Disparition chaotique [Mat/Rosa]

La situation était chaotique. Ouais, c’était bien le mot. Le chemin du retour se fit dans un silence de mort, au fur et à mesure qu’on s’approchait de l’appartement, une nouvelle vague d’anxiété s’infusait en moi. Tandis que le van prenait des virages un peu trop dangereusement, je réfléchissais à toute vitesse. Pourquoi est-ce que je ne ressentais pas de danger ? Le lien aurait dû me lancer un signal d’alerte, mais là… rien. Absolument rien. J’avais essayé de communiquer avec Rosa par télépathie, car le lien nous le permettait, et je n’y arrivais juste pas.

J’avais embarqué Mateo avec moi dans cette « aventure », un coup de main n'était pas de refus et son odorat était bien plus aiguisé que le mien. Une aide précieuse pour retrouver Rosa. Je me tournais vers lui tandis qu’il commençait à garer la camionnette.

– Je ne pensais pas que tu allais rencontrer Rosa d’aussitôt. Et… comme ça.

En sortant de l’automobile, le débit de mes pensées s’accéléra. Et si le lien s’affaiblissait ? Et si… je ne pouvais plus ressentir le danger autour de Rosa ? Ça allait être un problème, c’était un moyen très pratique pour savoir si elle était en sécurité. Frustré de ne pas en savoir plus, je fis signe à Mateo de sortir son pistolet. J’avais déjà mon Beretta en main, bien calé afin de ne pas attirer les regards curieux. Le quartier était bien vide, cependant.

On s’approcha de l’appartement quand soudain une vision m’arrêta brusquement. Je posais ma main sur le torse de Mateo, l’arrêtant.

– Le sol… commençais-je sans continuer.

Des traces noires très étranges. Elles formaient un chemin menant vers notre domicile. Visqueuses, je faisais attention à ne pas marcher dedans, suivant la route. Ça s’arrêtait dans… notre salon. La porte de l’appartement était grand ouvert. Je me retournais une nouvelle fois vers Mateo. Maintenant, il fallait être silencieux, ce qui n’était pas le cas de mon cœur qui était sur le point d’exploser. J’avais l’impression que tout le voisinage pouvait l’entendre.

A l'intérieur, l'odeur de sang s'infiltra directement dans mes narines. J'entrais, accompagné de Mateo, puis me mis à vérifier chaque pièce. Lorsque je voulus emprunter le couloir menant jusqu'à la chambre, du rouge s'étalait sur les murs. Ça ne m'aidait pas à me calmer, et le fusil dans ma main se mit à trembloter. Une fois dans la chambre, je vis la source du sang. Il y en avait sur le sol. Quelqu'un l'avait attaqué, c'était certain. Il fallait la retrouver, et celui qui l'avait attaqué. Je bouillonnais de l'intérieur, j'allais faire la fête au coupable.

Je me retournais vers mon ancien partenaire.

– Qu’est-ce qu’on fait ? réussis-je à demander, paniqué et furieux.

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Disparition chaotique

Une traînée visqueuse et noirâtre était laissée sur le sillage de la sorcière, qui avançait difficilement vers une destination incertaine. L’important était de fuir, fuir le plus vite possible, loin de cette créature hideuse. Le bras de la sorcière était recouvert du liquide noirâtre, la brûlant jusqu’au sang, dissimulant ce dernier qui coulait à flot précédemment. Le noir se substituait au rouge dans une fuite douloureuse et lente.

Les chuchotements désincarnés la poursuivait, bien avant le monstre nonchalant au sourire grimaçant. Il avançait, flegmatique. Il savait qu’elle ne pouvait pas lui échapper. Le virus se propageait, faisait tomber ses barrières une à une, jusqu’à embrouiller ses sens. La perte de sang l’ayant affaiblit, elle ne pouvait fuir bien longtemps.

