The end of our story | Eliaz Wicksbury

Voilà plusieurs jours que je pense à ma vengeance et à l'idée que je m'en fais et je me dis qu'il ne peut y avoir qu'une seule solution. Je cherchais aussi depuis deux siècles le grimoire de ma famille, il recelait beaucoup de secrets de sorcellerie et s'il tombait entre de mauvaises mains il pouvait faire des dégâts. Mais je me doutais que ce livre devait être chez celui que j'avais considéré comme un frère avant de me poignarder dans le dos. Il avait tué ma famille et par conséquent avait dû prendre un petit souvenir et tel que je le connaissais il avait prit ce livre qui était aussi un signe de force de ma famille. Ça ne lui avait pas suffit de nous tuer, il nous avait prit notre héritage.

C'était la nuit et je savais qu'Eliaz n'était pas présent parce que je l'avais vu partir. Je me suis rendue à son appartement dans l'espoir de pouvoir entrer mais c'était fermé. J'ai pris une pince de mes cheveux que j'ai inséré dans la serrure et au bout de quelques minutes où j'étais sur le qui-vive j'ai réussi. Je me suis dépêchée d'ouvrir la porte, de rentrer et de la refermer. Je pense que je n'avais pas beaucoup de temps devant moi alors je me suis mise à chercher un peu partout ce grimoire.

J’ai quelques courses à faire aujourd’hui parce que oui… Même si je suis un vampire, je me nourris d’autre chose que du sang. C’est l’avantage d’être né dans cette condition… Ça me permet de passer plus inaperçu aussi et de me rassasier un peu parce que je suis du genre à boire, à boire et à boire lorsque je commence… Et vu que je tente d’être discret, j’évite de le faire. Je sors donc de chez moi et commence à marcher en direction du supermarché, lorsque je réalise que j’ai totalement oublié de prendre ma carte… Bien que je peux hypnotiser pour obtenir ce que je veux gratuitement… Je suis un honnête citoyen et je ne le fais pas. Je fais donc demi-tour pour rentrer chez moi… Mais rapidement j’entends du bruit à l’intérieur de mon appartement grâce à mon ouïe surdéveloppée de vampire justement. Et surtout, je remarque également que ma porte n’est plus du tout verrouillée… Fronçant alors les sourcils j’entre rapidement et plus que discrètement à l’intérieur de chez moi, tombant finalement nez à nez avec…

-Wilhelmina ?! Qu’est-ce que tu fais ici ?

Je finis ma phase en fronçant plus les sourcils.

Je savais que je n'avais que peu de temps devant moi pour trouver le précieux livre que je cherchais. Je savais qu'il le cachait, je ne sais pas comment mais étant donné qu'il avait tué ma famille il avait dû emporter un souvenir et je suis sûre que c'était notre livre familial de sorcellerie. Il ne lui appartenait pas et n'avait aucun droit de l'avoir. Je ne sais pas si j'aurai pu oublier le fait qu'il m'avait tué ainsi que ma famille mais peut-être que s'il avait voulu me rendre ce qui m'appartenait de droit je ne serai pas rentré par effraction dans son appartement.

J'étais en train de chercher partout et il faut dire que ma vitesse vampirique aidait beaucoup et j'espérais avoir terminé avant qu'il ne rentre. Seulement la chance ne semblait pas avec moi puisqu'en sortant de sa chambre je suis tombé nez à nez avec mon cher demi-frère. La tâche allait être plus compliquée que prévu finalement.

-Je suis venue chercher ce que tu m'as pris.

Je n'attaque pas parce que j'espère que tout se passera pacifiquement et qu'il me donnera ce que je suis venue chercher sans faire d'histoires.

Finalement heureusement que j’ai oublié quelque chose puisque je remarque bien vite que quelque chose cloche avec ma porte. Elle est ouverte, elle ne devrait pas l’être. Je rentre donc rapidement et remarque celle que je pensais morte depuis maintenant des centaines et centaines d’années. Chose sur laquelle je m’étais malheureusement trompé. Lorsqu’elle me dit qu’elle est là pour récupérer ce que je lui ai pris, je m’avance d’un pas l’air menaçant.

