Mer me voilà ! | Aedan Cursse

C'est l'été et pour la première fois depuis très longtemps je vais pouvoir aller à la plage et en profiter ! J'adore sentir le sable chaud sous mes pieds, c'est un vrai plaisir et ça me fait du bien, certes ce sont les températures de la Norvège, mais ça n'empêche pas que pour moi ce soit plutôt chaud ! Après s'il pleuvait ça m'irait très bien tant que je peux sortir ! La plage étant loin, je n'avais pas le droit de m'y rendre seule au cas où alors l'hôpital avait chargé Aedan de m'accompagner. Je sais que ça ne lui faisait pas forcément plaisir, mais il n'avait pas le choix et même si je détestais le contraindre, il serait à mes côtés quand même ! On avait prit le bus pour venir et heureusement pour nous il n'y avait pas encore trop de monde pour un après-midi, on avait que l'embarras du choix pour la place !

-Là on serait bien non ?

Je lui montre l'endroit où je suis, proche de la mer pour ne pas que j'ai trop à marcher.

Aujourd’hui je suis de sortie obligatoire. En soi ça me va parce que comme ça, ça me permet de sortir du cadre du travail, mais aussi parce que je fais cette sortie pour accompagner Liorah… Du coup je peux la surveiller tout en faisant croire que je travaille tout simplement ! Bon je travaille aussi hein… Je ne suis pas là pour me tourner les pouces comme elle, mais je peux la surveiller et ça c’est quelque chose qu’elle ne doit pas savoir. Je la surveille seulement de façon officielle pour le travail, pas officieuse comme un frère à sa sœur. On a donc pris le bus, heureusement elle marche aujourd’hui elle n’a pas besoin de fauteuil roulant. J’ai forcément été silencieux tout le long, ensuite on arrive. Je suis Liorah tout simplement et à ce qu’elle me dit, ma tête ne fait que se hocher. J’ai avec moi le parasol et je porte bien évidemment son sac.

-Ouai…

J’installe alors le parasol, car il faut la protéger.

Je suis heureuse de faire cette sortie et encore plus parce mon petit frère est avec moi et que ces moments-là sont rares depuis longtemps alors j'en profite ! Oui je sais que c'est un peu malsain vu comment il me traite, mais il a toutes les raisons de le faire après ce que je lui ai fais... Je m'en voudrais toute ma vie tant que je n'arriverais pas à faire disparaître la cicatrice qui orne sa joue, je ne voulais pas mourir avant d'avoir réussit... Je pose une serviette à l'endroit où Aedan installe le parasol et ça me rappelle tellement notre enfance, celle où on était réunis et où il m'aimait encore.

-Tu te rappelle lorsque maman nous emmenait et que l'on faisait des châteaux de sable ? Le mien avait été détruit à cause des vagues alors tu m'en as reconstruit un parce que tu voulais pas me voir pleurer !

Je ris parce que je me souviens de cette fois, c'était tellement mignon de sa part !

Le fait d’être à l’hôpital et de souvent agir avec, car « je n’ai pas le choix » m’arrangeait bien. Cela me permettait de passer du temps avec Liorah sans paraître suspect pour Samaël. Bon certes ce n’était pas un temps de qualité comme avant, je me devais d’être froid, distant et parfois même méchant… Mais Liorah étant Liorah, elle m’accueillait tout de même toujours avec douceur et bienveillance. La preuve en est, à cet instant, elle se remémore un souvenir d’enfance tandis que je n’étais pas de la meilleure compagnie jusqu’ici. Je relève simplement les yeux vers elle, presque timide de ma gentillesse qu’elle met en avant… Seulement je ne peux pas laisser paraître ma pudeur.

-C’était il y a longtemps… Les choses seraient différentes aujourd’hui.

Je ne trouve que ça à dire. Je ne parviens pas à l’envoyer plus voir ailleurs que ça et en même temps je tente de lui rappeler que tout à changer, même si, tout comme elle, j’aimerais revenir a ce temps de l’insouciance.

