Examen médical | Aedan Cursse

Lorsque l'on travaille dans un club en tant que prostituée il y a toujours des contrôles à faire. Et aujourd'hui c'était le jour où je devais passer à l'hôpital pour passer un examen et s'assurer que tout allait bien chez moi. Déjà pour s'assurer que j'allais bien mais aussi pour s'assurer qu'aucun client ne m'avait refilé de maladies. Et j'avais pris rendez-vous pour aujourd'hui avec un médecin. Je n'avais pas honte de mon corps, loin de là, la plupart des hommes l'avaient déjà vu mais c'était toujours différent pour un rendez-vous médical mais c'était obligatoire et plutôt rassurant d'un sens.

C'est ainsi que je me retrouve à l'accueil de l'hôpital en train de demander à une secrétaire où aller pour mon rendez-vous. La dernière fois que j'avais eu à aller à l'hôpital avait été pour ma cheville et je n'y étais retourné que pour un contrôle de routine. La dame de l'accueil me montre la salle d'attente et là où je dois aller pour mon rendez-vous. C'est une infirmière qui m'appelle et m'emmène dans une salle d'examen, elle me dit d'attendre le docteur chose que je fais tranquillement assise. J'espère que je vais bien...

Je ne suis peut-être qu’un infirmier, mais il m’arrive parfois de faire des choses qui dépassent un peu ce que je devrais faire normalement. Mais parce que je suis un des plus anciens ici, que j’ai faits un peu plus d’études. Bref tout ça pour dire qu’un médecin a un peu de retard et m’a demandé de le remplacer pour des choses de routine, comme faire une prise de sang pour une patiente qui vient régulièrement ici. Lorsque je saisis le dossier, je ne reconnais pas le prénom puisque je ne l’ai croisé que deux fois et nous ne sommes pas entré de façon profonde et intime dans nos conversations. C’est donc lorsque j’arrive dans la salle que je reconnais la femme, cependant… Ne sachant pas si elle, elle me reconnaît, je me rapproche.

-Bonjour… Aedan Cursse, je suis l’infirmier qui va se charger de faire vos prises de sang et quelques autres petits examen complémentaire....

Les hôpitaux ne sont pas vraiment ma tasse de thé, je les déteste même. Pourtant je n'avais aucun réel mauvais souvenir à l'intérieur de ces bâtiments mais je ne sais pas, je détestais l'odeur qui emplissait les narines et peut-être un peu trop présentes pour une créature surnaturelle. Je détestais cet endroit car c'était aussi un lieu de mort et que lorsque l'on va à l'hôpital ce n'est jamais parce qu'on aime y aller. Loin de là mais je sais qu'aujourd'hui est une visite de routine et que normalement il n'y aura rien de grave. On va croiser les doigts. C'est ainsi que j'attends patiemment qu'un médecin rentre mais à la place c'est un infirmier qui vient me voir et qui se présente à moi. Son nom ne me dit rien mais sa tête ne m'est pas étrangère. Je l'ai déjà vu c'est sûr mais je ne me souviens pas d'où. Je ne pense pas qu'il ait été un client sinon je m'en souviendrais. Je vais réfléchir et lui demander plus tard, si ça se trouve il s'agit du fruit de mon imagination.

-Bonjour. On commence par quoi ?

Lorsque j’entre dans la salle il me semble reconnaître la patiente. Enfin c’est sur que je la reconnais, mais je ne l’ai pas vue ici en tant que patiente… Cependant c’est tout ce que je me rappelle. Je ne me rappelle pas vraiment de son identité, mais c’est déjà pas mal que je me souvienne l’avoir déjà croisé, non ? Elle me salue également, mais c’est tout puisqu’elle me demande par quoi est-ce que l’on va commencer. Je m’approche alors des tiroirs afin de prendre de quoi la piquer.

-Les prises de sang comme je le disais.

Je saisis tout ce qu’il me faut et me rapproche de nouveau d’elle.

-Ça va, vous êtes à l’aise avec ça ?

Malgré que j’aie un masque de connard… Je ne pouvais pas ne pas bien faire mon métier et donc j’étais toujours sur le qui-vive en ce qui concernait le bien-être de mes patients, même si je n’étais pas toujours des plus cordiale.

