Quand la poisse vous colle au cul ! [HiiroxAlex]

Les journées se suivent et pourtant, rien ne se ressemble. Quoi que cela dépende des jours, mais en général, dans cet hôpital, les journées sont mouvementées et je ne vois pas le temps passé, sauf dans certains cas. Aujourd'hui est une de ses journées où je ne vois pas le temps passé. J'ai fais deux chirurgies, mineures mais tout de même, et j'ai également fais quelques heures de remplacement à la mine. J'accumule les heures autant pour acquérir de l'expérience supplémentaire que pour repousser constamment le moment de rentrer chez moi. Je ne veux pas y retourner, en tout cas, le moins souvent possible. Je ne suis pas quelqu'un qui n'apprécie pas la solitude, au contraire, je la trouve souvent beaucoup plus agréable que la compagnie d'imbéciles, mais j'ai seulement eu toute ma vie des présences à la maison donc de rentrer dans un appartement vide et pratiquement impersonnel, il n'y a rien de positif pour moi là-dedans.

Je lis rapidement un dossier, planté devant la porte de la chambre du patient. J'aurais dû le faire avant d'arriver là, mais comme je l'expliquais plus tôt, je suis pressé de tous les côtés aujourd'hui. Une fois cette brève lecture du dossier faite, je toque à la porte rapidement avant d'entrer dans la chambre de l'homme. Homme que je m'attends à voir allonger dans son lit à souffrir le martyr et que je vois plutôt en train de ... Où est-il ? Je le cherche rapidement des yeux et laisse finalement mes oreilles me guider. La petite salle de bain sur ma gauche.

« Monsieur ... Daiki ? »

Je jetais un coup d'oeil sur le dossier que j'avais à la main pour être certain de ne pas me tromper de nom en l'interpellant, lorsque j'arrive au niveau de la porte ouverte, presque soulagé de constater qu'il n'est pas occupé sur la toilette en tant que tel. Je ne sais même pas comment il peut être debout, vu l'état dans lequel ses blessures auraient dû le garder. Surtout qu'il est noté dans son dossier qu'il guérit très lentement et qu'il enchaîne les infections. Rien de très positif alors je ne comprends pas comment il peut réussir à tenir debout. Lorsque je remarques que j'ai son attention, mes sourcils se sont un peu froncés, par par colère juste par une sorte d'inquiétude.

« Je suis le docteur Karev, je viens voir comment vous allez. Vous ne devriez pas trop vu déplacé seul de la sorte vu votre état. »

Je ne me gêne pas pour le sermonner, car après tout, les infirmières sont là pour l'aider et je n'ai pas envie qu'il fasse un choc septique ou un arrêt cardiaque, car il aurait trop forcer sans que son corps n'y soit prêt.

Avec les années j'avais acquis une certaine expérience et un meilleur sens de l'organisation. Je n'étais plus cet interne condescendant et qui n'avait de respect pour personne d'autres que pour lui-même. Je n'en avais pas pour tout le monde, mais c'était tout de même mieux qu'avant. En tout cas, niveau organisation d'habitude je n'attendais pas à la dernière minute de la sorte pour me tenir au courant des dossiers des patients que je devais rencontrer. Mais aujourd'hui, ce n'était pas tout à fait pareil. Je faisais présentement le boulot d'un interne puisqu'il en manque certains. Trop fatigués, trop bourrés ou que sais-je, n'empêche qu'ils ne sont pas là et que je dois faire leur boulot. De toute façon, après les heures mouvementées que j'ai eu à la mine et en chirurgie, ça me fait une sorte de pause appréciée. Je pousse la porte pour aller voir le patient et comme je ne le vois pas sur son lit, mes sourcils se froncent légèrement avant que je ne l'appelle. J'entends sa réponse, mais je ne trouve pas ça particulièrement rassurant. Combien de fois s'est-il levé sans aide alors que son corps n'est pas prêt pour ça ? Si ce n'est pas la première fois, ça pourrait peut-être expliquer pourquoi il enchaîne les infections de la sorte, puisque son corps ne peut pas se reposer et combattre l'infection correctement. Je le regarde sortir de la salle de bain et je me présente, sans attendre plus longtemps. Je ne me gêne pas non plus pour le sermonner légèrement et sa réponse me fait hausser un sourcil. Je n'ai pas envie de rentrer chez moi, mais la fatigue commence à se faire sentir et déjà que de base je n'aime pas trop ce genre de remarque, celle-ci ne fait pas exception.

