Moi ? Débordée ? Tu rêves ! (With Eretria P. Syclista)

La journée me semble être un cycle sans fin duquel je n'arriverais pas à m'en sortir. Je ne suis là que quelques jours par semaine et à chaque fois, j'ai l'impression que ça dure une éternité et qu'il y a une tonne de choses à faire alors que des collègues sont censées travailler à ma place lors de mes journées où je ne suis pas ici, alors je ne comprends pas du tout comment autant de choses peuvent s'accumuler. Je pose d'ailleurs un dossier de plus sur la pile des choses faites et à ranger, sauf que du coup ça les fait tomber, se vider au sol et tous se mélanger. Je reste dans mon mouvement de ramener ma main vers moi, un air totalement désespéré sur le visage alors qu'un soupire franchit mes lèvres.

- Évidemment, ça continue, sinon ce n'est pas drôle..

Je murmure dans ma barbe avant de reposer mon bras sur mon bureau, l'appuyant pour ensuite venir passer ma main sur mon front, découragée.

Ça y est, c'est officiel, plus qu'une année et je serais titulaire de cet hôpital. Finis les garde sans pause pendant des heures, voir des jours lorsque ce sont des gardes de 48 heures. Enfin je vais être mené à en faire en tant que chirurgien, mais beaucoup moins. Je vais d'avoir la bonne nouvelle de la validation dès mes années d'internat et donc mon diplôme pour être chirurgienne et médecin généraliste. Je vais donc pouvoir continuer de toucher à tout et ça c'est tellement cool ! Je suis monté sur le ressort en ce moment, ce n'est pas bien compliqué. J'arrive donc au coeur de l'hôpital, l'accueil, pour y déposer ma tablette, lorsque je vois le petit manège de Lilith. Des dossiers tombent et elle a l'air vraiment désespéré. Ça me tire un sourire, je m'appuie contre le bureau qui a la hauteur d'un comptoir, silencieuse, regardant les catastrophes arrivées. C'est presque jouissif de la voir comme ça en fait !

J'en ai marre, marre, marre de cet hôpital et de toutes les heures que je fais ici pour absolument rien au fond. Je n'ai même pas le temps de vraiment garder un oeil sur ma soeur en plus ! Je suis coincée à mon bureau, à ne rien pouvoir faire d'autre que travailler. Je finis par me pencher pour pouvoir ramasser ces foutus dossiers qui sont tomber, soupirant.

- Ils vont voir ce qu'ils vont voir eux bientôt.. Quand les vacances scolaires seront terminées et que je pourrais moi aussi prendre des vacances, je pars voyager loin d'ici, au Cap d'Agde tiens même ! Et là, à moi la liberté !

Je marmonnais un peu tout ça dans ma barbe avant de me redresser et de poser la pile de document devant moi d'un coup, relevant les yeux au même moment, ce qui me fait croiser le regard de Eretria et j'ouvre alors grand les yeux.

- Eretria ?! T'es là depuis longtemps ?

Je sais que je ne devrais pas me réjouir du malheur des autres. Je crois que c’est ce que les humains disent, mais pour un démon s'est compliqué de ne pas le faire. Je veux bien laisser une part humaine dominer chez moi, mais je ne renie pas qui je suis pour autant et puis là ça concerne Lilith, alors je peux bien me réjouir de son malheur non ? Aller, juste un petit peu ! Des dossiers tombent alors au sol et Lilith se doit de les ramasser. Je l’entends râler et là… Je ne peux m’empêcher de rire, signalant alors ma présence à Lilith. Comme réponse à sa question, je réponds simplement.

« Au cap d’Agde, vraiment ? Tu changes carrément de pays ? »

Je regarde le tas de dossier puis lui pousse justement quelques dossiers de plus en sa direction.

« Alors tu te noies… ? »

Je le dis avec un petit sourire narquois.