Les examens médicaux ne sont pas ma tasse de thé, je déteste même ça mais c'est important pour ma santé de toute façon et celle des clients. Je n'ai pas le choix que de le faire et puis au moins une fois par mois je sais comment je vais et c'est payé par le club. L'infirmier qui s'occupe de moi ne semble pas très sympathique mais je fais avec. Je n'ai pas vraiment le choix aujourd'hui dans tout ce que je peux faire. C'est alors qu'il me dit que l'on commence par les prises de sang. Comme je suis du côté surnaturel j'ai moins peur de donner mon sang. Je n'aime pas forcément les piqûres non plus mais je ne panique pas.

-Je pense oui.

Je tend mon bras pour qu'il puisse me faire un garrot et prendre mon sang. Lorsqu'il le fait je détourne la tête pour ne pas m'évanouir.

Je suis toujours de mauvaise humeur et je ne suis pas celui qui va sourire le plus, mais ça c’est bel et bien l’apparence. Au fond je suis un professionnel. Un vrai. Je fais attention à mes patients, je suis même plutôt doux lorsque je la pique. Je fais en sorte de lui faire le moins mal possible. Si je suis comme ça c’est simplement pour Samaël… Sinon je ne serais pas ainsi. Ma vie serait tout à fait normale… Alors que je la pique, je la vois détourner la tête. Alors que je laisse simplement les fioles se remplir, je m’inquiète de savoir si ça va, encore une fois, car la dernière fois c’était avant de la piquer.

-Vous pouvez desserrer le poing…

Je lui avais demandé de le serrer juste avant. Je tente donc de rester doux dans l’échange de fiole et ne pas lui faire mal.

Je peux sentir que l'humeur de l'infirmer qui s'occupe de moi n'est pas au beau fixe, qu'il serait presque de mauvaise humeur. J'avoue que sur le coup j'ai peur qu'il soit un peu trop violent avec moi et pas sympathique mais c'est tout le contraire et j'en suis surprise. Il a beau montrer une façade ou du moins montrer qu'il n'est pas de bonne humeur il reste très professionnel et j'apprécie. Il se montre assez doux et prévenant pour cette prise de sang. Je n'ai même pas mal pour tout dire. J'attendais assez patiemment sans regarder mais je desserre le poing lorsqu'il me dit de le faire.

-Je ne suis pas une adepte des piqûres mais je ne sens rien pour le moment.

Il vaut mieux que je le dise de toue façon et ça l'aidera peut-être à affiner sa technique ou être plus sympathique.

Les prises de sang c’est un peu le b.a.-ba afin d’être un infirmier. Si tu ne sais pas en faire… Oublie le fait de faire ce métier. Les médecins ne savent plus en faire… Et les aides-soignantes ne sont pas là pour ça. C’est donc « notre job » entre autre. On a bien d’autres choses également à faire, mais ça, ça reste le b.a.-ba comme je le disais ! Je veille donc à ne pas faire mal, je n’aime pas produire des bleus chez les patients, bon parfois je n’ai pas le choix, mais là ça va… Elle est facile à piquer si je puis dire. Lorsqu’elle me dit que ça va et qu’elle ne sent presque rien, ma tête se hoche légèrement.

-Ok… C’est presque fini.

Je prends encore une fiole de sang puis je finis par retirer l’aiguille. Je lui demande d’appuyer fort sur le bout de coton que j’ai placer sur son bras, pour éviter notamment les bleus, puis m’occupe de lui mettre du sparadrap ensuite.

-Je vais envoyer ça, je reviens.

Je prends le tout, jette l’aiguille et quitte la pièce quelques secondes.

