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First Blood (Nils)

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Ven 4 Oct 2019 - 0:04
Ça y est. On y est. Cette fois, c'est réel. On a une boîte qui fonctionne ! Enfin... ouais. Notre client est pour ainsi dire le quatrième larron de la MGH. C'était le deal. 33% pour le Schtroumpf, 33% pour mon petit loup, 33% pour moi, et le pourcentage restant ? Un amerloque proche de la Section 45 qui a pour ainsi dire financé la plus grande partie du bazar. Un tiers du prix de ma nouvelle baraque, pour faire simple. Enfin, c'est provisoire... Quand on sera un peu plus connu sur le plan officiel pour notre couverture, quand on aura quelques clients officieux pour rentabiliser l'affaire, on pourra se poser ailleurs. En attendant, mon sous-sol fait l'affaire, et puis ça donne pour l'instant une bonne image de nous. Trois petits jeunes qui se lancent dans un projet sympa. Enfin, "jeunes"... Un pluricentenaire, un tiers-centenaire et... moi. À leur échelle, un nouveau-né. Mais aux yeux du commun des mortels, trois petits jeunes motivés. Ça fait partie du paquetage de la réputation de la boîte, pour notre couverture. Je crois que ça va le faire !

Anyway, premier contrat. Enfin, premier contrat officiellement officieux. On a déjà quelques petits devis de couverture qui ont abouti, mais franchement, poser des serrures ou des caméras de surveillance, on est d'accord que ça compte pas ?

Le super avantage par rapport à l'ancien boulot c'est que le niveau de pression, et donc de stress, a nettement baissé. On n'a de compte à rendre à personne, si ce n'est à nous-mêmes et à nos contrats. Pas de stupides rapports à rédiger, pas de hiérarchie, juste des engueulades de type "concours de jurons" avec un nain têtu et un loup qui n'aime pas être caressé à rebrousse-poil. Ouais, c'est peinard.

Le super désavantage, c'est que... bah on est trois. Que la Bête du Gévaudan est occupée ailleurs et que... va falloir que je mette les pieds sur le terrain. Ouais. Moi. Sur le terrain. Bon, le point positif, c'est qu'on n'a pas eu à batailler bien longtemps pour tomber d'accord : nope, je ne prendrais pas mon glock. Et puis je n'ai pas non plus eu à me justifier pour sortir mon arc. En plus, le nain m'avait préparé de ses flèches en acier, et ça, c'est vraiment cool.

Enfin... la réalité c'est que je n'ai jamais décoché sur une cible vivante. J'en ai vu et entendu crever, des types, mais je l'ai jamais fait directement. Je n'ai fait qu'assister les autres. C'est très... contradictoire, comme sensations. Une excitation mêlée d'une appréhension. Bon, en vrai, y'a toutes les chances du monde pour que ce soit le nain qui s'occupe de finir la cible, mais quand-même.

Anyway. La forêt, même si j'en ai pas l'air, c'est un peu mon domaine. Enfin, juste un peu... c'est juste que je m'y sens bien. Et que je ne m'y suis encore jamais perdu. Je ne sais pas si ça vient de ma mère ou que j'ai juste le sens de l'orientation, n'empêche que je ne devrais pas trop être un boulet pour le coup.

Par contre, la cible, ça va être un poil plus compliqué. Son histoire avec le client, aucune idée. Mais c'est un elfe, il faut donc s'attendre à qu'il ne se laisse pas buter bien gentiment. Dans la mesure du possible, le prendre par surprise. Sinon... on verra bien.

En attendant, je boucle mon sac, révise une dernière fois mon arc avant de le ranger et resserre mes lacets de baskets avant d'enfiler ma veste et de tout envoyer sur mes épaules, me tournant vers le poilu en lui tendant un petit dispositif, de type oreillette bluetooth.

- Tiens, si on se sépare, ce sera plus facile pour communiquer.

Et nous voilà maintenant au beau milieu de la forêt. Et c'est calme. C'est bien calme. C'est trop calme... J'ai les sens aux aguets, mais ils sont néanmoins bien moins affûtés que ceux de la plupart des autres surnat'. L'arc à la main, flèche prête à être décochée, j'avance prudemment, à plusieurs mètres de Nils, qui est toujours dans mon champs de vision.

- On doit plus être très loin...

