Autour d'un café, n'importe qui peut s'inviter... (LIBRE)

Un gobelet fumant entre ses doigts, Magnus avait slalomé entre les tables avant de jeter son dévolu sur une chaise et s'y installer. Il n'y avait pas grand monde à cette heure là, en dehors des "temps de repas" classiques qui devaient surement regrouper plus de patients, voir même les amis ou la famille de ceux-ci. Mais pour l'heure, à cet instant précis, à part quelques groupes épars ici ou là, pas grand monde...

L'homme faisait machinalement tournoyer le café dans son gobelet d'un geste de la main, pensif. Son regard se promenait, s'attardant parfois sur le visage d'un enfant traversant au pas de course le réfectoire, ou la silhouette dissimulée par les tissus qui s'était installée loin des fenêtres vitrées donnant sur l'extérieur. Tous allait et venait, sans vraiment porter leur attention sur cet homme solitaire qui s'était attablée là, comme un intru dans le bon fonctionnement d'une fourmilière.

Il n'était pas patient, il n'était pas médecin. Encore moins le proche de quelqu'un hospitalisé dans cet établissement.
Non, c'était juste Magnus, une éternelle boisson caféinée à la main, qui s'était assis là après une visite de travail au Helse Magi.
Et si son allure le dénotait des habitués, peut-être justement que l'un -ou l'une- d'eux finirait par venir à lui, intrigué-e de sa présence ici...

C'est l'heure de ma pause et heureusement parce que la journée a été bien chargée déjà pour le moment. C'est donc plus que bienvenue d'avoir un moment pour souffler et me décompresser. Je prend la direction du réfectoire, car même si ce n'est pas de la haute gastronomie, au moins il y aura quelque chose d'a peu près sain à me mettre dans l'estomac. Lorsque j'arrive, il n'y a presque personne alors tant mieux, je suis servi rapidement. Je prends une assiette et je la pose sur mon plateau pour qu'on la remplisse, puis j'accompagne le tout d'une boisson et d'un désert.

Je viens ensuite dans la salle avec mon plateau et je cherche du regard un endroit où me poser. Je vois un homme installé et je me dis que je ne vais pas me coller à lui, mais.. il a un journal posé près de lui, en "libre-service" et ça m'intéresse alors..

« Excusez-moi, je peux vous prendre le journal ? »

Je pose mon plateau sur la table voisine.

Tenant toujours son café, Magnus fut tiré de ses pensées par une voix d'homme qui l'interpellait. Portant son attention sur lui, il mit une demi-seconde à réaliser que l'homme s'intéressait au journal non loin de lui, visiblement mis en libre-circulation par l'établissement hospitalier.

- Oui oui, bien sur, servez vous...
Magnus fit glisser le journal vers l'inconnu, probablement un médecin au vu de sa tenue blanche. Et de son plateau-repas qui signifiait clairement qu'il avait pour habitude de manger dans ce réfectoire.
Prenant un gorgée de café, Magnus observait toujours l'homme, par habitude plus que par réelle curiosité. Déformation professionnelle en somme...

Je n'ai pas envie de perdre dix minutes à chercher une place alors lorsque j'en vois une de libre avec un journal juste à côté, je me dis que c'est là que je vais me mettre, même s'il y a un mec posé juste à côté. C'est bon, je ne m'installe pas directement à sa table, ça va. Je lui demande quand même si je peux prendre le journal puis je m'installe par la suite. Je commence à manger tranquillement ma soupe en feuilletant le journal, ma routine de petit vieux comme on dit, mais je sens le regard de l'homme posé sur moi. Je finis par tourner la tête vers lui. Il n'a clairement pas la tête d'un employé alors...

« Vous venez rendre visite à quelqu'un ? »

L'homme avait entamé sa lecture en même temps que son repas, prenant sa soupe sans plus porter d'attention à Magnus. Lui était toujours avec son éternel café bien sur, et le regard machinalement porté sur le nouveau-venu finit par attirer l'attention de ce dernier. Il lui posa une question sur la raison de sa présence dans l'établissement, et Magnus se doutait bien que son apparence ne pouvait laisser croire qu'il travaillait là...