Personne n’était dans les parages à cette heure tardive, la sorcière quitta l’immeuble sans se faire remarquer, toujours suivie par la créature désarticulée. Marcher devenait plus éprouvant plus les minutes s’écoulaient. Une fois sortie de l’immeuble, elle n’eut guère le temps de s’éloigner : une ruelle plus loin, elle ne pouvait continuer d’avancer. Le monstre la rattrapa. Le liquide noir s’était épaissit, cessant de s’écouler sur le sol, resserrant sa prise sur son bras.

Le monstre s’approchait, jusqu’à la frôler de sa main crochue, le sourire maladif toujours présent. Ce qui n’étaient que des syllabes désarticulées prirent soudain sens dans le dernier murmure chevrochant de la créature.


Sa main se refermait sur le visage de la sorcière inactive, altérée par le poison, par la peur. Puis son regard changea et ce fut à son tour de sourire. Le bras fut arraché aussi aisément qu’une brindille se brise, provoquant les hurlements de la créature.


Ses yeux brillaient d’une couleur orangée, observant avec mépris le démon plié au sol. Le réveiller pour de telles bassesses, un monstre si faible… Il observa son propre bras, constatant les dégâts sur le corps de son hôte. Le poison poursuivait sa course, se propageant insidieusement, l’affaiblissant. Le détruire serait aisé.. s’il n’empêchait pas son hôte de perdre davantage de sang.

En un battement de cils, ce scélérat fût décimé en pièces, le corps déchiré. Son sang noir s’étala dans la ruelle, le corps commençant déjà à se disloquer. Invisible aux yeux des humains, Chaos disparut en laissant la scène macabre derrière lui.



Vide et silencieux, personne ne remarqua la jeune femme quitter l'hôpital au milieu de la nuit, partant aussi vite qu'elle était venue.
Il lui suffisait de revenir dans leur appartement à présent, comme si rien ne s'était passé.

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Tandis que Mateo prenait un virage d’une manière quelque peu dangereuse, il en profita pour me demander si j’allais tenir le choc. Et si j’allais faire une « pizza » sur le parebrise, s’il avait pour habituer de m’agacer, son humour sut légèrement me détendre. Et dire qu’on voulait s’entretuer il y a des semaines de là…

– Ça ira.

J’ajoutais, sincèrement :

– Merci.

Ça servait probablement à rien de le remercier, Rosa était encore en danger et possiblement… non, je ne voulais pas y penser. La voiture garée, on se dirigea à pas de loups – humpf – vers mon domicile. Le silence, malgré qu’il fût pensant, me permettait de me concentrer. Mon odorat était moins bien efficace que le lycan à côté de moi, mais lorsqu’on entra dans la maison, je parvins à renifler l’arôme de sang sans aucune difficulté. Je me retournais vers Mateo, paniqué, et le cœur qui battait à tout rompre.

Heureusement, Mateo arrivait à être encore terre à terre et continua son inspection, tandis que je tentais de faire de même. Cependant, mes sens étaient bien trop en alerte pour que je puisse me focaliser correctement. Je vins rejoindre le loup dans notre chambre et remarqua qu’il était accroupi. Lorsqu’il se releva, je fus un peu surpris de voir que la couleur de ses yeux avait changé. Du moins, pour quelques secondes, avant qu’il ne reprenne sa teinte naturelle.

Je pris le téléphone de sa main et l’écouta.

– Putain, lâchais-je. Moi qui pensais la retrouver ici… j’espère qu’elle n’a rien de grave.

Bon, fallait vraiment que je me calme. Je pouvais pas laisser Mateo se charger de tout et rester sur le côté à rien faire. Je pris une inspiration tandis qu’il me rassura, l’odeur était fraîche. Mes narines n’étaient pas capables de distinguer le sang de la senteur de Rosa, j’allais devoir le suivre.

– Je suis sûr qu’elle doit nous attendre quelque part… répondis-je à sa tentative de me détendre. Je te suis.

Nous étions sortis à la recherche de Rosa. Étonnement, le trajet ne fut pas si loin… en fait, c’était même proche de notre bâtiment. Si au début on suivait les grosses tâches de sang, elles devenaient de plus en plus difficiles à tracer au fur et à mesure qu’on marchait. Il était temps de flairer… enfin, pas moi, Mateo.