Même si l'infirmier ne me paraissait pas sympathique il était assez doux avec moi. Ca pouvait être assez surprenant pour tout dire mais au moins il faisait bien son travail et d'un côté c'était tout ce qui comptait mais j'aimais parler avec les gens qui s'occupaient de moi parce que le temps passait beaucoup plus vite. Il tient quand même à me rassurer mais je trouve l'ambiance un peu austère même si je sais qu'il s'agit d'un hôpital et pas d'une maison close. Je n'étais pas non plus dans le service des mourants et ça me stressait bien plus de ne pas pouvoir parler ou de montrer mon stress. Je le laisse me prélever quelques fioles de sang mais c'est bientôt fini selon lui. Je l'espère et finalement il avait raison, ça n'a pas duré longtemps. J'appuie sur le coton qu'il a posé pour faire arrêter le sang.

-D'accord.

J'attends impatiemment de passer la suite parce que passer ma journée à l'hôpital n'est pas dans mon emploi du temps de la journée. Je le vois revenir ensuite.

-Quelle est la suite ?

Samaël m’empêche dans un sens de bien faire mon boulot, mais je ne le laisserais jamais totalement gagner. Il m’empêche d’être comme je veux être. Mais là… Dans cette pièce, il ne le sait pas. Il ne me voit pas, alors je peux me permettre d’être doux et avenant avec la patiente, même si je ne suis pas très souriant. Elle ne l’est pas non plus de toute façon. Lorsque je finis la prise de sang et que je lui demande d’appuyer pendant que je reviens elle me laisse un simple « d’accord » en réponse et je m’en vais faire ce que j’ai à faire. Lorsqu’elle revient, je saisis le dossier et me remets près d’elle.

-Vous n’avez jamais fait de check-up ?

Pour qu’elle me pose la question. Je finis par baisser les yeux pour lire les informations sur son dossier et remarque son métier.

-Ok… Donc il faut une partie gynécologie… Et vous allez répondre à quelques questions, un petit test cardiaque également, une radio des poumons et… On attendra les résultats sanguins. On aura fait le tour.

Je change de page sur le dossier et reprends.

-On commence par les questions, mais faites-vous toujours les métiers de prostitué ? A quand remonte votre dernier check-up ? Êtes-vous tomber malade qu’importe la maladie ou avez-vous attrapé quelque chose, comme une MST, ces six derniers mois ?

Une fois la prise de sang faite, je laisse l'infirmier partir avec les flacons pendant que j'appuie à l'endroit où il a piqué pour faire arrêter le sang. J'ai la chance de ne pas avoir un sang trop liquide donc il s'arrête assez facilement. Ce n'est pas mon premier check-up mais c'est toujours un peu stressant surtout quand la personne qui s'occupe de vous ne paraît pas très aimable mais tente de l'être. Il me pose alors la question de savoir si j'ai déjà fais un check-up étant donné que je lui demande des informations. Je n'ai pas le droit de lui en poser ?

-J'en ai fais plusieurs c'est vrai mais parfois l'ordre change.

Je le laisse alors m'expliquer les prochaines parties du check-up et je sais que la partie gynécologie n'est pas la plus sympathique à faire mais je n'ai pas le choix étant donné mon métier. Il commence à me questionner et j'ai peur de voir du jugement dans son regard mais il semblerait qu'il n'y ait rien et je suis un peu soulagée parce que ce n'est pas facile de dire que l'on fait ce métier.

-Oui je fais toujours ce métier. Mon dernier check-up doit remonté à il y a au moins deux mois. Je ne suis pas tombé malade et je me suis toujours protégé pendant mes rapports sexuels. Je n'ai pas d'MST connue en tout cas.

Je tente de répondre du mieux que je peux à ses questions.

Lorsque je reviens, après avoir déposé ses flacons pour qu’ils soient rapidement analysés, je lui panse l’endroit où je lui ai piqué avant de reprendre son dossier pour avancer un peu dans ce petit check-up. Elle me pose une question et je lui en pose une en retour, après tout… Ça me paraît bizarre qu’elle ne sache pas, lorsqu’elle me dit que c’est simplement parce que parfois l’ordre change, ma tête ne fait que se hocher tandis que je m’installe pour noter ses réponses faces à mes questions. Elle tente de répondre à toute, oubliant aucune et donnant plus ou moins de détail.

-Ok parfait c’est noté… On va aller faire la radio des poumons.

Je me relève après avoir posé le dossier, puis la regarde.

-Vous pouvez vous lever ?

