En Apesanteur (Ft. Aedan Cursse)

Je sors de la chambre d'une vampire assez chiante. Elle est têtu, mais pas autant que moi. Elle pensait être la Queen, mais ça c'était avant de me rencontrer. J'ai réussi à lui faire boire ses fichus poches de sang, de gré ou de force. Qu'elle ne croit pas que je suis une de ces lavettes qui se laisse dominée par le moindre souci et appelle de l'aide. Je peux parfaitement m'en sortir seul. Une des bonnes choses de ce masque je me trimballe depuis plus de dix ans. Le bel enfoiré. Ça peut aider... Même si a l'hôpital j'essaie d'être le plus calme possible avec les patients. Je veux être un bon infirmier, mais des fois je n'ai pas le choix d'utiliser la force. Et plus jamais de ma vie je ne me laisserais marcher sur les pieds. Une fois ma suffit, une fois m'a mené là où j'en suis. Une vie d'errance et de mensonges.

Bref quoi qu'il en soit la journée est fini, je n'ai qu'une hâte : rentrer chez moi. Je prends donc l'ascenseur de service afin d'aller plus vite. Je vais devoir passer par l'étape : me changer, puisque je suis actuellement toujours en tenue, mais je pense que ça va aller, vu l'heure il ne doit plus rester grand monde. Je m'appuie contre la paroi, au fond. Je ne parle pas aux collègues présents, je relève tout juste les yeux lorsque quelqu'un entre. Je ne la reconnaît pas en tant que "non employés" ici ou "patiente" tout simplement, car je ne lui prête pas réellement d'attention. Je ne suis pas réellement dans un bon mood. J'ai juste envie de rentrer chez moi, de retirer ce masque, de me sentir mieux, libre et moins surveillé. Sauf que cette chienne de vie en décide visiblement autrement. Soudainement l'ascenseur s'éteint, on bloque. Bordel ! Je me redresse alors tandis que la lumière revient, je tente d'appuyer sur quelques boutons, faire redémarrer le bordel, puis soupire en réalisant que ça ne marche pas. La femme qui était aussi dans l'habitacle s'adresse alors à moi et je fronce les sourcils, me tournant mieux vers elle. Lui accordant enfin un peu d'importance.

-Comme si j'avais que ça à foutre, vous draguez.

Marmonnant un peu, je tente d'appuyer sur le bouton d'urgence, mais j'ai comme l'impression qu'on va bien aller se faire foutre un petit moment vu que l'hôpital semblait quasiment vide de tout employé si ce n'est ceux de nuit, donc pas vraiment de réparateur, plus du corps médical.

Ces nanas qui pensaient que tous les mecs rêvaient de leur corps ou n’était que des chiens qui passaient leur temps à siffler et matter des culs, ça m’exaspérait et là ça semblait être le cas au vu de sa phrase. Franchement j’ai faits quoi pour me retrouver coincé avec ça ? J’aurais préféré rester coincé seul, ça aurait été vraiment moins chiant. Je ne suis pas spécialement d’humeur. N’importe qui d’ici vous répondrait : « il ne l’est jamais », mais c’est faux ! Je le suis, parfois, mais à l’hôpital c’est dur de pouvoir l’être, je dois tellement me cacher. Samaël, Liorah et même Hannah, franchement parfois c’est fatigant, mais je ne peux pas me faire transféré, pas après tout ça.

Je retourne dans un coin de l’ascenseur en soupirant, lui jetant un rapide coup d’oeil. Elle ne m’a pas répondu et tant mieux. Elle a peut-être compris qu’il ne vaut mieux pas trop me chercher non plus. Je ne suis pas vraiment d’humeur pour ce genre de chose. Elle parvient à avoir une de ces voix robotique à la con et je ne peux m’empêcher de rouler des yeux en marmonnant, mais tout de même assez fort pour qu’elle entende et j’en avais rien à foutre si c’était le cas, de toute façon mon « râlage » ne lui était pas adressé.

-Et on les payes pour ça…

Elle se tourne finalement vers moi en me demandant si j’ai un portable et je la regarde étrangement quelques secondes, car elle en a pas ? Qui n’a pas de portable de nos jours d’ailleurs ? Mais surtout… Qui ne connaît pas « la légende des ascenseurs » ?

-Oui, mais ça ne changera rien. On capte jamais dans ces trucs à la con… Vous venez de quel siècle ?

Finis-je par demander avec une pointe de sarcasme en relevant un sourcil, soupirant de nouveau en sortant tout de même mon portable afin de vérifier le réseau juste par acquit de conscience, mais comme prévu… On ne capte rien !

