos se faisait enfin sentir et mes muscles pouvaient se détendre. Une heure de vol, ce n’était pas rien, surtout que je n’avais pas pour habitude d’être sous ma forme wyverne. C’était frustrant, d’être une créature géante de base. La remarque de ma protégée me fit effectivement réaliser qu’il faisait étrangement chaud dans cette grotte.

– Je pense pas… mais tant qu’il nous arrive rien, ça ne me dérange pas.

Je descendais mon regard vers elle, voyant que Rosa tentait bien que mal de relever le sien, en vain. Sa capuche enlevée, elle me demanda si je préférais partir après ou demain. La deuxième option me paraissait mieux, il pleuvait fort maintenant. Heureusement que mon corps était chaud et pas glacial, ça l’aurait poussé à vouloir partir. Cependant, ça avait un inconvénient : elle s’endormait. J’avais envie de parler avec elle ! Alors, je la poussais doucement de mon museau, la réveillant un peu.

– Il faut te reposer de temps en temps. Je ne sais pas si ta magie est liée à ton humeur, mais si tu ne dors pas assez, tu auras des problèmes pour te concentrer.

J’avais bien fait de lui proposer une balade et de nous arrêter ici. C’était difficile de la voir tout le temps plongée dans ses grimoires sans qu’elle puisse même venir dans le lit. Il faisait vide, en ce moment. J’espérais qu’elle allait ralentir la cadence, à présent. C’est avec surprise que j’écoutais ce qu’elle me disait. Un vampire l’a attaqué ?! Je me retins de faire une remarque, même si j’étais visiblement mécontent.

Je la laissais me raconter jusqu’au bout, ne voulant pas l’interrompre, comme si j’avais peur de lui faire changer d’avis. Je sentais bien qu’elle me cachait des choses, ou plutôt qu’elle hésitait à me parler d’un sujet, et maintenant elle me révélait tout. Sa dernière phrase me choqua, tandis que j’écarquillais les yeux. Les… cadavres de sa famille biologique ?! Ce qui signifiait que…

– … tu as été adoptée ? dis-je d’une voix basse, n’en croyant pas mes yeux.

Plein de choses me tourmentaient. L’attaque de ce vampire, le fait qu’elle ait pu se défendre, ces symboles, sa famille biologique… je pris un certain temps pour me ressaisir, triant mes pensées et mes questions. Je ne voulais pas lancer d’interrogatoires comme tout à l’heure, mais j’avais tellement envie de savoir…

– Tu sais ce que signifie ces symboles ? Je…

Je marquais un temps de pause.

– Je t’avoue que je suis perdu, j’ai envie d’en savoir plus, mais peut-être que tu n’as pas envie d’en parler…


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Plus j’en apprenais des choses sur Rosa, plus je comprenais pourquoi le lien s’était subitement affaibli ces derniers temps. Maintenant, il redevenait comme avant, fort et stable. Notre connexion mentale se faisait probablement selon notre état mental. Si je n’étais pas bien, il risquait de devenir instable. C’était plus profond que ce que je croyais. Je me retournais vers Rosa, elle avait encore des cauchemars. C’était donc pour ça qu’elle ne venait pas dormir à mes côtés… Je soupirais. Pourquoi tout était si dur ?

J’écoutais Rosa qui m’expliquait des choses auxquelles… je ne m’y attendais pas. J’étais choqué. Ce n’était pas sa vraie famille et en plus de ça, elle avait été volée ? D’un côté, j’étais aussi frustré. Je voulais l’aider, mais je n’en savais pas plus que ça sur elle. Je me sentais inutile.

– Volée… répétais-je. Putain.