On arrivait dans une ruelle et cette fois-ci, on repéra les traces noires et visqueuses, concentrées en un seul point, qui se mélangeait au sang de Rosa. Celui qui avait poursuivi ma protégée avait morflé. L’odeur de putréfaction me fit grimacer.

– Mais qu’est-ce qui s’est passé, bordel ?

Soudain, alors que je comptais m’avancer pour chercher plus d’indices, je m’arrêtais. Je reniflais l’air automatiquement et perçut une odeur familière. Je me retournais vers mon partenaire.

– Je la sens. Je veux dire, Rosa.

Mais où était-elle ? La panique accélérait mon rythme cardiaque et il m’était difficile, une nouvelle fois, de vraiment me concentrer. Peut-être que Mateo y arriverait mieux, il devait voir que j’étais pressé à l’idée de la trouver saine et sauve.

– Merde, j’ai du mal à la localiser, je sais juste que l’odeur se déplace. Tu pourrais à nouveau la flairer d’ici ? Comme ça on peut la rattraper.


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Effectivement, sortir mon flingue en pleine rue était une mauvaise idée. Le quartier avait beau être étrangement vide de personnes, je ne voulais pas avoir de soucis si la police passait dans le coin.

– Tu as raison, dis-je en rangeant mon arme. Allons-y.

Ce qu’on fit. C’était plutôt simple de suivre les traces noires sur le sol, mais je devais avouer que ça puait pas mal. Pendant un instant, j’arrivais à regretter mon odorat aiguisé. Je ne fis même pas attention au silence lourd qui s’était installé. De toute manière nous étions habitués à travailler comme ça. Nos pas nous menèrent à un petit lac noir sur le sol, qui me fit tousser tant l’odeur était nauséabonde. Mateo semblait être d’accord avec moi.

– Je pense que ce… truc démoniaque, comme tu dis, est mort. Rosa a dû s’en occuper, mais c’est quand même étonnant. Ses pouvoirs sont supposés s’être affaiblis.

À la suite de ma dernière phrase, j’ajoutais :

– Enfin, selon elle.

A vrai dire, je ne savais même pas ce qu’étaient ses dons. Du moins, ses réels dons. C’était une sorcière très douée et surentraînée, elle devait posséder une belle panoplie d’aptitudes. Ces derniers temps, même si c’était douloureux de le dire, je me rendais bien compte que je ne la connaissais pas si bien que ça. J’observais Mateo enquêter les alentours, accompagnés de ses yeux de loup. Ce dernier me fit un signe de la main et alors que je m’approchais, il m’arrêta de son bras. Je lui lançais un coup d’œil, ne comprenant pas pourquoi il venait de faire ça.

Je l’écoutais parler, impressionné par son odorat qui était, incontestablement, meilleur que le mien.

– Elle serait rentrée ? demandais-je sans attendre qu’il me réponde.

Il avait raison, c’en était même évident. On partit de cet endroit qui commençait à me donner la nausée. Tandis qu’on rebroussait le chemin, je sus enfin calmer la panique qui était auparavant à son paroxysme. Je regardais Mateo, il avait aussi vu quelqu’un entrer chez nous. Prudents, on s’approchait de la maison. Maintenant qu’on était proches, j’arrivais à mieux distinguer les odeurs. Je sentais celle de Rosa à plein nez.

Impatient de la voir, on ouvrait la porte qu’elle avait fermé derrière elle. Dans le salon, se trouvait ma protégée. Sans réfléchir, j’accourais vers elle et attrapais ses épaules. Je l’avais laissée quelques heures toute seule et voilà le résultat ! Merde, j’ai vraiment eu la peur de ma vie.

