Une vie pour une vie, ma dette payée feat Alex

Cette histoire était passé à la trappe dans mon cerveau. Je suis chirurgien, des histoires de dingue, j'en vis tous les jours. Bon, celle-là avait été assez marquante quand même, mais je veux dire.. Je n'y pensais plus tous les jours. Je me disais que si quelque chose avait dû se passer, ça aurait été le cas depuis longtemps. Je n'avais pas non plus revu ni Bloody, ni l'enfant qu'elle avait sauvé en partie grâce à mon aide. Peut-être que justement, elle était morte et l'enfant aussi. Ça aussi c'est le genre d'information que j'évite de faire tourner dans ma tête trop souvent. On sauve des vies, mais parfois ça ne se termine pas toujours bien, même si ce n'est pas directement lié à soi.

Du coup, je ne suis plus sur mes gardes depuis un moment. Je rentre chez moi avec mes écouteurs sur les oreilles, sans guetter chaque ombre ou chaque mouvement. Peut-être que j'aurais dû faire plus attention.. Mais est-ce que j'aurais réellement pu y faire quelque chose ? Je ne crois pas. Ils m'ont attrapé et m'ont mis un sac sur la tête, et avant même que j'ai eu le temps de dire quoi que ce soit, j'ai perdu conscience.

Je me suis réveillé je ne sais pas combien de temps plus tard par un coup au visage. La suite, c'est une conversation qui tourne en rond et des coups que je me prends. Je mets un moment à comprendre ce qu'il se passe, pourquoi je suis là, mais je finis par comprendre que tout ça c'est relié à l'enfant et à la louve. Ils ne sont donc surement pas morts. Pas tués par ce clan en tout cas. Malheureusement pour moi, je n'ai qu'une seule réponse à leur fournir.

« Je ne sais pas où ils sont, je vous l'ai déjà dis ! »

Je ne vois presque plus rien d'un oeil, du sang coulant dessus, alors que je sens également une brûlure au niveau de mon cou où l'un d'entre eux m'a griffé probablement plus que juste en surface.

« Je ne les ai pas revus, je ne peux pas vous aider. »

Je garde mon calme, je tente en tout cas, même si j'ai l'impression que je vais très certainement mourir aujourd'hui. Comment est-ce que je peux me sortir de ce pétrin ... Mentir ? Je pense que c'est la seule carte qu'il me reste à jouer, même si ça ne peut qu'être risqué.. Attendre ? Attendre quoi, attendre qui ? Personne ne sait que je suis ici.. Je ne sais plus quoi faire, je suis complètement désemparé, mais je ne vais pas leur montrer, je ne dois pas leur montrer qu'ils me font peur. Même si.. Est-ce que ça pourrait m'aider ?

Cette situation me dépasse complètement. En tant que médecin, on se fait rarement prendre en otage de la sorte. Pour être tout à fait honnête, ça ne m'était même jamais arrivé. Du coup, je ne sais aucunement comment je suis censé réagir et je dois faire ce que je déteste faire normalement : faire comme j'ai pu le voir dans les films. Franchement, je ne trouve pas que ce soit une technique très fiable en général, mais là je n'ai pas vraiment d'autres options. Je dis donc la vérité et je tente de rester calme, même si toute la situation rend ça vraiment compliqué.

Heureusement, ou je ne saurais pas vraiment quel autre mot employé même si celui-ci ne me semble pas tout à faire approprié, on se retrouve assez rapidement dans une sorte de brouillard intense, qui fait s'agiter les hommes autour de moi. Je les sens qui se rapprochent de moi aussi, pas vraiment pour me mettre en sécurité, juste pour ne pas qu'on me libère trop facilement. Puis, une voix. Je n'ai étrangement pas de mal à la reconnaître et à comprendre que c'est justement la raison du pourquoi je me retrouve ici à cet instant. A l'entente de son rire sadique, un frisson me parcourt malgré moi. Je tente de ne pas céder à la panique du fait de ne rien voir, même si je sens que mon coeur bat plus rapidement. Celui-ci rate d'ailleurs un battement en entendant une voix, beaucoup trop près, carrément dans ma tête. Ça me donne un nouveau frisson dans le dos, alors que mes mains sont soudainement libres de leurs liens. Monter sur son dos ? Tout ça défie complètement tout mes sens logiques, tout ce qui me permet de raisonner normalement et pourtant, je n'ai pas vraiment d'autres choix. Je tente de reprendre un peu le contrôle de moi, de mon esprit, pour voir devant moi et réussir à poser la main sur un pelage de loup. J'espère ne pas me tromper de loup pour le coup ... Je parviens à m'aggriper à elle, mais elle a une taille de loup normal alors je ne suis pas certain qu'elle pourra me porter très loin puisque je suis presque plus gros qu'elle, si ce n'est pas le cas carrément.

