Mise à jour (Ft. Theodora Andersen)

Voilà plusieurs semaines que j'avais dû quitter mon emploi au Paradise Night Club à contre coeur. Il ne fallait pas que l'on découvre qui j'étais et par conséquent j'avais en quelque sorte disparu de la circulation en prévenant l'une de mes patronnes notamment. J'avais passé tout ce temps à rester sous l'eau, ne revenant que quelques fois sur terre pour m'assurer que je ne craignais plus rien et que je pourrais reprendre en quelque sorte une vie normale. Le monde marin m'oppressait et pourtant il s'agissait de mon élément mais subir des reproches tout le temps, je n'en pouvais plus. Heureusement que quelques semaines après mon départ, cette petite rumeur s'était calmée et j'avais enfin pu remettre la queue enfin les pieds sur terre. J'avais quelque peu perdu l'équilibre lorsque j'étais arrivée sur le sable, je n'avais pratiquement pas marché sur terre depuis longtemps et il fallait que mon corps se réhabitue à ce nouvel élément mais j'avais confiance. La marche reviendrait car ça ne s'oublie pas et j'avais eu raison.

Tout d'abord, j'avais été récupéré mon appartement que j'avais laissé pour une durée indéterminée puis je m'étais rendue au PNC où j'avais pu obtenir un rendez-vous avec mon ex-patronne. Je ne savais pas si elle me reprendrait mais je pouvais toujours essayer. C'est ainsi que je m'étais présentée le jour j avec dix minutes d'avance et je dois dire que j'étais un petit stressée quand même. Puis quand ce fut l'heure, je toquai à la porte quelques coups puis entra et referma la porte derrière moi. Je me mis à faire un petit sourire.

-Bonjour, merci de m'accorder un peu de votre temps.

Je m'asseyais donc sur la chaise indiquée face à elle, attendant qu'elle me parle ou ne me pose des questions.

J'avais toujours dis qu'après mon départ je reviendrais ici lorsque je le pourrais et lorsque cette petite rumeur se serait tassée. Après tout, on m'avait donné ma chance alors que j'étais à l'abandon de moi-même et sans aucune estime. Aujourd'hui je me sentais mieux malgré la peur qui me tenaillait quand j'entrais en contact avec de l'eau. Je ne savais pas si elles allaient me reprendre au PNC mais je m'étais dis que j'allais quand même tenter ma chance, qui ne tente rien n'a rien comme on dit. C'était comme ma deuxième maison ces derniers mois puisque j'avais passé pas mal de temps là-bas. Alors lorsque l'on m'avait appelé pour me confirmer un rendez-vous pour le lendemain, je n'avais pas hésité une seconde. Je comptais mettre toutes les chances de mon côté pour réussir ce nouvel entretien si on voulait encore de moi.

-Eh bien... Le Paradise est comme une seconde maison pour moi et je me sens bien dans ce monde, celui de la nuit et de la luxure. Et puis, je me suis quelque peu attachée aux personnes travaillant ici.

Je ne m'étais pas vraiment attendu à cette question mais j'aurais dû m'y attendre, après tout qui partirait aussi longtemps et reviendrait travailler ici alors qu'il pouvait avoir une autre vie. Mais je crois que ma vie était ici, j'ai toujours vécu ici.

Ce travail n'était pas le meilleur au monde mais il me permettait de subvenir à mes besoins et on ne travaillait pas non plus dans une mauvaise ambiance, je connaissais la plupart des personnes ici et travailler avec d'autres me ferait bizarre. Je savais ce qu'on attendait de moi et ça me rassurait aussi en quelque sorte, j'étais bonne à quelque chose si on peut dire ça comme ça. De toute façon je ne savais pas quoi faire d'autre à part ça, je n'avais aucun diplôme ni aucune formation. Peut-être que je cédais à la facilité, sûrement d'ailleurs mais je ne me voyais pas ailleurs. Il fallait en plus que je garde une courte distance avec la mer ou l'océan, au moins ici je savais à quoi m'en tenir.

-Non, mon ancien propriétaire a accepté de me reprendre dans mon ancien appartement. Mais je vous remercie de me le proposer.

