Drôle de rencontre [Markus Magnussen]

Je peux enfin sortir de ma chambre comme bon me semble sans qu’on accoure pour m’y reconduire. Enfin, je peux me balader dans le couloir et dans les parties communes, le reste de l’hôpital m’est interdit, bien que ça ne m’arrête pas pour autant, ils ne peuvent pas me surveiller 24h/24 après tout. Cet après midi je me tiens cependant à carreaux, ma rencontre avec Liorah la veille m’a fatigué. Je reste donc dans l’espace détente, tout seul dans mon coin, fixant les autres patients avec un mélange d’intérêt et de peur. Est-ce que c’est réellement prudent de nous laisser nous mélanger comme ça ? Et si l’un deux devenait violent ? Debout, appuyé contre un mur dans le coin de la pièce, je garde donc tous mes sens en alerte, prêt à partir en courant si besoin pour retrouver la sécurité de ma chambre. Les autres ont l’air de comprendre que je ne suis pas enclin à discuter puisque personne ne vient m’importuner, tant mieux. Après une petite demi heure un jeune homme roux vient s’asseoir sur un fauteuil à la droite de ma position. Je le regarde un instant, avec méfiance, avant de détourner le regard et de fixer le sol.

Je continue d’observer discrètement et silencieusement les gens qui m’entourent, essayant de deviner ce qu’ils peuvent bien être. Au premier coup d’œil on pourrait tous les prendre pour des gens normaux. Malades certes, mais bel et bien humains. C’est ça qui est le plus perturbant et le plus effrayant. Une fois qu’on est au courant de leur existence et qu’on sait qu’ils savent se fondre dans la masse c’est quelque chose à devenir parano. Est-ce qu’au village le boulanger est un monstre lui aussi ? Est-ce que ma vieille voisine est secrètement une sorcière ? Un long frisson me parcours l’échine à cette idée puis je sursaute lorsque le garçon à côté de moi se met à parler subitement. Je me tourne légèrement dans sa direction, remarquant qu’il me fixe. C’est à moi qu’il parle ? Je jette un œil autour de moi, personne ne nous prête aucune attention. Je regarde de nouveau le jeune homme et fronce légèrement les sourcils.

« Pardon ? »

Qu’est-ce qu’il me veut ?!

Je me tourne vers le jeune homme lorsqu’il semble me parler, vérifiant quand même autour de moi s’il n’y a personne d’autre que je n’aurais pas encore remarquer, on ne sait jamais. Mais non, je suis bien tout seul et c’est bien moi qu’il regarde. Du coup, ne comprenant pas, je fronce légèrement les sourcils avant de lui demander pardon. Face à sa question je ne sais pas comment réagir au début. Je ne crois pas avoir parlé à voix haute, ça ne m’arrive jamais. Est-ce qu’il est fou ou bien est-ce qu’il se paye ma tête ?

« Non, non je n’ai rien dit »

Ou bien encore pire, est-ce qu’il sait lire dans les pensées ? Est-ce que certains d’entre eux sont capable d’une telle chose ? Mince, il faudrait que je fasse plus attention si c’est réellement le cas, je n’ai pas envie de m’attirer des ennuis. Toujours appuyé contre le mur je détourne le regard, soudainement mal à l'aise.

Ce garçon est vraiment bizarre ou bien il se moque de moi … ou même les deux, qui sait. Il finit par s’excuser et me dit qu’il croit de nouveau avoir des hallucinations. Oh … Est-ce qu’il est réellement prudent de rester à côté de lui ? Si ça se trouve il est dangereux lui aussi, comme ce démon que j’ai croisé dans un couloir.

« Ok »

Il reporte son attention sur son livre et moi je lâche un léger soupire de soulagement. Seulement c’est de courte durée puisqu’il relève soudainement la tête vers moi. Prit de court mes yeux s’écarquillent légèrement puis je jette un œil sur les autres patients autour de nous lorsqu’il les pointe du doigt. Comment est-ce qu’il a deviné ? S’il entend des voix est-ce que c’est réellement possible qu’il puisse lire dans les pensées ? Comment arrêter de penser pour ne pas qu’il sache ce que j’ai dans la tête ? C’est quasiment impossible !!

« Je … Oui enfin … Juste comme ça »

Je hausse doucement les épaules, ne souhaitant pas qu’il me prenne pour quelqu’un de bizarre qui s’intéresse un peu trop curieusement aux autres.