Une pause bien méritée [Pv Eliaz]

Je fais signe à mon collègue que je prends une pause. J’ai beau être un vampire enchainé deux boulots dans la même « journée » ça fait beaucoup. Normalement je m’arrange pour que lorsque je travaille à l’hôpital, je ne travaille pas le soir au club, mais là je n’ai pas pu faire autrement et si je ne respire pas quelques minutes je sens que je vais craquer. D’autant plus qu’un client c’est couper le doigt et que le sang m’est rapidement monté à la tête. Je sors donc rapidement du bâtiment, j’attrape mes clopes dans la poche de mon jeans et m’en allume une dans le but de me détendre. C’est une douce addiction que j’ai appris à maitriser pour contrôler mon envie de sang. Seulement je suis surpris par une voix qui s’adresse à moi, quelques minutes plus tard. Je reprends donc mon masque, celui de gentil et souriant Éliaz et lorsque je me retourne je remarque Alexandre. La dernière fois que je l’ai vu… J’étais sous ma forme vampirique.

-Alexandre… Je… Non tu peux… Si tu n’as pas peur !

Lui offrant un sourire je fume encore avant de lever les yeux vers les étoiles.

J’aurais pu prendre le parti de faire comme si de rien n’était, mais à quoi est-ce que cela aurait servi ? Il m’a vu sous mon vrai jour. Ça ne servirait à rien de faire comme si cette journée… Cette soirée plus précisément n’avait pas existé. Je fume donc et tente de simplement garder le sourire. Ce n’est pas parce qu’il m’a vu comme l’un des plus dangereux prédateurs que je dois garder cet air qui pourrait effrayer, non je reste celui que je montre depuis cinquante ans. Il s’installe face à moi. Il est peu vêtu, il doit être en train de travailler. Tirant doucement une latte, ma tête se hoche légèrement.

-Je ne regarde pas vraiment la télé... Si c’est bien d’une série télé dont tu parles.

Disons que je suis encore assez vieux jeu à ce sujet. Je ne comprends pas le but de la télévision. J’imagine que c’est parce que j’ai grandi dans une « autre vie » celle où on apprenait à vivre sans être accro à du virtuel.

-Tu es en pause ?

Fumant tranquillement mon petit poison, qui n’a aucun effet sur moi soit dit en passant parce qu’un cancer ne peut pas réellement m’atteindre et donc encore moins me tuer vu mon statut de vampire, je regarde Alexandre se mettre en place face à moi. Je lui jette quelques regards, regardant quand même, de temps en temps, cette lune qui est l’astre le plus dangereux pour les loups-garous alors que pour nous, les vampires, il est l’astre de la libération. À sa question je secoue doucement la tête avant de garder mon sourire habituel.

-Disons que je suis né a une époque où ça n’existait pas et où on apprenait à s’occuper totalement autrement ! Du coup je ne suis pas né dedans ou quoique se soit... Ça fait de moi quelqu’un de vieux jeu là ?

Je me mets à rire en posant cette question. Est-ce que je donne l’impression d’être un petit vieux qui râle sur la technique ? Dans un sens non, je ne râle pas, je fais juste un fait ! En tant que vampire je me dois d’avoir une capacité d’adaptation hors norme.

-Oui j’ai une petite pause d’avant d’y retourner !

Je peux parler un peu plus librement avec Alexandre, maintenant qu’il m’a vu toute dent pointue sortie en avant… Attaquant des bébés de mon espèce. Attaquant et le protégeant surtout. Il est assis, face à moi, tandis que je continue de fumer et de répondre à ses questions. Ça semble le faire rire, que je ris et je me dis que mon rire, et mon sourire, doit vraiment être communicatif. Je garde donc un sourire tandis que je recrache doucement la fumée qui s’envole avec la légère brise du soir. Je repose finalement mon regard sombre sur le blond face à moi.

-Ah oui ? Et je suis comment d’après ta vision ?

Si je ne lui plus moi alors qu’on ne se connaît pas tant au final je me demande comment est-ce qu’il me voit au fond. Après tout il vient d’apprendre que je suis un vampire et… Il reste ainsi, en tête à tête avec moi, sans sembler avoir peur que je le croque à tout instant. Je sors cependant de mes pensées pour rebondir rapidement sur sa phrase.

-La tienne a été longue ?

Alexandre me complimente, même si je ne comprends pas la fin de sa phrase. Les apparences sont trompeuses. Certes et je suis la plus belle tromperie d’apparence. Je suis loin d’être en réalité le faible serveur d’un club ou le faible homme de ménage... Qui sourit tout le temps et de tout. Non, je suis un grand meurtrier et on dirait que lui ne voit pas ça. Pourtant il m’a vu me battre. Je reprends alors, dans un petit rire.

-Je ne sais pas ! Beaucoup auraient fui… Après tout si j’ai été capable de faire ça a des … Créatures plus fortes qu’une créature comme toi… Imagine ce que je pourrais te faire… À toi.

Je ne suis pas comme ça. Enfin… Je ne suis plus comme ça… Mais je veux savoir réellement ce que le blond pense. Je juge ses réactions aussi. Finalement il regarde le sol après avoir regardé les étoiles, ce geste est presque triste… Il montre là sa résignation au lieu de son élévation. Je reprends cependant.

-Pourquoi tu ne parviens pas à choisir l’un ou l’autre ?

La réponse d’Alexandre me fait garder le silence un petit instant. Je ne sais pas si je dois en être touché ou bien le prendre pour un fou. Peut-être un peu des deux et cette pensée me fait sourire tandis que je le regarde en hochant légèrement la tête face à sa réponse. J’imagine que ça doit tout de même être bizarre pour lui.