Je commence à en avoir sacrément marre de ces collègues qui ne servent à rien. Je ne sais même pas pourquoi je fais des efforts ici de toute façon, je n'en ai strictement rien à faire. Enfin, la seule raison pourquoi je reste ici c'est pour continuer à avoir un oeil sur Eretria et aussi sur Aedan. Sinon, je serais partie depuis bien longtemps ! Je marmonne dans ma barbe de colère et j'entends alors un rire devant moi, ce qui me fait voir que ma jumelle est prostrée juste là. Je me retiens de justesse de froncer les sourcils, les haussant plutôt.

- Je ne vois pas du tout de quoi tu parles.

Je prends les dossiers qu'elle me donne, me retenant de les lui envoyer en pleine tête avec son petit air moqueur.

- Pas du tout, tout se passe comme sur des roulettes. Et toi ? Pas trop de cas trop lourds chère soeur ?

Je lui souris, faussement, exagéré, comme quand je suis saoulée d'une situation, mais ça c'est presque toujours lorsque je parle à Eretria.

Je dois dire que voir ma sœur totalement dépassée est l’un des meilleurs moments de ma journée ! Peut-être même de ma vie, parce que Lilith est tellement sur le contrôle en permanence, que la voir se noyer un petit peu dans l’imprévu… C’est quand même vachement cool ! Elle se redresse d’un coup en feignant l’innocence. Je relève moi-même mes sourcils de surprise, mais garde mon petit sourire aux lèvres lorsque je lui tends encore plus de dossier.

« Donc le fait que tous tes dossiers soient au sol et que l’effet pétard dans ta coupe de cheveux au lieu de tes cheveux parfaitement coiffer… C’est normal ? »

Elle me prend pour une idiote ? Et hop voilà que le téléphone sonne de nouveau… Dire qu’elle a les mains pleines de mes dossiers !

Cet hôpital commence à sérieusement me les briser. À quel instant est-ce que je suis censé faire le travail des autres alors que déjà de faire le mien ça m'emmerde ? Vraiment, il faut réellement que je "tiennes" à cet emploi pour ne pas aller dire d'avantage ma façon de penser au directeur. Ce n'est pas vraiment que j'y tiennes en réalité, c'est surtout que c'est l'un de mes seuls moyens de contact et de proximité avec Aedan ET Eretria. Un deux pierres d'un coup facile comme ça, on ne dit pas non. Sauf que là Eretria vient de me surprendre dans un moment de rage et de faiblesse ce qui ne me rends pas du tout de bonne humeur.

- Ils sont tombés, ça peut bien arriver, non ? Et oui, c'est la nouvelle mode, tu devrais te mettre au goût du jour toi aussi.

Je passe ma main dans mes cheveux, comme pour amplifier l'effet coiffé-décoiffé et je dépose rapidement les dossiers qu'elle m'a donné, ratant de peu d'envoyer valser le téléphone qui est justement entrain de sonner. Je décroche rapidement ensuite.

- Helse Magi bonjour, un instants s'il vous plait.

J'appuie sur un bouton puis je pose le téléphone avant de regarder ma soeur.

- Bon, tu voulais quelque chose ?

Ma sœur semble d’une humeur massacrante ! Mieux vaux ne pas trop la chercher lorsqu’elle est ainsi, mais c’est plus fort que moi ! J’ai envie de la chercher, de la taquiner encore plus ! Alors lorsque je fais quelques remarques, je ne retiens pas un petit rire lorsqu’elle se décoiffe encore plus. Diable, elle serait vraiment prête à tout pour ne pas perdre la face !

« Tu as une mèche de cheveux qui tente de capter le satellite là... »

Je ris un peu plus et le téléphone sonne alors. Heureusement, sinon je prends qu’elle m’aurait envoyé la tablette en plein visage ! Elle est douce au téléphone puis m’agresse de nouveau la seconde d’après. Je souris alors.

« Oui, je te rendais donc la tablette et j’ai besoin que tu me sorte le dossier du patient de la chambre 402 et aussi les analyse d’urine qui a été envoyer au laboratoire ce matin, car les résultats sont descendu jusqu’à toi… Mais voyait la pile que je vois, bon courage pour me retrouver tout ça ! »

Je n'ai aucune envie d'avouer à Eretria que je ne gère absolument pas ma vie lorsque je suis à l'hôpital. Ah non, hors de question. Je préfère passer pour une dingue que de passer pour une faible. Lorsqu'elle me dit que j'ai une antenne sur la tête, je ne peux pas m'empêcher de froncer un peu les sourcils et de chercher cette fameuse mèche pour le replacer un peu mieux, mais pas trop quand même, pour ne pas briser ma "couverture".

