Te voila enfin [Pv Aedan]

Je dirais bien que les jours passent et ne se ressemblent pas, mais c’est faux. Ils se ressemble. D’autant plus que Samaël est extrêmement silencieux en ce moment et ça ne présage rien de bon. Au fond j’ai peur qu’il revienne avec une bombe, pas littéralement, mais l’image et l’idée est là. Moi ? Je me remets doucement de ce qui m’est arrivé, mais depuis mon réveil du coma je n’ai également plus vu Liorah. Enfin pas directement. Je ne lui ai même plus parlé à vrai dire. Elle m’a vu faible et avoir besoin d’elle. Je tente de la protéger depuis plus de dix ans de tout ça, ce n’est pas pour tout briser comme ça… Alors je redeviens distant, comme il y a environ dix ans. Bref aujourd’hui j’ai un check up à faire pour voir si l’un des patients peut sortir. Malheureusement pour moi ? Je connais le nom du patient et je n’ai clairement pas envie d’y aller, mais je n’ai pas le choix. J’ouvre donc la porte.

-Bonjour.

Ma voix n’est pas joyeuse, ni enjoué, je suis simplement poli. Je relève mes yeux de la tablette lorsque je l’entends enchainer tout un tas de connerie. Je relève un sourcil lorsqu’il me propose clairement de me déshabiller alors que lui-même me fait une sortie de striptease et je fronce immédiatement les sourcils.

-C’est ta connerie qui est chaude, rien d’autre.

Je n’avais pas oublié la dernière fois où l’on c’était vu. M’approchant alors de lui, je pose son dossier et me munis de gants, mais je me stoppe alors qu’il me propose des choses toujours plus loufoques. Me tournant lentement vers lui, je parle d'une voix ferme et énervée.

-Écoute-moi bien ! Si tu es en chaleur tu vas te frotter à un poteau où je sais pas quoi, mais tu me fous la paix où tu risquerais de prolonger ton séjour ici, mais pas pour les bonnes raisons. C’est clair ?!

Entre Alexandre et moi c’est une longue histoire ! Une histoire qui ne date clairement pas d’aujourd’hui. On a des hauts, des bas, des coups de gueules, des réflexions, des tentatives… Il y a de tout, clairement, mais je crois que c’est juste comme ça qu’est fait notre histoire, notre lien. D’ailleurs je ne suis pas spécialement enjoué à l’idée de le revoir, car la dernière fois c’est très mal passé et je ne suis pas d’humeur à ça. Seulement lui semble plus… Joueur. Je le remets donc directement à sa place et lorsqu’il me confirme que sa connerie va bien, je lève légèrement les yeux au ciel en soupirant puis me rapproche. Cependant il continue et va un peu trop loin. Du coup ? Je le calme direct et je peux le voir se défendre, tant bien que mal. Gardant les sourcils froncés, je le regarde lorsqu’il me demande si ça m’arrive de me détendre.

-Ouai… Quand on ne me fait pas chier…

Je relève finalement un sourcil, répondant du tac au tac à ce qu’il dit alors qu’il se rhabille un peu. Je finis donc de me rapprocher et reprends le dossier.

-Donc… Vu que c’est pour savoir si tu peux sortir, dis-moi comment tu te sens, s’il y a des choses qui vont pas ect…

Je le regarde ensuite de nouveau.

Alexandre et moi au final c’est une plus longue histoire que je l’aurais pensée. On se connaît « bien » on se côtoie dirons-nous… De force ou de gré je vais rajouter, car ceci fait toute la différence ! Il est toujours assis le cul entre deux chaises j’ai l’impression, mais qu’importe… Je m’y fais. Je ne sais juste jamais quand il est l’Alexandre timide et le provocant, ce qui est déroutant… Heureusement je garde simplement tout le temps mon masque comme ça… Pas de soucis. Il semble d’ailleurs habité par ce dernier puisqu’il sourit et ne prend pas mal ma « mauvaise humeur ». Je secoue alors la tête.

-Je vois alors que nous n’avons pas le même sens de l’humour…

Je me rapproche cependant encore, parce que je dois bien faire mon boulot et le questionne. Je ne suis pas médecin, simplement infirmier, donc je fais les petites banalités. Lorsqu’il me parle de sa poitrine, je fronce les sourcils et reprends.

-Ah bon ? Tu en as parler à ton médecin… C’est important comme « détail » quand même….

Je ne sais pas vraiment quelle relation Alexandre et moi on entretient, mais on entretient quelque chose c’est sur. Il est toujours là… Je le connais depuis longtemps et je ne lui ai pas encore refait le portrait, cependant je suis à deux doigts à chaque fois ! C’est étrange, mais c’est comme ça, J’imagine que c’est ainsi que l’on se retrouve lui et moi. Bref je sors de mes pensées lorsque je l’entends rire et lorsqu’il me touche l’épaule en me demandant de me détendre je regarde longuement sa main avant de tourner tout doucement la tête vers lui de nouveau. Je retire alors finalement sa main de mon épaule et reprends.