« Fichons le camp d'ici. »

Je grogne un peu entre mes dents, le corps et la mâchoire encore engourdis par les coups que j'ai pu recevoir. J'espère vraiment qu'on arrivera à sortir d'ici, car à 1 et demi contre tout ces loups aux dents acérés ... La petite demie que je représente ne risque pas de faire long feu.


HRP : T'inquiète, y'a pas de souci, ça arrive !

Dans quel espèce de putain de situation est-ce que je suis ? Je veux simplement faire mon boulot, sauver des vies et pas mettre forcément la mienne en danger pour le faire. Mais tout se passe tellement vite que je n’ai pas le temps de râler, de toute façon j’ai le visage trop amoché pour le faire et je me retrouve sur le dos d’un loup en tentant de bien me tenir pour ne pas tomber. Je ne vois rien, mais j’entends le loup sous moi qui hurle et je sens bien vite un liquide chaud et poisseux entre mes doigts sur son pelage.

«  Merde ça va ?!»

Elle est ma seule porte de sortie, hors de question qu’elle meurt avant que je sois sain et sauf. C’est peut-être égoiste, mais c’est par sa faute que je suis là. On continue à avancer et heureusement on se retrouve à l’extérieur. Même si il fait nuit, au moins la lumière de la pleine lune me permet de voir ce qu’il se passe. Beaucoup trop rapidement, la louve s’immobilise et après avoir parlé, elle s’effondre et les loups reviennent vers nous. Merde ! Je n’ai absolument aucune idée de comment nous sortir de ce merdier. Je regarde autour de nous à toute vitesse puis je remarque qu’il y a un genre de piège sur le chemin qui nous sépare des loups. Avec un peu de chance… Je retire finalement l’une de mes chaussures pour la balancer sur le premier loup, mais surtout pour le faire se mettre bien dans la trajectoire du piège qui se referme alors sur lui et le fait hurler, alors que ma chaussure atterrit en pleine gueule du deuxième loup qui fait un roulé-boulé vu la force avec laquelle je l’avais lancé. Je regarde ensuite les deux loups complètement hors service avec de grands yeux, choqué d’avoir réussi à nous défendre, mais la vraie question est pour combien de temps ? Je dois me dépêcher de nous éloigner d’ici. Je viens alors la soulever elle encore sous sa forme de louve avec sans doute l’aide de l’énergie du désespoir puis je me mets à courir en direction de la ville, comme si une fois sous ses lumières nous serions saufs…

Tout ça, toute cette aventure commence à vraiment me courir. Je déteste tout ce qui est en train de se passer et honnêtement, si je n'avais pas eu autant de chance qu'il y ait un piège et d'avoir aussi un bon lancé, je n'aurais pas donné cher de notre peau. Mais finalement, je parviens à nous défendre en quelque sorte du coup, puis je porte le loup dans mes bras sur une bonne distance. J'ai de la chance que les loups-garou soient de la même taille que les loups normaux, du coup juste comme des gros chiens.

Finalement, je ne peux plus la tenir très longtemps dans mes bras parce qu'elle se débat et une fois au sol, je peux la voir se retransformer en humaine, ce qui est vachement impressionnant. Elle est nue et même si ça me fait tilter un peu au début, mon attention se concentre plutôt rapidement sur sa blessure et je compose alors rapidement la numéro des secours à mon portable qui heureusement n'avait pas quitté la poche de mon pantalon. J'ai bien peur que nos emmerdes ne fassent que commencer.. Mais pour le moment, l'important c'est de la soigner.