Enchantée de te rencontrer | Artemis Esperanza

Je commençais à vraiment m'y faire à cette vie dans l'hôpital. Maintenant, même si mon but était dans sortir, ce n'était plus de le faire à n'importe quel prix qui m'importait. Je voulais être prête lors de ma sortie à affronter le plus de chose possible, ne pas avoir de mauvaises surprises. Déjà, je commençais à retrouver un semblant de vie normale, je portais des vêtements de vie normale. Plus besoin d'avoir la blouse de l'hôpital, juste besoin de garder le bracelet d'identification. Enfin bon, j'allais donc rencontrer mon psychologue du moment aujourd'hui, mais j'avais un peu d'avance alors je prenais mon temps pour me balader dans les couloirs. Ils n'avaient plus beaucoup de secrets pour moi à présent ces couloirs, mais ils avaient justement quelque chose de rassurant. C'était comme une ancre, un point de repère, dans le chaos de ma vie depuis quelques années maintenant. Je suis plongée dans mes pensées, à imaginer le futur et à ressasser le passé, quand j'entends une voix qui me fait légèrement sursauter.

- Oh euh bonjour ! Non, non, ça va, je vais bien. Je faisais simplement une petite balade avant mon rendez-vous.

Je lui souris, elle a l'air gentille, mais je ne pense pas l'avoir déjà croisé.

La jeune femme semblait réellement gentille et je préférais ne pas trop me montrer méfiante à son égard, même si je n'avais pas forcément eu de bonnes expériences pour le moment avec le personnel soignant de cet hôpital ... Parce qu'elle en faisait assurément partie, sinon je ne vois pas pourquoi elle aurait pris la peine de me demander si j'avais besoin d'aide. Je lui souris et elle se présente alors. Je hoche un peu la tête avant de timidement venir prendre sa main pour la serrer. Je ne me souviens pas de la dernière fois où j'ai fais la rencontre de quelqu'un d'aussi poli dans cet hôpital. Après ... Je suis là depuis un bon moment maintenant et il n'y a pas une tonne de nouveau, alors ça explique pourquoi ils ne font plus trop d'effort avec moi.

- C'est très gentil de votre part ... Je suis enchantée de vous rencontrer Clara, moi c'est Artemis, chambre 014 ... Vous venez d'être transférée d'un autre hôpital ou c'est votre premier poste ?

Autant profité d'avoir trouvé quelqu'un de sympathique pour pouvoir avoir un brin de discussion avec quelqu'un !

La jeune femme ne semble pas être particulièrement à l’aise, mais comme elle ne tarde pas à me dire que c’est son premier poste, je ne peux finalement que la comprendre. Je lui souris, tentant par ce fait de lui permettre de se sentir un peu plus en confiance de ses capacités. J’avais toujours été quelqu’un de très positive avant tout ça … et je faisais de mon mieux pour pouvoir retrouver cette facette de ma personnalité. Si déjà je pouvais y arriver avec d’autres personnes que moi-même, ce serait un bon début, non ?

- Je suis certaine que tout va très bien se passer pour vous, vous semblez être très gentille … Peu prennent le temps de venir se présenter à nous, ça montre déjà que ça vous tient à coeur.

Mon sourire se fait alors un peu plus grand puis je regarde autour de moi, avant d’ajouter à voix basse en me penchant un peu vers elle, comme sur le ton de la confidence.

- Et puis, ça fait changement de certains qui donnent l’impression de toujours avoir une mauvaise journée … Je pense que vous allez mettre un peu de soleil par ici. Vous allez devoir choisir un secteur particulier ?

Je me redresse suite à ma première phrase, reprenant un ton et une attitude plus normale. Ce n’est pas le moment de trop attirer l’attention, surtout si je peux potentiellement avoir une alliée chez les infirmières.

La jeune femme me semblait agir un peu de façon automatique. Peut-être étais-ce tout simplement la nervosité qui lui faisait me répondre ainsi, en répétant presque ce que je viens de dire, ajoutant une simple information. Malgré sa gentillesse, je la sens tout de même un peu froide, mais je garde mon sourire et je hoche légèrement la tête.

- Vous avez raison, c'est en effet la moindre des choses. Je vous souhaite d'être appréciée par vos collègues et les autres patients ... Nous sommes tout de même dans un assez bon hôpital, les patients sont gentils en général ... Enfin, quand tout n'éclate pas ...

Je n'en dis pas plus, déjà parce que elle est peut-être au courant et aussi parce que je veux voir si ça l'intéresse vraiment d'en savoir plus. Je continue de faire la conversation, ça me fait du bien. Je tente en même temps de me faire rêver un peu je pense, de discuter d'une vie normale.

- Je vous souhaite d'obtenir le rôle que vous souhaitez alors ! Ça sera le meilleur moyen pour vous de rester motivée dans votre travail ...