-Il n’y a rien à toi ici. Je te l’ai déjà dis, alors maintenant tu as cinq secondes pour quitter cette appartement avant que je m’énerve réellement et que je te fasses comprendre que ce que tu as fais la dernière fois pourrait avoir de plus fâcheuse conséquence que ma clémence de la dernière fois.


Finis-je en montrant finalement les crocs, les yeux devenant sombres.

Je ne m'attendais pas à ce que mon demi-frère rentre aussitôt chez lui. Je pensais avoir plus de temps mais ce n'était pas le cas. J'aurais peut-être dû agir avant qu'il ne me voit mais maintenant c'était trop tard. Après tout, j'étais une vampire et j'aurais dû l'entendre pour aller me cacher ou simplement utiliser la vitesse vampirique pour partir. Mais non, j'étais restée parce que peut-être que j'avais envie de lui montrer que j'étais là, que je ne l'oubliais pas ni ce qu'il m'avait fait et prit.

-Et le livre de sorcellerie familial ? Je sais que tu l'as pris comme un trophée.

Je montre les crocs à mon tour parce que je sais que toute cette histoire va se finir en bataille même si je n'ai pas l'habitude de me salir les mains.

Si Wilhemina a tenu tout ce temps… Si elle a été assez têtue pour survivre malgré l’extinction de sa famille que j’avais planifiée, si elle a été assez têtue pour venir jusqu’ici alors que je lui ai laissé la vie sauve la dernière fois… J’imagine qu’elle ne lâchera pas l’affaire d’aussitôt, mais jamais… Jamais je ne lui donnerais ce quels désirs. Ils m’ont tout pris… Je leur prends leur plus grand bien. Je sais qu’au fond ce sont des affaires « d’adulte » et qu’elle n’y est pour rien, mais elle est contre moi maintenant, depuis bien des années je pense… Tout aurait été plus simple si elle serait morte comme je l’avais planifié…

-Il n’y a rien à toi ici !

Grognais-je plus fort en voyant qu’elle sortait à présent les crocs elle aussi.

Il me prenait pour une idiote là non ? Je sais très bien que c'est lui qui a prit le livre de sorcellerie familial. Ca ne pouvait être que lui parce que s'il y a bien quelqu'un qui nous en voulait c'était lui. Il avait tué ma famille et moi avec et certes ma famille avait des ennemis comme elle était respectée mais la seule personne qui lui en voulait autant au point de la tuer était Eliaz. Il était mon demi-frère mais je ne le considérais plus comme tel et même s'il m'a épargné la dernière fois il m'a quand même tuée la première fois.

-Oh vraiment ? Je sais que c'est toi qui l'a prit ! Ca ne peut être personne d'autre et je ne serai pas étonnée que ce soit toi.

Mes crocs sortis et me rapprochant, j'étais prête à me battre s'il le fallait mais il attaquerait le premier, comme cela j'aurais une bonne raison de le faire.

J’ai grandi avec elle, je devrais le savoir à quel point elle est têtue et a quel point elle ne lâche jamais l’affaire. D’ailleurs le fait qu’elle soit « vivante » plutôt que morte au jour d’aujourd’hui montre-la combien elle était têtue en réalité ! Lorsqu’elle me tiens tête et se rapproche, l’air menaçant elle aussi, je grogne très légèrement, plus de ma condition de chasseur actuel et me rapproche rapidement pour presser ma main sur sa gorge.

-Je ne le dirais pas trois fois ! Dégage !

Et je la pousse soudainement en arrière, mais assez fort pour qu’elle se tape contre le mur, après avoir serré sa gorge.

La confrontation entre nous serait inévitable, on ne pourrait pas passer à côté, la dernière fois je ne devais la vie qu'au fait qu'il n'avait pas voulu me faire de mal. Seulement aujourd'hui je n'avais plus rien à perdre, une vie de vampire ? Je la détestais parce qu'elle m'avait privée de ce que j'aimais le plus et j'avais attendu jusqu'ici pour ma vengeance. C'était le moment ou jamais, je ne pouvais plus vivre en sachant qu'il détenait l'héritage de ma famille, notre livre de sorcellerie. Il se rapproche de moi et serre ma gorge mais je ne recule pas, c'est fini de le faire et j'ai à peine le temps de faire quelque chose que je suis projetée contre le mur, je tombe au sol mais me relève assez vite pour venir sauter sur lui et le griffer, ce qui lui met quand même un coup.