Parfois certains ont la tête qui tourne après avoir fait leurs prise de sangs et donc quelques vertiges…

Je sais que ce n'est pas une partie de plaisir cet examen de routine et que je dois m'y plier si je veux continuer à exercer mon travail mais je suis toujours mal à l'aise dans les salles d'examens. Ce n'est pas le fait d'être juste avec une blouse d'hôpital car je n'avais pas franchement honte de mon corps vu le travail que j'exerçais même si ici j'étais plus timide car ce n'était pas dans ce cadre professionnel. Aussi je réponds à ses questions autant que je peux et ce dont je me souviens.

-Oui je peux, j'arrive.

Je me lève assez vite, la tête me tourne un peu mais je me reprend assez vite pour le suivre jusqu'à la salle de radiologie des poumons.

-Vous travaillez ici depuis longtemps ?

Je tente de faire la conversation, peut-être que je serai un peu plus à l'aise.

Je n’étais qu’un infirmier, je ne pouvais donc pas faire grand chose de plus au niveau des examens que le questionnaire que je venais de lui « infliger » et la prise de sang. Maintenant il fallait que j’attendes les résultats, par contre ce serait à moi de la diriger dans les différentes services, de la mettre à l’aise, de la rassurer… de répondre à ses questions… Et de faire en sorte qu’elle soit en temps et en heures avec le bon médecin. Justement vient le moment où je dois la diriger pour la radio des poumons et je lui demande de se lever, cependant je fais attention en lui demandant si ça va et si elle peut y arriver. Tout simplement parce que beaucoup de personnes me font quelques petits malaises après avoir fait une prise de sang. Elle se relève alors et me dit qu’elle peut y arriver, je hoche donc juste légèrement la tête et la regarde faire. Elle reste un petit temps sur place comme si ça lui tournait… Mais elle semble pouvoir marcher puisqu’elle me rejoint rapidement. On sort donc de la salle et je me dirige doucement mais surement vers le bon couloir afin qu’elle puisse passer son examen. Je ne vais pas trop vite parce qu’il faut quand même qu’elle me suive et pas qu’elle se sente stressée ou quoi que ce soit. Je suis assez surpris d’ailleurs qu’elle me pose des questions et qu’elle tente de faire la conversation… Mais je suis ici pour rester professionnel… Je ne vais donc pas l’envoyer chier « juste comme ça ». Il n’y a aucun collègue à moi en plus autour de nous… Donc je peux bien me permettre de lui répondre.

- Ça va faire a peu près dix ans… Peut-être un peu plus… J’ai du mal avec les dates parfois…

En réalité, je n’ai aucun mal à me souvenir quand est-ce que ma sœur est tombée malade… Je n’ai aucun mal à me souvenir quand est-ce que ma vie a pris le tournant de l’enfer… Mais je n’ai pas envie de m’étaler sur ce sujet plus longtemps. Mais puisqu’elle a fait un effort... je vais peut-être en faire un aussi.

- Et vous… ? Vous en avez fait beaucoup des check-ups comme ça ?

Venir à l'hôpital n'était jamais une partie de plaisir mais je devais m'y résoudre pour m'assurer que j'étais en bonne santé. Avec le travail que je faisais je n'avais pas le choix et c'était payé par le club donc autant le faire. Au moins je m'assurais que ma santé était bonne et il y avait un suivit à chaque fois que je venais. Jusqu'ici je n'avais pas eu de mauvaises surprises et je pense que c'était assez sécurisé au club pour nous éviter d'être malades. Je savais aussi que je n'étais pas la seule à passer ce type d'examens et qu'ils doivent être habitués à force même si je n'ai pas toujours la même personne pour s'occuper de moi.

C'est comme ça que je me retrouve à suivre un infirmier qui n'est pas bavard enfin qui répond au moins quand je lui pose des questions. J'avoue qu'au début j'étais un peu mal à l'aise parce que ce genre d'examens n'est quand même pas anodin mais maintenant que j'essaie de lui faire conversation il me répond, c'est déjà ça.

-Et ça vous plait toujours autant qu'à vos débuts ?