Pour autant, il ne répondit qu'à moitié à l'homme, se contentant d'un vague
"- Oui si on veut, on peut dire ça comme ça, je suis venu rendre visite à quelqu'un.."
D'habitude, c'était lui qui posait les questions. Menait les interrogatoires... L'homme face à lui n'avait pourtant rien d'un suspect, mais Magnus était tellement encré dans les habitudes du travail qu'il ne pouvait s'empêcher de faire connaissance avec les gens à sa manière, comme s'il était dans une pièce close arborant une vitre teintée.

- Et vous, vous travaillez ici de ce que je vois... dans quel service ?
Et voilà. Une fois encore, Magnus Beornsson se mêlait de ce qui ne le regardait pas vraiment, c'était plus fort que lui, ce n'était pas de la curiosité, c'était du professionnalisme.

J'ai ma petite routine, mes petits moments de mise à jour de la société comme on dit. Je ne prends pas forcément le temps de regarder les bulletins télé, mis à part lorsqu'ils sont diffusés dans la salle de pause, mais le journal j'aime bien. On a l'info, sans forcément avoir les images trop violentes qui après restent imprégnés dans l'esprit. Mais là je suis un peu sorti de ma bulle, si on peut l'appeler comme ça, par le regard que je sens sur moi. Peut-être a-t-il envie de parler ? On va tenter, après je pourrais peut-être revenir tranquillement à mon journal. Sa réponse à ma question en soit reste très vague.

« Je vois que vous ne semblez pas avoir envie de trop en dire pour éclairer ma lanterne... Mais comme vous voulez, ça semble compliqué.»

Parce que bon, enchainer «si on veut» et «on peut dire ça comme ça», dans la même phrase, ça montre bien à mes yeux qu'il ne semble pas avoir envie de parler. En tout cas, pas de lui visiblement puisqu'il me questionne à mon sujet.

« Je suis en pédiatrie... C'est sympa, mais je vous avoue que parfois j'envisages réellement de me transformer en ours pour pouvoir hiberner l'hiver et profiter uniquement de l'été ! Gérer des enfants toute l'année, ça peut faire des cheveux blancs quand même. »

Je bois alors une gorgée de mon verre d'eau. Peut-être que si je ne me montre pas trop avare dans mes propos, il discutera plus lui aussi.

C'est à la remarque de l'homme que Magnus réalise pleinement avoir encore une fois esquivé machinalement une question somme toute plutôt basique. Il esquissa un sourire contrit d'excuse, alors que l'homme au journal avait enchainé sur ce qu'il faisait lui même, à savoir travailler en pédiatrie.
La première pensée de Magnus était bien sur qu'il devait avoir du courage pour s'être lancé dans un tel métier, et d'ailleurs juste après cela l'homme avait ajouté sous le ton de la plaisanterie que même s'il adorait son métier, il en tirait une certaine fatigue.

Magnus hocha la tête, prit une gorgée de café et reposa sa tasse pour reprendre la conversation.
- J'imagine bien que cela doit être prenant oui, comme métier... C'est le genre de travail qui relève plus d'une passion, d'une vocation... qu'une simple orientation professionnelle.
Le temps d'une courte pause, Magnus reprit une gorgée de café, avant de reprendre la parole.
- Je connais bien ça, les heures qui défilent au travail... Je suis de la Police Royale Norvégienne. Et, je suis là dans le cadre d'une de mes enquêtes donc oui, je venais voir quelqu'un... mais pas vraiment comme une visite habituelle des proches et des familles.