Ce fut tout ce que je sus dire. Putain. Parce qu’il n’y avait que ça qui me venait à l’esprit. Je ne comprenais pas comment on pouvait kidnapper un gosse et l’éduquer comme si de rien n’était. Ça m’enrageait. Je lui demandais alors la signification des symboles, peut-être qu’elle en avait vu dans un grimoire ou que ce Christian avait la réponse à ses questions. Mais il n’était sûrement pas aussi doué que Rosa ! D’ailleurs, je l’écoutais. Des suppositions, c’était déjà bien ! De plus, j’étais rassuré, ça ne lui dérangeait pas de parler de tout ça.

– Ce n’est pas rien, des suppositions. Avec ça, tu sauras te diriger vers une piste concrète. Et je suis content que ça te soulage, j’avais un peu peur d’être lourd avec mes questions.

Moi, avoir peur d’être lourd… Rosa me changeait vraiment. Où était passé le wyverne qui n’en avait que faire des émotions de sa protégée et qui préférait être loin d’elle ? Dans le néant, probablement. Cet ancien moi me rendait honteux. Elle décida de m’expliquer ses suppositions. C’était cohérent, ce qu’elle me disait.

– C’est tout à fait logique. C’est peut-être une ancienne magie. En tout cas, c’est très sombre…

Alistar était une sorcière spécialisée dans les malédictions. Si ce n’était pas une connasse qui me haïssait, j’aurais probablement demandé son aide. Si ce rituel était fait à partir d’une magie noire et vieille, alors cette vile sorcière était sûrement capable de nous guider.

– Tu sais… celle qui m’a maudit, Alistar. Elle est douée pour ce genre de choses. Les rituels et les malédictions. J’avais des recherches sur elle à une période, et j’avais découvert qu’elle pouvait même se déplacer dans différentes réalités. Je me dis que…

Je me tus, cette théorie était trop dingue.

– … peut-être, je dis bien peut-être, que le rituel te concernant n’est pas arrivé dans une autre réalité. Que tu vis, ailleurs, dans un autre monde, avec ta famille biologique et que tout se passe bien. On doit absolument parler à Alistar. Sans me faire tuer par cette harpie, bien sûr.


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Un rituel à but maléfique… sur un nouveau-né. J’étais peut-être pas un saint, mais ces gens-là étaient clairement des psychopathes. Si j’avais remarqué depuis le début que quelque chose clochait, peut-être que le massacre de sa famille aurait été évité. D’ailleurs, je ne comprenais toujours pas ce qui avait pu tuer quatre personnes de manière si… sanglante. Était-ce parce que ce rituel lui avait donné trop de pouvoirs et qu’elle se contrôlait pas ? Est-ce que ce démon qui était probablement en elle lui parlait ? Cela restait encore un mystère pour moi et je n’étais pas devin, malheureusement.

– Tout s’expliquerait… putain, c’est vraiment pire que ce que je pensais.

J’en profitais pour lui parler d’Alistar. C’était rare que je le fasse, c’était la femme qui avait bouleversé ma vie, qui s’était vengé et m’avait humilié. Je la voyais toujours comme une vieille chouette, mais d’un côté je comprenais un pourquoi elle avait posé une malédiction sur moi. J’avais quand même tué son fils. Rosa était surprise et sa question me fit le même effet. Pendant un instant, je réfléchissais.

– Je pense que ce n’est pas une pure coïncidence qu’Alistar t’ait lié à moi. Peut-être qu’elle nous a vu ensemble dans plein d’autres réalités, et même celle dont je parle.

D’un côté, je n’étais pas si sûr de moi, d’un autre, j’avais la nette impression que le « destin » nous mettait ensemble. Alistar devait être l’élément déclencheur, j’étais probablement obligé d’être maudit dans toutes les réalités possibles. Ce n’était qu’une supposition de ma part, mais quelque chose me soufflait à l’oreille que c’était sûrement ça.

Je hochais la tête face à ce que disait Rosa.

– C’est mieux de garder Alistar en dernier recours. Ton amie va nous aider, je suis sûr.