– Rosa, j’étais mort d’inquiétude, qu’est-ce qui…

Je m’arrêtais, en face de moi il y avait bien Rosa. Mais… ses yeux n’étaient pas les siens. Je fronçais les sourcils, est-ce que c’étaient ses pouvoirs qui faisaient ça ? Mon regard scruta son corps, comme pour voir si elle était blessée. Son bras était bandé et il y avait quelques gouttes de sang sur son haut. Ce n’était pas normal… Mon cerveau avait du mal à comprendre la situation. Qu’est-ce qu’il s’était passé ?



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Disparition chaotique

C
haos émergea d’un mur, à travers le rideau de sang noir dont les effluves s’estompèrent au bout de quelques secondes sans laisser aucune trace de leur passage. La jeune vampire avait soigné le bras de son hôte avec efficacité, sa blessure ne devrait pas l’entraver plus que nécessaire dans les jours suivants. Rapidement, fit son chemin jusque dans l’immeuble, détruisant les tâches de sang sur sa route, avant de pénétrer à nouveau dans l’appartement toujours en désordre. Faire disparaître les preuves de la lutte qui y avait eu lieu serait idéal. Le wyverne ne semblait pas être revenu pour le moment, Chaos pouvait masquer l’événement avant son retour s’il agissait vite. Les quelques traces de sang présentes dans le salon furent détruites sous son toucher sans plus de cérémonie. Venant de se relever pour se diriger vers la chambre, Chaos se figea en entendant la porte d’entrée s’ouvrir. Sans surprise, il vit le faux petit-ami faire irruption dans la pièce, alors que le couloir et la chambre n’avaient pas encore été nettoyés. Voilà qui était problématique, il risquait de paniquer à présent.

Chaos l’observa avec surprise en le voyant aussi paniqué, alors qu’il n’avait pas encore vu l’état du couloir et de la chambre. Etait-il déjà rentré auparavant ? Supprimer les preuves aura été inutile finalement.. L’hôte serait perdue si il lui redonnait le contrôle maintenant, et vu la panique de son protecteur, cela serait mal avisé. Il allait devoir le convaincre que tout était normal.. peu simple quand ses yeux le trahissait. Chaos se raidit en remarquant l’autre homme présent, l’identifiant comme celui que son hôte avait rencontré à la rivière quelques jours plus tôt. Niva le connaissait ? Comme c’était surprenant. Les soupçons de Rosaria devaient être fondés, il s’agissait probablement d’un membre de son agence. Ils avaient retrouvés sa trace semblerait-il. Une visite s’imposerait s’ils s’avéraient être une menace pour elle, à part ça, Chaos avait peu faire de ce que Niva pouvait bien comploter avec eux. Dardant son regard sur l’inconnu, Chaos finit par reporter son attention sur le wyverne, qui avait les yeux rivés sur son bandage.

Ni lui, ni son « ami » ne devait se rendre compte de son existence. Si cela ne tenait qu’à lui, il les aurait tué sur le champ sans attendre.
Mais la mort de Niva n’était pas la bienvenue vu la situation actuelle de son hôte. Il avait beau s’y prendre comme un manche pour l’aider, Rosaria avait encore besoin de lui pour le moment. Et ce n’était que dans le cas où il parvenait à le tuer, sa petite sorcière risquant d’intervenir en sa faveur. Chaos sourit, mimétisme parfait de son hôte.


Le monstre était mort, son hôte soigné, il n’y avait plus de quoi s’inquiéter.. si ce n’est ces deux parasites qui voudraient des explications, que Rosaria ne pourrait souvenir leur avoir donné.

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Disparition chaotique

S
i Niva était facilement manipulable, par l’attachement qu’il ressentait envers l’hôte, déjà guidé par ses émotions en excluant la raison, ce n’était pas le cas de son acolyte, bien plus méfiant. Aucun lien ne le rattachait à Rosaria, Chaos ne pouvait pas jouer dessus pour le faire se contenter d’une explication évasive. La situation n’était pas en sa faveur.. S’il donnait des informations trop précises, que Rosaria ne saurait leur restituer par la suite, ils se douteraient de quelque chose. Et il ne pouvait pas laisser un indice aussi évident de son existence. Niva était donc sa meilleure carte pour empêcher cela. Son inquiétude serait un atout non négligeable pour éviter certaines questions.
Chaos tourna son regard vers l’inconnu lorsque celui-ci se mis à poser des questions sur la fébrile créature qui l’avait attaqué.