Je la mets en garde, mais cela ne semble pas suffire. Elle ne dégage pas pour autant. Alors tant pis. Je ne peux plus rien pour elle. Je la repousse avec violence contre le mur, mais elle revient à l’attaque. Elle me saute dessus et me griffe. Pris par surprise, je recule et tangue légèrement de son poids projeté sur le mien. Cependant je me reprends rapidement et attrape un de ces poignets de l’une de ses mains qui me griffes avant de le tordre dans un angle totalement anormal. En gros ? Je lui brise le poignet, histoire de lui envoyer une décharge de douleur afin qu’elle stoppe ses griffures. Tout en essuyant quelques griffures de plus le temps de faire l'action.

Probablement que la confrontation devait certainement arriver un jour et que ce jour c'était celui-ci, le jour où tout allait se jouer. Je ne reculerais pas et je savais que ça me conduirait certainement à la mort mais de toute façon je l'étais déjà, j'avais tout perdu par sa faute alors j'étais décidée à ne pas tirer ma révérence sans rien faire. Finalement c'est une vraie lutte qui commence et qui pourrait paraître totalement surnaturelle pour un œil extérieur. Je profite de l'effet de surprise tant qu'il peut durer parce que je sais bien que ce ne sera pas le cas longtemps. D'ailleurs je finis avec un bras tordu dans un angle pas vraiment appréciable et je lâche un cri sur ce geste alors que je relâche les griffures. J'arrive à me soustraire à sa prise et même si j'ai mal je ne lâcherai pas. Puisque nos forces ne nous permettent pas de gagner, je prend une chaise en bois dont je casse la patte pour qu'il soit sous forme de pieu. Ca dure depuis trop longtemps, ce sera lui ou moi. Je retourne vers lui pour me battre avec le bois en main.

Celle qui fut un temps ma sœur, comme ma vraie sœur, m’attaque à coup de griffure, ce qui me surprends totalement. Je recule, je tangue, je suis blessé… Mais je riposte. Elle a eu un effet de surprise : son seul avantage sur moi. Très vite je me reprends et lui brise un poignet. Elle crie et parvient tout de même à se dégager. Je respire vite… Parce qu’on bouge énormément et Mina ne perd pas une seconde pour briser une chaise. Un pieu de bois à la main elle s’approche de nouveau de moi. Je tente une dernière fois de la mettre en garde.

-Tu ne devrais pas jouer avec les jeux des grands Mina… Tu risques de perdre....

Il était difficile de croire qu'Eliaz et moi avions pu être frère et soeur ou du moins sans passer par le sang et que maintenant nous partagions le même. Il était dur de penser aussi que nous ayons pu nous aimer et nous entendre un jour alors que la destruction de l'autre était dans nos têtes depuis longtemps. Finalement tout allait se jouer dans cette pièce, ce serait lui ou moi et ce serait la fin de l'acte III du livre que nous avions écrit il y a plus d'une centaine d'années. Je garde le pieu fait à la va-vite dans la main.

-Je n'ai plus rien à perdre, j'ai déjà tout perdu.

Je me lance alors pour lui transpercer le coeur.

Wilhelmina prend des risques toute seule en fabriquant ce pieux. Ça va mal se terminer… Pour l’un de nous. Je pense que là, clairement, il n’y a plus aucuns issus possibles. Pas d’autres… Impossible. Le temps que je la mette en garde et qu’elle me réponde elle me saute déjà dessus. J’ai le bon réflexe de me décaler et donc qu’elle me manque, cependant j’attrape sa main, je ne veux surtout pas prendre de risque. Rien aucun ! Tout se passe si vite… Mais ça finit par le fait qu’elle se retrouve contre le mur de ma cuisine, moi contre elle, le pieu retourner sur elle… À moitié planter dans sa poitrine. C’est comme si sur le coup… Le temps s’arrêtait. Je n’ai pas encore touché son coeur, mais je l’effleure clairement de la pointe de son pieux. Je la regarde alors dans les yeux.