Le problème, avec les elfes, c'est leur putain d'ouïe. Mieux vaut rester discrets sur les raisons de notre présence, des fois qu'il serait en train de nous écouter.
Leiv Myklebust
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Jeu 17 Oct 2019 - 3:47
Le geek avait bien bossé. Il nous avait trouvé un nouveau boulot, une façade légale au cas où on s'ennuierait et même une base. Enfin une petite base, qui était à notre boîte de sécurité ce que son garage avait été à Steve Jobs. On se débrouillait plutôt bien d'ailleurs, mais je sentais que ce contrat d'elfe allait être le début de quelque chose ou bien fin abrupte et rapide.

Un elfe donc. Très probablement plus rapide et agile que moi, mais certainement pas plus qu’une balle. Pas de corps à corps pour cette fois, et je ne prenais même pas mon couteau de combat. Le boulot s’annonçait assez compliqué comme ça alors pas besoin de garder des armes qui pourraient servir à mon adversaire. Enfin notre, puisque le petit venait avec moi. J’aurais été plus serein avec Matéo avec moi, car mis à part quelques remarques du genre "Vas te laver tu m'empeste le museau" on s'entendait bien et on était assez efficace à ce qu'on faisait. Mais comme il était pas là et qu'il me fallait quand même quelqu'un pour surveiller mes arrières, j'emmenais notre collègue le geek faire un tour dans la nature. Au moins avec son arc il ne risquait pas de se blesser. Je le laissais s'équiper sans insister sur le manque de matériel, mais je notais qu'il réfléchissais un peu en faisant son sac. On allait p'être bien réussir à en faire quelque chose de ce jeune-là.
Pour ma part, le plus dur était de m'adapter aux contraintes de cette mission. La cible s'était planqué dans une cabane de chasseur, et le vrai problème était plutôt l'emplacement de l'endroit : en plein milieu d'une forêt publique. Et puisque l'on ne pouvait pas garer un tank dans chaque chemin du bois et en interdire l'accès, je courais le risque de tomber sur Gisèle la cueilleuse de champignons au détour de chaque buisson, et beaucoup de monde prendrait peur en voyant un barbu armé jusqu'aux dents se baladant dans la forêt. Et vu qu'on était pas dans le Montana, j'allais pas pouvoir prétendre chasser le caribou avec ma mitrailleuse. Donc en plus de n'avoir qu'une moitié de partenaire, j'allais devoir limiter les trucs faisant BOUM et réduire considérablement la qualité de trucs faisant BANG. Suuuuuuuper….
Et pour couronner le tout, on y allait sans soutient ni support. Le gamin, y pouvait pas pirater un drone de la CIA et raser l'endroit depuis l'orbite ?

On se calme Nils. Tu ferras le vieux nain grognon après avoir éparpillé une chevrotine dans la tronche de Mr Oreilles Pointues.

J'étais donc resté un moment a contempler le râtelier d'armes en le trouvant finalement assez restreint. Une 22.lr allait simplement lui faire siffler les tympans, et à l'opposé la MG36 était un peu trop visible. Je décidais finalement de dépoussiérer un peu le M14. Un bon fusil, qui allait en plus me rappeler des souvenirs à l'avoir en forêt, et il avait en plus l'avantage de ne pas avoir trop l'air d'une arme de guerre si j'utilisais les petits chargeurs de 10 cartouches. Pas besoin de la lunette non plus, car je prévoyais un engagement à moyenne portée. Je prenais en plus le 9mm pour la défense rapprochée, et j'étais prêt. Des munitions plein le gilet, et je réussissais même à glisser une grenade flash dans une poche. Et puisque je ne voulais pas de mauvaise surprise, je ne prenais pas d'arme blanche. Et au pire, mes gants étaient lestés au niveau des phalanges pour donner plus de poids à mes arguments…



*****************


Ça faisait du bien de sortir un peu de la ville. Une montagne s'aurait été encore mieux, mais je m'en serais chargé tout seul sans même hésiter. Je me faisais la réflexion qu'il y avait p'être du minerai dans cette forêt ; mais si y'en avait, on savait pas où il pourrait se trouver. Enfin on n'était pas venu faire du tourisme non plus.  

Les yeux à l'affût d'un mouvement parmi la végétation, je laissais échapper un petit rire au détour d'un épineux et on me demandait d'expliquer dans l'oreillette.

- Bah c'est juste que vu que c'est toi qui es venu, ça me faisait penser à la comptine pour enfants. Prom'nons nous dans les bois, pendant que le loup y est pas… Tu crois qu'il boufferait l'elfe si on lui ramenait ?

