Mêler vie personnelle et professionnelle ? [PV Eliaz]

Vivre une éternité pourrait permettre l’ennuie, il est certain, mais pour moi en ce moment il n’en n’était nullement question. Je n’avais pas de quoi m’ennuyer, enfin… J’aurais peut-être préféré. Tous ces retours, ces arrivées dans ma vie, qu’est-ce que c’était ? Qu’est-ce que cela signifiait ? Et cela avait commencé il y a maintenant quelques mois.

En fait le premier vrai retour que j’ai eu dans ma longue vie, bien que courte comparé à certains vampires, était certainement celui d’Ombeline. Cette jolie brune qui avait su faire battre mon coeur d’adolescent encore humain, mais qui avait su le briser en mille morceaux aussi… Après son départ les catastrophes s'étaient enchainées jusqu’à ce que je devienne le tueur dont la réputation me précède, même si je suis bien caché pour le moment.

Mais le passé rattrape toujours tout n’est-ce pas ? Ombeline était de retour dans ma vie et c’était un chamboulement total pour moi. Je ne m’y attendais pas, en même temps qui pourrais s’attendre à revoir son premier, et unique, amour au fond, quasiment 180 ans plus tard ? Personnes et encore moins moi ! Et de cette peur de la perdre à nouveau, de la tuée face à mes quelques pulsions qui peuvent être dangereuse, je n’avais pas osé franchir le pas cette nuit-là et depuis nous ne nous étions pas réellement revu. Je sais qu’elle avait compris les quelques baratins que j’avais formulés, mais de là à savoir si elle les avait cru ? Ça je ne sais pas.

En tout cas le destin décidait de tout changer pour moi aujourd’hui puisque lorsque j’entre dans la cafétéria histoire de me prendre un café, puisque oui je peux ingurgiter des choses humaines, je fais face directement à la jolie brune, qui bien des années encore semble me troubler et faire battre quelque chose en moi que je pensais mort. Seulement elle semble comme éteinte et ailleurs. Tendant alors le bras pour me verser un café, je me tourne vers elle.

-Ombeline… ? Ça va ?

Je la regarde, inquiet alors que je peux la voir remuer son café, l’air totalement ailleurs.

J’aurais peut-être dû me douter que j’allais lui faire peur et qu’elle se serrait du coup brûler à cause du café qu’elle semblait remuer d'un air totalement absente, comme si en fait elle n’était là que physiquement, mais que son esprit était totalement ailleurs. Baissant immédiatement ma main vers ses mains qui se retrouvent brûler, je tends immédiatement des serviettes poser à côté de la machine à café pour essuyer ses mains, alors qu’elle semble réaliser que je suis ici.

-J’ai cru voir ça… Je suis désolé de t’avoir fait peur…

La blessée était vraiment la dernière chose que je souhaitais, même si elle avait pu me blesser dans le passé, lui faire du mal était la dernière chose qui me venait à l’esprit et j’aimais pensée qu’elle ne m’avait fait du mal que dans la peur de me perdre plus tard et pour aucune autre raison. D'ailleurs j'en avais eu la confirmation lors de notre première retrouvaille. Lorsqu’elle essuie le sol, je baisse les yeux pour la regarder faire avant de reprendre doucement.

-Ça va…

Je ne pouvais vraisemblablement pas lui parler de mon père sortant d’entre les morts… Et de toute façon le nombre de sucre que je la voyais remettre dans son café, remuant ce dernier comme si sa vie en dépendait, son regard fatigué semblait plus important que mes maux… Je pose alors soudainement une de mes mains sur la sienne qui s’acharnait sur ses morceaux de sucre et la regarde dans les yeux, inquiet.

-Ombeline qu’est-ce qui se passe… ? Tu sembles… Ailleurs… Stressée...

Captant à nouveau son regard, je lui lance alors mon sourire qui, à ce qui parait, est si communicatif.

-Tu sais je te connais… Même si le temps a passé, je n’ai rien oublié te concernant…

Même si Ombeline m’assurait que ce n’était rien et je voyais bien qu’elle n’avait pas vraiment mal à ses mains, ça n’empêchait pas que je me sente légèrement gêné et confus de lui avoir fait peur. D’autant plus qu’elle ne semble pas vraiment elle-même. Elle semblait totalement… Ailleurs et même si nous avions été séparé de trop longue années à mon goût je sentais bien que quelque chose clochait avec elle. Alors insistant un peu, je finis par avoir une petite information, un « ce n’est pas grand-chose » qui me fit sourire en secouant légèrement la tête.