- C'est dans les critères de la mode, c'est parfait comme ça.

Je suis coupée par le téléphone, mais je n'y perds pas trop de temps. Je raccroche rapidement puis je reviens à Eretria. Je prends la tablette dont elle me parle, j'y jette un oeil puis je jette aussi un oeil à la pile de documents à mes côtés lorsqu'elle m'en parle.

- Bon ça ne devrait pas être bien loin de toute façon.. Mais bon, si tu veux aller boire un café pour prendre une pause, je t'envoie un message lorsque j'ai tout ça.

Je lui fais alors un sourire forcé, faux, avant de me pencher sur cette fameuse pile dans laquelle en effet, je dois faire de l'ordre du coup, mais je préfèrerais pouvoir le faire en râlant un bon coup et pas sous les yeux de ma soeur..

Je parle de la coupe de cheveux de Lilith qui semble aussi dingue qu’elle, mais cette dernière ne perds pas la face. Elle me parle de la mode et ça pourrait franchement passer parce que dans la mode il peut parfois y avoir d’horrible chose, mais là je n’y crois pas !

« Bien évidemment… ! »

Je roule légèrement des yeux avant de lui dire le pourquoi je suis ici. Bon au fond je reste aussi parce que ça m’amuse de la voir comme ça Elle récupère ma tablette avant de finalement me dire que je peux prendre une pause, qu’il faut qu’elle cherche tout ça. J’hésite… Je pourrais le faire et manquer le spectacle ? Mouai, au fond je suis crevée aussi alors pourquoi pas.

« Ok je vais juste chercher mon café, mais je reviendrais le boire-là au cas où tu trouves d’ici là ! »

Ce qui m’étonnerait fort vu la pile. La machine n'est pas loin et je la vois vide de personne. En tout cas je m’y dirige déjà d’un pas rapide.

Je ne vais certainement pas perdre la face face à ma sœur, du coup toutes les excuses sont bonnes pour justifier n'importe lequel de mes comportements ou accoutrements en ce cas précis. Je vois bien qu'elle ne me croit pas, mais au fond est-ce mon problème ? Oui bon peut-être un peu, mais je ne l'avouerai pas. Je ne réponds donc rien à ses paroles, tentant déjà de gérer le bordel catastrophique qui me fait face. Je tente alors de l'envoyer plus loin histoire que je puisse bien râler un bon coup avant de me remettre à chercher son foutu dossier, mais j'aurais bien dû me douter qu'elle réussirait à contourner mon plan, têtue comme elle est.

- Non mais franchement c'est pas vraiment une bonne idée, il y a beaucoup de gens qui circulent ici, toi tu ne le vois pas parce que tu n'es jamais plantée là, mais tu risques juste de gêner si tu reviens là.

Mais je sais très bien qu'elle va le faire quand même parce que je viens de le dire c'est une tête de mule. Je vais donc me dépêcher à retrouver ce dossier de merde pour qu'elle puisse partir et me laisser en paix. Je profite donc du fait qu'elle parte vers la machine à café pour mettre les bouchées doubles à bouger mes bras dans tous les sens pour pouvoir retrouver ce dossier. Mais où est-ce qu'il peut bien être ! Franchement tout devrait être informatisé de nos jours… Même si je n'y comprends pas grand-chose, au moins les dossiers ne peuvent pas s'emmêler.

Ma sœur tente clairement de m’éloigner. Je pense qu’elle veut pouvoir râler en paix la connaissant et me connaissant j’ai bien envie de… Ne pas faire ce qu’elle désire ! Je veux bien la voir essayer de ne pas perdre la face devant moi, c’est tellement drôle ! Je me prends donc vite un café, jetant des regards en arrière, je peux la voir bouger dans tous les sens. Encore un peu et elle va vraiment péter un câble je le sens ! En tout cas, je reviens tout de même à son bureau, malgré ce qu’elle m’a dit quelques minutes plus tôt. Elle bouge tellement vite qu’elle pourrait en être essoufflée dis donc !

