Un petit verre fils ? - Eliaz Wicksbury

Ce soir je travaille au club. Nous sommes sur une fin d’année, mais pas encore en tant de fête alors ça va. Je sais que lors des fêtes le club a toujours plus besoin de mains et de bras supplémentaire parce qu’ils ont beaucoup plus de clients, de numéro et tout ça… Donc c’est quelque chose de plus fatigant, bien que… Pour un vampire comme moi, ça me permet juste de m’occuper l’éternité comme j’aime le dire. Tout ça pour dire que ce soir ça reste calme, même s’il y a quelques personnes. Comme on dit c’est le calme avant la tempête… J’arrive au club à temps, je pars directement me changer et commence le service juste après. Je ne suis pas dans le premier round, comme on dit, mais je sais que je suis dans la pire partie de la soirée tout de même. Alors que je regarde les quelques commandes, je saisis un verre de whisky, qui a été préparer rapidement du coup, et pars directement le servir au bon endroit. Je souhaite une bonne boisson et soirée à l’homme sans prêter attention à son visage.

Puis par la suite je passe derrière le bar pour aider le barman qui commence à avoir trop de commande. C'est au moment où je me retourne, serviette sur l'épaule que je repère celui qui se dit être mon père. C'est... Compliqué et bizarre. Je suis toujours méfiant. Cependant je suis au boulot alors ma tête se hoche légèrement.

-De suite...

Je me retourne alors et cherche ce qu'il me demande avant de lui servir un verre essayant de sourire malgré tout. Je reste professionnel.

-Vous m'en direz des nouvelles...

Et je glisse doucement son verre vers ses mains.

Même si je reste sur mes gardes, même si je reste perdu, même si… Si beaucoup de choses. Je reste pro… Je reste totalement et purement professionnel. Je le serre comme n’importe quel client, même si son lien avec moi ne semble pas être n’importe lequel. Je lui demande également de m’en dire des nouvelles parce que je ne suis pas barman de base… Je suis serveur, je vise donc un peu au pif, au feeling comme on dit. Ma tête ne se hoche que légèrement lorsqu’il me confirme qu’il n’y manquera pas et une fois que je le serre je pars un peu à droite et à gauche pour servir d’autres personnes. Je suis rapide… Pas de façon surnaturelle, car il y a beaucoup, beaucoup d’humains dans la salle et que je ne veux pas être suspect, mais je reste légèrement plus rapide qu’un humain lambda tout de même. Lorsque je reviens de derrière le bar, Roman m’interpelle de nouveau. Je souris alors légèrement.

-De rien… Content d’avoir visé juste…

Regardant son verre qui est tout de même pas mal vidé depuis tout à l’heure, je reprends.

-Un autre ?

Je ne sais pas si c’est une aubaine ou pas d’avoir autant de clients ce soir. Je ne sais pas si je préférais me reposer et donc l’affronter ou continuer de courir, même si ça fait mal aux pieds. Enfin ça va, je suis un vampire j’ai bien d’autres douleurs qui sont pires, mais ça ne veux pas dire pour autant qu’on n’en ressent pas les plus banals non plus… Comme la douleur aux pieds par exemple ! Quoi qu’il en soit à un moment donner viens le moment où je n’ai plus personne à servir, alors je lui demande s’il en veut un autre et à ce qu’il me dit ma tête se hoche légèrement tandis que je le sers.

-Voilà pour vous… !

Alors que je repose la bouteille il me demande comment je vais. Je me redresse alors légèrement et souris simplement, comme si je faisais la conversation a un client lambda. Après tout… Je suis ici pour bosser et je le ferais bien.

-Ça va… Et vous ?

Il y a mille et une chose au fond qui s'est passée depuis, comme le fait que j’ai tué ma sœur adoptive et que ça m’a remué un peu, mais… Ça va. Je vais toujours bien. Enfin d’apparence.

Par chance pour le PNC mais par malchance pour moi, il y a du monde et j'ai l'impression qu'Eliaz n'a pas une minute à lui. Je le vois courir partout et je me contente alors de profiter du spectacle, le laissant travailler tranquille quand il reviens vers moi, j'accepte un second verre que je porte doucement à mes lèvres quand il me demande comment je vais à mon tour je hoche simplement la tête.

- Oui ça va... la routine quoi...

Parce que c'est le cas, je suis frappé par la routine d'une vie bien remplie, certes opulente mais bien rempli. Je bois une nouvelle gorgée de whisky et le regarde.

- Tu as eu le temps de... penser à tout ça ou pas ? Je veux pas te mettre la pression, juste savoir un peu comment tu sens tout ça...

Je veux juste... m'informer et ouvrir le dialogue. Tout simplement.

La salle est pleine, tant mieux pour les patronnes du club. Leurs affaires tournent bien, je sais que Lilith va être satisfaite de la soirée. D’ailleurs je ne sais pas si ce soir elle est ici au club en train de travaillée en avant de la scène, en tant que Call-girl ou bien en arrière en tant que patronne tout simplement. Je ne sais même pas si la seconde patronne, Eretria, est ici ce soir. Je n’ai pas trop le temps d’y penser à vrai dire. Lorsque tout se calme enfin je deviens près du bar où… Mon père est encore. S’il l’est bien, mais je ne vois pas pourquoi il me mentirait ainsi. Enfin je n'en sais rien, j’ai tellement de flou encore dans ma tête, du coup lorsqu’il m’interroge je sors la première connerie que je trouve.