Finalement nous arrivons à la salle de radiologie et d'un côté j'ai juste hâte que tout se termine parce que c'est stressant. C'est alors qu'il me pose la question, je ne cherche pas à lui cacher, de toute façon il est tenu au secret professionnel.

-Oui malheureusement, je commence à connaître le processus.

Je ne suis peut-être pas l’infirmier qui va parler des heures, mais celui qui va passer des heures à bien faire son boulot. Ouai sur un plan collègue je suis peut-être pas le meilleur, mais sur le plan patient si… Même si je ne parais pas. Et puis… Je fais des efforts maintenant… Avant je parlais encore moins, maintenant je fais quelques efforts, même si c’est toujours compliqué de naviguer entre mon masque et mon vrai moi… Heureusement Samaël n’est plus là depuis un moment, même si on me surveille toujours, je le sais, je peux me relâcher un peu au travail… Juste un peu. Je sors de mes pensées à sa question et ma tête se hoche légèrement.

-Toujours oui…

Une question me brûle alors les lèvres.

-Et vous… Votre travail vous plaît ?

Trop de personnes le faisaient parce qu’elles n’avaient pas le choix et ne pouvait pas réellement en parler… Peut-être en faisait-elle partie et par ma question je lui ouvrais une porte de sortie… En quelque sorte… Je me stoppe finalement devant une salle et entre avant elle.

-Installez-vous ici… Et je vais aller chercher le gynécologue...

Je montre l’endroit et sors ensuite de la pièce.

Peut-être que je ne devrais pas parler ou tenter d'avoir une conversation normale avec l'infirmier qui s'occupe de moi. Il a l'air froid mais je ne peux pas lui reprocher de bien faire son travail et finalement c'est tout ce que les gens lui demande non ? Mais pour me sentir à l'aise, j'ai aussi besoin de parler pour oublier que ce que je suis en train de faire je le fais assez souvent pour assurer ma sécurité et celle des clients.

-Alors vous avez trouvé votre vocation.

Je souris un petit peu sur cette affirmation.

-C'est compliqué. J'ai fais ça parce que je n'avais pas le choix mais maintenant je ne sais pas si je serai capable de faire autre chose même si j'aimerai faire des études ou peut-être quelque chose dans cette direction.

Ce n'est peut-être pas la réponse qu'il attendait mais elle était complète et reflétait mon état d'esprit à l'instant, un esprit perdu dans ce qu'il faisait et voulait.

-D'accord.

J'entre dans la pièce un peu nerveuse et je ne devrais pas pourtant mais c'est comme ça. Je suis assise sur la table d'auscultation en attendant la venue du gynécologue.

Lorsqu’elle me dit que j’ai trouvé ma vocation je lui lance un simple regard. Si je l’aurais trouvé complètement je serais capable de soigner ma jumelle… Au lieu de ça elle dépérit chaque jour un peu plus… Je ne réponds donc rien sur ce sujet, mais je tente de lancer un nouveau sujet de conversation histoire que la route jusqu’à la bonne salle soit moins pénible autant pour elle que pour moi… Même si j’ai l’habitude des silences lorsque je suis là. Je ne trouve qu’une chose à dire.

-Lorsqu’on veut… On peut.

Si elle veut changer, elle le pourra. Si elle veut faire autre chose elle le pourra. Ma voix n’est pas non plus froide ou ne fait pas « je te rembarre » non… Elle est normale. Presque un peu encourageante au fond. Lorsque je la laisse dans la salle, je pars chercher le médecin qui va s’occuper d’elle. Lorsqu’on revient je lui signal que je serais derrière à l’attendre pour le prochain examen, que lorsqu’elle a finit elle sorte.

J'essaie de parler, au moins un peu pour faire passer le temps et essayer de rendre l'atmosphère moins pesante. Je ne sais pas si ça marche réellement pour tout dire parce que je ne me sens pas encore totalement à l'aise avec lui. C'est idiot parce que c'est un infirmier et qu'il est très compétent dans son domaine mais ça reste assez froid. Je ne sais pas vraiment quel attitude adopter à ses côtés. Au moins il me répond et c'est déjà ça si je peux dire, ça m'évite de parler toute seule comme une folle. Et puis il a lancé un sujet donc je le note comme un effort et j'apprécie.

