Intrigue #2 Chéri j'ai rétréci la ville ! - Artémis & Eretria

Aujourd'hui, j'ai un nouveau rendez-vous chez le psy. C'est de plus en plus difficile à chaque jour pour moi et pas qu'avec le psy. Depuis mon "altercation" avec Aedan, je ne suis plus aussi libre qu'avant et mon régime alimentaire beaucoup plus stricte est recommencé. Je n'ai plus réellement la confiance des infirmiers et des médecins je pense .. Allongée sur mon lit, je regarde encore une fois les trop peu nombreux carreaux du plafond de ma chambre tout en pensant à cela. Je tourne la tête vers la porte en entendant quelqu'un toquer et j'ai le réflexe de me tourner dos à la porte, mais en reconnaissant la voix d'Eretria je me tourne un peu pour jeter un coup d'oeil par-dessus mon épaule avant de finalement me rasseoir en indienne sur mon lit.

- Eretria ? Je euh .. ça va et toi ?.. Qu'est-ce que tu fais là ? Je .. Je ne m'attendais pas à te voir ..

J'avoue que je me sens beaucoup moins à l'aise pour le coup de l'envoyer bouler. Je me sens surprise et prise au dépourvu. Je la regarde s'avancer vers moi et je me lève du lit comme pour pouvoir l'accueillir, même si c'est surtout pour me dégourdir un peu les jambes et montrer que je suis un peu plus forte et énergique que je le suis vraiment. Elle est l'une des très rares personnes que je considère comme une amie ici alors ça me ferait du bien qu'elle puisse rester un peu.

Je la regarde entrer dans la chambre sans trop comprendre au départ. Vient-elle simplement me rendre visite ? J'aimerais tellement que ça ne soit que ça et pourtant, je sens déjà l'odeur du sang se faufiler jusqu'à mes narines, venir chatouiller mon estomac. Pourtant, je me lève du lit et je la questionne. J'espère qu'elle ne va pas me dire ce que je redoute. Je la regarde, affichant un air comme curieux et malheureusement.. elle ne tarde pas à sortir une poche de sang de derrière son dos. Je ne la quitte pas des yeux, fronçant même les sourcils.

- Je n'en veux pas.

Mon ton est froid, fermé. Mes traits se sont également durcit sous la colère d'être encore une fois forcée à faire ce que je déteste le plus : boire ou être méchante pour l'éviter. Je ne bouge même pas, je reste planté là devant elle, le corps tremblant légèrement. Si seulement je savais ce qui nous attend dans à peine quelques secondes..

La poche semble lui glisser des mains quand quelque chose d'inconcevable se produit et nous fait nous retrouver de la taille d'un insecte minuscule et que moi, je me retrouve prisonnière sous la fameuse poche de sang ! J'ai l'impression que mon corps est complètement écrasé et je hurle de douleur et d'incompréhension face à ce qui se passe.

J'aimerais que ce soit facile, que j'ai cette envie de boire et d'aimer ça et pourtant, je ne peux pas le faire, une sorte de blocage mentale en quelque sorte. Surtout que la dernière fois que j'ai bu réellement, j'ai bien cru que j'allais devenir folle d'ivresse. Et bien que c'était une sensation magique et enivrante, je n'avais pas envie de le revenir si ça signifiait de devenir accro à ce succulent nectar.

De toute façon, la "conversation" s'arrête rapidement et je me retrouve comme bloqué sous quelque chose après avoir ressenti une étrange sensation me parcourir tout le corps ! Drôle de phénomène, impossible à expliquer et qui pourtant m'arrache un cri de douleur vu le poids de ce qui est la poche de sang sur moi. J'entends Eretria bouger derrière moi et je tente de me défaire de ce poids lourd sur moi, mais je suis trop épuisée et affamée pour arriver à vraiment faire quelque chose.

- Je n'en sais rien, mais aide moi ! S'il te plait Eretria, ça m'écrase !

Je tente de me tortiller en vain, ma voix devenant un peu plus petite alors que je sens des larmes rouges venir perler dans mes yeux sous la panique. Est-ce qu'un vampire peut paniquer ? Aucune idée, mais moi je panique !

Je m'en moque, je révoque tout en bloc, je balaie tout d'un revers. Je ne veux pas assumer ce qu'il se passe au fond de moi, qu'au fond, j'ai une envie difficilement répressible de boire du sang, n'importe quel sang. Mais je ne veux pas .. Non, hors de question ! Je ne sais pas si c'est un mal ou un bien, mais la discussion à propos du sang est rapidement coupée puisque quelque chose se produit et je me retrouve littéralement coincée sous le poids du sang ! Je hurle un appel à l'aide à l'intention d'Eretria tout en tentant de bouger, de me libérer moi-même de ce fardeau extrêmement lourd.