J'ai beaucoup de souvenirs d'enfance avec Aedan parce que nous étions inséparables à cette époque et je les chéris plus que tout, surtout quand on voit notre situation actuelle... Il me déteste, il est là parce qu'on a lui demandé, mais je ne peux pas m'empêcher de partager un souvenir d'enfance parce que ça me rappelle à quel point on a été proche, mais aussi à quel point ça fait mal aujourd'hui de le voir aussi distant de moi... Il me rétorque d'ailleurs qu'aujourd'hui ça serait différent, oui je le sais, il ne prendrait pas la peine de m'en refaire un ou alors juste par pitié, j'aime pas cette idée !

-Peut-être pas, j'ai envie d'y croire !

J'essaie de ne pas perdre mon sourire, il n'y croit peut-être pas, mais j'ai assez d'optimisme pour deux ! Je sais que c'est une illusion de ma part, mais j'ai envie d'y croire !

-Ca te donne pas envie de faire des châteaux de sable de voir cette étendue de sable qui n'attend que toi ?

Je tire sur la corde un peu, mais j'aimerais le voir me décrocher un sourire, rien qu'un tout petit même !

C’est sûr que ce moment à la plage fait remonter plein de souvenirs. On passait quand même une bonne partie de nos étés lorsque nous étions petits Liorah et moi. Cependant tout ça c’est du passé ! Le passé est passé justement et il ne reviendra plus. Plus jamais… Encore moins dans les conditions actuelles. Je le fais donc comprendre à Liorah et sans une once de méchanceté pour le coup, je me trouve plutôt doux, même si je dis quelque chose de dure. Cependant Liorah c’est la détermination à l’état pur et le positivisme aussi… Alors elle ne lâche pas l’affaire. Ça ne me surprend pas.

- Si je te le dis, c’est que je sais ce que je ferais…

Finis-je par simplement lui répondre en lui jetant un petit coup d’oeil. Je relève ensuite un sourcil face à ce qu’elle me demande et reste stoïque.

-Tu penses que j’ai 4 ans encore pour avoir envie de faire un château de sable ?

Voilà… Là c’est plus méchant, mais je n’ai pas le choix. Je la connais, elle ne lâchera pas. Alors pour changer de sujet je lui tends de la crème solaire.

-Protèges-toi.

Ce qui était bien avec ça, c’est que cela passait pour un conseil médical, mais je pouvais également agir en frère en prenant soin d’elle.

Je veux croire à cet instant retrouvé parce que même si Aedan y met de la mauvaise volonté, je suis avec lui et c'est tout ce qui compte pour moi. Il a beau me détester et me le montrer pratiquement tout le temps, j'aime les instants passés avec lui même si ça fait mal, c'est bizarre pour beaucoup de personnes, mais pas pour moi. J'essaie de rester positive même si c'est compliqué avec mon frère parce que je sais les sentiments à mon égard et qu'il ne fait que me tolérer à ses côtés parce qu'il n'a pas le choix. Je ne réponds rien lorsqu'il me contredit, ça servirait à rien. Par contre les

-Non, mais il n'y a pas d'âge pour faire des châteaux de sable !

De nous deux c'est probablement Aedan l'adulte en ce moment même malgré que je sois plus âgée que lui. Et puis, ce n'est pas parce que nous avons grandit que nous n'avons pas pu garder notre âme d'enfant.

-Merci !

Il détourne le sujet en me donnant de la crème solaire alors que j'enlève le tube pour pouvoir mettre la crème sur mes mains et me protéger.

-Tu peux m'en mettre dans le dos s'il te plait ? Je peux pas atteindre la zone.

Ma robe est ouverte dans le dos comme mon maillot de bain en dessous, mais je ne suis pas contorsionniste !

Cet après-midi risque d’être aussi bien que pénible. Être si près d’elle, passé du temps ensemble comme ça, en étant « forcé » par mon boulot me donne une bonne excuse pour rester un peu avec ma sœur sans que cela déclenche quelque chose chez Samaël, mais être justement si près et garder ce masque de pur connard, c’est compliqué. Vraiment difficile. Elle me contredit finalement sur les châteaux de sable. Je relève alors les sourcils.

