La curiosité est un vilain défaut [Hailee Duncan]

Ca y est, le temps redevenait long à l’hôpital. Les premières semaines s’étaient déjà écoulées, et le temps se comptait maintenant en mois. Et cela pour mon plus grand regret. Le temps devenait de plus en plus long, et je craignais que mon passage s’éternise plus que ce que je ne l’aurais espéré. C’est après de longues heures seules dans ma chambre, ou à me balader dans l’hôpital, que mes anciennes « recherches » avaient refait surface. Cette fameuse partie de l’hôpital fermé à certains types de public. Dont mon type. J’avais beau essayer de comprendre ce qui me différenciait de ceux qui y entraient, je ne comprenais toujours pas.

D’autres femmes entraient. D’autres brunes entraient. Grandes, petites, minces, pulpeuses, patientes, visiteurs, médecins, patients, sains d’esprits.. Oui, parce que j’avais longtemps pensé qu’il s’agissait d’une aile psychiatrique avec danger, ce qui expliquait l’interdiction formelle d’entrer là bas. Rien de dangereux, non ? Sinon les visiteurs ne seraient pas admis. Mais alors, qu’est-ce que pouvait bien renfermer cette aile ? Ma curiosité s’attisait à chaque passage, ce qui devenait désespérément pesant.

Après le repas, j’étais passée non loin des couloirs relayant la partie public de l’hôpital avec cette partie.. Etrange. J’avais l’impression que personne ne guettait cette porte pour une fois. Et en plus de cela, l’interphone pour tenter d’entrer semblait... Ne pas avoir de caméra. Une occasion parfaite pour tenter de s’infiltrer. Peut-être était-ce simplement suicidaire de ma part, mais pourtant, je ne pouvais m’empêcher de vouloir découvrir ces mystère. Rester dans l’ignorance était parfois plus dangereux.

Alors que je m’approchais, une voix masculine s’éleva dans mon dos, me faisant sursauter. Je me retournais vivement pour découvrir un médecin.. Ou tout du moins une personne en blouse blanche, qui me regardait d’un air intrigué. Eh merde... Pourquoi il fallait toujours que je me fasse attraper avant même de faire quoi que ce soit.

- Euh.. Je.. Je...

Bégayais-je en regardant l’homme, à la recherche d’une excuse qui ne venait pas. J’enfonçais une main dans la poche de ma blouse pour sentir deux morceau de corde que j’avais récupérer par terre dans l’optique de les jeter plus tard. Combiné à la paire de surchaussure que je gardais toujours, au cas où on me demande d’en enfiler dans certaines zones, je sortais mon maigre butin, en tentant de me raccrocher aux branches.

- En fait j’ai.. J’ai une amie dans cette aile de l’hôpital. Je l’ai rencontré dans un... Parc d’attraction l’été dernier et elle cherchait des...

Des cordes, des surchaussures.. Rien qu’elle n’ait pas à disposition...

- De quoi faire des sandales pour aller à la mer. Regardez.

Très bien Hailee, tu remportes la palme de la pire excuse et de la pire idée jamais inventé. Je fis trois petits trois dans les surchaussures pour y passer la corde, comme pour des sandales.

- Elle voulait en acheter, et j’ai proposé de lui en faire... Parce qu'elle préfère quelque chose d'hermétique mais aérer pour éviter d'avoir du sable plein les pieds.. Elle m’a dit qu’elle me les achèterait avec plaisir. Je crois...

Plus les mots sortaient de ma bouche, plus je m’enfonçais dans un mensonge ridicule et particulièrement peu crédible. Néanmoins, comme à chaque fois que je perdais mes moyens, je n’avais aucune solution pour me reprendre et reprendre mes esprits. Mon esprit paniquait, et je continuais de creuser ma tombe avec cette pelle à mensonge. Sachant, qu’en plus de cela, je ne savais absolument pas mentir et je n’en avais pas l’habitude, le résultat était encore plus particulier et ridicule. Pourtant, l’infirmier entra dans mon jeu. Sans comprendre pourquoi il faisait ça, je marquais un temps d’arrêt à le regarder. Pourtant, sérieusement, il attendait le nom de cette fameuse amie. Ne réussissant pas à me tirer de cette mauvaise passe, je m’enfonçais une nouvelle fois dans ce mensonge sans fin.

- Sa... Sa... Tan ? Enfin, non ! Satine pardon ! Elle s’appelle Satine et elle est à la chambre... Sept cent soixante dix sept... ?

Très bien, je m’étais enfoncée dans un nouveau mensonge encore moins crédible que le premier. Lâchant un soupire blasé de ma réflexion médiocre, je secouais la tête en tentant de lutter contre l’envie de partir en courant. Avant qu’il ne puisse reprendre je pris la parole avec un air piteux.

- Satan... Et à la chambre six cent soixante six tant que j’y suis... Je crois que niveau improvisation, je dois être la pire que vous ayez rencontré... Bientôt, je vais vous dire que je suis en réalité un satyre, que je cache mes sabots sous ma robe et que mon meilleur ami est un wendigo...

Les yeux fuyants, je soufflais une nouvelle fois, j’étais vraiment ridicule. Il allait réellement falloir que je me mette à apprendre l’improvisation, si tenté que cela puisse s’apprendre. Ou alors, je concourrais pour incroyable talent, dans la pire improvisation du monde. Prenant mon courage à deux mains, et tentant de ne pas avoir l’air trop piteuse, je relevais les yeux vers lui.

- Désolé pour le contre temps et de vous avoir fait perdre votre temps.

De mon côté oui, à voir si @Hailee Duncan aussi