Portant un doigt à ses lèvres comme s’il réfléchissait, son regard erra sur le sol un instant avant de s’ancrer de nouveau dans celui du nouveau venu. Une froideur perceptible dans les yeux, que le sourire n’atteignait pas, Chaos répondit à sa dernière question.

Ni remords, ni regrets. Ces créatures n’étaient rien. Jamais elles n’avaient été plus, jamais elles ne le seraient.
Se détournant de l’inconnu, Chaos se focalisa de nouveau sur Niva, répliquant à la perfection les expressions angoissées de Rosaria qu’il connaissait tant.

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Avant de rentrer, Mat me fit part de ses doutes. Sans le vouloir, j’eus une réaction un peu… exagérée. Je me retournais pour le regarder, les yeux écarquillés, la bouche ouverte car je m’apprêtais à lui répondre, mais je me tus. Je réfléchissais à toutes vitesses à ce qu’il venait de me dire, et alors que je pensais lui en vouloir d’avoir prononcé ces mots, ce n’était clairement pas ce que je ressentais. Rosa avait dit que c’étaient ses pouvoirs qui avaient causé ce massacre, mais encore aujourd’hui j’en doutais.

– Non, c’est pas ce… ce qui a pu se passer. Tu racontes n’importe quoi, je suis sûr que c’était autre chose.

J’ajoutais, un peu plus fermement :

– Elle gère ses pouvoirs, elle a toujours dit qu’elle était douée et que les gens étaient ses disciples. Peut-être que… que quelque chose, ou quelqu’un, l’a forcé à…

Je me tus, ne voulant pas en dire plus. On entrait, moi guidant le chemin car j’étais bien trop pressé, sans faire attention à ce que le lycan derrière moi tente de m’empêcher. La situation devenait de plus en plus incompréhensible. Mes émotions se mélangeaient, me rendant mitigé au fur et à mesure que je restais dans cette pièce. Alerté, inquiet, mais surtout perdu et confus, je ne comprenais pas ce qui avait pu déclencher un tel changement de couleur des yeux chez Rosa. Cette dernière était bien ma protégée, mais plus je lisais son visage et ses moindres détails, plus j’avais l’impression de la trouver… changée. Différente. Je voulais prendre son visage entre mes mains et ressentir sa peau entre mes doigts, comme pour confirmer que c’était bien elle, mais je n’y arrivais tout bonnement pas.

Après avoir tenté de me rassurer, Rosa fut assagie de questions par mon partenaire. Je le laissais faire, car j’avais aussi envie d’en savoir plus, bien que ce n’était clairement pas le moment pour l’italienne de répondre à des questions. Il fallait que je sois sûr que tout aille bien. Elle répondit, mais sa manière de parler… je me perdais dans ma contemplation, comme si je cherchais ce qui n’allait pas. Il voulait la dévorer… alors elle l’a détruit.

– Tu… la détruis ? Comment ?

Cependant, Rosa reprit un air que je reconnaissais bien, du moins depuis quelques semaines. Je me tus un instant, hésitant.

– D’accord, tu devrais te reposer. Mais quand tu iras mieux, on en reparlera.

Je voulus ajouter : « je te trouve étrange », mais ce n’était pas ce qui allait l’aider. Évidemment qu’elle n’était pas dans son état normal, un putain de fantôme venait de la poursuivre. Qu’est-ce que j’allais faire maintenant ? Lui présenter Mat, son futur baby-sitter ? Ouais, ça allait plomber l’ambiance. Je ne voulais pas la quitter des yeux, mais je me retournais tout de même vers Mat et avec une voix plus basse, je lui parlais :

– Qu’est-ce qu’on fait ? Je t’avoue que je suis complètement perdu, elle a complètement changé depuis hier. Et ses yeux… je comprends pas pourquoi ils sont comme ça. T’as une idée ?


