Moment entre mère et fils (Aedan Cursse)

Voilà maintenant plus de dix ans que j’étais sous la coupelle de Samaël et que donc j’avais coupé plus ou moins les ponts avec ma sœur et ma mère. Plus ou moins parce que je continuais de voir Liorah tous les jours à l’hôpital… En même temps, j’avais fais en sorte d’être dans le même hôpital qu’elle, sans qu’elle le sache bien évidemment, et c’est à travers Liorah que je voyais ma mère qui venait régulièrement lui rendre visite à l’hôpital. Généralement, je ne participais pas à ses réunions de famille… En fait, je n’y participais pas du tout parce que je devais rester « Aedan le connard »… Mais ma mère ne pouvait s’empêcher de venir ma voir lorsqu’elle allait voir Liorah, ne serait-ce que pour me glisser un petit mot. Et même si je ne réagissais jamais… Ou que je faisais en sorte de ne pas lui répondre, au fond ça me touchait énormément.

Bref, tout ça pour dire qu’aujourd’hui je suis de repos et que normalement je resterais chez moi bien tranquillement à me reposer, mais ma mère a visiblement besoin de moi. Ça fait des mois, peut-être des années, que je ne suis pas retourné dans la maison familiale… Mais aujourd’hui j’ai accepté. J’ai bien entendu qu’elle était vraiment désespérée… Mais ça va être compliqué pour moi de jouer de mon masque, seul à seul avec ma mère. Alors lorsque j’arrive et qu’elle m’ouvre en souriant, je sens sa chaleur m’envahir, mais je ne réagis pas. Je m’y refuse. Je ne fais que hocher légèrement la tête et répondre d’une voix platonique.

- Maman… Je suis de repos et tu me déranges… Comment tu penses que ça va ? … Et toi ?

Je suis heureux de voir ma mère au fond, mais je ne peux pas le montrer. Même si je ne suis pas surveillé a cet instant, enfin ça j’en sais rien, je ne peux pas montré le Aedan qu’elle attends, sinon elle se fera trop d’espoir et en donnera peut-être à Liorah et ça c’est impossible… Je ne peux pas en donner, ni a elle, ni a Liorah… Les deux femmes les plus importantes de ma vies. Les deux femmes pour qui je suis comme ça au fond. Lorsqu’elle réponds pour moi avec un enthousiasme non cacher, je ne peux pas sourire, je me retiens… Et je rentre simplement en silence, mais l’air dur et froid… Fermer en fait. Je retire alors ma veste et la poste sur le porte manteau et secoue la tête à sa question.

-Non merci… Je n’ai pas que ça a faire aujourd’hui…

Je reste poli tout de même. Je ne veux pas qu’elle croit qu’elle m’a mal élever. Elle a fait tout sauf ça…

C’est tellement compliqué lorsque je suis près d’elle, d’elle ou de Liorah d’ailleurs. J’ai envie d’être l'Aedan qu’elles ont toujours connu et que j’aimerais encore être et que je pense être encore, même si c’est totalement faux et que je ne le serais plus jamais… Samaël m’a retiré quelque chose, il m’a changé d’une certaine façon. De toute façon je ne peux pas, je ne le pourrais probablement plus jamais… Alors lorsqu’elle n’écoute pas vraiment mon refus et me pousse tout de même à la consommation, je regarde la table où tout est préparé comme lorsque nous étions petits Loar et moi… Et me saisit d’un cookie que je mange, silencieusement… Elle me coupe cependant en me tendant un sac que je saisis rapidement.

-Plus vite je l’enfile, plus vite on finit… Non ?

Et je pars directement en direction de la salle de bain. Je connais cette maison par coeur. Mon cookie dans la bouche, je le mange plus ou moins vite avant de me changer et de revenir ensuite. En effet je flotte dans le costume… Qui à tailler ce truc ?!

Je sais très bien qu'Aedan n'a pas envie de s'éterniser ici, mais je tente tout de même de faire en sorte que l'ambiance soit bonne, qu'il ait possiblement envie de revenir sans se sentir étouffé. Je lui offre des biscuits et pour ne pas trop faire "j'ai envie que le moment se prolonge", je lui donne directement ensuite le costume qu'il va devoir enfiler.

- Ça va surtout dépendre de mes capacités de couturière ça !

Je ris légèrement avant de le regarder partir. Un petit soupire vient finalement franchir mes lèvres. Je sens que ça ne sera pas facile comme journée ... Je vais tout faire pour retrouver mon fils, il est quelque part, je le sais, même s'il s'est perdu lui-même. Je le vois finalement revenir et je ne peux m'empêcher d'ouvrir de grands yeux avant de rire.

- Oh la la ... On a du boulot ... ! Bon aller, mange un biscuit de plus, faut remplir un peu pour m'enlever du travail.

Je lui donne un autre biscuit avant d'attraper mon ruban pour mesurer et m'approcher de lui.

Spoiler:

J’entre à l’intérieur de la maison où j’ai grandis. Ça fait tellement bizarre. On était heureux… À ce moment-là. À ce moment-là… Liorah et moi on l’écoutait, on était « humains » on n'usait pas de magie et il n’y avait donc aucun problème pour nous puis… Il y a eu cette soirée… La soirée qui a tout changé. Qui à changer ma vie, celle de ma mère et celle de ma sœur. Sans cette soirée je serais plus chirurgien qu’infirmier. Je serais ailleurs… Bref… Je ne réponds pas vraiment et pars simplement me changer lorsqu’elle me donne le costume, même si elle n’a pas tort… Ça va surtout dépendre d’elle le temps. J’enfile le costume qui est vraiment, vraiment trop grand pour moi et pourtant je suis grand et musclé… Si vous voyez ce que je veux dire ! Lorsque je reviens, ma mère s’exclame immédiatement et c’est si spontané que j’avouerais que ça me fait rire. Enfin plus sourire… Sans que je m’en rendre vraiment compte. Lorsque je m’en rends compte je le « tue » direct et redeviens froid.

