Depuis aussi longtemps que je me rappel, j'ai toujours imaginé que j'allais mourir jeune. Même avant de comprendre pour ma maladie, je m'imaginais mourir jeune. La majorité des gens dirait que c'est glauque, de penser à la mort à un si jeune âge. Pour ma part, j'ai toujours trouvé ça fascinant. Je n'en ai jamais parler à quiconque, mais dans mon coeur, je savais que j'allais mourir jeune. Je ne me voyais pas dépassé ma quarantaine. Ma maladie n'a fait que confirmer mes soupçons que j'avais toujours eu.
Peut-être est-ce pour ça que j'ai toujours accepté bien ma maladie? Que je vis avec, comme si elle était mon amie et non mon ennemi. Peut-être est-ce pour ça que j'accepte aussi bien le fait que je n'aurais jamais d'enfants, que je n'aurais sans doute jamais le temps d'épouser quelqu'un ou de pouvoir vieillir main dans la main avec cette personne. Au fond, c'est peut-être pour ça que j'accepte aussi facilement la mort.
Les gens me trouvaient simple d'esprit. Ou enfantin, la majorité du temps. Comme si je ne savais pas de quoi je parlais. Comme si j'étais fou de continuer à sourire en ayant une telle maladie. Comme si j'étais idiot de sourire alors que je me trouvais à l'hôpital. Alors si je leur avais dit que, depuis petit, j'imaginais mourir jeune, imaginez comment ils m'auraient regardé?
Je ne pense pas que c'est une faiblesse de mourir jeune. Ou du moins, de croire que nous allons mourir jeune. Cela nous donne une raison de plus de faire les choses « maintenant ». De ne pas attendre au lendemain, de ne pas toujours remettre les choses plus tard quand tu peux les faire présentement. Grace à ça, j'ai toujours accomplit ce que je voulais faire pour n'avoir aucun regret plus tard. Tu sens que tu vas mourir jeune, alors tu préfères faire toutes tes choses le temps que tu peux les faire.
Peut-être que c'est cet hôpital qui m'a donné la force aujourd'hui d'écrire dans ce journal. Peut-être que c'est cette rencontre avec le psychologue, Peter Black, qui m'a fait réaliser que si personne ne pouvait comprendre mes pensées, je n'avais qu'à les écrire. Je commence à réaliser que cet hôpital ne cache peut-être pas simplement une aile spécialisée pour je ne sais quelle maladie... Je réalise lentement que ce que cet hôpital cache, c'est bien plus grand que ça.
Alors je te le confie, à toi qui me lira un jour. Cet hôpital, Helse Magi, cache quelque chose... qui n'a rien avoir avec quelque de rationnelle. Je ne peux pas encore dire quoi exactement, mais ce qui est certain, c'est que ce n'est pas totalement humain. Et cette pensée me fait peur, comme elle m'attire étrangement à en apprendre plus...
Je veux savoir ce qui ce passe ici. Peut-être que j'y perderais ma vie et ma raison, mais au moins, j'aurais accomplis tout mes buts, comme je me suis toujours fixé à faire.
Et puis, ce n'est pas comme si je ne savais pas... que j'allais mourir jeune.