Le silence qui suivait me suffisait pour imaginer l'expression dépitée sur la tête de mon équipier. Y'en fallait quand-même pas beaucoup ; et si une connerie le rendais muet à ce point, le pauvre se serait suicidé s'il avait crapahuté la jungle avec nous à la recherche de la piste Ho Chi Minh…

- On doit plus être très loin...

Il avait pas tort. Un coup d'œil vers ma montre pour vérifier depuis combien de temps nous étions là, et nous ne devions être assez proche de la cabane.  



- Une dernière chose, si jamais il te tombe dessus surtout ne fait pas le con. T'es pas ceinture noire d'aïkirawendo, donc à moins qu'il soit vraiment très enrhumé je vois pas comment tu pourrais t'en sortir au corps à corps. Si ça arrive, essaie de passer pour un petit truc qui ne mord pas : il pourrait te laisser tranquille et en plus je saurais exactement où le trouver.

Ce n'était pas vraiment pour le dénigrer, mais plutôt pour qu'il rentre en vie. C’est-à-dire que le siège conducteur était réglé pour lui, et j'étais pas vraiment sûr de pouvoir atteindre les pédales de notre véhicule… C'était bien le capitalisme ça, au moins les tanks soviétiques étaient assez étroits pour que j'y sois parfaitement à l'aise.

C'est en vérifiant l'autre coté d'un fourré quelques mètres plus loin que j'apercevais notre cible, enfin sa planque, au bord de la pinède. Je me baissais immédiatement et levais le poing avant d'expliquer le plan avec le même code visuel que j'avais utilisé durant les années précédentes. Une explication suivie d'un grésillement dans l'oreillette me demandant quel insecte pouvait donc me foutre la trouille à ce point. Je réalisais soudainement que j'avais oublié de lui apprendre ce code avant de partir. Je me mettais à couvert et lui faisais signe de s'approcher. J'attendais qu'il soit juste à côté pour parler aussi doucement que possible.

- Il est juste là, environ cent mètres de l'autre coté de ce buisson. Enfin y'a de la lumière dans la baraque donc il doit être dans le coin. On ne se sépare pas, ça lui rendrait la vie trop facile. Cinq mètres d'écart entre nous, c'est le maximum. I have the eyes of a hawk and the ears of a fox, mais s'il est prudent et préparé, on peut avoir des surprises. Chaque détail compte, si quelque chose n'a rien à faire dans une forêt, si quelque chose n'est pas en place ou semble même juste un peu étrange, dis-le-moi. On avance doucement, un pas après l'autre.

Le sergent Hróaldrsson reprenait du service en posant la main sur l'épaule de son rookie et en l'encourageant. Bordel, je l'avais pas réalisé, mais qu'est-ce que ça m'avait manqué.
Nils Hróaldrsson
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Dim 20 Oct 2019 - 22:09
Bordel de merde mais qu'est-ce que je fous là ? Qu'est-ce qui m'a pris de penser que c'était possible un nain, plus moi, plus des bois, plus une mission de merde, dont le salaire foutrement élevé suffisait à activer les néons rouges aveuglants qui indiquent "DANGER", était une bonne idée ? J'ai toujours su faire la différence entre la réalité et les jeux vidéos, mais là, putain, j'ai déconné.

Enfin, c'est pas comme si on avait eu vraiment le choix. Fallait être deux, on est que trois. On aurait ptêtre pu attendre le retour du loup. Mais c'est vraiment pas le moment pour regretter et flancher. On verra bien comment ça se passe, en attendant, il faut que je me concentre sinon, dans le meilleur des cas, on se réveille à l'hôpital et on ne sera pas payé. Et le Schtroumpf me le fera payer. Je me facepalm en silence quand il chantonne en se posant des questions stupides. Cela dit, pas plus stupide que moi dans une forêt avec mon arc, dans le but pour la première fois de vraiment transpercer de la chair. Je préférais ne pas répondre et continuer de me concentrer. Sans en avoir tout à fait l'air, j'écoutais quand-même ses derniers conseils.

- Hey, Gurdil, si je voulais me suicider, je me compliquerais pas la vie à ce point, tu sais. Et puis t'en fais pas pour moi, tu veux ? Je suis charmant, je te rappelle. Et pas stupide.