-Peut-être que je suis tout simplement… Passionnant ou intriguant pour toi ou que tu ne réalises pas vraiment !

Quant au reste de son entourage je ne peux pas y répondre, je ne le connais pas. Quoi qu’il en soit il semble vraiment ailleurs et soucieux et puis je le sens lasse dans ses paroles. Malheureusement j’ai rapidement la question, même si pour moi la solution me vient comme une évidence.

-Change de boulot alors... ? Quelque chose de moins dégradant pour toi et de moins axé sur la nuit… Quelques choses qui se caleraient entre tes horaires de cours.

Alexandre me surprend. Je ne le pensais pas si… Intuitif… Mais visiblement c’était visiblement le cas. Je me mets à sourire lorsqu’il me dit qu’il est certainement un peu de tout ce que j’ai cité, mais qu’il me dit surtout qu’il savait qu’il y a eu quelque chose de bizarre. Je penche alors la tête, complètement intrigué.

-À propos de moi où en général ?

Car depuis ma naissance on m’a toujours appris à très bien dissimuler mon côté vampire. D’ailleurs à l’époque on me prenait simplement pour un être humain tout ce qu’il y a de plus banal ou pour un petit sorcier comme mes frères et sœurs adoptifs. Lorsqu’il me demande s’il y a bien d’autres créatures ici… Je regarde un instant le ciel puis de nouveau le blond.

-Plus que ce que tu ne l’imagines…

Mais j’espère qu’il ne deviendra pas pour autant paranoïaque ce serait vraiment bête. Enfin prudent, mais … Détruisant aussi. Je me rapproche finalement un peu de lui alors que l’heure défile.

-Toi timide ? Pour faire ton métier il ne faut pas l’être. Je suis sur que tu n’es pas aussi timide que tu le parais, tu pourrais parfaitement être vendeur ou… Postier où je n’en sais rien… Mais tout autre chose qui te rendrait mieux, vu comment ça te rend mal tout ça.

Spoiler:

Alexandre se pose plus de question maintenant qu’il connaît ma condition de vampire… Ma vraie nature et dans le fond c’est normal. C’est une réaction tout ce qu’il y a de plus… Humain. Et il est humain, donc c’est normal. Je le regarde longuement sans répondre, avant de finalement un peu sourire.

-Eh bien… Ce ne serait pas très bon pour ma couverture d’humain d’avoir de supers réflexes ! Tout simplement !

Lorsqu’il me demande finalement s’il y a d’autres créatures ici et que je lui signale qu’il y en a beaucoup plus qu’il ne pense… Il me demande s’il est supposé avoir peur de la nouvelle et je secoue doucement la tête parce qu’il n’a pas l’air d’avoir peur.

-Tu le devrais, sincèrement… Tout le monde n’est pas aussi gentil que moi…

Le regardant dans les yeux, je tente de le convaincre. Bien qu’au fond je doive faire partie des pires monstres qu’il y a dans son entourage, mais moi il y a une différence… C’est que je joue le rôle de quelqu’un de gentil dans cette vie-là. Lorsqu’on parle finalement de son métier, je finis par hausser doucement les épaules.

-Postier peut-être pas, mais il y a plein de métier qui ne te demanderait pas d’effort physique ! Tu ne le veux juste pas ....



HJ : Coucou ça va merci Pas de soucis, ça arrive

Je finis par sourire tout simplement à Alexandre lorsqu’il me dit que je n’ai pas tort et qu’avec lui ma couverture n’aurait pas duré très longtemps ! Ça c’est sur, mais c’est également ça qui est attachant avec lui ! On parle alors de toutes les créatures possibles qui pourraient lui faire du mal et il semble plutôt têtu vis-à-vis de ça. Il marque un point dans ce qu’il dit, certes, mais justement il le dit… Je suis assez âgé, plus que ce que je montre en tout cas. Je me tourne donc totalement vers lui.

-Tu marques un point ! Certes, mais tu viens de le dire, je suis plus vieux que je ne le parais et donc je sais combien les êtres humains sont souvent les jouets préférés des créatures surnaturelles !

Et j’en suis le premier à m’en être amusé… Mais pour le moment je les laisse plutôt tranquilles. Disons que je n’ai pas le choix si je veux moi-même survivre ! Lorsqu’on parle de son métier, je souris finalement.

-J’ai connu différentes vies et j’ai recommencé à chaque fois ! Ce n’est pas parce que ça fait peur que c’est mal, au contraire !

Je le sens bien qu’il a grandement envie de jouer avec les créatures surnaturelles, mais ce serait plus une chose à laquelle ce serait lui le jouet. Malgré lui peut-être, mais ce serait lui. Lorsqu’il me dit que ça ne lui fait pas tant peur que ça, surtout s’il est mon jouet et pas celui d’une femme, je le regarde un moment avant de sourire.

-Je ne joue pas des humains…

Ou en tout cas je ne le dis pas à voix haute. Je suis bien plus intelligent que ça… Sinon je n’aurais pas survécu à l’espèce de chasse lancer après moi lorsque j’ai commencé à laisser des sillons de corps mort derrière moi. Je finis par hocher la tête à ce qu’il dit et regarde l’heure avant de lui jeter un dernier regard.

-Aller ! On doit y retourner…

Lui souriant je lui tiens la porte le temps qu’il passe, puis je passe derrière lui retournant tranquillement au boulot. C’était une pause agréable et au fond j’en ai appris un peu plus sur Alexandre.


(HJ : Je te laisse clôturé ? )