Je ne te connais pas | Ilyan Valdez

Depuis que je vis ici je connais l'hôpital comme ma poche et tout le monde me connaît aussi parce que je dois être la plus vieille patiente surnaturelle ici, peut-être même la plus vieille tout court humains et surnaturels. En même temps ça faisait des années que j'étais ici alors je connaissais tout le monde et ça me permettait parfois d'avoir des avantages comme se promener du côté humain par exemple ou sortir un peu plus longtemps, ou même de la nourriture gratuitement ! Ca a ses avantages, mais aussi ses inconvénients comme le fait de rester enfermée parfois dans ma chambre ou de voir d'autres personnes à qui je m'attache partir vers la liberté quand moi je suis coincée ici à cause d'une maladie inconnue que personne ne peut soigner. C'est comme ça et puis c'est tout.

J'avais eu envie de me dégourdir un peu les jambes parce que j'avais fais une grosse crise hier qui m'avait fatiguée et par conséquent j'avais été incapable de me lever de mon lit. Aujourd'hui j'allais beaucoup mieux et j'avais envie de sortir de ma chambre. Habillée, je sors dans le couloir pour me promener sans but fixe, juste marcher comme ça. Je suis assez vite arrivée pas loin des salles d'examens que je connais très bien pour y passer pas mal de temps. Dans la salle d'attente, j'ai décidé d'aller chercher un magazine, il n'y avait qu'une seule personne de présente, un homme...

Me promener dans l'hôpital est quelque chose de normal pour moi et puis je suis connue ici alors personne ne me dit jamais rien. Je pense qu'ils doivent avoir pitié de moi parfois alors ils me laissent faire ce que j'ai envie de faire. Et j'en profite parce que je vais un peu mieux et par conséquent je peux me promener dans les couloirs. Heureusement pour moi il n'y a pas grand monde dans les couloirs, c'est même plutôt calme par rapport à d'habitude ! Tant mieux, je n'avais pas envie d'avoir trop d'agitation parce que ça avait le don de faire baisser mon moral... Oui ça m'arrivait parfois d'être triste et de penser que je ne guérirais jamais, mais je gardais espoir parce que sans l'espoir on n'est rien, je ne suis rien ! C'est l'espoir qui nous fait vivre, si l'on abandonne autant se tuer tout de suite ! Je vois donc cet homme qui attend un examen, il parle le premier et je peux sentir de la nervosité, ce qui est sûrement dû au fait qu'il attend pour un examen.

-Non je n'ai pas de rendez-vous, je me promène ! Vous avez un rendez-vous ?

Je suis assez désinvolte, souriante, tout son contraire. J'essaie de prendre le côté positif de la chose alors je lui retourne la question. Je le regarde avant de venir m'assoir à ses côtés, peut-être que ma présence pourra un peu l'apaiser.

-Je peux attendre avec vous si vous voulez, je n'ai rien à faire !

J'ai beaucoup de mal à voir le mal chez les gens, et je sais que ça pourra me poser des problèmes à l'avenir même si jusqu'ici je n'en avais pas trop eu. Celle dont je me rappelais c'était lors de mes dix-huit ans, qu'on avait faillit me violer et que mon jumeau était intervenu pour m'aider, se retrouvant avec une cicatrice qu'il a encore aujourd'hui... C'était l'un des pires jours de ma vie et j'avais cette trace sur ma conscience et elle ne me quitterait jamais jusqu'à ce que je trouve la solution pour qu'elle lui soit retirée.

-De la chance je ne suis pas sûre... Vous verrez, votre rendez-vous se passera bien j'en suis sûre !

Il ne me connaissait pas donc ne savait pas que ma vie était ici, que je vivais à l'hôpital 24h/24 et que j'avais plusieurs rendez-vous par semaine pour trouver une réponse à ma maladie inconnue. Je n'allais pas lui en parler sauf si le sujet venait sur le tapis et je pense que ce sera bientôt le cas.

-J'attendrais avec vous si ça peut vous aider.

Je ne veux que le bien de l'homme en face de moi et si ça peut l'aider à ne pas trop penser à son rendez-vous alors ma mission sera réussie.

-Je m'appelle Liorah, et vous ?

J'ai appris à être positive parce que vivre une grande partie de sa vie et de son temps dans un hôpital, il faut du courage et il faut essayer d'y voir du positif parce que sinon c'est la mort totale ! Et ce n'est pas une option parce que je n'ai pas le droit d'abandonner, pour ma mère parce qu'elle serait malheureuse, mais aussi pour moi-même... Je voulais vivre à nouveau comme une personne normale et pour atteindre ce rêve, cet idéal il fallait que je reste positive et que je ne perde pas espoir ! C'était dur parfois, mais il le fallait et c'est tout !

-Oui, ça va aller pour votre rendez-vous il n'y a pas de raison !