J'avais eu de la chance que le proprio soit aussi compréhensif, je lui avais simplement dit que je partais en voyage plusieurs semaines sans vraiment dire où puisque je ne savais pas à l'époque où aller. Mais j'étais décidée à repartir du bon pied et cette fois-ci à mieux me protéger.

Je n'avais jamais pris de studio au PNC parce que j'avais besoin de mon indépendance. Évidemment, si je n'avais pas eu d'autres choix et que mon ancien propriétaire ne m'avais pas reprit, j'aurais demandé à avoir ce que je peux appeler « un logement de fonction ». Mais ce n'est pas le cas et j'en suis bien contente en tout cas. Il me fallait vraiment mon indépendance en tant que femme et en tant que sirène. Déjà, parce que j'avais le besoin d'avoir une pièce à moi, quelque chose de légitime et qui ne me fasse pas penser au travail que je fais tous les soirs. Et puis en tant que sirène, il fallait que je préserve mon secret et par conséquent vivre seule me permettait de sortir à ma guise sans tomber sur quelqu'un qui me verrait me transformer. Je la regarde alors qu'elle me demande les précautions que j'ai pu mettre en place pour éviter un nouvel incident.

-Oui. Ma principale mesure est d'interdire l'élément liquide et peu importe lequel, tout ce qui est à base d'eau, susceptible de me transformer. Évidemment je comptais le faire respecter à la lettre.

Je ne pouvais pas me permettre que cet incident revienne à nouveau, je serais perdue pour de bon cette fois-ci. C'était normal et je comprenais qu'elle voulait savoir les mesures que j'allais prendre pour éviter un nouvel incident. J'y avais réfléchis mais j'espérais qu'elle aussi aurait des mesures à me proposer car malheureusement à part interdire l'eau je ne pouvais pas faire grand chose d'autre.

Cet entretien se passait mieux que ce que j'aurais pu prévoir. J'avoue que j'appréhendais quelque peu sa réaction et sa décision parce qu'après tout je les avais mis dans l'embarras il y a plusieurs semaines de cela. Mais d'un sens ça me rassure, au moins je ne vais pas perdre mes repères et surtout mes collègues de travail. Evidemment, il y a sûrement des petits nouveaux et je ferai leur connaissance. Je suis nouvelle enfin "re-nouvelle" et je pense que ça va probablement me faire du bien de me poser dans un endroit, de retrouver de vieilles connaissances et de tout reprendre comme avant.

-D'accord, je vous remercie. J'imagine que les choses n'ont pas trop changé ici depuis mon départ. Les règles sont-elles toujours les mêmes ?

C'est une simple question mais on ne sait jamais, je préfère m'en assurer pour éviter une nouvelle erreur alors que je viens d'arriver. C'est une mesure d'information simplement et puis comme ça on remet les choses à plat et retour à zéro. Je sens que cet entretien va vite se terminer car je connais les lieux et hormis le fait que les règles auraient pu changer, il n'y a rien d'autre à dire.

Cet entretien qui se passait bien, était une nouvelle chance pour moi. Une chance de recommencer à zéro dans un lieu que je connais déjà et qui me connais. Comme je me doutais les règles n'avaient pas changé et la patronne me le confirme. Je préfère ça parce que c'est toujours chiant d'apprendre de nouvelles règles, surtout que j'avais sûrement gardé les habitudes d'avant mon départ il y a quelques semaines. De toute façon j'avais l'impression de ne savoir faire que ça comme métier parce que je n'ai pas fait autre chose. Mais au moins ici je connais et je connais tout le monde à peu près sauf les petits nouveaux.

-D'accord, je vous remercie.

J'ai survécu à l'entretien, en fait mes entretiens n'avaient été qu'avec elle mais j'étais rassurée. J'allais pouvoir reprendre une vie normale enfin si on peut parler de vie normale pour une créature surnaturelle.

-Bien, je vous apporterai ça. Il n'y aura pas beaucoup de changement par rapport à l'emploi du temps d'avant mon départ.

Je tiens à la rassurer là-dessus parce qu'on ne sait jamais. L'entretien se termine et je me lève.

-Je serai là demain soir, vous pouvez compter sur moi.