Ma question n’avait pas réellement pour but d’obtenir une réponse, mais j’en avais tout de même reçu une qui, pour n’importe qui, aurait pu passer pour du foutage de gueules, mais je connaissais l’envers du décor si je pouvais dire ça ainsi. Je savais que certaine personne venait réellement du siècle dernier et puis elle n’avait pas un ton léger ou un ton qui signifiait qu’elle était elle-même ironique. Mon problème maintenant ? Savoir avec quelle créature j’étais enfermé, car une fée ça pouvait aller, mais une vampire c’était quand même une autre histoire ! Elles n’avaient pas le même appétit et la vigilance que je devais déployer n’était de ce fait pas la même.

-Qu’est-ce que vous êtes ?

Cash. Simple. Précis. Par cette question elle va comprendre que je prends réellement aux sérieux sa réponse et elle verra également que je ne ris pas. Elle comprendra certainement, si elle n’est pas trop con, que je suis moi-même « de l’autre côté ». Elle se colle soudainement à la paroi, oreille contre et je relève un sourcil me demandant quel manège est-ce qu’elle était en train d’effectuer. Avait-elle une bonne ouïe ? De ce fait le vampire sonnait en alerte rouge dans ma tête. Je devenais donc plus tendu et sur mes gardes, ayant quelques mauvais souvenirs avec ces suceurs de sang. Elle se laisse glisser au sol, moi je reste debout, contre la paroi, a l’autre bout. Heureusement l’ascenseur était déjà plus grand qu’un lambda où on serait coller l’un à l’autre. À sa question je relève un sourcil, l’observe un moment et répond tout naturellement.

-Non seulement sujet à la Conophobie

La peur des cons tout simplement. De la connerie humaine ouai… Enfin si elle me pose cette question, c’est parce qu’elle y est elle-même sujette ? Pitié non… Je fronce alors les sourcils, l’air contrarié.

-Ne me dites pas que vous si…

Je sens que je vais passer un long moment de torture, un très, trèèèèès long moment. Trop long moment coincé avec cette femme. Elle semble vraiment spéciale, pour ne pas dire d'autres termes. Elle ne semble pas très causante, en tout cas pour le moment, donc c’est toujours ça. Cependant soudainement elle se redresse, sort un marqueur et se met à écrire sur les parois de l’ascenseur. Je fronce immédiatement les sourcils après avoir ouvert de grands yeux et me redresse aussi.

-Oh ! Vous faites quoi là ?! Vous voulez que je vous fasse enfermé ?! Effacez-moi ça, démerdez sur le comment !

J’ai un ton catégorique. Je travaillais ici après tout, donc je tenais à ce que les lieux sont respectés et propres. Pas que j’en avais quelque chose à foutre de rajouter du boulot à Eliaz, par exemple, mais je tenais à ce que les gens qui venaient ici respect le lieu parce qu’on se donnait beaucoup pour sauver des vies. On mettait souvent notre propre vie entre parenthèses. Comme j’ai pu le faire pour Liorah par exemple. D’ailleurs, du coup, j’avais absolument rien écouté de son monologue sur la situation, parce que j’en avais rien à foutre qu’elle résume la situation, ça n’allait ni faire avancer les choses, ni effacer sa connerie. Soudainement elle se met à… Je sais pas trop quoi faire en fait. Elle bouge dans tous les sens, je me recule légèrement et lève un sourcil.

-Un tournesol ? Ok donc vous vous êtes échappé de l’aile psychiatrique en fait ?

Je n’avais pas peur de dire ça comme ça parce que j’étais un sorcier, donc je pouvais potentiellement me protéger contre une frêle femme, enfin d’apparence elle le semblait. Après à savoir ce qu’elle était hormis « un tournesol ». Elle finit par me parler de ses origines et… Je comprends qu’elle est plus robuste qu’elle ne laisse le paraître. Cependant je n’ai rien à craindre pour ma vie, normalement. Je garde l’air contrarié et sérieux. Si elle me demandait ça c’était certainement qu’elle aussi n’avait personne qui l’attendait alors en toute réponse, je sors un.

-Fais chier, putain !

Faisant comprendre que non je n’avais personne et que tout cela me contrariait. A moins qu'elle se mette à penser que je réagissais sur le mélange de sa race. Qu’importe comment elle l’interprétait au fond, je m’en foutais. Je soupire et réfléchis à une solution. Une formule peut-être ? Je n'en sais rien...

Je me contente de répondre lorsque cela est nécessaire et ça le devient lorsque cette folle commence à écrire sur les murs de l’ascenseur. Elle se croit où sérieusement ?! Chez elle ? D’ailleurs je me demande clairement si chez elle ce n’est pas à l’étage juste au-dessus, chez les fous, et qu’elle se serait pas échappé pour être à l’hôpital aussi tard que ça… Je me redresse légèrement lorsqu’elle me parle de paradoxe par rapport à ce que je dis et je me rapproche légèrement d’elle.