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J’avais l’impression d’assister à une interrogation, Mat et moi derrière une table dans une salle, Rosa derrière, le regard fuyant. Je n’aimais pas ça, mais c’était important pour moi de connaître les détails de ce qui s’était passé. Ce n’était pas normal… je n’arrivais pas à comprendre comment elle avait pu s’enfuir. Bon, c’était rassurant de la voir saine et sauve, mais mon cerveau manquait d’infos et ça me frustrait. Lorsque Mat ajouta son grain de sel en rectifiant les paroles de Rosa, « explosé », je me tournais vers lui, exaspéré.

– C’était nécessaire ?

Tandis que Rosa voulait se reposer, Mat continua ses remarques. Pourquoi il persistait autant ? Elle avait déjà donné des explications et il essayait de creuser encore plus loin. Cependant, je devais l’avouer, j’attendais aussi sa réponse avec curiosité. Je me retournais vers ma protégée, qui s’expliqua. Se nourrir des plus forts… je fronçais les sourcils. Depuis quand elle avait récupéré ses pouvoirs ? Rien qu’hier, elle était encore pas très bien, comment pouvait-elle plus forte qu’un démon ? Je ne doutais pas de sa force, bien sûr, mais elle n’était pas dans son assiette ! Je soupirais, complètement perdu. En plus, elle venait de sourire… merci Rosa, ça ne faisait que me perturber.

Avant de lâcher Rosa, je prenais mon ami (enfin, si on oubliait la haine qui persistait encore un peu entre nous à cause de sa sœur) sur le côté pour lui parler. Je fis part de mes doutes et de mon incompréhension. Sa réaction me fit lever les yeux au ciel, il avait un don particulier pour me faire chier au mauvais moment. Je l’écoutais jusqu’au bout, le regardant fumer.

– Tu veux me dire qu’elle est possédée ? Génial, moi qui pensais qu’elle allait mieux…

Est-ce qu’il avait déjà vu ce genre de choses pour assumer ça ? Je me le demandais bien. Je ne voulais, en revanche, éviter de le questionner sur ça. Il disait qu’il fallait rester prudent, et je hochais la tête. Encore une fois, il ne se retint pas d’ajouter ses commentaires. Ce qu'il aimait me provoquer...

– Eh bien, j’espère que tu feras un bon baby-sitter. Parce que son « petit cul » est important pour moi.

On décidait de laisser Rosa partir dans sa chambre. Il y eut un silence soudain dans le salon. Mes retrouvailles avec Mat s’étaient vraiment faites de la pire manière et voilà que nous étions plongés dans une autre histoire qui puait. Rosa, possédée… c’était vraiment la merde. Je soufflais, pour me calmer, avant de me relever pour sortir de l’alcool du placard. Je pris deux verres, vint les remplir et en offrit un au loup-garou. Je déposais mes fesses à moitié sur la table.

Finalement, je décidais de lui poser la question :

– Comment tu sais qu’elle pourrait être possédée ? Si elle l’est, t’as une idée de comment… sortir le truc qui est en elle ?

J’ajoutais, dans un souffle :

– Ça pourrait expliquer la couleur de ses yeux, moi qui pensais que c’était lié à la fatigue ou j’sais pas quoi…

J’avais l’air con à dire ça, mais je l’avais vraiment pensé. Je soupirais, fatigué. On avait tous les deux besoin de sommeil, mais je refusais de laisser ce con dormir avec Rosa. Et c’était probablement réciproque… Il n’y avait qu’un canapé délabré et le sol.

– Prends le canapé, je vais dormir par terre pour ce soir.

Cet acte de bonté me surprit. J’étais probablement trop crevé pour réfléchir correctement…


Vingt minutes plus tard.

Je n'arrivais pas à dormir, le dos pété. Je me relevais, secouant aussi Mat par la même occasion pour qu’il fasse de même.

