Sleep Disorder [Ft. Aedan Cursse]

Les jours s’enchaînent, mais ne se ressemblent pas, j’enchaîne gardes de nuit et j’avais l’impression qu’il en était fini de moi pour les nuits à venir. À force je pourrais presque me confondre avec les suceurs de sang que l’on appelle vampire à trop vivre la nuit et dormir le jour. Ce qui m’emmerde aussi le plus là-dedans, c’est au sujet de ma sœur : Liorah. La nuit elle dort, le jour elle bouge, mais justement il n’y a pas qu’elle, il y a aussi l’autre taré de démon prénommé Samaël et je ne peux pas surveiller ce que peut faire ce taré.

Enfin je vais éviter de penser à ça parce que pour une fois depuis des semaines j’ai ma soirée, c’est limite à marquer d’une pierre blanche. Je ne me fais pas prier et le soir même, à la fin de mon service, je fonce au vestiaire me changer puis sans un regard en arrière je quitte le lieu médical pour aller rejoindre le parking et récupérer ma voiture avant de foncer droit chez moi. Sauf que … Alors que j’étais au bout d’une rue, non loin de chez moi, je vois de loin une ombre s’effondrée. Vu ma vitesse j’ai tout juste le temps de freiner faisant grincer les pneus sur le goudron et me stopper à quelques centimètres du visage du gamin que je n’ai pas encore identifié tel quel.

- Putain !

Je souffle doucement. Mon coeur ne bat pas souvent vite, mais là c’est le cas. Pousser par l’adrénaline d’avoir failli écraser quelqu’un .. Je sors donc rapidement de ma voiture et, avec les phares de cette dernière, je distingue plutôt bien le corps. Je le saisis, me mettant à genou près de lui et fronce les sourcils... Testant ses premiers réflexes.

- Vous m’entendez ?!

Je serais aller légèrement plus vite, j’aurais fait légèrement moins attention… J’aurais tué ce gamin. Je lui aurais passé dessus à toute vitesse et c’est sans aucun doute que déjà je pense que j’aurais eu un accident, car rouler sur un humain ce n’est rien, mais en plus il serait mort sur le coup… Heureusement que putain j’ai de bons réflexes ! Les mains crispé sur le volant, les yeux ronds je mets quelques minutes à réaliser… Puis une fois fait je me dépêche de me détacher et sortir de la bagnole. Mon coeur bat vite, je me sens très rarement comme ça, voire jamais. Je souffle et me laisse tomber à genoux essayant de contenir ma colère. En vrai j’avais envie d’exploser, mais déjà que j’avais failli l’écraser il manquait que quelqu’un me voit piquer une colère et j’allais directement passer par la case prison sans faire quoi que ce soit d’autre.

Je secoue un peu le gamin et lui parle… Heureusement il semble juste s’être vraiment évanouis puisqu’il ouvre les yeux. Il ferait presque peur, on dirait un zombie. Je le regarde alors qu’il grimace et se cache le visage, mes sourcils se froncent. Je reste un peu interdit face à ses questions. Souffle, respire Aedan…

-À l'instant. Tu es malade ?

Peut-être que c’est une maladie qui fait qu’il perd connaissance comme ça. En tout cas une chose est sur il ne peut pas rester comme ça en plein milieu de la route. Je me relève donc et l’aide à se relever, à savoir s’il va tenir sur ses jambes maintenant.

-Tu sais comment tu t’appelles ? Tu te rappelles ce qu’il s'est passé ? Tu tiens debout ça va ?

Pour cette dernière question j’en étais moins sur. Il avait un regard de fou dû à la fatigue qui le tiraillait. Il semble être un véritable zombie.