La voix grave de Magnus avait exposé les faits simplement, d'un ton objectif. Et cela donnait sens à sa façon de justifier de sa présence dans l'hôpital quelques instants plus tôt, sans toutefois entrer trop dans les détails -secret professionnel- avec ce médecin en pédiatrie.
Magnus ignorait si l'homme qui lui faisait face souhaitait poursuivre la conversation, après tout il ne s'était peut-être installé ici que dans l'optique de lire le journal ? Ils ne s'étaient même pas vraiment présenté en bonne et due forme l'un à l'autre, alors...
Portant une nouvelle fois sa tasse de café à ses lèvres, Magnus laissa le temps s'écouler.

Malgré ma remarque, l'homme ne semble pas avoir envie de m'en dire plus pour le moment sur le pourquoi il se trouve ici. Au vu de son air sérieux et de sa tenue, j'envisage du coup deux choses : un légiste ou un agent de la police. Malheureusement ici, on fait affaire aussi souvent avec l'un qu'avec l'autre, ou presque en tout cas. Disons qu'aucun des deux ne seraient complètement inattendu. Je lui parle tout de même de mon boulot, sait-on jamais si ça le lancerait à me parler un peu plus, même si je ne suis pas forcément du genre le plus sociable du monde non plus au final. Je hoche un peu la tête à ses paroles, esquissant un petit sourire.

« C'est souvent ce qu'on dit oui... Je préfère cette version-là à celle où les gens le font pour l'argent, ils font généralement moins bien leur boulot en plus. »

Je bois une petite gorgée de mon café à mon tour puis il me dit finalement pourquoi il est là. Ah ! J'aurais pu le parier du coup. Je hoche la tête, car malgré tout, c'est quand même quelque chose de sérieux.

« Je vois oui... Le café c'est pour reprendre un peu de force avant le grand moment du coup ? Vous aussi, ça n'est pas un boulot facile au final. Il faut le faire avec l'avis de vouloir changer un peu les choses, je suppose. »

Sinon, on avait à faire face à pas mal de ripoux qui faisaient ça juste pour avoir le pouvoir, mais je me retiens quand même de l'ajouter. Je suis du genre direct, mais je sais quand même à qui je m'adresse.

Magnus avait machinalement hoché la tête en entendant les propos du médecin. Effectivement, quand on avait ce type de travail, c'était qu'on voulait faire bouger les choses... les améliorer. Faire en sorte de faire la différence quelque part, que les journées qui passent ne soient pas en vain.

Puis d'un sourire, il désigna sa tasse de café.
- Oh, le café, chez moi ça peut être aussi bien avant, pendant qu'après, je tourne qu'à ça ! Et pour le coup, ma visite est passée, c'est donc cette fois-ci un "café-d'après". Pour prendre le temps d'ingérer les informations.
Mais au fait, je ne me suis pas présenté... Magnus Beornsson, enchanté.
J'espère que je ne vous dérange pas, vous avez peut-être l'habitude de prendre votre pause déjeuner dans le calme ?

De son côté, Magnus arrivait à la fin de sa tasse de café. Il pouvait tout aussi bien s'en servir une autre que s'éclipser si jamais son interlocuteur préférait un peu de solitude lors de sa pause surement durement méritée.

Du coup, je n'avais pas eu tout à fait tord. Il était de la police. Il faut croire que j'ai un certain flair, sans vouloir faire de mauvais jeu de mot. On élabore la discussion plus longuement autour du café, un sujet auquel je ne me serais pas cru accorder autant d'importance. Je hoche légèrement la tête lorsqu'il me dit que ce café-ci est du coup un café d'après rencontre et un léger sourire vient alors se dessiner contre mes lèvres.

« Je vois le genre... C'était des informations si terrible que ça ? Enchanté Magnus, je suis Alex Karev. Non, ça ne me gêne pas, ça me sort un peu de la routine. Et puis, je peux vous dire que ça fait plaisir quand même de parler avec quelqu'un qui sait aligner plus que deux mots ou qui en tout cas, en comprend plus que deux de ce que moi je racontes. »

Je bois une petite gorgée de mon café aussi, après tout, je lui avais dis que je bossais en pédiatrie.