-Si ça te rend mal alors je pense que si…

Je lui souris alors et j’ai comme l’impression qu’il fonctionne toujours sur la jolie brune en face de moi et je la sens céder peu à peu. Elle semble hésitante, mais je l’encourage en posant un regard bienveillant sur elle. Finalement lorsqu’elle me parle d’une attaque ayant eu lieu ici même, à l’hôpital ma tête se hoche doucement puis je fronce légèrement les sourcils en comprenant que tout ceci semble l’avoir traumatisé. Cela m’effrayait aussi dans un sens puisque… J’étais ce genre de bête féroce meurtrière… La peur de la belle fée me confirmait que j’avais bien fait de ne rien dire la dernière fois et de simplement fuir… Le sentant cependant fragile, je venais passer mes bras autour d’elle, la serrant contre moi en glissant une main dans ses cheveux, murmurant je reprends.

-Tu sais… Je peux t’aider pour ça…

Bien évidemment que l’on devait avoir l’air étrange, planté là au milieu de tout le monde. Enfin pas réellement au milieu, mais ici les gens venaient pour se servir, manger et repartir et nous ? Nous nous enlacions, mais je sentais bien que la jolie petite fée, qui était à présent contre moi, en avait grandement besoin. Même si les années étaient passées, je connaissais encore quelques petites choses la concernant, comme ses appels de détresse silencieux. À l'époque je n’aurais pas pu l’aider, tout simplement parce que j’étais un jeune vampire, encore mortel, aucunement conscient de ses capacités et ne les maitrisant même pas du tout… Mais aujourd’hui tout était différent. J’avais de l’expérience, de l’âge et je maitrisais les choses… Bien que ma soif ne fît pas nécessairement partie des choses que je maitrisais… J’étais un peu comme un drogué, que voulez-vous... Baissant finalement les yeux vers la jolie fée qui semblait intrigué par mes propos, je regarde à gauche puis à droite puis elle de nouveau.

-Tu sais ce que je suis et de ma condition j’ai certains avantages, comme toi avec tes illusions… Moi je peux te faire oublier une partie de quelque chose, je peux… T'hypnotiser… Te rendre ce moment moins douloureux ou carrément te l’enlever… Comme juste effacer quelque chose d'indésirable, rien de plus... Et au revoir les insomnies....

Je peux voir un sourire apparaître sur le visage fin et adorablement dessiné de la jeune, enfin… Plus si jeune, fée. Je suis sincère dans ma démarche et rien n’est caché, oui je sais que c’est rare pour un vampire, mais c’est pourtant vrai. Je n’avais pas envie de lui faire un coup de crasse, même si elle m’a longtemps fait souffrir de par son absence et que très certainement rien de tout ce qui s'est passé ensuite dans ma vie serait arrivé si elle ne m’avait pas quitté… Lorsqu’elle me dit que c’est adorable, je sens un « mais ».

-Mais… ?

Et ce fameux « mais » arrive. Je la regarde attentivement et tente de comprendre les raisons de pourquoi est-ce qu’elle refuse réellement cette aide, une aide qui pourrait vraiment… L’aider en fait ! Fronçant finalement les sourcils, je reprends.

-Quels soucis ? Tu sais grâce à ce que je t’ai dit, je peux te régler plein de soucis…

Mais elle cache finalement sa tête contre mon torse alors je glisse simplement ma main dans ses cheveux. Cheveux que je caresse en silence, lui laissant le temps nécessaire. Lorsqu’elle reprend la parole, je souris finalement et pose alors ma tasse de café.

-On va essayer alors…

Et je saisis sa main où je sors de la cafétéria pour tenter de trouver un endroit calme et tranquille, à l’abri des regards et oreilles curieuses.

Peut-être que je ne devrais pas livrer tant de chose… Il est même certain que je ne devrais pas, mais Ombeline n’était pas n’importe qui. Certes elle pouvait disparaître encore du jour au lendemain, si ça se trouvait… Mais aujourd’hui elle savait aussi ce que j’étais et je n’étais certainement plus le jeune vampire qu’elle pensait humain sans aucune expérience de vie… Encore moins pour la retrouver. Oh non, bien au contraire… Lorsqu’elle me confie son souci, en quelque sorte, je souris légèrement.

-Je pourrais le faire… Mais ça te changerait totalement, tu ne ressentirais juste… Plus de peur pour la mort… Ni même d’empathie pour ces morts…

Et je ne pense pas qu’elle veuille changer. Moi je ne voudrais pas la changer, ses blessures sont aussi ce qu’elles sont. Elles ont fait d’elle la femme qui se tient devant moi. Cependant sa petite peur et son traumatisme de l’autre fois ne changeraient en rien ce qu’elle est.

