Lost (Lilith)

Je commençais à bien prendre mes marques au Helse Magi. J'avais fait suffisamment d'heures pour ne plus trop me perdre dans les couloirs, pour trouver les réserves du premier coup, discuter de façon moins banale avec mes collègues, et savoir vers quel médecin me diriger en cas de problème.

Enfin... quasiment. Heureusement, il n'y avait aucune urgence sur ce coup là. Je débutais tranquillement mon service, et après avoir fait le tour habituel des malades, je profitais du calme pour aller remplir les tiroirs, vidés dans la journée, de bandages, aiguilles à cathéter, poches et autres objets utiles dans un hôpital. Sauf que la réserve dans laquelle je voulais venir me ravitailler était occupée... je ne m'en serais pas soucié plus que ça si je n'avais pas entendu une aide-soignante se faire sonner les cloches par une personne qui visiblement lui était supérieure, à propos de son attitude avec un patient. Je n'ai ni besoin d'en savoir plus, si savoir de qui il s'agit, ni envie d'interrompre, je me suis finalement dirigé vers un autre placard.

C'est un peu plus loin, mais c'est pas grave. Il n'y a pas grand monde, sinon personne, dans les couloirs à cette heure-ci. Je me sers donc de ce dont j'ai besoin, avant de faire demi-tour et retourner dans mon service sauf queee... je crois que je suis parti à gauche en sortant au lieu de prendre à droite. Ou l'inverse. Ou...

Anyway. Je suis perdu, j'ai les bras chargés, et je commence à perdre peut-être un peu trop de temps, maintenant. J'accélère le pas, mais la tête dépassant de la pile de fournitures, je finis par littéralement tomber sur une collègue que je ne connais pas encore. Enfin, ça va, aucun de nous ne se retrouve par terre, sauf ce que j'avais dans les bras qui s'étale partout, et… je me contente de sourire d'un air idiot.

- Euh... désolé, je me suis perdu et je crois que je commence à me faire attendre en cardio… Je t'ai pas fait mal ?

Je commençais à ne plus trop savoir où donner de la tête. Entre le club où je devais gérer les absences de quelques uns de mes employés et où il était arrivé certaines choses pas très positives avec des clients, combiné en plus à l'hôpital avec tout un tas de nouveaux patients venant pour des chirurgies, je commençais à être encore plus exténuée à la fin de mes journées. D'autant plus que Samaël avait disparu depuis quelques temps pour aller je ne sais où pour revenir je ne sais quand.. Comment étais-je supposé gérer le cas Aedan complètement toute seule ? C'est ce que j'avais pourtant chercher à faire pendant que Samaël était là, mais maintenant que j'étais réellement seule, je regrettais presque la présence du paternel et ses conseils, même si je disais ne pas en avoir besoin. C'est toujours comme ça, non ?

Du coup, vous comprendrez bien que j'étais très fatiguée de ma journée et que, les yeux rivés sur mon téléphone portable pour composer le numéro d'un taxi, je ne regarde pas tellement ce qu'il peut se passer autour de moi. C'est d'ailleurs fort probablement pour cette raison que je percute quelqu'un, me faisant lâcher mon téléphone qui atterrit au sol.

- Merde !

Je m'empresse de le ramasser pour en vérifier l'état et heureusement pour l'homme qui me fait face, il n'a rien. Je le regarde, écoutant ce qu'il me dit en fronçant les sourcils.

- Tu devrais peut-être transporter une carte, en plus de toutes tes choses la prochaine fois..  ou non suis simplement les panneaux, ça te permettra de regarder devant toi plutôt que de foncer dans d'autres personnes. C'est pas croyable ça..

Je soupire presque ma dernière phrase, assez énervée de cette fin de journée.

C’est fascinant de voir à quel point les gens de cet hôpital ne sont pas très débrouillards. Toujours à venir poser des questions, vouloir avoir une indication.. Pourtant, il y a un bon nombre de panneaux sur les murs pour que justement personne n’ait besoin de poser ses questions, mais non. Tant d’efforts pour rien. Est-ce que j’ai une tête de guide touristique ? Je commencerais presque à le croire lorsqu’il sous-entend qu’il ne sait pas où est le département de cardiologie et qu’il s’y fait attendre. Ma réponse dévoile bien toute ma mauvaise humeur accumulée de la journée et qu’il a fait déborder le vase du peu de patience qu’il me restait encore.

A sa réponse, je hausse tout simplement les épaules, sans me soucier de la pique très directe qu’il m’envoie à la fin. J’aborde alors un air peu concernée par ses problèmes en me disant que les infirmiers ont vraiment beaucoup trop tendance à se rejeter la faute entre eux. Si vous les entendiez parler parfois..

- Vous n’avez qu’à vous plaindre aux personnes concernées ou à la direction de cet hôpital concernant votre surcharge de travail, ce n’est pas mon problème. Va savoir, ils vont peut-être vous donner un chariot pour déplacer toutes vos choses pour remplir vos tiroirs, ça serait plus prudent que de tout avoir dans vos mains..

Tout en parlant, je range la preuve de mon propre crime en mettant mon téléphone portable dans la poche arrière de mon pantalon, replaçant comme il faut mon sac à main sur mon avant-bras.

Même si je bosse à l'hôpital, je ne me soucies pas réellement des conditions de travail des autres employés de ce dit hôpital. Je m'occupe de moi et seulement de moi, mais ça c'est comme dans toutes les autres sphères de ma vie. Il me répond quelque chose à propos des chariots et je soupire légèrement, bien que je fasse tout de même l'effort de ne pas lui répondre que ça aussi ce n'est pas mon problème. Non mais j'ai vraiment la tête du bureau des plaintes ? Je n'écoute qu'à moitié ce qu'il me dit et c'est déjà bien suffisant.

Je termine de ranger mon portable et à ses paroles, mon sourcil se hausse. Non, mais pour qui est-ce qu'il se prend celui-là ?

- Je ne vois pas pourquoi je vous aiderais, vous n'aviez qu'à faire attention à là où vous mettiez les pieds. Allez plutôt demander à l'un de vos collègues qui vient de commencer à travailler aussi, moi ma journée est terminée.

Et je continue alors simplement mon chemin. Je ne vais pas perdre encore plus de temps avec lui, hors de question.

Fin du RP o/