Ah ça, niveau stupidité, le monde qui m'entoure en est aussi plein qu'un nain à la fermeture d'un bar. Pour ce qui est de mon héritage de nymphe, il est temps que j'apprennes à m'en servir à des fins disons plus... rentables qu'un stupide prétendu sentiment d'amour éternel.

J'arquais un sourcil en sa direction, quand il s'est tout un coup cru de retour dans les années 40. Bon, des codes, des langues et des langages, j'en ai un paquet à mon compteur, mais quand-même, n'exagérons rien. On est pas chez les rangers, là. On est en Norvège. En putain de Norvège. Pays dans lequel si mon état de santé ne m'avait pas permis d'éviter le service militaire, il m'aurait suffit de prétendre que je sois pacifiste et refuser purement et simplement de le faire. Dans la plus grande légalité. Je hochais simplement la tête, les yeux toujours écarquillés, essayant de réaliser, sans trop penser tout de même, ce qui était en train de se préparer.

Moi, agent de terrain.

Putain. De bordel. De merde.

Chut, cerveau. C'est pas le moment de penser, là. Aller hop, au boulot. L'observation, je sais y faire. Mais j'ai que des capacités stupidement humaines, et même si j'ai eu mon injection miracle il y a seulement quelques jours, une putain de toux fait l'embouteillage dans ma gorge tellement je la retiens. Tout comme le bras de mon collègue avant qu'il n'avance trop loin, avant de lui montrer du menton un dispositif dissimulé dans le feuillage.

Avant qu'il ne propose une solution, je sors mon arc et décoche une flèche en plein dans le bidule. Ça trahira notre présence, mais je ne pouvais plus me retenir, et en profite donc pour me décrasser allègrement les poumons, crachant des glaires entre mes deux pieds.

- Quitte à se faire repérer, autant le faire bien.

Ouais, c'était pas malin, mais on fait avec ce qu'on a. Désamorcer un piège, c'était déjà pas très discret en soit, mais il fallait bien le faire. Si ça n'avait pas été moi, le rouquin aurait fait résonner un gros calibre dans toute la vallée. Encore pire qu'une toux à s'en décrocher la plèvre.

En tout cas, ça fait arriver la cible, presque comme si c'était exactement ce qu'on avait voulu. Je fais semblant de continuer à tousser alors que tout à été étanché, tout en en profitant pour innocemment faire tomber une branche morte derrière l'elfe, façon "la gravité fait juste son boulot".

Et là, honnêtement, aucune idée de quoi faire. Je laisse au nain, nettement plus expérimenté, le loisir de réagir en profitant de la petite ouverture que je lui offre, et le suivre en essayant d'assurer ses arrières, ou bien... jouer les touristes.
Leiv Myklebust
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Lun 4 Nov 2019 - 13:04
Déclencher l'alarme pour prendre le type à son propre piège. Il faut bien l'avouer, le petit avait plus de couilles qu'il ne le montrait. Surtout que l'on ne se battait pas exactement contre un lapin de trois semaines. M'enfin maintenant qu'on y était enfoncé jusqu'au cou, autant continuer avec son plan. Et avec le petit qu'était en train de cracher ses poumons, on n'allait pas être bien dur à trouver. Je me rapprochais du sol et attendais.

Je remarquais une silhouette élancée se déplaçant aussi rapidement une silencieusement parmi les arbres. Notre homme, enfin plutôt notre elfe, prenait grand soin de passer de couvert en couvert sans jamais rester à découvert trop longtemps et à régulièrement changer sa de direction de course afin d'éviter les éventuels tirs de sniper. Il était entrainé, et avait de l'expérience de combat. Je n'avais toujours pas identifié d'arme sur lui, mais il ne serait pas venu à notre rencontre sans en avoir au moins une.

- Merde mais il se croit dans Kill Bill ou quoi ?

Encore quelques secondes, et il s'était alors assez rapproché pour que je puisse voir comment il était équipé. Un sabre japonais dans le dos, une sorte à la ceinture et un holster à la cuisse. Il voulait la jouer de près, et savait comment se positionner pour y arriver.

- Va falloir faire ça à l'ancienne me plaignais-je en cherchant de la main une baïonnette, mais ne trouvais qu'un fourreau vide. Me rappelant que je l'avais justement laissé au bureau en espérant ne pas engager l'elfe au corps à corps, je grognais de mécontentement et bondissais hors du buisson pour charger l'ennemi. C'était bien la seule facette de la guerre qui n'avait jamais changée. De l'âge du bronze jusqu'à l'âge atomique, on venait toujours à une bonne mêlée pour décider de l'issue du combat. J'avais plus de trois siècles d'expérience dans ce domaine, mais il y avait de bonnes chances pour que mister oreilles pointues en ait autant.

