Sais-tu que la volupté est dangereuse pour la santé ? Une
DROGUE. L'amour devient même le catalyseur de cette sordide entourloupe. Elle s'agrémente grâce aux ficelles d'une déesse aux cheveux filasse. Vénus, s'appelle-t-elle.
Cupidon où es-tu ? Sers donc ta maîtresse. Dégaine ton arc. Cible-le et décoche ta flèche. Son ardeur ne peut être éteinte par le corps qui l'a allumée : toi, c'est ta faute. Irréversible! Trop tard. Son
cœur brûle de désirs furieux jamais satisfaits. Ce beau visage, ce teint éclatant, ces deux mirettes
flamboyantes se livreront pour toujours aux vains simulacres d'un corps-à-corps. Si bien qu'il ne sera jamais altéré au milieu même du torrent qui s'écoule sous ses pieds, seul le liquide écarlate qui coule entre tes
veines l'étanchera d'une soif dévorante. En amour également, sa pire ennemie, ses
amants seront des pantins de simulacres : ils ne peuvent rassasier ses yeux, ses mains n'auront même pas le pouvoir de détacher une parcelle de leurs membres délicats et elles erreront toujours incertaines.
Pourquoi tant d'
obsession ? Il s'imagine, déjà, jour et nuit. Les paupières closes, jouant avec exaltation le fruit de ses imaginations. Qu'elles soient les plus extravagantes, les plus fiévreuses ou les plus idylliques. Qu'importe! Voir vos deux corps enlacés qui jouissent de leur jeunesse fleurie ; de votre innocence perdue dans cette danse nuptiale en vous pâmant de volupté. Vains efforts qui vous interdiront l'un et l'autre de fusionner, jamais vous ne vous y fondrez tout entier. Le but de votre lutte est voué à l'échec, votre
sang ne fait plus qu'un tour, vous menant à un court moment d'apaisement. Nouvelle frénésie. Nouvelle ardeur violente. Nouvelle rage. Possession. Avidité. Si tels sont vos désirs, bande d'
insensés !
Qu'il rêve de mettre les pieds à Babylone, à Florence, troquant sa tenue d'traqueur pour se mettre sur son 31 en dix minutes. Dandy qui chancelle, par mégarde, vers tes chaussures d'Sicyone. Ruant ses yeux carmin sur tes nombreuses pierreries, d'émeraudes, d'rubis qui s'enchâssent dans le métal de luxe : l'or de Midas.
Qu'il fantasme sur ta robe
pourpre qu'il presse sans cesse et qu'il boit sans répit la sueur de Vénus. Mais un jour, il te diras :
« Ton père a du fric, il te donne tout ce dont tu rêves; bandeaux, diadèmes, robes, et autres tissus d'Céos. Pleins d'étoffes rares, d'bijoux fantaisistes, d'festins, d'jeux, d'parfums ! Mais que dis-je, à quoi bon, tout cela ? » La débauche deviendra-t-telle sa fatalité ? Mot qui équivoque tantôt oisiveté, tantôt raison, tantôt angoisse !