J'essaie de le rassurer, de lui donner un peu de positivisme parce que sinon il va se morfondre et je ne suis pas sûre que ce soit très bon pour lui, dans son état actuel ! Je me place bien aussi pour pouvoir être plus à l'aise pour lui parler. Je croise mes jambes, me met de côté et pose ma tête dans ma main alors que mon coude prend place sur le rebord du dossier de la chaise.

-De rien ! Ma vie est ici alors si je peux vous aider il n'y a pas de problèmes !

Je fais un petit sourire pour lui montrer que je vais rester avec lui jusqu'à ce qu'il soit appelé à son rendez-vous.

-Enchantée de vous rencontrer aussi ! Alors... De quoi voulez-vous parler ?

Je sais que l'hôpital peut angoisser beaucoup de personnes et je le comprend malgré que moi je vive ici depuis des années. Il a peut-être des problèmes comme ça, mais il a la liberté de sortir et de vivre sa vie alors que moi je suis coincée ici. Il faut que je me fasse à l'idée que je n'aurais jamais de mari ni d'enfants vu mon âge ! De toute façon je ne sais jamais si je passerais à l'année suivante vu mon état.

-Merci, c'est normal selon moi d'être gentil.

Je fais un sourire réconfortant, il a l'air d'avoir confiance en moi ou en partie du moins et il me remercie d'être gentille. Je ne pensais pas qu'il fallait remercier quelqu'un de sa gentillesse ! Je pouvais comprendre aussi que les autres médecins etc. ne soient pas gentils avec lui, mais s'ils devaient faire ça avec tout le monde ils n'auraient plus de temps enfin j'imagine parce que je ne suis pas médecin et que tous sont gentils avec moi malgré leurs regards de pitié !

-Oui, le personnel est gentil ici, je n'ai pas à me plaindre en tout cas ! Il y a un distributeur à l'autre bout de ce couloir !

Je connais les lieux comme ma poche depuis les années que je suis ici ! Je ne m'attendais pas à ce qu'il soit aussi direct en me demandant si je connaissais les créatures surnaturelles parce que d'habitude on garde ça secret pour ne pas se faire tuer.

-Oui je connais.

Je choisis la vérité, quand il se met soudainement à se cambrer et je ne comprend pas pourquoi et ça me fait sursauter !

-Ca va ?

Je peux bien lui donner l'information puisque je connais par coeur l'hôpital et j'ai eu le temps de le visiter avec toutes les années que j'ai passé ici et qu'il reste encore... enfin j'espère que non ! Je connais même les petits passages secrets et ça me sert bien !

-De rien c'est gratuit !

Je souris en le taquinant un peu, enfin faisant surtout une petite blague pour le détendre parce qu'il semble toujours stressé même si je pense que ses barrières se sont un peu abaissées, sûrement pour moi j'imagine ! Je ne comprends pas vraiment pourquoi il me demande si je connais les créatures surnaturelles parce qu'il n'en parle pas plus... Peut-être qu'il ne veut pas se faire avoir en disant ce qu'il est réellement.

-J'imagine que vous connaissez aussi si vous me le demandez ?

Soudain sans comprendre pourquoi il rougit et je ne sais pas pourquoi alors je lui demande si ça va et il me dit que oui. Je ne m'inquiète pas plus que ça puisqu'il me dit que ça va même si j'aurais aimé savoir pourquoi. C'était peut-être en rapport avec sa venue ici... Je réfléchis pendant qu'il va au distributeur et qu'il revient avec de quoi manger.

-Oui j'en ai vu passer... beaucoup même malheureusement...

J'aurais préféré ne pas en voir passer autant et vivre normalement que d'être enfermée ici !

La discussion était plutôt intéressante, je n'avais pas à m'en plaindre pour tout dire et il semblait me faire assez confiance pour me dire ou plutôt me montrer ce qu'il était. En voyant ses yeux, j'ai compris parce que ma meilleure amie d'enfance est une louve-garelle alors je suis habituée à ce type d'yeux ! Et puis en tant que sorcière, je sais qu'ils existent !

-Alors tu es...

Je me rapproche et parle d'une voix très basse pour ne pas être entendue même si nous sommes du côté surnaturel et tout le monde ici sait qui qui est quoi en général !

-Un loup-garou ! Je suis une sorcière.

Je fais un petit tour en récitant une formule pour que ce qui se trouvait dans ses mains apparaissent dans les miennes sans que je ne fasse un mouvement. Je fais peu de magie parce que ça me prend beaucoup d'énergie, mais un tour comme ça ce n'est pas grand chose !

-Je l'espère aussi, il ne faut pas perdre espoir ! Et il m'arrive de sortir quand je vais bien parce que je suis souvent fatiguée et malade. Les médecins ne savent pas de quelle maladie il s'agit...

Je lui avoue la vérité parce que je n'ai rien à cacher, je sais que je n'irais pas mieux ou ne pourrait sortir pour de vrai que lorsque cette maladie inconnue sera éradiquée ! Je suis touchée qu'il espère pour moi aussi parce qu'on ne se connaît pas depuis très longtemps alors il pourrait s'en moquer !