Réapparition [PV Narayan]

6mois ont passé depuis que j’ai pris la décision de quitté temporairement Oslo. Beaucoup de chose se sont passé pendant cette demi année d’absence, de disparition de la surface de la terre, du moins des rues de Norvège, j’avais traversé tout le continent pour retourner en Arménie, pays natal de ma mère, pays où j’ai grandis après le divorce de mes parents, pays où j’ai vécu l’enfer a cause de mon beau père, le pays de tous mes cauchemars, que j’avais fui sous le nom de Deepika, aujourd’hui j’y suis retourné sous le nom de Narayan.
Cela fait a peine quelques jours que j’ai remis les pieds à Oslo, je ne suis même pas encore retourné au club pour mettre fin à mon congé à durée indéterminé. Mais je suis de retour, pour de vrai, et pour toujours. Plus rien ne me retiens en Arménie et beaucoup de chose ont changé dans ma vie en l’espace de 6mois.
Je suis sors a peine de la douche quand j’entends quelqu’un sonner à ma porte, je suis surpris, personne n’est au courant de mon retour, les seules personnes que j’ai vu depuis mon retour c’est une infirmière qui m’a fait une prise de sang hier, la première depuis six mois. Je ne comprends pas qui peux venir me voir ? Peut être l’une de mes patronnes ? Je ne sais pas, j’enfile un peignoir avant d’aller ouvrir doucement la porte et je suis surpris de voir la belle infirmière avec qui j’ai beaucoup parlé, il y a des mois de ca, avant de départ.

« Infirmière Smith… ? Hm…je ne m’attendais pas vous voir ici…Entrez je vous en prie… »

Je la laisse entrer chez moi, c’est la première fois que quelqu’un passe le seuil de cette porte. La décoration n’a pas changé en 6mois, c’est toujours cette atmosphère indienne, aux couleurs chaude orangées. Avec des effluves d’épices qui parcours l’air. Elle s’excuse de me déranger, m’expliquant qu’elle était inquiète, que j’avais parlé de mes soucis par le passé et que finalement elle est rassuré que je vais bien, car l’infirmière n’avait pas dit grand-chose. Je lui souris, attendri par tant d’attention a mon égard, je l’invite a s’installer au salon.

« Pour tout vous avouer, j’ai du partir quelques mois loin d’ici…à cause de ma famille…et j’ai eu plein de choses a régler…ca a pris du temps, mais à présent, je suis de retour… »
Je vais dans la cuisine pour ramener de quoi boire, je n’ai pas grand-chose en dehors de quelques sodas. Si seulement elle pouvait imaginer par quoi je suis passé. D’ailleurs, le temps que je fouille en cuisine, une petite bouille blonde encore ensommeillée sort de ma chambre, m’appelant de sa petite voix, me surnommant « Na’ » elle a a peine 4-5ans, arrivant dans le salon en se frottant les yeux.

Mon passé, j’en ai parlé a personne, personne ne sait par quoi je suis passé, personne ne sais à quoi j’ai échappé, personne ne sait qui je suis et pourquoi. Tant de secret que je garde au fond de moi, mais qui vont devoir sortir un jour ou l’autre de l’ombre, maintenant que je ne risque plus rien, que la boucle est bouclé et que, mon enfer est terminé.
La petite blonde regarde cette grande dame avec ces grands yeux bleus, serrant son doudou contre elle, se demandant qui cela peut être, se souvenant des mots que je lui avais dis, qu’ici elle ne risquait rien, personne ne lui fera de mal. Elle fait un petit coucou de la main, timide. Je reviens dans le salon et vois ma petite puce debout devant Ombeline, je souris tendrement et je pose tout sur la table avant de soulever la petite qui s’avait accouru jusqu’à ma jambe en tendant ces bras vers moi. Je viens m’asseoir sur le canapé en posant la petite sur mes genoux, alors que se blottit fort contre moi.

« Je vous présente Sanna… »

Je ne peux que sourire en voyant la réaction de l’infirmière devant ma petite sœur, oui, je la considère comme ma petite sœur, elle est sortie des entrailles de ma mère après tout, même si son géniteur est l’incarnation humaine de satan. Etant jeune, elle passe facilement pour une humaine sans soucis, étant en plus une « métisse elf-humain ».

« Son vrai prénom c’est Ovsanna, mais je préfère l’appeler Sanna, ca vient d’Arménie »
Et là, elle me demande si je la garde depuis longtemps. Comment lui dire ? Comment lui dire que je l’ai sorti de l’enfer sur terre, comment dire que je me suis battu pendant des mois avec un monstre pour réussir a la sortir de son foyer et de faire payer a ce monstre tout le mal qu’il a fait.