En disant la dernière phrase, je baillais. La chaleur me berçait, le corps de Rosa contre moi me rassurait et je n’entendais plus les dragons à l’extérieur. J’espérais simplement que cette grotte n’était pas la maison de l’un d’entre eux. Mes yeux se fermèrent tout seuls.

– Tu veux un peu dormir pour récupérer ? proposais-je.



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Qu’est-ce que je pensais… c’était une bonne question. J’hésitais et si je pouvais me mordre la lèvre, je l’aurais fait. Déjà, je n’imaginais pas Rosa adoptée, dans ma tête c’était tellement certain que c’était une enfant biologique de la famille Cavaletti. C’était étrange d’imaginer l’italienne dans une lignée autre que celle-ci.

– Je sais pas… je pense que j’imaginais tout sauf ce que tu me dis. Déjà que ça me choque de te savoir adoptée, je le suis encore plus en apprenant que ta famille adoptive a fait un rituel maléfique. C’est tellement… chaotique, comme situation.

Ouais. Chaotique. Ce terme revenait trop souvent à mon goût…

On parlait ensuite des capacités d’Alistar et c’est avec presque dédain que je lui expliquais ce que la vieille sorcière pouvait faire. Enfin, elle n’était pas si âgée que ça. Elle était même plutôt jeune. On gardait l’idée de la harpie sur le côté, c’était une meilleure idée d’attendre l’avis de l’amie de Rosa, que je ne connaissais pas du tout. Maintenant que j’y pensais, c’était sûrement l’occasion pour en apprendre plus sur mon italienne préférée. Il était temps que j’amène ma protégée à un rencard. Une grotte n’était pas l’endroit idéal pour ça.

– Figure-toi que moi non plus, répondis-je à sa remarque sur les wyvernes, un rouge imaginaire teintant mes joues.

On parlait à nouveau de l’amie.

– J’espère aussi… j’ai hâte qu’elle arrive pour qu’on puisse régler ton souci.

Je voulais que Rosa redevienne la chieuse que j’aimais par-dessus tout. Je l’aimais toujours autant, quoi qu’il arrive, mais ça me peinait de la voir triste. Son sourire en coin, qui m’agaçait tant avant, me manquait. Tout à son propos me manquait, même sa présence. Alors que je comptais lui poser d’autres questions, je baillais avant, me rendant compte que j’étais fatigué. Je fis une moue face à ce que disait Rosa.

– Je voulais pas être le seul à rester éveillé, râlais-je.

Elle se mit à rire doucement, avant de se poser mieux contre moi. C’était agréable. Et dire que je la traitais de vile sorcière par le passé…

Mes yeux se fermèrent tout seuls, ma tête se baissa un peu et mes ailes se décontractèrent complètement. Ma respiration se fit plus lente et quelques minutes plus tard, je m’endormais, collé contre mon italienne préférée.




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La notion d’âme-sœur était quelque chose que je ne comprenais pas, et l’idée me faisait souvent ricaner. C’était, pour moi, un concept d’enfants, un conte que l’on racontait aux enfants pour les rendre romantique et niais. Mais maintenant qu’on en parlait, je me surpris à y croire. C’était tout à fait logique et même cohérent, Alistar ne m’aurait pas lié avec quelqu’un qui n’avait pas d’intérêt pour moi. Ce n’était pas une quelconque sorcière et celle-ci parvenait encore à me prouver qu’elle avait plus d’un tour dans son sac.

– Peut-être… répétais-je doucement face à ce que disait Rosa.

Je préférais laisser l’idée dans un coin de ma tête, avec la fatigue que je ressentais je n’étais pas en état de me creuser la tête. Le sujet dévia sur Katerina, dont l’existence m’était inconnue jusqu’à ce jour. A l’époque, l’italienne disait que les autres n’étaient pas dignes d’elle, alors je croyais toujours qu’elle était seule, sans amis. Rosa me confia ne pas savoir si Katerina sera en mesure de comprendre la situation.