– Putain, me plaignais-je. Je devrais voir si Rosa va mieux-

En parlant d’elle, la voilà. Soudainement moins crevé, je la regardais. Elle avait l’air confuse, tellement que j’en fus surpris. Elle venait de demander qui était Mat. Je me tournais vers ce dernier, avant de repenser à ce qu’il avait dit. Si elle était réellement possédée, elle ne devait se souvenir de rien. Est-ce que je devais en faire part à Rosa ? Non… non, rien n’était sûr, je ne voulais pas la faire paniquer.

– Tu vas mieux ?



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J’étais perdu. Complètement confus. Et crevé, maintenant. La fatigue m’assaillait de partout, j’avais besoin que de deux choses : savoir que Rosa allait bien et dormir. L’exorcisme était pas le domaine de Mat et ça aggravait mon désespoir.

– Putain… dis-je simplement en passant une main sur le visage.

Je le voyais sourire, Mat ! Il abusait parfois ! Et toujours au mauvais moment, ce loup était incroyable. On laissait Rosa partir dans la chambre, je voulais qu’elle se repose et qu’on arrête de l’ennuyer avec nos questions. Tandis que je préparais deux verres et une bouteille d’alcool, je vins lui tendre une coupe remplie et je bus le mien, essayant de faire disparaître le stress.

– Je vais trouver un sorcier, alors. Et à la tienne, ouais. On en avait besoin.

Je remplissais nos deux verres, qu’on vint terminer rapidement. La bouteille fut rapidement à la moitié, sans comprendre comment on avait fait. Est-ce que… Mat venait de me draguer ? Ou c’était juste son humour habituel ? Je le fixais d’un air blasé, l’alcool me faisant tourner la tête. Je ne tenais pas cette merde.


Mat était de mauvais poil lorsque je vins brusquement le réveiller. Je râlais, tentant de lui faire comprendre. Je ne voulais pas être le seul à ne pas savoir dormir et il me fallait de la compagnie, le loup était parfait. D’ailleurs, j’étais presque étonné de voir que j’étais toujours vivant – il aurait pu se venger en m’étranglant.

Je lui fis part de mon envie d’aller voir Rosa, mais il m’en empêcha.

– Ouais, t’as raison.

Mais au moment où je vins prononcer ces mots, Rosa fit soudainement son apparition. Elle n’arrivait pas à dormir, elle aussi. Sa question me surprit et je me retournais vers le colombien. Elle ne le reconnaissait pas ? Mais alors… elle avait perdu la mémoire ? Elle était vraiment… possédée ? Mon ami se présenta et je ne pus m’empêcher de taper derrière sa tête.

– T’es incorrigible.

Bon, au moins, Rosa avait l’air d’aller mieux même si elle avait l’air autant perdue que moi. Elle ne comprenait pas pourquoi il s’était appelé « baby-sitter ». C’était donc le moment fatidique de lui expliquer.

– Mat est ton… garde du corps, en quelques sortes. L’agence m’a retrouvé et m’a demandé de revenir dans leurs rangs, alors j’ai posé quelques conditions dont ta protection. Si je pars en mission, je veux que quelqu’un soit à tes côtés.

J’ajoutais :

– Ce quelqu’un, c’est Mateo Gonzales, lui. Il drague trop pour sa santé mentale.

Je comptais m’approcher pour demander si Rosa allait mieux, mais mon téléphone se mit à vibrer. Je l’attrapais, le décrochais.

– Allô ? Oui… hm… oui. D’accord, je serai là dans peu de temps.

La communication terminée, je me retournais vers les deux, un peu mal à l’aise.

– En parlant de l’agence, j’ai un contrat à faire, alors je dois aller à un briefing. Je vous laisse.

Avant de claquer la porte, je m’exclamais à l’attention du loup d’un ton autoritaire :

– Pas de bêtises !

J’étais parti, toujours confus et légèrement paniqué à l’idée de laisser ma protégée derrière moi. Mon italienne préférée était donc possédée…

Merde.




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