-Mais je peux t’aider à ce que ça fasse un peu moins mal…

Je ne sais pas encore comment formuler ça, sans qu’elle oublie la peur, mais je le trouverais. Pour elle, je le trouverais. En attendant je la suis dans une chambre et la regarde.

-Ici, comme ça tu pourras peut-être te reposer un peu lorsque j’aurais fini et que tes flashs horribles cesseront d’hanter tes rêves… Qui sait !

Finis-je dans un sourire sincère et encourageant.

Un sourire me gagne, un tout petit sourire, lorsqu’elle me dit qu’elle ne veut pas changer ou effacer ça. Ma tête se hoche légèrement, je le savais… Je la connais. De toute façon ça la changerait et ce n’est pas ce que je souhaite, je peux cependant apaiser un peu sa douleur ou sa peur, ça… Ça ne coûte absolument rien du tout et ça ne changera absolument rien du tout !

D’ailleurs on trouve l’endroit parfait parce que de ce que je comprends ses nuits sont courtes à cause de l’évènement, elle aura peut-être envie de finir sa pause en faisant une petite sieste suite à l’apaisement de son esprit. Lorsqu’elle me dit que c’est adorable de ma part je souris en réponse au sien et la laisse s’installer assise sur le lit tandis que je me rapproche d’elle. Posant ma main sur sa joue, je souris à ses mots.

-Si ça avait été le cas tu l’aurais oublié…

Je la regarde ensuite dans les yeux.

-Détends-toi, regarde-moi juste dans les yeux… Ne quitte pas mon regard et aie confiance…

Je la regarde alors avec intensité. Je sais que ce que je fais va me demander énormément d’énergie, surtout, car elle est surnaturelle elle aussi, mais… J’ai réellement envie de le faire. Une fois que nos regards se croisent réellement et ne se décrochent plus, je reprends.

-Toutes ces personnes que tu as perdues ou vues mourir ne te font plus aussi mal… Tu dois te dire qu’ils sont bien là où ils sont, ils sont en paix avec eux et il faut que tu le sois avec toi-même… Tu ne les oublieras pas, jamais, mais la douleur est plus douce…

Ça c’était pour la peur de voir des gens mourir, quant à ses cauchemars… Cette partie devrait déjà aider. Cependant je continue en parlant de cet évènement marquant et je lui dis que malgré tout ça, elle va pouvoir dormir, car jamais ça ne viendra intercepter ses rêves et lui refaire mal à travers ses rêves.

Dire ça ainsi pourrait me donner l’image du serpent dans ce Disney dont j’ai oublié le nom… Le livre de la jungle je crois ! Qui demande d’avoir confiance pour mieux manger le garçon. C’est vrai je pourrais, je mange également des humains, mais là il n’en était rien. Je voulais sincèrement l’aider et même si j’avais souffert à cause d’elle, je ne souhaitais nullement qu’elle, elle souffre. Cette femme était mon premier amour, on ne peut pas souhaiter autant de mal à un premier amour, aussi douloureux fut-il. Il a fait ce que je suis aujourd’hui, même s’il a fait également de moi un sanglant meurtrier. Je tente donc de l’aide du mieux que je peux, mais je le sens bien qu’elle résiste.

-Ombeline… Il n’y a que toi et moi, concentres-toi sur moi, regarde-moi… Tu n’es pas une mauvaise mère, bien au contraire, tu le sais et tu en es sûr…

Je continue de la contraindre à le croire. Je ne peux pas trop m’étaler dans l’hypnose, je vais droit au but, en la rassurant du mieux que je peux. Bien évidemment que je pourrais lui confirmer que c’est normal après autant de temps, mais à quoi bon . Non la convaincre qu’elle n’est pas une mauvaise mère est plus simple.

&

Mêler vie personnelle et professionnelle ?

La fée acquiesça. Oui, c’était une bonne mère. Elle les avait accompagnés jusqu’au bout, avait tout fait pour les élever, les aider, les soigner. Tout. Elle avait été une bonne mère, une bonne épouse, une bonne grand-mère. Eliaz avait raison.

Se détendant, elle poussa un soupir de soulagement. Tout allait bien. Oui. Il n’y avait pas à s’inquiéter, pas à en faire autant de cauchemars.

– J’ai fait tout ce que j’ai pu… souffla-t-elle.

Son expression était bien moins angoissée et son regard indiquait que toute résistance était tombée. Son esprit était à la merci du vampire.