-Mouai

Dis-je finalement et simplement. Je n’ai pas vu d’adulte en faire, ou en tout cas pas sans qu y est un enfant dans le coin. Après il y a bien les concours de sculpture de sable, mais ça c’est encore un autre niveau qu’un petit château de sable hein ! Elle me remercie pour le tube de crème solaire avant de me demander de l’aide pour son dos.

-Ok, mais enlève ta robe déjà…

J’attends qu’elle le fasse pour être en maillot de bain, je lui demande ensuite de se retourner, et reprenant le tube pour lui en mettre sur le dos, je commence à l’étaler doucement. Oui je suis doux dans mes gestes malgré la froideur de mon caractère.

Je ne réponds rien de plus au "mouais" d'Aedan parce que je sais bien que je le ferais jamais réellement changer d'avis. Peut-être qu'il changera d'avis un jour, mais c'est sûr que là on ne fera jamais de châteaux de sable tous les deux, c'est comme s'il avait laissé de côté l'enfant en lui et je sais que c'est ma faute... Il l'a perdu à cause de moi et je ne pourrais jamais réparer ça, enfin peut-être que si il faut que je trouve une solution. Pour l'instant je veux juste profiter de sa présence même s'il n'a pas envie d'être là, je peux au moins croire qu'il est là parce qu'il en a envie même si c'est pas le cas !

-En tout cas je chérirais toujours ces souvenirs !

Je souris avant d'enlever ma robe pour qu'il puisse me mettre de la crème et je suis agréablement surprise lorsqu'il se montre doux, ce n'est pas dans ses habitudes... Je ne dis rien, voulant en profiter.

-Tu crois que tu pourrais me faire un massage avec s'il te plait ?

J'abuse peut-être un peu, mais j'essaie de le garder au maximum proche de moi.

Lorsque ma sœur insiste… Et qu’elle m’avoue même qu’elle chérira toujours nos souvenirs ensemble, ceux de l’époque où nous n’étions que des gamins pleins d’innocence et sans penser aux lendemains alors… Je sens mon coeur se serrer. Cependant, et bien évidemment, je ne peux rien montrer. Alors je me contente d’avoir l’air le plus neutre possible, pas simple, mais c’est un exercice que j’ai appris à perfectionner au cours de ces longues années d’entrainement…

-Ok donc tu es un peu maso sur le principe ?

Voilà, nickel, une réplique un peu détacher, neutre, mais qui me permet de garder un lien, un contact… C’est souvent ce que je fais. C’est le seul moyen que j’ai trouvé de garder le lien, le contact et… Il faut se dire qu’elle est têtue ma sœur aussi. Une chance au fond. Elle me demande soudainement un massage tandis que je finis de lui appliquer sa crème.

-Tu crois pas que tu abuses un peu là quand même ?

Demandais-je alors sur mon ton habituel, relevant un sourcil, même si elle est encore dos à moi.

Je sais qu'Aedan n'est pas d'accord avec moi, je ne le vois pas, mais je peux deviner la tête qu'il fait. J'essaie de me rapprocher de lui en parlant de nos souvenirs commun. Il me demande si je ne suis pas masochiste à raviver de vieux souvenirs qui font mal... Oui ils font mal parce que c'était un temps où on était heureux, sans aucun problèmes, mais même s'ils font mal ils me rappellent pourquoi je dois me battre.

-Non, parce que c'est notre passé et que tu le veuille ou non ils existent ces souvenirs et je veux m'en rappeler tout le temps...

Je tiens à profiter du temps à ses côtés alors je suis prête à faire toutes sortes de demandes, même à obtenir un message. Tout ce qui peut me permettre de le garder à mes côtés le plus longtemps possible ! Mon but c'est ça, le garder près de moi et profiter.

-Non ?

Mon ton est un peu incertain, mais en même temps aussi insolent.

Je relève légèrement les sourcils lorsqu’elle me dit que « non » elle n’est pas masochiste, mais que je le veuille ou non, ces souvenirs-là sont les nôtres. Je ne comprends pas pourquoi elle me dit ça, car je n’ai rien dit à ce sujet, au contraire, j’ai simplement posé une autre question, mais donc sa réponse à elle n’est pas tout à fait claire.