-Tu vas pouvoir faire un second costume avec tout ce que tu vas devoir retailler…

Je n’étais pas couturier, mais bon ! Je saisis cependant son second biscuit et le mange doucement....

C’est difficile d’être insensible, de faire comme si de rien… De retenir des sourires, des envies de rire, des envies de prendre ma mère dans les bras aussi tout simplement ! Je sens que cette après-midi risque d’être vraiment, mais vraiment longue pour le coup. Je préfère donc saisir le biscuit qu’elle m’offre sans rien répondre de plus parce que ça m’évitera de sourire ou dire des bêtises si j’ai la bouche occupée. Je la regarde alors planter ses aiguilles alors qu’elle s’exclame soudainement sur la musique. Je la regarde, un peu surpris et la regarde mettre de la musique… Elle me questionne et tout ce que je parviens à faire ou dire, encore une fois en me contrôlant pour ne pas laisser trop d'émotion positive passée, c’est, d’un ton un peu froid :

-Si tu te distrais avec de la musique je te préviens tu n’as pas intérêt à me planter une aiguille dans la fesse ou la cuisse…



HJ : A chaque réponse tu t'excuses pour le temps, essaie de ne plus mettre milles ans du coup...

Ça me fait du bien et plaisir d’être avec ma mère au fond, mais je ne peux pas le montrer. Je n’en ai pas le droit… Sinon je n’aurais probablement plus de mère tout cours… Et avoir gâché toutes ses années pour ça . Non merci… Ce serait pire. Je tente donc d’être le plus froid possible, de tenter de ne pas être touché par sa joie, par son amour maternel, mais bien évidemment que c’est vraiment super-compliqué. Lorsqu’elle me demande de ne pas la sous-estimée, je ne réponds pas vraiment la fixant simplement et la laissant surtout travailler. Je ne bouge plus… Ayant même peur de respirer lorsqu’elle plante les aiguilles, pour ne pas la faussé… Puis lorsqu’elle me questionne de nouveau, je reprends doucement.

-Pourquoi ça n’irait pas… ?

Il est vrai que j'avais tendance à ne pas traîner avec mes collègues... Mais je faisais du bon boulot ! Après peut-être qu'elle avait eu des échos et qu'elle me parlait de tout ça pour ça.

J’aimerais agir normalement avec ma mère. J’aimerais être avec elle ce que je fus toujours lorsque j’étais petit. J’étais l’homme de la maison ! Je veillais sur elle et sur ma sœur, même si toutes deux sont plus vieilles que moi… Cependant je les aie rapidement rattrapé en taille et en plein d’autres choses, mais bref… Je sais que je le fais encore… Sauf qu’elles ne le savent pas. Elles ne savent pas que si je suis comme ça c’est justement pour les protéger et je ne peux pas en parler, bien évidemment. Bref… Tout ça me rend grognon et je ne peux m’empêcher de l’exprimer. Ma mère me parle alors et je soupire en rétorquant une simple chose qui mettra certainement fin à la discussion.

-Au moins tu as la paix, te plains pas.

Alors qu’elle me répond qu’elle avance bien, je ne dis qu’un « avance plus vite, j’ai quelque chose a faire ensuite... » juste histoire de subir moins longtemps cette torture. Pas d’être mannequin, mais d’être si proche d’elle et à la fois si loin, même si je sais que tout ne dépend que de moi au fond. Enfin pas réellement, mais l’idée est là ! Bref au bout de… Longues, super-longues minutes elle termine enfin. Tout semble bon. Je m’étire donc un peu parce que bon sang, ce n'est pas super agréable de ne pas bouger puis me tourne vers elle.

-Je dois y aller…

Je ne fais aucun geste vers elle en particulier. Je ne peux pas surtout… Je la regarde simplement et me dirige déjà vers la porte de sortie.

Je fais de mon mieux pour que le moment soit vraiment agréable pour nous deux, mais je pense que ça ne fonctionne qu'à moitié. C'est vraiment compliqué de lui arracher des sourires, mais je ne désespère pas. Un jour, je comprendrais sans doute pourquoi il est devenu aussi renfermé sur lui. Je continue à être joviale et de bonne humeur et je lâche même un petit rire à ses mots.

- C'est pas faux ... C'est vrai que certains patients peuvent être infernaux ... !

Je me reconcentre finalement un peu plus quand il m'incite à aller plus rapidement. Je ne veux pas prendre le risque de le mettre de mauvaise humeur alors que pour le moment, il est plutôt neutre et que c'est déjà pas mal ! Je termine et je lève alors les bras, victorieuse.

- On a réussi, nous y sommes parvenus, amen !

Je lâche alors un petit rire, mais il part rapidement se changer pendant que je me laisse tomber dans mon canapé. Quand il revient et qu'il m'annonce qu'il doit y aller, je me relève directement.

- Oh je ... D'accord ... Je ... Aedan ? Merci d'être venu m'aider ... Et prend soin de toi mon fils, d'accord ... ?

Je lui fais un petit sourire en le suivant jusqu'à la porte, voulant profiter de chaque seconde avec lui. Il ne tarde finalement pas à quitter la maison et je mets quelques secondes à refermer la porte, le regardant s'éloigner, le coeur un peu serré. Je l'aime mon fils, je ne veux que le meilleur pour lui..