Je souris légèrement puis je glisse mes mains dans les poches de ma veste.

- Du coup ... Vous êtes de la région ?

Ça se trouve elle va rapidement m'envoyer bouler pour elle travailler, mais en attendant, ça m'occupe.

Elle semblait réellement professionnelle, ça je n'en doutais pas une seconde, et j'étais certaine qu'elle n'aurait donc pas de mal à s'entendre avec ses collègues. Ce que je redoutais un peu plus pour elle, c'était du coup les patients qui eux se fichent bien du professionnalisme ou pas, si ça manque de chaleur et de la sensation qu'un lien se crée avec l'infirmière. On a besoin de se sentir entre des mains humaines pour se sentir en confiance. Je hoche alors la tête à ses premières paroles.

- Oui, ce n'est vraiment pas toujours simple au début quand on vient tout juste de ... changer ... Il faut en quelque sorte tout ré-apprendre, tout est différent ... Et nos émotions sont bien souvent exacerbées également !

Je suis un peu désarçonnée par sa question vraiment directe, sans détour, et je m'en sens un peu mal à l'aise. Je déteste en parler, mais bon ... Si je veux qu'elle ait un bon début ici, il faut que je sois gentille, non ? Je me mords alors la lèvre avant de lui répondre.

- Je ... Tentez de ne pas trop poser cette question directement, ce n'est pas tout le monde qui aime se la faire poser et certains réagiraient plus mal que moi ... Je suis ici parce que ... Je suis ... une vampire ...

Bordel ce que c'était dur à dire ! Je sens un espèce de poids qui m'est tombé au fond de l'estomac, c'est une sensation vraiment désagréable.

- C'est une très bonne façon de voir et de faire les choses, ça rend ce que vous faites plus sincère ... Et ça se ressent toujours ce genre de chose ! Je suis certaine que ça vous aidera avec certains.

Je lui souris, sincère à mon tour. Je la questionne à savoir si elle est de la région et elle reste vraiment très évasive sur sa réponse. Tellement que je ne sais pas trop quoi en penser. D'habitude, on précise d'où on vient, non ? Mh ... A enquêter !

- Moi j'ai passé toute ma vie par ici ... Enfin, je veux dire ici la ville, pas ici l'hôpital, ça, ça ne fait que 3 ans ... Ce qui croyez-moi est bien assez ! Vous au moins tu auras la chance de pouvoir rentrer chez vous le soir ...

Je tente un petit rire, mais au fond le coeur n'y est pas vraiment. Un petit voile sombre passe d'ailleurs sur mon visage.

Je tente réellement de faire au mieux pour être la plus sympathique possible, mais elle ne me rend pas la tâche facile. Je la met tout de même en garde quant au fait de ne pas poser de question de façon aussi directes et qu'est-ce qu'elle fait à la prochaine occasion ? Elle me demande pourquoi je suis là. Je fronce alors légèrement les sourcils. Bon, je veux bien que j'ai dis que c'était de demander la race qui n'était pas à faire, mais ça se voyait bien non que je n'avais pas envie d'en parler ? Visiblement pas assez.

- Je n'ai pas vraiment envie d'en parler ... C'est déjà assez difficile à vivre au quotidien ...

Je soupire en venant passer ma main dans mes cheveux. Juste le fait de dire que j'étais vampire, c'était compliqué, on n'allait pas pousser plus loin. Je parviens à être un peu plus aimable par la suite, mais c'est un peu difficile ça aussi. Je me sens mal à l'aise d'avoir pu me montrer aussi désagréable, même si j'aurais pu l'être bien plus si je m'étais écoutée. Lorsqu'elle me dit qu'elle espère que je pourrais rentrer chez moi, je hausse les épaules sans grande conviction.

- Je ne pense pas que ce sera de si tôt.

Je tire sur mes manches, comme pour disparaître. Oui, voilà tout ce dont j'ai envie à cet instant.

L'infirmière est gentille, c'est sur, je ne peux pas lui enlever ça et sa bienveillance, mais je la trouve tout de même insistante. Elle me dit de garder espoir et un sourire un peu amer se dessine sur mes lèvres alors que je secoue simplement la tête.

- Il y a longtemps que je n'ai plus réellement d'espoir. Peu de gens en ont ici de toute façon au fond ...

Ma voix n'est pas froide, toute simplement vide. Vide d'énergie, d'envie, d'espoir ... De tout. Puis, elle m'indique alors qu'elle va me laisser aller me reposer. C'est coupé court à ma promenade dans les couloirs ça ... Mais au fond, ça me va, je me sens aussi vide que ma voix, tout ça m'a vidé. Je hoche la tête et je lui fais un genre de petit sourire forcé.

- Oui, je vais y aller. Bonne journée.

Je tourne ensuite les talons pour me diriger vers ma chambre où je me glisse presque directement sous le mince drap de mon lit.

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