Tombé à la renverse [Pv Magnus]

Replaçant une lampe au bon endroit, je me recule et fait le tour de moi-même pour vérifier que tout est à sa place. Certes les clients déplacent rarement un objet des mètres plus loin, c’est un magasin d’antiquités, pas un supermarché, mais je m’assure pourtant chaque soir que tout est à sa place. En général ça m’occupe pendant la dernière heure ou demi-heure avant la fermeture, quand il y avait peu de chances qu’un client ne vienne. Maniaque ? Pas vraiment, suffit de voir l’état de mon dressing où la moitié de mes vêtements ne sont pas rangés. Mais dans la boutique c’est différent, sans compter que réussir à mettre au même endroit de manière harmonieuse une lampe lava des années 80, une chaise datant de l’époque viking et une petite table de la renaissance ce n’est pas évident, alors je préfère garder intact mon dur travail. Tout à ma tâche, je n’entends pas le carillon, que j’ai délibérément choisi avec un son léger. Je déteste entrer dans un endroit et entendre une sonnerie assourdissante comme si j’avais déclenché le système d’anti-vol, aussi l’une des premières choses que j’ai faites en reprenant le magasin c’est de changer ça.
Alors que je m’apprête à glisser dans une partie de la boutique, je sens une masse me percuter, et pris par surprise je n’ai pas le temps de rattrapant à quoi que ce soit. Je tombe lourdement, quelque chose – non quelqu’un – tombant avec moi – et sur moi. Je grimace en sentant à l’arrière de ma tête, alors que mon crâne entre durement en contact avec le sol. La personne au-dessus moi se redresse et nos regards se croisent, le sien d’un joli bleu dont j’ai du mal à me détacher. Le jeune homme – enfin il a l’air plus un peu plus jeune que moi, mais peut-être est-ce dû au fait qu’il rougisse – s’écarte de moi sans se relever. Je me mets sur mon séant, me frottant l’arrière du crâne pour calmer les élancements que je ressens, tout en souriant au blond. Il s’excuse en rougissant un peu plus et bégaie en me demandant s’il m’a fait mal. « Mais non il n’y a pas de mal, ne vous inquiétez pas. » Ma tête n’est peut-être pas d’accord, mais peu importe, il a déjà l’air de se sentir suffisamment à l’aise comme ça, et ce n’est pas mon genre de l’enfoncer encore plus. Je me relève lestement, toujours souriant, et lui tends la main pour l’aider à se mettre debout également. « J’ai été ravi de pouvoir amortir votre chute, d’autant que c’est en partie de ma faute, j’aurais dû vous entendre rentrer. » Je lui fais un clin d’œil taquin avant d’ajouter : « Est-ce que je peux vous aider d’une autre façon ? ».