-Je t’avais prévenu…

Murmurais-je finalement....

Je sais très bien que tout se finira mal et que tout se finira ce soir ou plutôt maintenant mais je pense que c'était inévitable. Cette haine entre nous allait nous détruire et j'étais déterminée à ce que ce soit lui ou moi. Je me lance assez vite dans la bataille notamment avec un pieu fabriqué avec un pied de chaise trouvé sur place. Je m'élance mais je le manque de peu et ça joue contre moi puisque je finis coincée contre le mur avec le pieu assez avancé dans ma poitrine. Mon souffle est assez court et évidemment ça ne fait pas que du bien.

-Vas-y tu n'attends que cela.

Tout se passe en une fraction de seconde. Elle se jetant sur moi, moi l’évitant, retournant la situation… Profitant de ce qu'elle soit déstabilisée de son coup manquer et paf… Un pieu dans une poitrine… Pas la poitrine à laquelle le pieu se destinait, mais bel et bien la sienne. J’ai le réflexe de ne pas l’enfoncer totalement, mais lorsque je lui parle de nouveau elle reste buté, malgré son souffle court. Je secoue légèrement la tête et reprends.

-Je t’avais laissé une chance de t’en sortir, mais là… Je ne la renouvellerais pas…

Appuyant un peu plus le pieu… L’enfonçant un peu plus, je reprends.

-Tu as causé ta propre perte Mina....

Cette fin serait presque tragique et digne d'une pièce de théâtre ou d'un roman comme toutes les fins que j'ai pu lire dans les romans lorsque j'étais encore humaine et adolescente. Les romans qui me faisaient vibrer, peut-être que finalement ma vie était destinée à être un roman d'aventures et de tragédie.

-Tu ne m'as pas laissé le choix.

Tuée par son propre frère ou plutôt demi-frère c'est une vraie fin. Je savais que j'allais mourir, c'était certifié, j'avais déjà abandonné ma vie lorsque ma famille avait été tuée et que j'étais morte. J'aurais vécu pour ce que j'étais, pour mes convictions et je ne le regrettais pas.

-Libère-moi.

Finalement ce n'est peut-être pas plus mal de mourir, je serai libérée de mes sentiments de haine.

Cette lutte, cette guerre qui avait duré bien trop longtemps devait cesser… On devait y mettre fin et Mina en avait de toute façon décidée de n’en faire qu’à sa tête parce que des chances de vivre je lui en avais laissé plusieurs… Et visiblement je lui avais même offert l’éternité sans le savoir. Sauf que venait le moment où je lui reprenais l’éternité. Alors que la pointe chatouille son coeur elle me demande de la libérer. Je pourrais ne pas le faire… Pour ne pas lui donner satisfaction, mais dans un sens… Je pouvais lui offrir. Pour deux choses : elle restait ma sœur, celle de qui j’étais proche et elle ne me demandait qu’une chose et la seconde… J’aurais définitivement éteint les Urswick… La regardant alors dans les yeux, sans un mot de plus, mais une certaine forme d’émotion dans le regard, j’enfonce lentement le reste du pieu dans son coeur… Mettant ainsi fin à ses jours et à son éternité....

C'était probablement comme cela que tout devait se terminer et c'était peut-être la meilleure chose qui puisse arriver. Je n'en pouvais plus de toujours chercher plus d'indices, de preuves et de comploter pour trouver la meilleure façon de le tuer. Finalement c'est lui qui me tue et je serai enfin libérée de cette colère pour retrouver ma famille, du moins je l'espérais puisque personne ne sait où vont les surnaturels morts. Je suis plaquée contre le mur, le pieu frôlant mon coeur et il fait ce que je l'aurais pensé incapable de faire, il l'enfonce. Je lâche un petit gémissement de douleur mais tout se termine bien vite et je m'éteins, probablement que mon corps devient cendre mais je ne le vois pas puisque je suis morte.

FIN