Cuisine 101 (Ft. Aedan Cursse)

L'hôpital a organisé une activité aujourd'hui pour les patients de l'aile surnaturelle. Je n'avais pas vraiment envie d'y participer au début, puis à force d'en parler avec mon psychologue, il m'a dit que ça me ferait certainement un bon moyen pour moi de socialiser et de rencontrer les autres personnes de mon aile dans un contexte sécuritaire, dans une bonne ambiance. Qu'à moitié convaincue, je me suis tout de même inscrite et du coup c'est aujourd'hui. J'ai enfilé un simple jeans noir et un tee-shirt blanc, mon habituelle chemise rouge à carreaux noirs nouée autour de la taille. Quelques membres du personnels sont venus nous chercher dans nos chambres pour pouvoir nous accompagner jusqu'au réfectoire, dans les cuisines pour être plus précis. Et je comprends très bien parce que bon on passe quand même dans les parties communes et même s'ils ont certainement tout sécurisé pour être sûr, ils ne doivent surement pas vouloir prendre trop de risque. Je me sens nerveuse lorsque je croise le regard d'Aedan et je détourne rapidement les yeux en tentant de plutôt penser à la dernière fois où nous nous sommes vus.. Je me mords la lèvre en m'installant derrière ma partie de comptoir de la cuisine, regardant les équipes se former autour de moi. Visiblement, mon petit accident de l'année dernière me précède et évidemment personne ne s'avance pour venir me proposer d'être en équipe. J'aurais tellement aimé que Liorah ou Hannah soient là.. Je soupire un peu en baissant les yeux sur mes mains. "Je n'aurais pas d'autres choix que de me débrouiller toute seule", c'est ce que je suis en train de me dire quand j'entends quelqu'un prendre la parole.

- Aedan, on est assez de surveillants, tu peux aller compléter le binôme là-bas, ça te fera pas de mal de te détendre un peu.

Ça n'avait pas été dit vraiment fort, probablement même qu'ils étaient tous les deux côtes à côtes, mais avec mon ouïe développée, c'est comme s'il l'avait hurler. Compléter le binôme ? Je relève la tête, jetant un oeil autour de moi rapidement. Si mon coeur battait encore, il ferait certainement un sprint. Il n'y a que mon binôme a moi qui est incomplet. Si le chef de l'activité sait qu'Aedan est un bourreau de travail, il ne doit certainement pas savoir que je suis bien la dernière personne avec qui il doit avoir envie de "compléter un binôme" ...

Je passais le plus clair de mon temps à l’hôpital, pour moi c’était plus simple. Même si le démon qui me servait de « maitre » y travaillait également, il ne pouvait pas y être aussi souvent que moi et surtout ma sœur jumelle y résidait de façon permanente. Ce qui faisait que je me devais d’y être également de façon quasi permanente. De toute façon je n’avais personne qui m’attendait le soir en rentrant chez moi, aucune femme, aucun homme, aucun enfant non plus. Personne, même pas un animal de compagnie. Donc souvent je prenais la relève de bien des personnes qui souhaitaient passé du temps avec leurs familles. Moi… Ma famille était ici, même si j’avais ma mère quelque part dans la ville, je restais plus proche de Liorah au vu de notre lien. Bien que le tout soit compliqué… Même si j’étais infirmier pour elle, que j’enchainais les heures pour elle… Jamais, au grand jamais je ne lui montrerais. Ce serait la mettre en danger face à Samaël et ça il en était hors de question.

Du coup depuis dix ans maintenant, même un peu plus… J’étais le parfait petit connard toujours de mauvaise humeur. J’étais l’affreux frère jumeau qui disant de sanglants mots à sa sœur pour qu’elle arrête de s’attacher et vouloir être proche de moi… Sinon Samaël en profiterait pour faire se servir d’elle pour appuyer encore plus sa pression… Déjà qu’il s’en servait quelques fois en pensant que j’en avais rien à faire d’elle, alors imaginer s’il savait qu’en réalité... Si j’endurais tout ça c’était uniquement à cause d’elle.

Bref tout ça pour dire que ça fait que je suis aujourd'hui collé aux activités de merde que propose l'hôpital pour divertir les patients. Liorah n'y est pas, mais d'autres y sont, comme Artemis que j'ai repéré du coin de l'oeil. Depuis la dernière fois... On ne sait pas reparler, mais dès qu'elle est dans le coin je suis sur mes gardes, je la repère direct. Les binômes se forment, mais personne pour être avec elle justement. C'est alors que quelqu'un me dit d'aller le compléter ce binôme justement. Je lui dirais bien d'aller se faire foutre, mais c'est mon supérieur hiérarchique du coup... Je fronce légèrement les sourcils, soupire et y pars tout simplement. Silencieux. Je ne vais pas risquer ma place pour elle, ça c'est clair.