Tirant quelques balles au jugé pendant ma course, j'entrais au contact avec lui sans l'avoir ne serait-ce qu'égratigné mais en l'ayant tout de même affaibli : une balle qui visait sa cuisse avait manquée sa cible pour se loger dans son arme de poing. J'avais désormais le monopole de la distance sur lui. Il répliquait assez calmement par coup de taille qui laissait une belle entaille dans la crosse de mon fusil. Je passais la minute qui suivait à tenter de ne pas mourir. Le bougre savait très bien se servir de son arme, et il me gardait constamment sur la défensive. Je ne pouvais rien faire à part esquiver ou parer ses attaques, et nous savions tout deux que je finirai par faire une erreur, la seule dont il avait besoin.

Mais soit il n'avait pas la même endurance que moi, ou bien prit dans le duel il finissait par oublier que je n'avais pas une massue mais une arme à feu, car il me laissait une ouverture : alors qu'il m'envoyait une estocade (qui m'aurait été définitivement fatale si elle avait touché), j'étais tout juste capable de dévier la lame en plaçant le bout du canon en direction de sa main. La garde de son sabre n'offrait aucune protection contre une balle de ce calibre à une si courte portée, et en moins d'une seconde il perdait tous ses doigts à l'exception du pouce. C'était pas beau, mais c'était la guerre…

Je reculais de quelques pas pendant qu'il hurlait de douleur, et essayais de replacer Leiv dans l'espace en pensant mon adversaire fini, mais il ne comptait pas se laisser abattre aussi facilement. Il reprenait rapidement ses esprits et me bondissait dessus en dégainant un poignard à la forme singulière que je reconnaissais immédiatement comme un kukri. J'avais à peine le temps de rouler sur le côté pour éviter l'assaut. En finir de la sorte était son seul espoir, mais il avait perdu son avantage. Son jugement était troublé par la douleur, et ses réactions devenaient un peu plus prévisibles. Blessé, son comportement devenait plus animal. Un changement que les siècles d'entrainement avaient bien du mal à estomper, car ils produisaient plutôt le contraire : en devenant meilleur que les autres, on était forcément de moins en moins touché. Et en cela je remerciais tous mes séjours dans un hôpital de campagne boueux, sale et non aseptisé.

Si l'elfe ne me laissait pas le temps de dégainer mon pistolet, il était négligent avec sa garde et y laissait de grandes ouvertures. La lame me passait directement au-dessus de la tête et je m'engouffrais dans la brèche pour lui envoyer un uppercut de mon gant blindé. Je me glissais entre ses jambes pendant qu'il chancelait en arrière et bondissais dans son dos, passant un bras autour de son cou en me servant de l'autre pour serrer plus fort. Je me servais de mes pieds pour bloquer ses bras en arrière, mais il réussissait quand-même à m'entailler la jambe avec la pointe de son arme. Je serrais les dents et maintenant ma prise. L'étouffer à mort prendrait bien 5mn, et le laisser me poignarder pendant autant de temps revenait à mourir d'exsanguination avec lui. Il fallait que Leiv entre en jeu, et vite.

- Gamin ! T'attends une invitation ?! Arrête de t'branler dans les buissons et bute cet enfoiré !  
Nils Hróaldrsson
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Sam 23 Nov 2019 - 22:43
Le nain. Vous savez, ce petit être bleu qui... ah, non, ça c'est les Schtroumpfs. Les nains, donc. Ces petits êtres rustres qui osent les avantages de l'alcoolisme sans en payer les inconvénients, doublé d'une saleté de caractère et d'une peau tellement tannée qu'on pourrait croire qu'ils l'ont piquée aux dinosaures. Ouais, c'est résistant, le nain. Même si j'avais subi le même entraînement que lui, clairement, j'aurai pas tenu autant. Mais j'ai d'autres atouts, et clairement, avec mes capacités, je suis fait pour rester à distance. Parfait. Le problème, c'est que même si j'ai des moments de délires où j'aime bien me prendre pour un Sith (la faute à mes anciens collègues, y'a pas idée de m'appeler Darth Leiv sans en subir les conséquences!), la Force, ça n'existe pas. Je maîtrise l'envoi d'objets à travers la pièce et la mise en marche à distance d'une machine à café, mais étrangler un elfe ou le dégager de dessus mon rouquin, c'est pas dans mes cordes. Ça marche pas sur les êtres vivants, allez savoir pourquoi. Et pour le coup, ça m'emmerde pas mal. Mais bon, Gurdil semble arriver à gérer tout seul, alors je le laisse un peu, tout en gardant quand-même un œil sur le combat - sait-on jamais.