-Non, pas vraiment, j’ai mes œufs à couver du coup… J’ai l’esprit occupé à autre chose que ça du coup…

Je soupire, puis secoue la tête avant de relever les yeux vers lui, un peu perdu.

-Ce que je veux dire c’est que…

Je regarde autour de nous et le regarde de nouveau.

-Ce monde est vaste et je ne sais pas comment prendre votre arrivez....

Alors que le calme reviens enfin, j'en profite pour lui parler et tenter d'ouvrir un peu le dialogue. C'est alors qu'il me sort une phrase totalement incompréhensible. Est ce que c'est une nouvelle expression utiliser par les jeunes ? Que signifie avoir ses oeufs à couver ? J'essaye de faire comme si j'avais tout à fait compris ce qu'il essayais de me dire. Puis il semble vouloir s'expliquer, je l'écoute en posant mes opales sur lui, les lèvres pincées. Je comprend ce qu'il veut dire, et j'essaye de me mettre à sa place et de comprendre ce qui l'inquiète. Je hausse les épaules doucement.

- Ce n'est pas vraiment à moi de te dire comment prendre mon arrivée... Je veux dire, je ne veux pas t'influencer, je veux te laisser mettre de tes choix. Si tu as envie de me connaître, ma porte est grande ouverte, si tu préfère attendre, je l'accepte. Et... si tu préfère que l'on garde nos distances et que tu préfère faire comme si je n'existait pas... je comprendrais aussi.

Je ne veux pas le forcer à quoi que ce soit, je veux qu'il soit heureux tout simplement.

J’ai toujours un peu de mal à m’y faire. Je ne comprends pas tout. Je ne sais pas si je peux lui faire confiance. En fait la vraie raison de pourquoi je rame autant dans ma réflexion c’est ça tout simplement. « Ma propre famille » m’a trahi, ce sont eux qui ont tué ma « vrai famille ». Bordel tout ça est si compliqué puisque visiblement ma « vrai famille » un bout est encore vivant et bois tranquillement un verre devant moi. Je soupire alors légèrement en passant ma main dans ma nuque.

-Le problème majeur… En réalité, c’est que je ne sais pas si je peux vous faire confiance et juste dire « oui tu peux » ne fera pas en sorte que je vous fasse confiance.

Avouais-je finalement en relevant mon regard vers le sien. Je sais que, visiblement, je le trouble de par la ressemblance avec ma mère, mais justement ça aussi ça me permet de voir qui il est vraiment. S’il est vraiment celui qu’il dit être.

Je comprend son point de vue et je ne cherche pas vraiment à le forcer ni rien de tout ça mais c'est juste compliqué pour moi de l'avoir enfin retrouver et de devoir garder mes distances et de ne pas pouvoir apprendre à le connaître comme je l'aimerai. Il n'a pas due avoir une vie facile jusque là alors je ne lui en veux pas... je comprend son besoin de prendre du temps.

- Ne t'inquiètes pas je comprends. Tu as besoin de preuves et c'est naturel... Après je peux te proposer d'apprendre à se connaître petit à petit pour que tu puisse juger par toi-même si cela peut t'aider ? Si tu le souhaite évidemment.

Je mordille ma lèvre et bois une gorgée en espérant qu'il voit cela comme une idée intéressante. Je le regarde alors attendant sa réponse.

En tant que vampire on avait forcément appris la méfiance. Ça allait de pair, nous étions continuellement chassés que ce soit pour le fanatisme et la fascination d'autrui ou bien pour le fait de tuer le démon. Les humains et les chasseurs ne manquaient pas d’idée pour tout ça. Donc non je ne pouvais pas lui faire confiance « comme ça » et j’étais content de voir qu’il le comprenait et n’insistait pas réellement là-dessus. Bien qu’un peu, mais d’une bonne façon. Son idée m’intriguait et je n’étais pas totalement fermé. Après tout j’avais bien évidemment des questions sans réponse, c’est juste la méfiance, a juste titré, qui me faisait reculer.

-Comment ? Par exemple...

Je comprend sa méfiance et je n'essaye pas de m'imposer plus que ça car ce serai contre productif de toute manière. Je lui propose de lui prouver que je ne suis pas une menace et lui propose que l'on se rapproche il semble réceptif et ouvert. Je lui souris et lui donne alors ma carte sur laquelle se trouve mon numéro de téléphone personnel.

- On pourrais se voir sur notre temps libre, tu peux venir chez moi ou on peux se voir en extérieur comme tu préfère… Appelle moi quand tu veux et on s'organisera pour passé du temps ensemble, mes disponibilités seront les tiennes.

L'avantage d'être PDG c'est que je peux adapter mes horaires comme je le souhaite pour être disponible pour mon fils je me lève alors car il se fait tard. Je lui souris.

- Je dois y aller, n’hésite pas à m’appeler, je me tiens disponible. Bonne soirée fils.

Je dépose les billets que je lui dois sur le comptoir et le salut une dernière fois avant de partir.