J'ai comme l'impression qu'Aedan va rapidement me faire regretter d'avoir été toute seule et de ne pas avoir trouvé de binôme. En tout cas, il n'est clairement pas le plus chaleureux ni le plus heureux lorsqu'il arrive près de moi. Ça peut se comprendre, j'ai déjà failli le tuer après tout ... N'importe qui dans cette situation ne sauterait pas de joie de se retrouver à côté de moi du coup. Je me mords alors un peu la lèvre, gardant mon regard rivé sur mes mains pendant quelques secondes, ne sachant pas vraiment comment l'aborder.

- Hey ... Eum ... Merci d'être avec moi, ça aurait été compliqué de le faire toute seule ...

Bien entendu que je sais que ça lui a été imposé et ça me surprendrait qu'il veuille jouer à dire le contraire, mais bon. Je me mords un peu la lèvre à nouveau avant de finalement relever les yeux vers lui.

- Tu ... vas bien ?

Si mon coeur battait, je suis sure qu'il l'entendrait tellement je me sens nerveuse d'être à ses côtés ... Et autre chose que je ne saurais décrire.

Qu’est-ce que ça me fait chier bordel ! Je n'ai clairement pas envie de surveiller cet atelier, je n'ai franchement pas signé pour ça. Je veux prendre soin des gens, moi… Pas surveillé des petits vampires en manque de sensation. Vampires et autres créatures d’ailleurs. Ça me fait chier à un point ! Cependant… Je ne dis rien et pire encore . Je ne suis plus là pour surveillé, mais participé. Bordel où je l’enverrais bien chier ce type s’il n’était pas mon supérieur. J’arrive alors à hauteur de la seule… Solitaire et vu la personne je comprends et je tourne lentement mon visage vers elle lorsqu’elle me remercie. Je plisse légèrement les yeux en répondant froidement.

-Je suis ici seulement parce qu’on me force. Comme tu peux le constater, personne n’a envie d’être avec toi.

Je regarde alors ce qui se trouve devant elle et ce qu’elle semble avoir préparé déjà. Elle semble organiser, c’est déjà ça. Je jette un œil à la fiche d’instruction et la regarde une demi-seconde.

-Je suis forcé de faire un atelier à la con avec une des rares personnes que je peux vraiment pas voir en peinture… À ton avis ? Je vais bien ?

Et je le relève totalement les yeux vers elle pour la regarder d’un faux air surpris/interrogatif.

Je ne suis pas vraiment à l'aise de me retrouver dans cette situation, je ne sais pas si j'aurais la force qu'il soit méchant avec moi aujourd'hui, déjà que ça me demandait beaucoup d'énergie simplement de me trouver là à cet instant. Je tente au mieux de me montrer douce et gentille, respectueuse même ! Je veux qu'il voit qu'on peut aussi passer un bon moment, même si on a une relation compliquée ... Sauf qu'il ne semble évidemment pas avoir envie de faire les efforts de son côté, ce que je peux comprendre forcément.

- Oui, je ... J'ai bien vu ...

Je me mords la lèvre, baissant les yeux sur les ingrédients pendant quelques secondes, tentant de me convaincre que ce n'est pas forcément contre moi pour les autres, on était un nombre impair, il y aurait forcément quelqu'un de seul ... C'est juste un hasard que ce soit tombé sur moi. Je tente de relancer la conversation, mais évidemment mauvais choix de question. Je relève finalement les yeux vers lui avant de secouer légèrement la tête.

- Pour la partie avec moi, je comprends que ça te fasse chier ... Mais tu n'aimes pas la cuisine ?

Peut-être que de l'amener sur un sujet plus neutre pourra aider ... Je l'espère en tout cas ! Et si ça peut me permettre de le connaître un peu plus, ça ne peut pas faire de mal.

Je sais que je suis rancunier. Ouai c’est un très vilain défaut, mais j’y peux rien. C’est plus fort que moi et même si elle a tenté de me sauver la vie, après avoir tenté de me la prendre, je ne peux pas m’empêcher d’être… Piquant. Je veux pas nécessairement être méchant, mais piquant avec elle. Elle se démonte pourtant pas et me dit juste qu’elle a vu. Bon je le vois que ce que j’ai dit la touche, mais… Je le mets derrière la grosse porte de mon coeur. Celle qui retient tous les bons et gentil sentiment. Ça me tuerait de les ressortir, moi et ma famille, littéralement. Je regarde alors la table et soupire légèrement en entendant sa question.