-Oui certainement.

Je ne réponds rien de plus puisque sa voix n'était pas froide et que le médecin arrive pour m'examiner et j'ai bien compris que l'infirmier m'attendrait après l'examen. C'est devenue une habitude en quelque sorte à chaque check-up. Le médecin fait son examen et il me laisse repartir. Je ressors pour retrouver l'infirmier et me conduire au prochain examen.

-Quel est le prochain examen ?

J’amène la patiente jusqu’à la salle de gynécologie et attends tout simplement dans le couloir le temps de son examen. De toute façon, elle m’est assignée, donc je ne vais pas aller ailleurs pour le moment. L’examen dure le temps… Que ça dure. Je ne regarde pas vraiment, de toute façon je suis payé pareil, lorsqu’elle sort, je me redresse, puisque j’étais appuyé contre le mur et je me rapproche d’elle avant de la regarder dans les yeux.

-Cardio… On va faire quelques examens cardiaques pour voir si tout va bien…

Mais ça aussi j’imagine que je ne lui apprends rien. Elle connaît surement. Je commence donc à marcher, sans lui dire de me suivre, mais ça me paraît logique.

L'examen de gynécologie était nécessaire pour savoir si j'étais en bonne santé ou non. J'étais peut-être une sirène mais ça ne me protégeait pas de ce que les humains peuvent vivre comme la maladie par exemple. Avec mon métier c'était assez facile d'attraper une maladie vénérienne même si on se protégeait et il fallait s'assurer que tout allait bien. Heureusement ces contrôles étaient payés par le club donc je n'avais rien à débourser pour ma sécurité. Finalement je ressors de la salle de gynécologie pour rejoindre l'infirmier.

-Je vous suis.

Je le laisse passer devant moi pour le suivre jusqu'à la salle d'examen de cardiologie..

On enchaine les examens, mais en même temps c’est le but de sa venue ici. Je vais vite également parce qu’il y a d’autres patients, même si on pourrait croire qu’on fait attendre les gens « pour rien » et qu’elle connaît le lieu de toute façon. Une fois arriver à la bonne porte, j’entre avec elle et lui indique où se mettre et comment. Je reprends ensuite.

-Normalement tu connais aussi, mais encore une fois tu n’hésites pas si tu as besoin de quelque chose en attendant le cardiologue… Il ne devrait pas tarder de toute façon…

Je la regarde longuement puis sors dans le couloir, l’attendant une nouvelle fois.

Même si j'ai l'habitude de faire autant d'examens plusieurs fois dans l'année et que ça ne me fait plus vraiment peur j'ai hâte que ce soit terminé. Etre dans un hôpital n'est jamais une partie de rigolade surtout parce qu'il est question de santé et que là il est question de la mienne. J'espérais qu'elle soit bonne et j'avais hâte que les examens se terminent, l'infirmier m'emmène dans une autre salle.

-Je vous remercie.

Je m'installe et le cardiologue arrive pour faire l'examen, ça dure assez longtemps puis je finis par ressortir pour rejoindre l'infirmier.

-Il me semble que les examens sont terminés non ? A moins que d'autres aient été rajoutées depuis la dernière fois.

Je ne fais qu’un mouvement de tête lorsqu’elle me remercie et que je la laisse entre les mains du cardiologue à présent. En attendant j’attends. De toute façon je n’ai pas grand-chose de plus à faire pour le moment tant qu’elle n’est pas sortie. Lorsqu’elle sort, après une bonne demi-heure d’attente, je me redresse du mur et à ce qu’elle me dit ma tête se hoche.

-Oui, normalement tout est fait… On va vous envoyer vos résultats chez vous et à votre boulot… D’ici ce soir, voire demain… Du coup… Je pense que vous connaissez la sortie, donc je vous souhaite une bonne continuation…

Je lui jette un simple petit regard puis détournent les yeux et lui tourné également le dos et les talons afin d’aller m’occuper d’autres patients. C’était bizarre cette rencontre à la limite entre l’intéressant et le pas du tout....



FIN