J'en profite pour faire le tour de la propriété, désamorcer les quelques pièges que je découvre, et chercher si des fois je tomberais pas sur des infos intéressantes... en tout cas, Mister Pointed-Ears se savait menacé, et pas qu'un peu. Plus je m'approchais de la baraque, pires étaient les pièges, et surtout encore plus planqués. Ça commençait à devenir chaud pour moi... et pour le Suédois aussi. Je me retournais d'un coup, l'arc pointé en leur direction, mais putain... fallait pas que je me loupe.

J'avais pas vraiment le temps de réfléchir. Il fallait juste que les flèches du nain soient à la hauteur parce que... je me concentre sur ma respiration, ignorant délibérément les jérémiades que je n'entends plus. Si je les écoutais, les risques de me planter, et donc de le planter, étaient trop forts. Déjà que là c'était vraiment, mais alors vraiment limite...

Dès que l'axe et leurs mouvements le permettent, je décoche dans un souffle maîtrisé. La lutte s'arrête alors d'un coup. L'un ne bouge plus, une flèche entre les deux yeux, et l'autre, épuisé, se laisse tomber sur le côté. Plutôt que de le plaindre ou m'excuser d'avoir tardé (non mais il ne manquerait plus que ça!), je retourne vers lui en maugréant :

- T'en as de bonnes toi ! Comment tu veux que je vise sereinement un asticot qui gigote autant alors que t'étais encore dessus ! J'suis humain d'base, j'te rappelle, j'ai pas une vision basée sur le mouvement ni trente-six cônes et bâtonnets dédiés à la chasse ! Et même si j'aurai pu dévier la flèche en cas d'erreur, elle aurait certainement perdu en vitesse et serait pas...

Rentrée aussi facilement dans le cerveau d'un type. Bordel. Je m'arrête d'un coup, autant dans mon flot de paroles que dans mes pas. Je viens de buter un mec. Pour de vrai. Moi. Pas supervisé en vrai derrière mon écran ou avec une manette de console entre les mains. J'ai. Buté. Un. Mec.

- Herregud.

Je lâche une bonne expiration, secoue un peu la tête et finit par tendre la main vers le nain pour l'aider à se relever. Je regarde ensuite le cadavre de l'elfe, un peu détaché, avant de le secouer un peu du bout du pied, comme pour vérifier.

- Faen. Je l'ai vraiment fait, putain.

Et puis, comme si c'était normal, je commence à vouloir retirer la flèche de sa cible, mais bordel, c'est pas aussi simple, elle résiste la connasse ! Je manque de me casser la gueule en arrière, heureusement le nain était encore là. Je reste encore un instant comme interdit. Nope, je réalise toujours pas ce que je viens de faire réellement.

Sans détacher mon regard du mort, je lance un coup de tête en direction de la cabane qui lui servait de maison, avant de m'adresser à mon collègue :

- Y'a p't'être des trucs intéressants à l'intérieur, mais c'est truffé de pièges... et comme ça a l'air artisanal, c'est possible qu'il y ait du matos à récupérer. Enfin, vu le mal qu'il s'est donné à se protéger, j'suis pas sûr que ça vaille le coup de perdre un bras pour ça.
Leiv Myklebust
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Dim 24 Nov 2019 - 19:17
Il visait bien le petit. Diablement bien même, si tant qu'il veuille y mettre un peu du sien. Je roulais sur le coté pour me rapprocher du corps et déchirais une partie de son haut pour m'en servir de bandage improvisé. J'utiliserais du matériel du sac de secours resté dans le véhicule si l'espèce de pansement compressif n'était pas assez efficace pour stopper le saignement, et de toute façon je me rafistolerais une fois rentré à l'agence en espérant ne pas avoir à aller me faire recoudre aux urgences.