Une carpette de jeunes geeks en manque de sommeil, une ! Voilà ce que j’aurais pu clamer au marché du samedi matin quelques secondes trop tard. Heureusement rien n’était arrivé de bien grave. Enfin ça, ça restait à voir, vu comment il s'est évanouis, il ne manquait plus qu’il se soit cogner la tête assez fort pour ce faire un traumatisme et a été bon pour aller aux urgences. Déjà qu’il semblait pâle comme un linge… Mais étant infirmier ça va, je ne m’alarme pas non plus pour rien. Je tente surtout, a l’heure actuel, de rester calme et de ne pas trop m’emporter ! Car ouai j’ai juste envie de secouer ce gamin et lui hurler dessus de faire « putain d’attention », mais ça n’arrangera rien ! Je finis par relever un sourcil lorsqu’il me parle du trouble du sommeil.

-Je pense que là gamin et je suis infirmier, c’est un peu plus grave que de léger trouble du sommeil. Un peu plus et tu étais une carpette.

Peut-être que je disais tout ça de façon drôle, mais je ne riais absolument pas. J’avais vraiment failli l’écraser, il avait vraiment failli mourir. Tout ça n’était absolument pas exagérer ! C’était la pure vérité. Je l’aide finalement à se relever et il semblait être « bien » dans le sens où il parlait de façon distincte et il me fournissait des informations précieuses pour l’aider… Mais je n’étais pas tranquille quand même, je le dirige alors vers ma voiture.

-Ouai ok, mais tu sembles quand même encore un peu perdu. Monte, je t’emmène chez moi le temps que tu reprennes possession de l’espace et que tu retrouves la direction de chez toi.

C’était rare, mais j’avais eu une belle frousse. Je n’aurais pas aimé avoir la mort de ce gamin sur la conscience, hors de question. Certes j’ai déjà dû… Tuer dans la vie, par contrainte, sous la force et sans avoir le choix, mais là ce n’était nullement commander par Samaël alors si je l’aurais tué… Je pense que j’aurais été détruit bien plus que je ne le suis déjà au fond de moi. Après tout, si je fais le métier que je fais c’est bel et bien pour sauver des vies, pas en détruire ou en tué, mais avec ce démon qui me colle au cul… Je n’ai malheureusement pas le choix. Quoique ce mec avait l’air totalement perdu et bien pommé. Il finit par me dire qu’il étudie la photographie et qu’en gros il ne fait que me redire ce que son médecin lui a dit.

-Et c’est qui ton médecin ? À mon avis, prends un deuxième avis justement.

Pourquoi je faisais ça ? Peut-être que là... C’était moi. C’était vraiment moi, le Aedan qui était là pour aider les autres de toute façon combien il y avait de chance que je le recroise un jour ? Quasi aucune. Je ne risquais donc rien ! Et normalement Samaël ne trainait pas dans le coin, à moins qu’un de ses toutous si… Regardant avant autour de moi, je fronce les sourcils en me décidant à bouger rapidement, juste au cas où. Je force alors le gamin, enfin plus ou moins à monter dans ma voiture et en moins de temps qu’il en faut pour dire « ouf » on part en directement de chez moi… Dans un silence pesant. Finalement je me gare en bas de chez moi et sortant de la voiture j’attends qu’il en fasse de même pour verrouiller cette dernière.

-Suis-moi.

Je pars alors en direction de mon immeuble lui jetant un coup d’oeil pour analyser sa démarche.

Ce n’est pas vraiment tous les jours qu’un gamin tombe devant votre voiture et que vous manquez de l’écraser, du coup vous pouvez comprendre que sur le coup je sois légèrement de mauvaise humeur et énerver ! C’est un peu la peur au fond qui s’exprime. Quoi qu’il en soit ça lui semble tout ce qu’il y a de plus naturel et il n’y a rien de naturel à ça ! À partir de quel moment est-ce que c’est naturel de tomber en plein milieu d’une route ou tomber tout cours inconscient comme ça ? Lorsque je lui demande qui est son médecin, parce que je trouve que ce dernier est vraiment incompétent… Il me dit qu’il n’est pas d’ici.

-Et tu es seul ici ?