Spoiler:

Elle était tendue sur le lit, entre mes mains, mais au fur et à mesure je sentais qu’elle lâchait. Qu’elle baissait les armes, qu’elles les rendaient et ça… Pour le mieux. Je faisais ça pour elle. Je ne lui devais rien, mais en même temps j’avais l’impression de lui devoir. Elle m’avait fait aimer, elle m’avait fait connaître ce sentiment en premier, mais si elle me l’avait repris… Elle m’avait fait goûter à ça et rien que pour ça je pouvais un peu apaiser sa peine… Même si je pourrais me venger en la laissant souffrir. Je sais toutes les causes maintenant … Et ça change beaucoup la donne.

-Tout…

Je relâche l’hypnose après avoir murmuré ce dernier mot. Je ne m’éloigne pas pour autant d’elle. Je garde une main sur sa joue, que je caresse de mon pouce, pour l’apaiser. Je la regarde dans les yeux et reste proche d’elle, si elle en a besoin… On ne sait jamais. Peut-être que maintenant que la peur et la peine sont moins grandes et étouffantes, elle aura peut-être simplement envie de dormir, peut-être pas....


HJ : Ne t'inquiète pas, ça arrive !

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Mêler vie personnelle et professionnelle ?

Tout… tout ce qu’elle avait pu oui… Ombeline avait même appris tout un métier qu’elle continuait d’exercer des siècles plus tard alors qu’il n’y avait ni mari ni enfant à soigner.
Elle sentit le pouvoir d’Eliaz quitter son esprit, elle aurait pu le décrire non pas comme une pression qui cherchait à le contraindre mais plutôt comme une étreinte réconfortante.

Avec un soupir de soulagement, elle appuya sa joue contre la main du vampire toujours dessus et lui sourit doucement.

– Merci…

Elle se sentait comme soulagée d’un poids, d’un étau qui l’enserrait et l’étouffait peu à peu. Un simple merci n’était pas assez. Il ne s’en doutait peut être pas mais ce qu’il venait de faire était énorme.
Hésitante, elle se pencha et le prit dans ses bras, répétant tout bas :

– Merci merci merci…

Son cœur semblait bien plus léger, mais ce relâchement lui donnait envie de pleurer. Ce n’était pas le moment. Enfouissant son visage contre Eliaz, elle inspira doucement pour se calmer. À force, elle avait l’habitude de réprimer ses émotions, d’afficher un masque joyeux. Mais elle cachait de la tristesse en général, pas un tel soulagement !

Spoiler:

Je ne pouvais pas laisser la femme qui m’avait fait découvrir l’amour, bien qu’elle m’ait également fait découvrir l’énorme douleur de la perte d’un amour si singulier, souffrir. Il m’était inconcevable de le faire. Je l’aide donc… Je ne dirais pas que je la contrains, je la convaincs plutôt. Je sais en sorte que sa culpabilité prenne un peu des ailes et soit moins lourde. Elle appuie finalement son visage contre ma main et je souris aux mots qu’elle me murmures. Restant debout face à elle, je la laisse m’enlacer et murmure encore ce mot, presque comme une prière. Mon réflexe ? Glisser ma main dans ses cheveux en la serrant à mon tour contre moi. Je la berce d’ailleurs presque en nous faisant légèrement bouger tout en caressant ses cheveux avec tendresse.


HJ : Pas de soucis, moi aussi du coup, désolé

On restait là, ainsi, un petit moment. Il n'y avait plus vraiment de mots entre nous, mais en même temps peut-être que tout était dit… Pour le moment en tout cas. Quoi qu'il en soit, les mots ne servaient pas en cet instant. Je pense que seul mon étreinte était vraiment utile dans ce genre de moment. Lorsque finalement elle reprends la parole, je souris légèrement et me redresse un peu, reculant légèrement.

-On verra le moment venue… Je suis sûr que tu trouveras…

Je lui offre un nouveau sourire, un de ceux communicatif et doux que je peux avoir en réserve.

-Je pense que pour le moment tu devrais profiter de te reposer encore un peu…

Après tout il devait bien lui rester quelques longues minutes et maintenant que les cauchemars étaient loin derrière, elle allait pouvoir avoir quelques vrais longues minutes de repos !

Lorsque la jolie fée me remercie encore une fois pour ce que j’ai faits je glisse un simple « de rien » dénuer de toute prétention. Je ne suis pas prétentieux pour le coup. Je ne fais rien d’extraordinaire, même si ça paraît au vu de notre passé compliqué commun. Je la laisse donc se reposer, mais avant ça elle me glisse une petite information qui me fait sourire.

-Je note l’information s'est promis… Bonne nuit petite fée…

Et je quitte la pièce tel un vampire que je suis c'est-à-dire rapidement et sans bruit....

Fin