J'acceptais volontiers son aide pour me relever et le laissais réaliser ce qu'il venait de faire. Nous étions quittes pour un bon débriefing autour d'une pinte, car je devais m'assurer que mon jeune assistant ne cogite pas trop longtemps à propos de la mission, et surtout qu'il n'en ait pas de séquelles au niveau mental. Rien ne m'obligeait à le faire, et je n'avais jamais formellement été désigné chef d'équipe, mais je sentais qu'il était de mon devoir de m'assurer que le gamin ne devienne pas taré après m'avoir sauvé le bacon. Je l'empêchais de tomber lorsqu'il récupérait sa flèche coincée dans la boîte crânienne de la cible, et me faisais la réflexion que maintenant qu'il était un agent de terrain (ou au moins la moitié d'un) il était important que je lui trouve des flèches plus spécialisées que celles qu'il avait reçues récemment. Quelque chose de vraiment conçu pour lui, et plus approprié à notre boulot. Entre le clan et la guilde, les munitions adaptées ne manquaient pas. La maison devrait pouvoir me faire ça en quelques jours sans aucun problème, et je devais de toute façon passer commande pour de nouvelles cartouches. Avec un peu de chance on pourrait même faire passer ça en frais de société…



Je regardais en direction de la cabane pendant que je débattais si le jeu en valait la chandelle.


- On a pas été payé pour ça donc non ça vaut pas le coup. A moins que tu veuilles aller vérifier s'il a pas un disque dur avec des données intéressantes, on a pas besoin d'aller se mettre en danger pour rien. T'as bien bossé, continue comme ça.


J'empoignais mon pistolet et collais une balle dans la tête et dans le cœur du cadavre, juste pour faire bonne mesure, et répondais à la question muette que je sentais pointer chez Leiv.


- Un conseil lors de la chasse au surnat' : toujours tuer la bestiole une deuxième fois pour être sûr. Il y a des choses qui reviendront te chercher si tu ne fais pas assez attention, crois-moi. Je me baissais et ramassait la dague utilisée contre moi. J'essuyais la lame sanguinolente sur les vêtements du mort et jonglais rapidement avec pour la saisir par le plat de la lame, en tendant la poignée vers le geek. Ton macchabée, ton trophée. Et félicitations pour ta première chasse.
Nils Hróaldrsson
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Mar 26 Nov 2019 - 15:36
Alors, ça y est. C'est ça, de buter un mec. Enfin, un elfe. Mais c'est pareil, non ? Je tentais de reprendre mes esprits, mais ils étaient pas partis bien loin, en fait. Comme si ce qui venait de se passer avait été effacé en même temps. Comme au temps des cassettes vidéo, comme si le film qui se déroulait à l'écran que sont mes yeux en enregistrait un autre sur la bande au fur et à mesure. Ouais. Vaut peut-être mieux laisser ça de côté. En fait, vaut peut-être mieux jamais rembobiner.

J'attirais rapidement mon attention et celle de mon collègue ailleurs, histoire de ne pas penser. Enfin, il me semblait en tout cas que pour le coup, c'était la meilleure chose à faire. Aussi, j'hésitais à m'approcher plus près de la cabane, et demandai l'avis de mon collègue. Enfin, l'avis d'un nain, quoi. Disons que ça vaut ce que ça vaut. Réponse d'un nain, donc. Non, vraiment, y'a certains clichés et préjugés, on sait d'où ça vient. Et puis, à sa réponse, tout d'un coup, je me suis redressé, les yeux soudain illuminés d'une étincelle inédite. Je regarde le nain en me pinçant la lèvre, comme animé d'un rêve de gosse :

- Y'a un truc que j'ai toujours rêvé de faire...

S'il avait pas encore peur, il pouvait l'être maintenant. D'un geste rapide, je posais mon sac à terre, ouvrait un comportement qui contenait deux objets que je brandissais d'un air particulièrement fier, peut-être même un peu trop. Un produit inflammable dans une main, et l'objet à imprégner pour mettre en bout de flèche de l'autre.

- T'as un briquet ?

Le temps que je prépare la flèche prête à faire péter le feu, au sens littéral, je l'armais à mon arc avant de laisser Nils en allumer l'extrémité. Je me mettais aussitôt en position, me concentrant sur un point faible à viser, en l'occurrence des fenêtres. Petites, mais loin d'être du double vitrage incassable. Une fois ma cible verrouillée, je lâche un gros sourire sans doute pas assez feint pour ne pas être flippant, et lâche la détente. Un petit sursaut de victoire s'empare de moi au moment où la vitre se brise, laissant la flammèche atteindre son but. Les rideaux s'enflamment assez rapidement, mais...