-Justement… Vous allez y rester plus longtemps que prévu si vous effacez pas ça rapidement.

Je ne la coincerais pas nécessairement dans l’ascenseur, mais je ferais appel au flic, une petite nuit, ou deux, ou plus qu’importe, en prison ne lui ferais pas de mal à elle tient ! Sauf si elle est malade mental comme je le pense, surtout suite à son mime du tournesol, dans ce cas elle retire enfermer en haut et je veillerais personnellement à ce qu’elle n’en sorte pas de si tôt.

Dans tous les cas elle semble se poser dans un cas, prête à dormir. Je viens, à l’instant d’apprendre ce qu’elle est et j’ai réagi, sans réagir à ça. Ma réaction était pour une autre partie de la conversation, mais pourrait parfaitement passer pour la révélation du fait « qu’elle n’est pas humaine ». Cependant elle ne semble pas se questionner plus que ça, même pas sur moi en réalité. Qu’importe, je me retourne, dos à elle un petit instant afin de réfléchir… Non vraiment, je ne pense même pas que la magie m’aiderait. Je soupire et m’appuie contre l’une des parois, face aux portes. Je les fixe, réfléchissant tout de même à une formule. Ouai j'suis têtu. Il y a toujours une faille alors pourquoi pas là ?

Je jette un œil à la femme, ou plutôt la folle, qui était avec moi dans la cabine. Elle c'était vraiment endormi là ? Je me retenais de la secouer dans tous les sens... J'y voyais plutôt un avantage. Je pouvais formuler mes sorts à demi-voix. La magie c'était pas comme dans Harry Potter... Pas besoin de baguette magique, juste d'un bon sort et d'une puissance dont je dispose. J'essaie quelques petites choses, et ça ne fonctionne pas pour le moment. Je me stoppe cependant lorsque je réalise qu'elle se réveille parce qu'elle bouge, je lui jette un simple regard avant de soupirer à mon tour lorsqu'elle le fait. Elle ne pas elle ne m'a pas ré-adresser la parole et je ne compte pas le faire non plus... Au moins comme ça, elle ne fait pas des choses bizarres comme son truc de la plante-là. Je finis par fermer les yeux à mon tour, l'air moins contrarié. J'ai l'air plus serein lorsque j'ai les yeux fermés... Comme si je ne voyais pas les douleurs et les souffrances que ce monde peut avoir, même si sur ma joue reste cette immense cicatrice qui montre que j'ai vécu moi-même des choses douloureuse. Je murmure quelques petites phrases, encore des formules magiques, loins de me douter qu'en réalité elle entendait malgré mon murmure très très bas. Quand je me dis soudain qu'un message magique adressé a ma mère pourrait faire l'affaire, je pourrais l'envoyer à ma sœur, mais elle se ferait trop d'idée... Ma mère sera plus raisonnable. Faire disparaître un bout de papier d'ici pour l'envoyer ailleurs, cela est faisable... Il faudrait-il encore que j'ai le bout de papier.

Je savais le mélange, incertain, de la femme qui était enfermée avec moi dans cette boîte de métal et pourtant j’avais espoir de parler, murmure, assez bas pour qu’elle ne m’entende pas. Après tout je ne suis pas le Wikipédia de l’être surnaturel. Je ne savais pas tout ce que les mélanges pouvaient faire… Ni même quelle faculté en particulier pouvait prendre le dessus. D’ailleurs elle était à moitié messagère de la mort… Si elle était bloquée avec moi, est-ce que cela voulait dire quelque chose ?! Putain j’allais crever ici ! Hors de question… Il fallait surtout que je reprenne mon calme avant toute chose. Calme Aedan… Calme… Je souffle doucement avant de reprendre mes formules, mais rien ne fonctionne donc je me stoppe réfléchissant à la fameuse solution du message, mais sans papier cela me paraissait compliqué. C’est à ce moment-là qu’elle décide de parler de nouveau. Ouvrant de nouveau les yeux, je plante mon regard chocolat sur elle. Elle ne m’interrogeait pas… En tout cas elle ne semblait pas le faire, elle n’en avait pas le ton. Comme si elle constatait tout simplement, sans réelle surprise. Je soupire finalement.

-Sauf que visiblement rien ne fera bouger cette cage de fer.

Sous-entendu que mes tentatives de formules ne fonctionnaient pas. Le métal, la technique contre la magie… Était-ce vraiment un combat équitable ?