-Je suis infirmier… Dans un hôpital qui manque clairement d’effectif, je suis un des atouts majeurs d’ailleurs… Clairement je passe plus de temps ici que chez moi. Je cuisine jamais, je ne sais même pas faire cuire un œuf je pense.

Bon voilà ! Ce n'est pas si mal… J’ai faits un effort, j’ai parler calmement, bon froidement et j'ai un peu insinué qu'elle était con au début en récapitulant ma vie, mais calmement et j’ai avoué une faiblesse. M’en demander par trop s’il vous plaît !

Clairement, je sens bien que finalement cette activité ne sera pas de tout repos. Ça serait même plutôt le contraire ! Et je ne saurais même pas dire pour lequel de nous deux ça va être le pire. Je tente de ne pas trop me sentir mal par rapport à ce qu'il peut me dire, me disant que plus je vais lui montrer que ça m'affecte ... Plus il risquera de vouloir continuer à dire des méchancetés comme ça, non ? J'en sais rien, ce n'est pas mon genre d'être comme ça ... Je tente donc de relancer la conversation, sur un sujet moins glissant, plus neutre ... La cuisine, c'est bien, c'est notre activité ! J'écoute donc sa réponse et je me mords la lèvre. Si j'osais, je le taquinerais surement en mode : non mais ça va les chevilles ? a dire qu'il est aussi important ... Mais je sais qu'il a raison au fond. Je souris finalement tout de même un peu.

- Je vais t'aider alors, je ne suis pas une pro, mais ma grand-mère est espagnole alors la cuisine ça me connait bien !

Je lâche un petit rire, quoi que un peu triste de parler de ma abuela.

- Du coup, c'est quoi ton plat surgelé préféré ? Tu dois en avoir testé pas mal !

Je tente de mettre de la bonne humeur, d'être sympa, sans trop en faire, enfin j'essaie, mais ça doit se sentir que je suis nerveuse quand même un peu. Je regarde finalement la feuille que l'animateur nous donne, tentant de me recentrer.

- Alors qu'est-ce qu'on va devoir faire ...

Je sens que cette journée va être longue. Très longue. Je vais être épuisé à la fin d’être sur mes gardes. Je suis sûr que cette suceuse de sang pourrait me sauter dessus même s’il y a du monde… Il faut surtout pas que je me coupe ou que quelqu’un se coupe d’ailleurs ou juste que je lui tourne le dos. La dernière fois je n’avais pas eu besoin de saigner pour qu’elle m’attaque ! Cependant… Je le vois bien qu’elle fait quelques efforts et si je veux rendre ça un peu moins pénible, je dois faire un effort de mon côté aussi alors… J’en fais un. Un petit, mais énorme pour moi ! Je parle, je n’attaque pas trop et je confie même une « faiblesse » si on peut appeler ça comme ça. Je relève les sourcils lorsqu’elle me confie ses origines et je ne vois aucun rapport.

-Et ? Ma mère est américaine et elle n’est pas obèse. C’est quoi le rapport ?

Lorsqu’elle me questionne sur mon plat surgelé préféré, je plisse légèrement les yeux et reprends.

-Parce que l’information est pertinente pour l’activité ?

Je tente, je vous jure que je tente, mais… Chasser le naturel il revient au galop hein ! Bon je ne suis pas aussi cynique que je puisse l’être. Aller Aedan, ça va aller, tu peux le faire ! Je la laisse ensuite regarder la feuille de route, comme on dit et en profite pour remonter mes manches et me laver les mains. Je pense que c’est la base.

Je tente au mieux de mettre une bonne ambiance, une atmosphère légère pour qu'on ne passe pas un trop mauvais moment, mais j'ai bien l'impression qu'Aedan n'a pas vraiment envie d'y mettre du sien, mais bon ... Je peux le comprendre au fond. Je me mords la lèvre à sa réponse concernant sa mère, mal à l'aise de sa réaction. Je passe donc une main dans mes cheveux en galérant un peu à organiser ma réponse.

- Non, mais je ... J'avoue c'est un peu cliché, mais ... Mais c'était juste pour dire que ... que j'ai passé beaucoup de temps dans sa cuisine et ... tout ça quoi ...

Je relance quelque chose de léger, mais malheureusement, ça fait chou blanc encore une fois. Je me mords alors la lèvre à nouveau.

- Non, pas vraiment, c'est juste ... histoire de ... Apprendre à mieux te connaître.

