Rencontre au détour d'un couloir (Ft. John Smith)

Ça fait très clairement des lustres que je suis à l'hôpital. Je commençais en quelque sorte à retrouver un équilibre dans ma vie, à me sentir mieux, à accepter tout ça ... J'avais même eu droit à une vraie sortie, dans un vrai endroit, avec des vrais gens ! Mais il y avait fallu que ça tourne à la catastrophe ... Heureusement pas par ma faute ! Mais du coup je suis un peu comme traumatisée. J'avais déjà peur de sortir parce que j'avais peur de moi perdre le contrôle, mais là d'avoir vu, ou plutôt revu, que la vie peut simplement complètement me glisser entre les doigts, car il peut y avoir des choses même hors de mon contrôle qui partent en vrille ... Au sein même de l'hôpital en plus ... Enfin bon, tout ça pour dire que du coup je ne suis pas très bien. Là je marche dans le couloir, tentant de m'occuper l'esprit en observant les autres personnes présentes aussi, pour pouvoir penser à juste rien. Je me mords la lèvre, jouant avec une mèche de mes cheveux, appuyé contre le mur du couloir.

Je ne suis pas trop bien en ce moment et je préfère ne pas passer trop de temps dans ma chambre pour ne pas repenser trop à ce qu’il s’est passé lors de la Saint-Valentin. Je suis donc dans le couloir, à faire les cents pas, à faire des allers-retours, à observer les gens dans le couloir … Rien de bien passionnant en soit vous me direz, mais au moins ça m’occupe et je vois des gens, donc je ne suis pas toute seule dans ma tête. Mais du coup, j’ai le temps de remarquer n’importe quel détail qui peut être étrange et là pour le coup … Je vois un homme qui est sorti d’une chambre, tout habillé, mais je sais que c’est un patient, j’ai entendu les infirmiers en parler. Il s’arrête devant une porte pour le personnel et il essaie d’entrer, ce qui me fait froncer un peu les sourcils. Je m’approche alors, jetant un œil autour et derrière mon épaule pour m’assurer qu’il n’y ait personne.

- Je peux vous aider ? C’est réservé aux employés cette porte …

Je ne m'attendais pas vraiment à ce que les choses se déroulent ainsi. Je lui avais proposé mon aide non pas pour l'empêcher de faire ce qu'il voulait, mais bel et bien pour pouvoir l'aider. Et à présent, me voilà enfermée avec lui, que je ne connais pas du tout et je ne sais même pas pourquoi il est là.

- Mais qu'est-ce que vous faites ?!

Je murmure malgré tout. Vu qu'il semble un peu dangereux, je préfère quand même ne pas trop risquer de le provoquer en le faisant se faire griller directement. De toute façon, au final, il me l'avait dit, il cherchait à partir d'ici, mais par ici, ça ne servait à rien de chercher.

- Vous ne pourrez pas partir par ici, on est trop haut et en plus les fenêtres sont toutes sécurisées dans notre aile de l'hôpital normalement ...

Je me colle alors au mur, remarquant les rayons de soleil au sol. Je n'ai jamais été aussi près du soleil depuis des années ...

Je finis par froncer légèrement les sourcils lorsque l'homme me dit de me taire. Non, mais ! C'est lui qui vient de m'enfermer avec lui dans la réserve, je pense que je suis quand même en droit de demander ce qu'il se passe, non ? Sauf que rapidement, je comprends que même si les fenêtres sont sécurisées pour qu'on ne puisse pas les ouvrir pour s'enfuir, elles n'ont pas toutes les protections solaires pour les vampires ... Je relève les yeux vers l'homme quand il me demande si quelque chose ne va pas et je me mords la lèvre.

- Vous pourriez eum ... Fermer les stores s'il vous plait ? Disons que ... Je n'aime pas trop le soleil.

Vu ma couleur de peau et le fait qu'on soit tous les deux dans l'aile surnaturelle, je pense qu'il ne devrait pas avoir trop de mal à comprendre que je suis une vampire.

Bon, heureusement, il ne me fait pas de réflexion sur le fait que je sois une vampire. Ou il n'a pas compris, ou il est juste sympa, mais dans les deux cas, ça me va très bien qu'il ne dise rien. Je me détend un peu, relâchant le mur sur lequel j'avais du coup serré mes doigts sans m'en rendre compte et je me mords la lèvre. Je finis par lâcher un petit rire, surement un peu nerveux au fond, à l'entente de ses paroles.

- Je vous l'avais dis ... Ce n'était pas la bonne solution de venir dans cette pièce .... Vous allez faire quoi maintenant du coup ?

L'homme ne semble pas être du genre trop entêté. Il admet assez rapidement qu'en effet, ce n'était pas l'idée du siècle de venir ici et qu'on ne va pas s'y éterniser. Il s'est installé sur une chaise, mais finalement, il nous fait assez rapidement ressortir de la réserve et je hoche la tête.

- Oui, il vaut mieux ne pas rester là, ils ne sont pas spécialement contents de nous voir trainer dans leurs endroits d'employés ...

Je me mords la lèvre puis je me sens rapidement soulagée d'être sortie de là. On se retrouve alors dans le couloir et il me questionne sur depuis quand je suis là. Je passe ma main dans mes cheveux, l'arrêtant sur ma nuque.

- Eum ... Plusieurs ... années ...

Je tousse un peu.

- Mais j'ai des soucis du coup, c'est pour ça ... Vous ne semblez pas avoir envie de rester ici très longtemps ... Il vous ont donné des infos sur vos délais pour vos ... Traitements ?