Quelque chose m’échappe. Soit ses parents sont complètement irresponsables, soit le médecin a été payer, soit… Je n'en sais rien, mais quelques choses m’échappent totalement. Une chose est sur, le temps pressait, je ne pouvais pas rester dehors comme ça, mais je ne pouvais pas le laisser comme ça aussi… Je l’embarque donc plus ou moins de force dans ma bagnole et une fois chez moi je me dépêche à vouloir rentré, mais le jeune me stoppe en me demande qui je suis et pourquoi je faisais ça. Je fronce alors légèrement les sourcils et tourne la tête vers lui.

-Parce que j’ai failli être responsable de votre mort ? Je te l’ai dit, je suis un infirmier, rentre…

Et je pousse la porte pour le laisser rentré à l’intérieur rapidement. On pourra discuter autant qu’il veut une fois dedans, mais pas là.

Quelque chose ne tournait pas rond avec ce jeune. Il ne semblait pas avoir de parent, il semblait aussi avoir clairement un problème, mais dont il semblait surtout s’en foutre royalement. Après ça c’est son problème au fond, c’est vrai ! Mais ça devient le mien, en quelque sorte, lorsque son problème manque de devenir férocement le mien et m’envoyer en prison… Là ça devient mon problème ! Il finit par me confirmer qu’il est seul… Mais il enchaine surtout sur un tas de trucs qui font que je peux me sentir légèrement « agresser ». Je relève un sourcil et lui jette un regard alors que je fronce finalement à nouveau ses derniers.

-Oui ça pose un problème, le problème c’est qu’à cause de ton irresponsabilité, j’ai failli commettre un meurtre et ça, ça devient mon problème. Tu as quel âge ?

Pour qu’il ne soit pas majeur là-bas, c’est sur qu’il a moins de 21 ans… Mais pour l’être ici ça veut dire qu’il a plus de 18 ans… Ça laisse quand même pas mal d’âges à deviner entre 18 et 21… Et pour moi ça reste un gamin irresponsable dans tous les cas !


La route se passe ensuite dans le silence jusqu’à ce qu’on arrive devant mon immeuble, c’est quelque chose qui se fait tout de même rapidement puisque j’étais presque chez moi ! Je sors et le jeune me suit, mais… Là je commence à me faire un peu plus presser. Devant chez moi, c’est vraiment l’endroit où je suis sur d’être observé, il faut donc faire vite ! Sauf que c’est à ce moment-là que monsieur a décidé de tailler la bavette devant la porte de l’immeuble ! Je réponds donc très rapidement, avec une voix légèrement agacée avant de le forcer limite à rentrer. Heureusement qu’il ne cherche pas plus loin et entre, j’en profite pour refermer rapidement la porte derrière nous et monte quelques étages. Une fois devant la porte de mon appartement, je fais la même chose et une fois totalement dedans le jeune se retourne vers moi et me reparle immédiatement. Je soupire et retire ma veste avant de l’accrocher.

-Aedan… Et toi ?

Je lui montre ensuite le canapé pour qu’il puisse s’y mettre avant de partir dans ma salle de bain chercher de quoi soigné sa petite blessure, minime, a la tête.



(Excuse moi pour le temps, comme tu as pu voir ça été dur pour moi en mars et après j'ai mis un temps à tout rattraper !)

Le gamin que j’avais manqué de tuer était en train de s’énerver contre moi par rapport à ce que je disais. Je pense que je me serais énervé aussi, mais là on ne s’énervait pas contre moi ! D’autant plus que j’étais facilement irritable après une journée à bosser et manquer de tuer quelqu’un, « volontairement », je veux dire par là sans Samaël, en rajoutant à mon irritation alors, claquant une seule phrase je roule jusque chez moi ensuite dans un grand silence.

-Tu baisses d’un ton, c’est pas moi l’irresponsable ici. Tu prends un traitement au moins ?

En entendant son âge, bien que j’ai presque eu du mal à l’entendre tellement il l’a dit bas, me fait comprendre pourquoi il s ‘emporte comme ça. Au fond ? Il me ressemble. Je pense que j’aurais eu la même putain de réaction et je crois que ça me met encore plus en colère, parce qu'à ce moment-là de ma vie j’étais déjà prisonnier. Mais est-ce que j’étais pas en train de le kidnappé là, en quelque sorte ? Non non ! Je voulais simplement m’assurer que ça aille… Je ne suis pas Samaël, je ne le serais jamais… Rapidement on arrive chez moi et je me sens complètement con en l’entendant. Je me stoppe quelques instants et reprends rapidement en montrant mon canapé.