Je lui fais un petit sourire, tentant d'être honnête au final. Je pense que je vais me faire envoyer bouler, mais bon ... Sait-on jamais ! Je termine de lire la feuille de route pendant qu'il se lave les mains, chose que j'ai déjà faite.

- Bon, il faut commencer par couper de la laitue et des tomates. Tu veux t'occuper de quoi ? Il faudra couper de la viande aussi, en petits cubes.

Je tente vraiment d’être sympa, enfin sympa. C’est peut-être un grand, grand mot. Je tente de faire des efforts en tout cas ! Mais c’est plus fort que moi, je ne peux pas faire comme si de rien était et je ne peux pas parler avec elle comme si on était potes depuis toujours. On n'est pas pote et on le sera jamais je pense. Elle m’avoue que ce qu’elle vient de faire est cliché et lorsqu’elle m’explique pourquoi elle l’a fait, ma tête se hoche simplement. Je ne sais pas quoi répondre de plus face à ça. Elle tente alors de mieux me connaître en voulant savoir ce que je mange. Enfin c’est ce qu’elle me dit, non ? Je plisse alors les yeux.

-Et tu veux juste mieux me connaître au niveau de mon alimentation ? Tu te renseignes pour savoir quel goût j’ai ? Si j’ai changé ?

Ma voix est froide et méfiante. On dit bien que l’alimentation change le goût d’une personne… Et là c’est une prédatrice donc je pense qu’elle veut juste savoir ça ! Je me tends à cette idée et lorsqu’elle me donne les options, je prends directement la viande.

-Je m’occupe de la viande, jamais de la vie je te laisserais approcher de la chair et du sang.

Et je me met plus sur le côté pour couper ma viande en cube.

Ce n'est pas simple d'agir "normalement" alors qu'il n'y a absolument rien de "normal" entre nous. Je veux dire ... Moi j'essaie de faire en sorte que ça se passe bien, mais je peux comprendre que lui n'en a pas envie ... Après, normal, mais bon ... J'aimerais tant que les choses se règlent, avoir une nouvelle chance ... Du coup, forcément lorsqu'il répond du tac au tac en disant que si je me renseigne, ça doit être pour savoir qu'elle goût il peut bien avoir maintenant, j'ouvre grand les yeux. Est-ce que ça pourrait être mon inconscient de vampire qui ferait ça ?

- Mais ... Mais non pas du tout ! C'est juste comme on parle de nourriture, c'est ... C'était la logique des questions !

Je me sens vraiment mal à l'aise qu'il puisse penser ce genre de chose, même si ça se trouve il a raison au fond ... C'est peut-être dans mes "gênes" de maintenant, du fait d'être une vampire ... Bon sang, je n'ai pas envie de lui donner raison, je ne veux pas qu'il ait raison. Mais il s'y connait mieux que moi en vampire, il semble être dans le "domaine" depuis bien plus longtemps que moi.

- Je ... Ok ... Je m'occupe des légumes ...

J'en ai presque les mains qui tremblent tellement je me sens mal de tout ça. Je prends le couteau et je commence à couper après avoir passer les tomates et la laitue sous l'eau. J'y vais tout doucement, ne voulant pas avoir l'air précipitée et surtout parce que je jette des petits coups d'oeil vers Aedan pour voir comment il s'en sort, voir si je ne trouverais pas une nouvelle façon de lui parler ... De changer de sujet et d'éviter de me sentir encore aussi mal !

Je lui jette un simple regard lorsqu’elle se défend que ce n’ait absolument pas pour ça qu’elle voulait savoir ce genre de chose. Elle me parle de suite logique de conversation et je me retiens de rouler des yeux. Je ne compte pas lui répondre non plus. Je pourrais, je pourrais être menaçant, blessant, méchant, mais je n’en ai plus la force. Je veux tenter de faire un effort, car je sais qu’on m’a à l’oeil, déjà parce que je bosse ici, parce que je ne suis pas très apprécié par les collègues en général et parce que mon binôme aussi à un passé qui fait qu’on la surveille de près. Quoi qu’il en soit, je m’occupe de simplement couper la viande en cube et lorsque c’est fait je me mets directement à la cuisson, le tout en silence. Je tente de faire vite, car je veux qu’elle ait le moins longtemps possible l’odeur de la viande fraîche dans le nez, mêler à celle du sang du coup.

Je me sens vraiment mal à l'aise de tout ça. A chaque fois que je crois avoir une occasion de pouvoir lui faire changer d'avis sur moi, il est encore plus renfermé que la fois d'avant et je n'ai aucun moyen de percer sa carapace. Je le laisse s'occuper de la viande, mais je lui jette des coups d'oeil de temps à autre. Oui, l'odeur du sang me monte au nez et j'aurais bien envie d'en prendre une petite bouchée, mais comme mon dernier repas date d'il n'y a pas si longtemps que ça, je parviens à me contrôler sans trop de mal au final. Je m'impressionne moi-même. Je termine donc de couper sagement mes légumes avant de me tourner vers lui, couteau posé sur le comptoir de nouveau.