« Je comprends parfaitement, malheureusement, nous sommes dans un hôpital et les risques d'allergènes sont grands avec de la décorations superflues. Mais vous pouvez demander à votre entourage de vous amenez certaines choses si vous le souhaitez et après l'avoir demandé à votre médecin. »

Je reste le plus poli possible, même si franchement, je ne sais pas trop comment je fais. Il ne suit même pas les instructions de son médecin traitant, alors ça donne encore moins envie d'aller dans son sens et ça m'étonnerait qu'il lui demande la permission pour faire quelque chose de toute façon.Mais vu ses infections, il ferait mieux de faire attention. Je jette ensuite un nouvel oeil dans son dossier.

« Pour ce qui est de la morphine, vous pouvez en reprendre aux 4 heures si la douleur se fait ressentir à nouveau trop fortement. Il suffira de demander aux infirmières. Elles sont également là pour vous aider si vous devez vous déplacer, votre coeur a été fragilisé par les multiples infections, il ne faut pas trop le forcer. »

Je le regarde s'asseoir sur son lit et je garde son dossier dans une de mes mains, rangeant mon autre main dans la poche de mon sarrau.

« Je ne suis malheureusement pas votre médecin traitant, donc je ne suis pas au courant de l'évolution de votre dossier. Je venais simplement vérifier l'état de votre blessure, si vous le permettez. »

Je m'impressionne moi-même devant tant de politesse. J'ai l'habitude de parler avec des enfants, donc le vous, je ne l'emploie pas tellement souvent, ça me dérange plus qu'autre chose, j'ai l'impression que ça met une barrière entre le patient et moi, mais dans ce cas-ci, ça ne me pose pas tellement de problème.

Je n'aimais pas du tout sa façon de s'adresser à moi. Il était peut-être poli et honnête, mais il ne semblait pas comprendre que je ne suis pas un travailleur social et que ces problèmes avec son chat ne me regardent absolument pas. Je suis peut-être compréhensif, mais je ne vais pas me couper en quatre pour répondre à chacune de ses demandes. Je hoche pourtant la tête parce que je sais bien que ce n'est pas quelque chose que je peux me permettre de lui dire de façon directe.

« Je comprends que vous n'êtes pas à votre aise ici. Nous allons mettre un téléphone à votre disposition pour que vous puissiez faire les appels dont vous avez besoin. »

Normalement, les téléphones sont toujours en service dans les chambres, mais comme je peux le voir, il n'en a pas ici et je n'aurais qu'à laisser une requête aux bureaux des secrétaires et le problème sera réglé en un tour de main.

« Pour ce qui est de sortir malheureusement, je ne peux rien vous promettre, mais j'en parlerais avec le médecin en charge de votre dossier.   »

Je ne pouvais rien lui promettre du tout sur quoi que ce soit en réalité. Ça aurait été de manque de professionalisme certain. Par contre, il continue à tout faire pour me contredire semble-t-il puisqu'il insiste sur le fait qu'il n'est pas infirme. Je ne peux empêcher un petit soupire d'agacement de franchir mes lèvres.