- Fais vite, c'est tellement lourd ... J'ai du mal à ... respirer..

Déjà qu'en plus je suis affaiblie par la faim, le poids du sang et mon envie de tout le boire me tenaille l'estomac. Je tente de griffer à mon tour la poche par là où mes mains y accèdent, mais je me retrouve bien vite à court d'énergie.. Comment est-ce qu'on va faire ? Est-ce que je peux réellement mourir écraser de la sorte ?

Je ne peux pas mourir. Je ne peux pas mourir, parce que je suis déjà morte. Pourtant, j'ai tellement mal que j'ai bien l'impression que je pourrais mourir une nouvelle fois. J'appelle à l'aide à Eretria tout en tentant moi aussi de pousser avec force sur le sac pour le faire bouger, mais vu ma faiblesse et aussi ma posture, ça ne change pas vraiment grand chose. Je vois Eretria s'agiter à mes côtés, tenter elle aussi de pousser le sac en vain. Elle sort finalement quelque chose de sa poche et je ne réalise qu'à la toute dernière seconde que c'est un scalpel qu'elle s'apprête à ...

- Non, Eretria qu'est-ce que tu ...

Mais trop tard, elle le plante dans la poche de sang. Je ne sais pas comment elle fait son trou exactement, mais c'est visiblement suffisant pour que pas mal de sang n'en sorte et fasse diminuer le poids qui m'écrase. Mais deux mauvaises choses se produisent aussi : Eretria est emporté au loin par la rivière de sang et moi, je me retrouve couché dedans, à tenter de ne pas le boire, de ne pas le sentir.

- Non, non, non !!

Je regarde vers Eretria alors que j'ai le corps entier déjà recouvert de sang et elle aussi de ce que je vois. J'espère qu'elle ne sera pas entraîner trop loin.

- Eretria, ça .. ça va ?!

Je parviens à faire bouger un peu le sac, le corps complètement tremblant d'être aussi imprégner de l'odeur du sang tout autour de moi. Je parviens finalement à me sortir de sous le sac, finalement à quatre patte dans le sang, le souffle haletant, regardant mon reflet dans la marée rouge sous moi, mais tentant surtout de retenir mon envie d'y enfouir mon visage pour boire à grande gorgée.

J'ai l'impression d'entendre mon coeur battre dans mes tempes et résonner dans tout mon corps, mais c'est impossible puisqu'il ne bat plus réellement. Je sens mon corps qui tremble complètement alors que je me redresse, tenter difficilement de le faire en tout cas en pataugeant un peu dans le sang avant de finalement réussir à me relever complètement. J'appelle Eretria, je lui demande si ça va, mais je mets quelques secondes avant de poser finalement mon regard sur elle. Elle est allongée et je peux voir qu'elle ne bouge pas, que ses yeux sont fermés.

- Eretria !!

Je panique un peu et malgré que je sentes que mon corps a de plus en plus de mal à se contrôler, je cours vers elle, me laissant tomber à ses côtés. Je pose mes mains sur elle pour la secouer un peu. Bon sang, contrôles-toi Artemis ! Ressaisis-toi !

- Eretria, tu m'entends? Réveilles-toi s'il te plait !

Je grimace, ayant vraiment du mal à contrôler mon envie de lui sauter au cou pour avoir du sang encore plus frais à me mettre sous la dent, complètement contrôlée par l'odeur puissante du sang tout autour de nous et dans lequel on nage. Je pose pourtant mes mains sur son abdomen pour tenter de lui faire une sorte de massage cardiaque quand je réalises qu'elle s'est peut-être noyée dans le sang ..

- Pitié Eretria...

Eretria est devenue ma priorité au moment où j'ai réussi à reposer mon regard sur elle, à la trouver à travers tout ce sang qui me donne du mal à me concentrer. Mais elle mérite tous les efforts possibles. Elle ne voulait que m'aider et à cause de moi, elle s'est peut-être noyée ! Je ne comprends pas ce qu'il s'est passé, mais il n'est pas temps de comprendre, il est temps d'agir ! Alors c'est ce que je fais en posant mes mains au niveau de son coeur pour faire une pression puis relâcher, puis une nouvelle pression, un nouveau relâchement. Je fais le massage cardiaque avec le plus de vigueur que je le peux et je vois enfin une sorte de bonne chose au fait d'avoir bu du sang : j'ai de l'énergie. Je me sens en forme et malgré les larmes que je sens couler contre mes joues de peur de ne pas la sauver, je continue. Je me penche finalement vers elle pour lui pincer le nez et souffler de l'air dans sa bouche, puis je reprends mon massage cardiaque.