- Et maintenant ? Il faut faire cuire le tout ensemble, tu t'en occupes du coup et je prépare la sauce ?

Il ne va surement pas me laisser approcher la viande maintenant, même si elle est cuite. Mais je tente quand même de continuer à agir normalement, qu'il voit que je suis une personne qui peut être normale.

Je tente d’avoir le moins d'interaction possible avec elle, mais elle semble clairement en avoir décidé autrement. Je réponds donc de façon plus ou moins froide. Je tente de faire des efforts, mais c’est difficile. Genre vraiment compliqué pour moi. Je m’occupe ensuite directement de la viande, je ne veux pas risquer un accident et je fais en sorte de me dépêcher pour la cuisson également. Elle me parle alors de ses légumes, ce qui me fait presque sursauter du coup. Je me tourne un instant vers elle.

-Euh ouai… C’est encore le plus sur.

Je saisis alors ce qu’elle vient de couper et le rajoute à la viande. En quelques instants les légumes couvrent presque totalement l’odeur de viande cuite.

Il semble vraiment très nerveux de se trouver à mes côtés puisque lorsque je lui adresse à nouveau la parole pour lui parler de la suite des choses, je le vois sursauter. En temps normal, la situation aurait pu m'amuser, si sa peur avait simplement été qu'il soit surpris de m'entendre parler et pas parce que je suis une vampire et qu'il a très certainement peur que je lui saute dessus pour lui arracher la jugulaire. Je me mords alors la lèvre puis je lui donne du coup les fameux légumes avant de m'éloigner de quelques pas pour pouvoir suivre la recette de la préparation pour la sauce. Je me tourne à un moment pour venir attraper quelque chose près de sa main, venant effleurer son bras.

- Oups, désolé ...

Et je retourne de mon côté de la cuisine. Je pense que si mon coeur battait encore, il pourrait s'entendre même hors de mon corps de l'avoir touché comme ça.

Je suis tellement concentré que je sursaute. Je ne m’y attendais pas, je la regarde et tente de ne pas perdre la face. Je ne la remercie pas réellement lorsqu’elle me donne les légumes parce que… C’est son rôle de le faire et que j’ai été traîner de force ici. Cependant ils me sont utiles, parce que ça couvre l’odeur qui me dérangeait. Enfin l’odeur de la viande ne me gêne pas habituellement, mais à côté d’un vampire, si. Je tourne finalement le regard vers elle, en silence, lorsqu’elle me touche le bras, s’excusant presque immédiatement. Je ne dis rien. Je n’ai rien à dire. C’est plutôt silencieux maintenant entre nous et ça me convient. Lorsque tout est cuit, je coupe le feu et met le tout dans une assiette. Je ne sais pas où on en est dans la recette mais j’imagine qu’on en est pas mal au dressage.

J'ai ressentit des frissons au contact de sa peau et je ne crois pas que ce soit parce qu'il a la peau particulièrement froide, mais je n'arrive pas à comprendre cette réaction de mon corps. Je termine rapidement de faire mes choses de mon côté puis je pose l'assiette de service entre nous deux. Je me mordille légèrement la lèvre puis je jette un coup d'oeil vers l'infirmier.

- Je ... Je pense qu'on pourrait mettre la viande au centre avec quelques légumes en genre de cascades dessus, puis un peu autour et on met un peu de sauce sur le tout ? Ou si tu avais une autre idée pour le dressage ...

Je ne m'y connais pas trop en ça, j'essayais surtout de penser à ce que j'avais pu voir dans les films lorsque les personnes vont dans un restaurant cinq étoiles, servis par des grands chefs gastronomiques ! Et je tente aussi surtout de chasser le souvenir du frisson à son toucher.

Je lui jette un regard lorsqu’elle me parle de dressage et ma tête se hoche simplement la tête avant de m’occuper de la viande. Je la manipule moi, car encore une fois j’ai moyennement envie qu’elle touche à ça. Je la dispose donc et la laisse s’occupe des légumes et de la sauce comme elle l’imaginait. Elle a tout juste le temps de le faire que les organisateurs s’approchent, nous félicite et reparte. Je retire donc rapidement mon tablier et avant même qu’elle est le temps de dire « ouf » me voilà disparu de la cuisine. Faut que je sorte ! Et vite !


FIN