« Quelques semaines tout au plus, c’est assez récent…hm c’est assez compliqué a vrai dire…J’ai du me battre comme un lion pour la sortir de l’enfer. »

Etait-il temps que je me confie enfin à quelqu’un de ce que j’ai vécu ? De par quoi je suis passé ? Je crois en effet qu’il est temps que je me confie à quelqu’un la dessus, ca fait trop longtemps que tous ces secrets en hante et j’ai besoin que cela sorte enfin, et j’ai confiance en cette infirmière, de toute façon, je n’ai rien a perdre à présent. Je décale ma sœur pour la poser sur le canapé et je me lève pour aller chercher quelque chose dans un tiroir, revenant bien vite avant de lui tendre une photo de famille, il y avait deux parents, et deux enfants, un garçon et une fille, ils avaient environ 6ans tous les deux, une paire de faux jumeau qui se ressemblait comme deux gouttes d’eau. Je ne dis rien et je la laisse étudier cette image, tous les quatre vêtu à l’indienne, l’homme était typé indien et la femme avait une peau très clair, laissant présager son statut de non native du pays. Pourquoi cette photo ? Car c’est le début de mon histoire.

Je la laisse observer la photo, je sais très bien que mon histoire est très longue, très complexe, très compliquée et que la photo n’est que la première couche d’une immense montagne a gravir. Mais pour l’instant, je reste silencieux, la laissant en tête a tête avec la photo qui semble la laisser perplexe. Sa seule question fut par rapport a mon frère. Je souris tristement.

« Il s’appelle Damian…ca fait des années que je ne l’ai pas vu…ca doit faire… presque 10ans que j’ignore ou il est…même s’il est encore vivant… »
Je m’approche doucement d’Ombeline et je lui montre doucement de ma main tatouée l’enfant, la petite fille, cette enfant avec de très épais cheveux noirs, comme ceux que j’avais quand l’infirmière m’a connu, mais une peau très blanche, comme la mère de famille.

« Je suis né sous le nom de Deepika…Et cette petite fille c’est moi…J’ai grandi dans un petit village a coté de Jaipur et j’ai toujours su que je n’étais pas une petite fille au fond de moi… »
Je lui souris doucement avant de soupirer pour entamé la partie la plus douloureuse de mon passé.

« Mes parents ont divorcés et avec mon frère, on a du suivre notre mère en Arménie, son pays natal…Elle s’est rapidement remariée…et mon enfer a débuté… »
Ma gorge se serre rien que de reparler de cette homme, de ce monstre.

« Mon beau père était le diable en personne…Il a tout fait pour m’empêcher de me sentir garçon…il m’obligeait a me comporter comme une petite fille parfaite, si je n’obéissais pas…il me frappait, il me torturait pour me rappeler que je n’étais qu’une fille… »
Le pire reste a venir dans mon histoire, les larmes coulent silencieusement sur mes joues alors que j’entame l’enfer même de mon passé.

« J’avais 10ans, un jour…il m’a battu si fort que j’ai cru qu’il allait me tuer ce jour là…Puis il s’est glissé dans mon lit quelques heures plus tard…et ce fut la première fois d’une très longue série…A ces yeux, je n’étais qu’une fille et une fille doit satisfaire tous les désirs des hommes…Au début il n’y avait que lui…puis il m’a forcé a subir ces amis…Mon frère a essayé de me protéger, mais mon beau père menaçait de le tuer s’il faisait quoi que ce soit… »
Je ferme les yeux en je baisse la tête, serrant contre moi l’enfant blond et termine mon histoire.

« Ca a continuer jusqu’à mes 15ans…une nuit, poussé par mon frère, je me suis enfuie, j’ai vécu pendant trois ans dans la rue de la capitale, survivant grace aux quelques pièces que mes fabrications vendue au marché me rapportait. A 18ans, je me suis enfuie de l’arménie, afin de commencer vraiment ma transition, en Suède…Avant d’arriver à Oslo. Quand je suis retourné en Arménie, mon frère n’était pas là, ma mère venait de mourir et j’ai découvert qu’elle avait eu une fille avec ce monstre…Alors je me suis battu pendant 6mois pour obtenir sa garde et mettre ce fou en prison…et j’ai réussi à la ramener ici avec moi, enfin en sécurité. »

Pour la première fois de ma vie, j’avais déballé mon histoire du début à la fin, et je dois avouer que je sens comme un poids se libérer de mon cœur, comme si les chaines qui l’oppressaient avaient enfin été détruite, je me sens bien mieux maintenant, et c’est seulement lorsque l’infirmière prends mes mains dans les siennes que je pose de nouveau mon regard sur elle, bien plus serein que toutes les fois où elle a pu me regarder. Je me sens comme libre, vraiment maintenant que j’ai parlé de l’intégralité de mon histoire, ou presque. Evitons de lui parler des détails sordide de ma vie dans la rue.

« Merci mademoiselle Smith… »
Je serre également les mains de l’infirmière en face de moi, et pour la première fois depuis longtemps, je lui adresse un vrai sourire, serein et confiant maintenant, libéré d’une douleur qui me poursuivait depuis tant d’année. Doucement, je regarde la petite blonde blottie contre moi et je passe ma main tatouée dans ces cheveux.

« J’ignore s’il a levé la main sur elle ou s’il l’a touché, mais à présent, elle est en sécurité, avec moi et elle aura la vie qu’elle mérite… »