-Ok, c’était pour être sûr que ça allait après le coup que tu as pris à la tête. Installes-toi. Je vais chercher de quoi te soigner.

Dans tous les cas je pourrais toujours dire que non je ne suis pas gentil, je voulais simplement pas être potentiellement responsable de sa mort. Partant dans ma salle de bain je prends de quoi soigner sa tête se fronce les sourcils en soupirant. Fait chié, Aedan tu fous quoi là ! Tentant de me convaincre que je fais la bonne chose je reviens au salon et lui fait un signe du menton pour lui montrer de tourner la tête et j’observe la petite blessure qui saigne un peu, mais que je désinfecte rapidement.

Le jeune garçon ne me répond pas et je pourrais clairement m’énerver et lui demander de me répondre quand je lui parle, mais au fond… Ça me va aussi. Ouai, c’est sur que je veux avoir le dernier mot… Souvent, mais pour le coup ne pas continué sur ce chemin un peu glissant ça me va aussi ! Je ne réponds donc rien face à son silence. Je crois qu’on se mure tous les deux dans notre mutisme. Mais ça ne dure pas très longtemps puisque je n’étais pas non plus très loin de chez moi et que j’y arrive très rapidement. Je me gare et tente de le faire arriver très rapidement dans mon appartement. Je ne suis pas du tout tranquille parce que… Parce que je ne sais pas ce dont Samaël peut être capable, tout simplement !

Une fois à l’abri dans mon appartement, je me retrouve presque con de lui avoir posé deux fois la même question, mais heureusement que je parviens à faire passer ça « crème » et qu’il ne cherche pas plus loin. Le silence revient, mais j’ai l’impression que ce n’est pas quelque chose qui gêne le brun et qu’on se conforte bien tous les deux, dans ce silence. Je finis par revenir avec de quoi le soigner et me mets à côté de lui et commence n'à soigner la blesser qu’il a la tête, qui se trouve… Derrière et cacher sous ses cheveux. Cependant je parviens à soigner tout de même, même si je ne panse pas vraiment vu l’endroit… Parce que je ne pense pas que le rasé soit une option. Je finis par me relever.

-Tu devrais te reposer un peu, pour être sûr que tu t’évanouisses pas à nouveau. Ensuite tu rentreras chez toi.

Je lui jette un regard, je ne lui propose pas vraiment en mode « tu as le choix » c’est plus « un ordre », même si ça n’en ait pas vraiment un. Dans tous les cas je retourne dans ma salle de bain poser le tout et reviens au salon, qui est la pièce principal de mon petit loft avant de me poser sur une chaise et prendre mon ordinateur.

Une fois chez moi je me détends légèrement parce que je sais qu’ici je suis tranquille. C’est le seul endroit où je suis tranquille, c’est pour ça que j’en oublie que je lui avais déjà posé la même question, cependant je me rattrape bien. Je finis par le soigner, enfin comme je peux vu ses cheveux et lorsque je lui ordonne de se reposer il proteste légèrement, mais au vu du regard que je lui lance je pense qu’il ne cherche pas plus puisqu’il ne dit plus rien et se met simplement au fond du canapé. Je le fixe du coin de l’oeil, parce que même si je suis sur l’ordinateur je le surveille pour être sûr qu’il ne fasse pas un « après-coup ». Finalement au bout d’un certain temps il se redresse et m’annonce son départ. Je le fixe un instant et hoche simplement la tête parce qu’il a l’air vachement mieux que tout à l’heure. Je l’accompagne donc juste en silence jusqu’à la porte que je referme finalement. Une fois fait je m’appuie contre celle-ci et soupire. Qu’est-ce qui m’a pris au fond de ramener ce gamin ici ? Aller… De toute façon… Je ne le recroiserai plus....



FIN