– C’est vrai, j’espère qu’elle aura au moins un petit indice.

On misait peut-être tout sur les compétences de Katerina, alors c’était sûrement mieux de ne pas avoir trop d’espoir. Je ne voulais pas voir la moue déçue de Rosa si son amie lui disait ne rien savoir sur tout ça. Si elle comptait lui demander de venir, il fallait vraiment déménager. Entre l’appartement miteux et la présence de Mat en plus, il n’y avait ni place, ni conditions pour admettre une personne en plus. La tête embrumée par la fatigue, je me laissais tomber dans le sommeil. Ma protégée fit de même et quelques longues minutes plus tard, nous étions tous les deux endormis, loin des soucis et des problèmes.


Mes yeux s’ouvrirent brusquement, ma respiration prit un rythme saccadé tandis que mes narines s’activaient. Un cauchemar m’avait réveillé et de plus, mes oreilles ainsi que mon odorat avaient compris que nous n’étions plus seuls. Mon corps se mit à bouger, espérant sortir Rosa de son sommeil. Dehors, les cris des dragons que j’avais entendu durant la nuit s’étaient rapprochés un peu trop à mon goût. Je tendais ma nuque pour tenter d’observer l’extérieur et sur la plage, se trouvait un dragon qui venait de se poser. Maintenant que je pouvais en voir un de près, il n’était pas plus différent que les wyvernes. En réalité, la seule différence qu’il avait avec moi c’était qu’il pesait plus lourd et que j’étais probablement plus rapide.

Alarmé, je poussais l’italienne de mon museau.

– Rosa, chuchotais-je. Il y a un dragon dehors, réveille-toi. Il faut qu’on parte d’ici avant qu’il ne nous voit, disons que les wyvernes sont peu appréciées de ces créatures…


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La question de Rosa me fit froncer les « sourcils ». Si c’était génétique ? A vrai dire, j’en avais aucune idée, mais ça pouvait expliquer plusieurs choses. Le fait que certaines wyvernes puissent se transformer en humain à volonté… et que certains quittaient l’île sans raison valable – ce n’était pas interdit de déménager, mais c’était un peu mal vu.

– Ça doit sûrement fonctionner comme ça, oui.

Le sujet dévia et pendant un instant, je crus que Rosa était réellement sérieuse en parlant de bilan sanguin. Je voulus lui dire que c’était une bonne idée, avant de me retenir en comprenant que c’était une blague.

– Tu sais, tu peux toujours essayer, dis-je, sérieux.

Peut-être que des informations qui n’avaient rien à faire là allaient surgir ? C’était peu probable, mais il valait mieux tenter le coup. La technologie était probablement incapable de ressortir des détails magiques, mais peut-être que… argh, j’étais perdu. Je finis par me taire, fatigué. Il était temps de dormir, un peu de sommeil allait nous faire du bien – surtout ma protégée qui se reposait qu’à peine en ce moment. Nos paupières se fermèrent doucement, tandis que le bruit du vent dehors me berçait.

Quelques heures plus tard, ce furent plusieurs choses qui me secouèrent. Un cauchemar que je préférais oublier et des cris de dragons que mon ouïe parvint à capter de justesse. Merde, on était sur une île de ces connards. J’aurais dû vérifier avant de nous déposer sur ces terres. Alarmé, je réveillais Rosa qui me parlait par télépathie.

– Si on rentre, grommelais-je.

Une fois sur mon dos, elle me posa une question. Mais oui ! J’avais complètement oublié qu’elle avait un artefact. Cependant, je ne savais pas si les dragons avaient un odorat aussi bien que le mien… c’était mieux que rien. J’acceptais, c’était ça ou nous faire voir, puis nous faire bouffer.

– Vas-y.