« Votre blessure est grave et infectée. Ce n'est pas une question d'infirmité, mais de plaie qui ne guérit pas. Il faut que vous donniez le temps à votre corps de refermer cette blessure et le fait de faire circuler votre sang encore plus ne fait que risquer d'étendre l'infection et qu'elle atteigne votre coeur. Je ne crois pas que cela soit ce que vous désiriez. On ne connait pas les risques de ce que vous avez, alors c'est pour cela qu'on vous demande de faire attention. »

De toute façon, personne ne semblait savoir de quoi il souffrait. Lui faire un peu plus peur que la vérité que nous ne connaissons pas de toute façon n'est pas un risque. J'étais moi-même un brin macho et n'aimait pas qu'on me dise quoi faire, mais quand c'était moi le médecin, je détestais encore plus qu'on cherche à me contredire sans aucune connaissance médicale. Donc, je le comprenais, mais en même temps, il devait comprendre que les procédures étaient faites pour le protéger et que sa santé s'améliore.

« J'irais me renseigner auprès d'elle plus tard alors et je lui indiquerais de venir vous voir. »

Je lui indique finalement que je suis là pour venir l'ausculter et il m'autorise à le faire. Il s'allonge sur le lit et se préparer pour l'auscultation alors que je retourne vers l'entrée de sa chambre pour attraper une paire de gant. Je me penche finalement un peu au-dessus de lui et je viens doucement observer sa plaie, touchant délicatement autour, mais sans mettre trop de pression évidemment, car mon objectif n’est pas de lui faire mal, mais bien de noter l’évolution de sa plaie. Il me pose des questions et je garde mon regard rivé sur sa plaie pendant un instant sans lui répondre. Qu’est-ce que je peux répondre réellement de toute façon? Nous sommes du côté humain de l’hôpital et je ne peux pas savoir s’il le sait réellement.  Je me redresse finalement en retirant mes gants.

« L’état de la plaie semble être stable, malgré l’infection qui est toujours bien visible par l’inflammation. J’aimerais néanmoins tester quelque chose, si vous me le permettez. Un onguent qui pourrait peut-être vous soulager et que je ne pense pas que le docteur Wong y ait pensé. »

C’est un onguent médicamenté que j’avais utilisé avec un autre patient blessé par une créature surnaturelle et il en restait un pot alors qui sait, peut-être cela pourrait-il fonctionner. J’attends donc sa réponse avant d’aller dans la réserve pour pouvoir aller chercher le fameux pot que je mets un moment à retrouver.

Je ne suis pas franchement fan de cette partie de mon travail quand les patients commencent à me demander des choses qui ne sont pas de mon ressort. Franchement, je suis chirurgien, pas femme de chambre. Je ne suis pas non plus infirmière et même elles, ça ne dépend pas que d'elles ce genre de chose. J'ai l'impression que ce monsieur Daiki n'est pas le genre de personne à être un patient bas de gamme. Si il s'est déjà fait hospitalisé, il avait sans doute tout l'hôpital à son service ou tout le nécessaire pour vivre une vie de luxe même en étant loin de sa maison. En tout cas, il me donne cette impression-là, à me parler comme si j'étais un incompétent et un imbécile.

Je mets assez rapidement fin à la partie vraiment parlé de l'entretien, parce que j'ai l'impression qu'il n'a que du négatif à dire sur cet hôpital et pas forcément des choses constructives. Concernant sa blessure, je réponds simplement :

« On ne peut pas vous donner beaucoup d'informations sur une blessure que nous n'avons pas tous déjà vu, mais nous trouverons une solution et nous vous en tiendrons informés. »

Ce n'est peut-être pas rassurant, mais au moins c'est la vérité et il dit vouloir de l'information alors au moins, là il saura pourquoi on ne peut pas toujours lui en donner. Je lui propose finalement une solution qui est un onguent que j'ai moi-même déjà testé. Je vais la chercher dans la réserve puis je reviens et après en avoir appliqué sur sa blessure, je reste quelques minutes de plus, juste pour voir la réaction de sa plaie et comme il ne semble pas se tordre de douleur ou être en train de mourir plus, je lui souhaite une bonne fin de journée en lui disant encore une fois, que j'enverrais le docteur Wong venir le voir.

FIN