Premiere rencontre | Eliaz

Aujourd’hui ma « journée » commence… Maintenant. De toute façon avec l’été qui revient, je préfère travailler le soir, au club, il fait meilleure. J’ai beau être un vampire né, la chaleur reste quelques choses de vraiment compliquée pour notre race ! Enfin… J’espère surtout qu’il ne va pas y avoir la même canicule qu’il y a eu l'année passée, j’ai bien cru que nous allions perdre plus de la moitié de l'hôpital… Pas que j’ai une grande attache avec la moitié de l’hôpital, mais au moins quelques personnes qui sont très importantes pour moi. Enfin tout ça pour dire que ce soir c’est club ! Je suis actuellement derrière le bar puisque ça vient d’ouvrir et qu’il n’y a personne à servir. Je regarde le barman préparer quelques boissons, je l’aide de temps à autre parfois. Là, il n’en a pas besoin pour le moment, il n’y a que peu de clients. Un nouveau entre d’ailleurs et m’interpelle. Je m’approche alors de l’homme en souriant.

-Bonsoir, oui peut-être, vous recherchez qui ?

C’est courant que ce genre de question est posé. Généralement ils recherchent des prostitués… Ou des call-girls, voire même des strip-teaseuses pour un show privé. Mais dans ce cas-là je vois si je peux ou pas filer le prénom.

Je regarde l’homme face à moi et je me demande bien ce qu’il veut. Il a quelque chose dans le regard qui me perturbe, mais je ne serais pas réellement dit quoi. Ce que c’est exactement, mais c’est comme si j’avais déjà vu son regard quelque part. Après… Je ne cherche pas plus loin. Étant un vampire forcement que j’en ai vu des regards et nous avons tous 7 sosies dans le monde alors à un moment donné… Peut-être que je l’ai déjà croisé quelque part « sous une autre forme ». Je repose les verres sur le bar tandis que j’attends la réponse de l’homme et en l’entendant parler… Je fronce les sourcils dans un premier temps. Puis l’information monte à mon cerveau et là… Ça résonne. « mon fils... Eliaz ». Depuis le temps que je vis ici… Je ne connais qu’un Éliaz, c’est moi. C’est un prénom assez rare et assez vieux, il ne peut pas l’inventer. Mais c’est impossible que ce soit mon père, il paraît si jeune et puis… Il a disparu tout ce temps ? Comment aurait-il fait pour me retrouver ? Et puis ma « famille » adoptif m’a bien dit qu’ils étaient tous morts… Comme je suis un vampire né… J’ai un coeur qui bat. Et celui-ci s’accélère tandis que je me sens vraiment mal… Et soudainement… Je vomis. Je vomis sur lui, parce que tout tourne et que le sang que j’ai pu ingurgiter, qui n’était pas de la meilleure qualité, ressort. Je plaque directe ma main sur ma bouche, je le regarde avec de grands yeux choqués et disparais immédiatement de la pièce pour aller me réfugier dans les vestiaires, pas bien du tout.

Je ne comprends pas vraiment ce qu’il m’arrive. Je crois que c’est la première fois que ça m’arrive. Je n’ai jamais vomi jusqu’ici et cette sensation est vraiment très désagréable… Et je suis un vampire donc je pense connaître pas mal de sensation. Ça tord le ventre et ça brûle la gorge. En soi vraiment rien de plaisant. Je ne perds pas de temps pour m’enfuir aussitôt ailleurs. Je ne suis pas du genre à fuir, sauf lorsque je suis obligé comme pour l’histoire après l’assassinat de mon propre fils. Mais sinon je ne suis fui pas. Je m’enferme donc dans les vestiaires et pars directement au petit lavabo dans un coin pour me rincer la bouche. Finalement je m’installe sur un banc, le dos un peu courbé… C’est alors que j’entends des pas. Quelques minutes après l’homme sont de nouveau à côté de moi, une main sur mon épaule. Je relève lentement et doucement la tête pour le regarder.

-Excusez-moi je suis malade…

Je lui offre un petit sourire, sans dire que je suis Eliaz. Parce que je n’ai pas de père. C’est impossible.

Alors que l’homme, qui prétend être mon père, me suit jusqu’au vestiaire, il se met soudainement à me tutoyer alors que … Rien n’a changé entre nous hormis le fait que j’ai vomi. Si cet homme prétend réellement être mon père… Alors c’est un vampire. Est-ce une vieille coutume ? Je te vomis dessus alors on peut se dire « tu » ? Cependant je ne dis rien et continue en « vous » mettant ainsi une distance assez clair entre lui et moi. D’ailleurs je n’avoue toujours pas être ce « Eliaz ». Il doit se tromper, c’est impossible autrement.

-Mais votre costume… Je vous paierais le teinturier si vous le voulez…

C’est alors qu’il parle soudainement de vampire, comme s’il savait que j’en étais un. C’est quoi ce bordel putain ?! Je me sens alors tendu et je pense qu’il le sent puisqu’il a toujours une main sur mon épaule. Je fronce légèrement les sourcils, mais reprends rapidement un air complètement innocent.

-Vampire ? De quoi est-ce vous parlez ?

Malgré la distance que j’impose entre lui et moi et le fait que je tente de changer de conversation il ne semble pas perdre de vu son objectif. En même temps tu me diras… S’il est vraiment mon père, peut-être que je tiens le fait d’être aussi têtu de lui... Non, mais qu’est-ce que je raconte ! Ça ne peut pas être mon père ! C’est impossible ! Enfin je veux dire… Je n’ai pas de famille, ce n'est pas plus compliqué que ça. Je n’ai aucune famille ! Je les aie tous tués et eux avant ça a tué la mienne… Le regardant sans savoir quoi répondre lorsqu’il me parle de majordome, hormis le fait de pensée qu’il soit très riche, je plisse simplement les yeux légèrement lorsqu’il me parle d’un elfe... Et que je ne suis pas facile à pister... Finalement je me redresse, camper sur mes jambes.

-Qui me dit que vous ne me voulez aucun mal ?

Je le fixe longuement en cherchant une réponse à mes questions et tout ce que j’y lis c’est… Une douceur ? Vraiment ? Restant cependant méfiant, je reste sur mes gardes. Je le fixe et soudainement il sort un prénom « Amélia »… Ma mère… Enfin… Celle qui m’a mis au monde avant d’être, très certainement, sauvagement assassiné. Je le regarde un long moment alors que je tente d’assimiler cette nouvelle information. Si depuis toutes ces années, toutes ces décennies je ne connaissais rien, absolument rien de mes origines, je venais en quelques minutes d’apprendre deux prénoms : Roman et Amélia. Mes parents… Enfin, à mes yeux mes géniteurs pour le moment. Je reste silencieux et je pense qu’il comprend que tout ça, ça fait beaucoup à assimiler puisqu’il me dit qu’il va me laisser du temps et surtout me laisser sa carte. Je la saisis doucement en silence et le regarde alors partir, sans rien dire ou faire de plus. Toujours un peu tendu. Lorsqu’il est hors de ma vue, je reprends soudainement mon souffle, comme si inconsciemment je l’avais retenu tout ce temps.

Fin