- Que quelqu'un vienne nous aider ! S'il vous plaît ! Eretria, tiens bon !

Je hurle les deux premières phrases et adresse la dernière moins fortement à mon amie, mais avec une force tout de même. Si elle peut m'entendre, si elle peut s'accrocher ...

Je ne sais pas pendant combien de temps je m'attelle à lui faire ce massage cardiaque, mais une chose est sure, je ne baisses pas les bras. Je fais le plus de pression possible, peu importe si je dois lui faire mal pour la ramener ! Je sens les larmes rouler contre mes joues, mais je ne sanglote pas, je garde toute mon énergie pour qu'Eretria reprend contact avec la réalité et la vie ! Heureusement pour moi, elle finit par remonter à la surface et en la voyant s'étouffer, je la tourne un peu sur le côté pour qu'elle puisse recracher tout le sang qu'elle a dans la bouche et les poumons sans s'étouffer encore plus et se noyer de nouveau. Je vois ses paupières qui bougent et ses yeux qu'elle parvient à ouvrir un peu. Je souris soulagé, mais encore en panique. Je caresse son dos pour tenter de l'aider à retrouver plus facilement son souffle.

- Oh mon dieu Eretria, je suis tellement soulagé que tu réagisses ... ça va ? Tu m'entends ?

Je ne suis jamais venu en aide à quelqu'un qui s'est noyé, je ne sais pas quoi faire de plus, je ne sais pas comment réagir ou l'aider alors je fais simplement ce qui me passe par la tête et qui me semble logique !

Je ne comptais pas m’arrêter avant de l’avoir ramener. Je n’allais pas la laisser tomber alors qu’elle tente de toute faire pour m’aider! Je me sens donc tellement soulagé quand elle sort finalement de cette noyade, même si ça se fait du coup dans une quinte de toux et de vomis de sang … Je tente de lui frotter un peu le dos pour la soulager, comme une mère peut le faire pour son enfant malade, et elle finit par se redresser pour se mettre un peu contre moi et je passe alors mes bras autour d’elle pour la serrer fortement, encore un peu tremblante en raison de toute l’adrénaline qui m’a traversée et du sang qui nous entoure.

- Ça va aller, tu as vécu quelque chose de très difficile, il faut que ton corps s’en remette… Ne parle pas trop …

Elle me demande ce qu’il s’est passé et je me mords la lèvre, me sentant un peu responsable au fond, de ce qu’il vient de se passer. Si je n’avais pas chercher à l’éloigner de moi avec sa poche de sang, je ne me serais certainement pas retrouvé prise dessous et tout le reste ne serait pas arrivé!

- Quand tu as percé le sac, tout le sang s’est mis à sortir d’un coup et … ça t’a emporté et tu t’es presque noyé … J’avais peur de ne pas réussir à te ramener … Je suis désolé, c’est de ma faute, si j’avais bu la poche tout de suite, tu ne serais pas passer par là … Je suis tellement heureuse que tu ailles bien!

Et je la serre alors encore plus fort dans mes bras, mais je me retiens pour ne pas le faire trop vu son état. Pour moi, elle est plus qu’une simple médecin ou interne ou peu importe … Elle est avant tout une personne que je considère déjà comme une amie.

Je me sens extrêmement soulagée de voir qu'Eretria va bien. Si le contraire c'était produit, je ne me le serais jamais pardonnée. Le soulagement est en quelque sorte de courte durée puisque rapidement c'est tout autre chose qui nous occupe l'esprit : un nouveau flash. Je ferme les yeux sur le coup puis je réalise que nous sommes redevenues grandes ! Je me laisse tomber un peu en arrière pour m'asseoir et je regarde Eretria sans trop comprendre ce qu'il vient de se passer.

- Tu .. Je..

Mais qu'est-ce qu'il vient de se passer ? Un mal de crâne intense commence à me marteler la tête et c'est tout sauf agréable, très loin de là même. C'est comme si j'avais fais la fête trop fort, même si c'est impossible.

- J'ai mal au crâne, j'ai l'impression d'avoir la tête dans un nuage ... Je ne sais même plus ce qu'il vient de se passer, mais je me sens épuisée... je crois que je vais dormir un peu ...

Nous semblons toutes les deux un peu perdues, mais Eretria quitte la pièce après quelques instants et je pense que toutes les deux nous allons tenter de retrouver les pièces du puzzle qui vient de se passer.