-Qu’est-ce que ça peut te foutre si je finis « vieux grincheux » de toute façon.

Je pose cette question, mais au fond… Je ne sais pas s’il y a de bonnes réponses. Comme je le disais… Nous ne sommes pas amis, nous ne sommes pas amants, nous ne sommes pas de la même famille. On n'est rien en fait l’un pour l’autre et pourtant on est clairement dans la vie de l’autre plus que de simple inconnu… C’est étrange, très étrange, mais vrai. Je regarde finalement dans son dossier et relève finalement les yeux vers lui, n’ayant même pas vu sa tentative de câlin.

-On va te faire passer des examens… Ce n’est pas normal comme douleur. Prêt à faire du cardio ?

Alexandre me regarde longuement puis s’excuse avant de me dire que je suis déjà un grincheux, dans un corps de jeune, mais qu’il m’aime comme ça. Je roule alors des yeux et ne cherche pas plus. Avec lui de toute façon…

-M’en voilà ravi… !

Je deviens un peu ironique. Ouai ça m’arrive… je sais « rire » moi aussi. Quoique je ne réponds pas à son clin d’oeil et me concentre plutôt sur ses résultats. Franchement quel genre d’infirmier est-ce que je saurais de le laisser s’en aller comme ça ? Un incompétent et je déteste ça. Je relève alors un sourcil.

-Tu préfères donc que je te laisse possiblement mourir ?!

Je n’ai cependant pas le temps d’en dire plus qu’il se relève et me colle soudainement en me faisant un sous-entendu, pas réellement sous-entendu. Je fronce fortement les sourcils et le repousse assez fort pour le faire retomber assis.

-Je n’ai pas été assez clair ?!

Alexandre cherche la petite bête et s’il continue il va la trouver, mais pas de la manière la plus douce. Cependant je tente de rester calme… Très calme, même si c’est super-compliqué ! Je soupire et passe une main sur mon front. C’est qu’il me filerait presque la migraine.

-Je n’ai pas dit immédiatement, j’ai dit possiblement… Maintenant si tu veux que je te laisse pour aller faire ton boulot, laisse-moi faire le mien.

Je ne le demande pas vraiment gentiment, ce n’est même pas une demande au fond, mais plus… Un ordre. Oui voilà. Lorsqu’il se relève pour se frotter à moi je freine directement ses envies en le repoussant. À ce qu’il me dit je fronce les sourcils et réponds du tac au tac.

-Et tu n’es pas obligé de toujours être en chaleur non plus.

Lorsqu’il me demande si c’est moi qui vais lui faire passer le test, je secoue la tête et me recule.

-Je serais là, mais c’est un cardiologue qui va surtout d’évaluer. Tu peux marcher où il faut que je te prenne un fauteuil roulant ?

Le problème avec Alexandre, c’est que vu sa maladie il n’est pas supposé vivre aussi vieux. En fait c’est un peu un miracle, il y a des miracles ici de toute façon, mais quand même… Je pense que le seul moyen de le sauver serait d’être surnaturel, au fond… Je n'en sais rien ! J'suis pas médecin, mais bref… Il me laisse enfin faire mon boulot et lâche les armes. Amen ! Enfin… Je crois que je vais retirer tout ce que je viens de dire parce que je le regarde explosé de rire et je ne comprends pas vraiment pourquoi. Avant que je n’ai le temps de m’énerver de nouveau il se calme de lui-même, mais j’ai tout de même les sourcils froncer.

-Oui tu dois sûrement ne pas l’être lorsque tu dors et encore… Je n’aimerais pas traîner dans tes rêves à cause d'à mon avis…

Moi en tout cas c’est cette vision que j’avais de lui ! Je lui demande alors s’il préfère marcher ou rouler et à son choix ma tête se hoche simplement.

-Suis-moi.

Je quitte alors la pièce et l’entraine dans les couloirs. On ne marche pas beaucoup, mais quelques minutes quand même. Je finis par toquer à une porte et le cardiologue me fait entrer, je fais signe à Alexandre.

-Viens.

J’explique alors le cas et confie le dossier au cardiologue.

Je ne réponds pas vraiment sur le fait qu’il me dit qu’il pense que j’aimerais se retrouver dans ses rêves. Je crois que ça ne vaut même pas la peine que je réponde pour le moment. Avec Alexandre c’était comme ça au fond. On se lançait des piques, mais on se parlait toujours. Finalement je l’emmène à son rendez-vous et je reste ici même si je n’ai pas à participer plus que ça. Je lui lance simplement un regard lorsqu’il me demande s’il est vraiment obligé et après avoir passé plusieurs tests il s’avère qu’il va bien. Ce n’était peut-être que des signaux éphémères, mais je ne pouvais pas, ne pas vérifier ! Je le laisse donc s’en aller juste après avoir fini tous les examens pour être sûr que ça aille.



FIN