« Vu tes cernes ma pauvre sœur, un café à toi aussi ne te ferais pas de mal ! Bon alors mon dossier, tu l’as oui ou non ? »

Je le dis d’un petit air malicieux en portant la boisson chaude à mes lèvres.

Mais où a bien pu disparaître ce foutu dossier ? C'est tout un monde ça quand même ! Je fouille, fouille, fouille, mais comme je la vois du coin de l'oeil qui regarde dans ma direction, je sais très bien qu'elle va revenir et si je n'ai pas son dossier.. Grr ça m'énerve ! Mais j'avais raison, en effet, elle revient dans ma direction et comme je n'ai toujours pas trouvé son dossier, je continue de déplacer les documents et mettre de l'ordre dedans tout en parlant, tentant de changer de sujet.

- J'étais en train d'y penser, mais j'ai envie de décréter officiellement que Pâques devrait être le nouveau mode de vie permanent. C'est toujours une période où les gens sont de bonne humeur, moins chiants et je pense que le fait de manger du chocolat tous les jours ça aide à y contribuer. Bon, moi ce n'est pas vraiment le chocolat qui me fait adorer Pâques, c'est plutôt que le fait que chaque année j'achète un agneau, que je prends le temps de l'élever et que je le savoure finalement le fameux jour J, mais je peux concevoir que pour certains ça puisse être le chocolat qui a ce petit côté aphrodisiaque et détendant.. D'ailleurs, je me suis dis que ça faisait longtemps qu'on n'avait pas fait quelque chose ensemble, ça te dirait qu'on aille voler les cloches d'une église pour les faire sonner le jour de Pâques ?

Et je mets alors enfin la main sur son dossier et je lui tends donc finalement avec un sourire.

Mon café en main, je reviens près de ma sœur. Je ne compte pas le boire à l’autre bout de la pièce alors que ma chère Lilith est en difficulté ! Je raconterais une scène bien trop drôle pour qu’elle le soit, raté, justement ! Je reviens donc et je peux la voir fouiller tout en me parlant de… Pâques, de façon très étrange parce que je ne pensais pas que Lilith était du genre à aimer une aussi « mignonne » fête… Mais je comprends mieux son intérêt pour cette fête lorsqu’elle me parle du fait d’adorer l’agneau qu’elle élève pour le manger. Je relève alors un sourcils interloquée.

« Mais Lilith… Tu vis en appartement. Tu as pris un coup sur la tête ou ta mémoire surchauffe et sature ? »

Elle me tend finalement le dossier et je le saisis doucement avant de la regarder dans les yeux. Entre son histoire et ses cheveux dans tous les sens, je secoue légèrement la tête avant de sourire un peu et de la regarder sérieusement.

« Je te conseille vraiment de te reposer avant de faire un burn-out et de frôler la folie quoi que ça tu es déjà en plein dedans... »

Je le dis en levant un sourcil, la jugeant légèrement du regard, sans répondre à son invitation d’ailleurs. Je finis tout simplement par m’en aller maintenant que mon dossier est en main, lui laissant d’ailleurs mon café. Elle en a certainement plus besoin que moi !

Ma soeur m'énerve vraiment à un point qui doit être difficile à concevoir pour un oeil extérieur, mais vraiment ça atteint un niveau record. Je fais finalement un effort, du moins à ma façon en tentant surtout de me permettre de gagner du temps, et à sa réponse je ne me retiens donc pas de rouler des yeux.

- J'ai accès au toit... Je sais encore ce que je dis.

Maintenant que je lui ai trouvé son dossier par contre, elle n'a plus de raison de rester plantée là, alors elle part enfin, non sans me lancer une certaine pique. Nia, nia, nia, je l'imite dans ma barbe une fois qu'elle est partie, après avoir pris son café pour en boire une gorgée. Bon, j'en ai peut-être un peu trop mis quand même.

THE END