Je sentis la pierre sur ma nuque et ma peau disparut, laissant place à… eh bien, rien. En sortant de la grotte, je fis bien attention à ne pas écraser Rosa contre les roches de la grotte et parvint finalement à dégager de là sans trop de soucis. Est-ce que j’étais si maudit que ça pour que notre balade se transforme en gros problème ? En grognant, mon bien-être se transformant en mauvaise humeur, je me mis à secouer mes ailes. Le bruit, ou mon odeur, comme prévu, avait dû alerter le dragon en face de nous qui se retourna.

J’écarquillais les yeux et fort heureusement, j’étais plus rapide que ces créatures hostiles. Ce dernier paraissait confus et nous cherchait partout, et lorsque je volais à travers le ciel, je le vis nous suivre au loin.

– Merde il nous suit. Notre odeur a dû le perturber.

J’accélérais la cadence, sachant pertinemment que Rosa allait se retenir sur moi.


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La remarque qu’avait fait Rosa me fit doucement rire. De plus, j’avais un peu du mal à me dire que je retrouvais la Rosa d’avant. Son sourire en coin, qui était sa marque de fabrique, revenait de temps en temps et alors qu’avant il m’agaçait, je me retrouvais à l’adorer à présent.

– Un AVC… tu vas loin, toi. J’aurais déjà eu besoin de réanimation ou même d’inhalateur depuis tout ce temps, répliquais-je sur le même ton que le sien.

Après le sujet « Katerina », on parlait de… prises de sang. Oui, oui. Quoi de plus normal de parler de ça dans une grotte étroite, placée sur une île inconnue et loin d’Oslo. Effectivement, si les médecins voyaient quelque chose d’exceptionnel dans le sang de Rosa, et surtout si c’était dans un hosto de surnat, ils risquaient de l’enfermer.

– On va éviter, alors… maugréais-je.

Fatigués, on en profitait pour dormir. Un cauchemar me réveilla, ainsi que la présence d’un… putain de dragon. Sur cette île. Comme par hasard, une de ces bestioles se retrouvaient ici. C’était pas possible, on ne pouvait vraiment pas être à deux sans qu’un truc se passe. Je grognais, réveillais Rosa, qui vint rapidement sur mon dos. La pierre magique sur ma nuque, je parvins à sortir de cet endroit trop étroit et passais à côté du dragon qui nous avait repéré.

Ma forme wyverne tentait bien que mal de semer le dragon, mais il restait toujours un peu plus loin. Est-ce que son odorat était meilleur que le mien ? C’était tout à possible, il ne nous suivrait pas aussi longtemps, sinon. Rosa lui demanda si je pouvais le semer. Je mis un certain temps avant de répondre, réfléchissant à vive allure.

– Je crois, mais je n’ai jamais été aussi rapide avec toi, alors accroche-toi super bien.

Le cri du dragon me poussa à aller plus vite. Mon cœur battant à tout rompre, je voulais à tout prix éviter une bataille aérienne. Pas parce que j’avais peur de ces créatures, mais plutôt parce que Rosa était sur mon dos et que je ne voulais pas la faire tomber dans l’eau glaciale. Alors, mes ailes se forcèrent à prendre de la vitesse. Je me surprenais à presque perdre le contrôle tant je n’étais plus habitué. Puis, j’oubliais un truc.

Mes morsures étaient très toxiques.

Soudain, je ralentissais.

– Je sais que c’est irresponsable, mais… je vais le mordre, prévins-je Rosa.

Le dragon s’était approché. Un peu trop, malgré lui. J’en profitais pour me retourner, tout en vérifiant que Rosa était restée sur mon dos, avant de foncer sur lui. Ma bouche ouverte, je claquais ma mâchoire sur sa nuque et mordais de toutes mes forces. La créature ailée hurla, tenta de se débattre et lorsque je le laissais, il tombait. Je l’observais glisser jusque dans l’eau et une fois que je m’assurais qu’il n’en ressortirait plus, je me remis en marche.

– Putain. Je les déteste, ces connards.


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