-Je n’ai jamais dit que je n’en voulais pas, simplement que tu tiennes à en parler comme ça alors qu’ils n’ont plus lieu d’être si c’est du masochisme. Tu aimes te faire du mal.

Ce n’est même pas une question, c’est une affirmation ! Hormis se faire du mal, ça lui fait quoi ? Après s’il y a une autre explication je suis preneuse aussi. Elle me demande ensuite un massage et je lui demande clairement si elle pense pas abusé, elle me répond que non et je fronce les sourcils.

-Bah si, il y a écrit « boniche » sur mon front ?

J'ai l'habitude de ses piques, de ses remontrances même si c'est fatiguant à force... Je sais que je le mérite à cause de ce que j'ai fais il y a toutes ces années et il faut croire qu'il m'en veut encore, je n'en doutais pas vu comment il est envers moi à chaque fois. Je finis tout de même par lui répondre en affirmant ce qu'il venait de dire.

-Alors oui, j'aime me faire du mal.

Je ne dirais pas le sous-texte qu'il y a en-dessous, je ne sais pas s'il le comprendra, mais de toute façon je mérite ce qu'il se passe et peut-être oui que je suis maso comme il dit, mais je ne me fais pas mal pour rien. Oui c'est dur, mais c'est mon petit frère et même si j'ai mal, c'est une bonne douleur qui me rappellera toujours mes actes même si c'est de la souffrance. Elle vaut la peine que je souffre si je peux passer du temps avec lui même s'il n'en a pas envie.

-Je te le demandais gentiment, si tu n'en as pas envie je comprend. Désolée...

Mon ton est compréhensif, peiné, mais avec du regret aussi.

Je ne réponds rien face à l’aveu de Liorah. Que pourrais-je répondre de toute façon ? Ouai je pourrais enfoncer le clou, mais je n’en ai pas envie. Je n’ai pas envie d’étaler et de tirer cette conversation dans tous les sens et pour longtemps encore ! Non merci. Je passe donc à autre chose sauf qu’elle, elle pousse le bouchon. Visiblement ça la gêne pas trop de pousser le vice jusqu’à me demander un massage. Elle se met clairement le doigt dans l’oeil et je pense qu’elle le sait, mais elle tente quand même visiblement.

-Bah je suis pas ta boniche surtout. Je suis ici pour te surveiller, j’suis pas payé pour te masser, tu veux pas que je te fasse une manucure aussi, non ?

Demandais-je plus froidement les sourcils froncés.

Il m'est toujours hostile et ça fait mal parce que je sais que je le mérite, mais j'ai du mal à m'y faire malgré toutes ces années... C'est dur de se dire qu'il me déteste et qu'il ne veut même plus rien faire avec moi alors que lorsque nous étions petits c'était le contraire. Cette après-midi à la plage tournait au vinaigre et vu sa réaction peut-être était-il temps de partir. J'ai peut-être abusé et du coup je suppose que c'est mieux si je pars, comme ça il ne passera pas le reste de la journée avec moi.

-Je pense qu'il est temps de rentrer...

Le temps est quand même passé depuis notre discussion et je sens bien que le restant de la journée ne va pas être aussi ensoleillé malgré le soleil dehors. Je me lève et me rhabille avant de commencer à ranger.

HJ : en vu de la MAJ je pense que tu peux clore notre rp s'il te plait

Liorah semble soudainement très triste. Je m’en veux de la rendre si triste… Malheureusement, je ne peux pas revenir en arrière. Elle me demande de rentrer… Alors que la journée ne vient que de débuter, elle n’a même pas profité du soleil ou de la crème que je venais de lui mettre au final. Je soupire alors et râle en disant haut et fort qu’elle est chiante tout en rangeant ses affaires. Au final, ça m’arrange de lui faire dos… Elle ne peut pas voir comme je suis triste au fond de l’avoir rendu triste. Je finis par la raccompagner à l’hôpital, me barrant vite fait de près d’elle parce que je ne supporte pas d’avoir gâché sa journée.





FIN