- J'suis déçu. Je m'attendais à plus... spectaculaire ? Je voyais plus un grand "bang", ou... va falloir que tu me donnes des cours d'explosion.

Cela dit, ça commençait à crépiter, et valait peut-être mieux pas s'attarder. Et puis, c'était là la grosse différence entre notre nouvelle petite entreprise à gérer à trois, et l'ancienne agence... là, pas de nettoyeurs. Faudra compter sur le client (et à priori on peut avoir confiance là-dessus) pour étouffer l'affaire et clore le dossier sans être inquiété. Mais tous nos clients n'auront certainement pas le bras aussi long, il faudra commencer à sérieusement prendre des précautions. Mais bon. Au moins, j'ai envoyé une flèche enflammée dans une baraque, et ça... c'était plutôt cool !

Je rangeais rapidement mes affaires et on se mettait en route pour retourner à la voiture. Fallait juste que le nain se change avant, parce que contrairement à moi qui était resté en retrait, il avait plus l'air d'un goret à moitié égorgé que d'un cueilleur de champignon. Par contre, maintenant que l'adrénaline commençait à descendre, je commençais à cogiter, et mes doigts à s'agiter. J'attrapai alors les clés pour les envoyer au rouquin :

- Tu conduis.

Bordel. Je crois que j'ai besoin d'un verre.
Leiv Myklebust
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Mer 8 Jan 2020 - 16:52
Je préparais mon briquet en le regardant faire. Il aurait bien de la chance si son bricolage fonctionnait. Je notais dans un coin de mon esprit d'ajouter des flèches à feu lors de la commande pour ses munitions. Quitte à faire le mariol, autant le faire avec les bons outils. Ce qui voulait aussi dire fabriquer du feu grec. Enfin une version "maison" car la recette originale est jalousement conservée par les nains des Balkans, qui en vendent le moindre a prix d'or. A ce rythme là il allait falloir agrandir la boutique pour y ajouter une aile dédiée à la forge, à la chimie et au bricolage ; que je n'avais de façon surprenante pas exigé d'avoir avant de m'engager dans l'entreprise. Je vous laisse deviner qui allait devoir creuser pour que ce soit bien fait et vite fait ?  


Sa déception me laissait coi. Un grand bang ? Les dégâts faits par Hollywood ne cesseront jamais de m'étonner.


- Bah je sais pas à quoi tu t'attendais gamin. Demande-moi la prochaine fois, j'appellerai les F4 Phantom pour noyer la zone dans le napalm… Dans une forêt en plus ? Oh les bons souvenirs qui remontent… Je te raconterai tout ça au coin du feu. Mais oui on est bien d'accord que là va falloir t'aider un peu pour lancer ta carrière de pyromane. Je marquais une pause, réalisant qu'il était aussi doué pour cramer des trucs que pour tirer sur des trucs. Ceci dit l'avantage quand on part d'aussi loin, c'est qu'on peut que progresser !


Je sortais d'une poche le vieux Kodak a pellicule (pas vraiment ce qui faisait de plus récent, mais au moins ça ne se piratait pas) qui me suivait depuis un bon moment et capturais les preuves de la réussite du boulot, au cas où le commanditaire en veuille. C'était plus une habitude qu'une réelle nécessité, car cette fois il avait l'air très bien renseigné et ne tarderait pas à apprendre parler du terrible assassinat perpétré contre un innocent elfe cueilleur de champignons.


De retour à la voiture, je me glissais dans le coffre pour enfiler une tenue moins imbibée de sang. Par chance je n'en avais presque pas sur le visage. J'en profitais pour me faire un vrai bandage à la cuisse. Le poignard avait raté la fémorale et mon corps pouvait supporter cette blessure, donc je n'avais pas à m'inquiéter plus que ça. Du moins je l'espérais...



- Dis voir, tu pourras me passer la cb d'la boîte ? Va falloir que j'aille faire les magasins, et j'aimerai y passer en frais de société. Crois-moi, tu vas adorer. Je passais sur le siège conducteur en lui lançant un sourire plein de sous-entendus. On fini chez Thorvard ? Je crois qu'il a reçu de la brune brassée par le clan islandais, parfaite pour fêter ta victoire. Enfin si peux l'avaler…
Nils Hróaldrsson
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