Voyage en eaux troubles (ft. Sølveig Anya PawelSwen)

Eiril arriva dans le port d'Oslo les bras chargés : deux gros sacs étaient accrochés à chacun de ses bras. En se déplaçant sans grâce aucune, son encombrement balottait d'un côte à l'autre de ses cuisses. Elle était partie à pied de sa résidence à Grünerløkka plus tôt dans la matinée, avait empreintée les transports en commun, chargée comme une bufflonne. Les hances de ses sacs lui sciaient les avants bras.
Malgré tout, la promesse d'une bonne journée la rendait heureuse.

Elle s'était donnée rendez-vous avec la babysitter de ses enfants et amie, Sølveig Anya PawelSwen, dans le port d'Oslo pour une journée "virée en bateau". Cette dernière avait son propre voilier qu'elle avait souvent décrit de deux petits tirans roux dont elle avait la garde sans jamais qu'ils ne le voient de leurs propres yeux.

- Gunnar, Hagen doucement, réprimanda Eiril tandis que ses enfants chahutaient devant elle. Et donnez-vous la main.

Parce qu'ils étaient trop suréxités à l'idée de ce voyage dans le fjord, les enfants ne l'écoutèrent pas - oui, ce n'était absolument pas parce qu'ils étaient mal éduqués -.
La famille était sur le parvis qui marquait l'entrée du port de plaisance d'Oslo. H26, c'était la bouée qu'ils cherchaient. Eiril jeta un regard circulèrent sur les places d'ammarage à côté d'elle. Elles semblaient ne pas être dans un ordre paticulier. A56. D78. Y7. Eiril avait l'impression de jouer à une version bien trop réaliste du tourché-coulé.

- Gunnar, Hagen, restez par ici.

La famille avança de quelques pas sur la droite. E45. F56. Quelle étaient donc cette diablerie de numérotation ?

- Hagen ne tire pas sur le manteau de ton frère.

Eiril se souvint que Sølveig lui avait décrit une fresque qui ornait le mur qui longeait le port au niveau de sa bouée. Etait-ce de sirènes ou des pirates ?

- Gunnar laisse passer la dame.

Alors qu'une crampe lui foudroyait l'estomac, Eiril dut se rendre à l'évidence : ils étaient perdus.

C'était la douceur d'une fin de mois de septembre qui avait réveillé Sølveig ce jour là. Tranquillement installée dans son lit, encore un peu endormie et bercée par le roulis des vaguelettes du port, la jeune femme s'était levée à bord de son voilier. Et c'était de bonne humeur qu'elle commençait cette journée, puisqu'elle savait qu'elle allait être rejointe par Eiril et ses deux garçons, Hagen et Gunnar, pour une journée découverte du fjors d'Oslo sur son navire. Depuis le temps qu'elle leur avait parlé de son voilier, ils allaient enfin pouvoir profiter d'une journée en plein air à bord de celui-ci !

La jeune femme s'était préparée à les accueillir, vérifiant que tout était impeccablement rangé dans la cale du bateau. Après tout, c'était plutôt petit (même si largement suffisant pour une personne), et avec une autre adulte et deux enfants remuants, autant faire le plus de place possible... Après avoir sortit les gilets de sauvetage pour ses invités d'un placard, car même si la météo annoncée était clémente, on ne néglige pas la sécurité sur un navire, Sølveig était remonté sur le pont pour guetter la petite famille.

Quelques instants passèrent, et rapidement son ouïe d'Elfe Noire repéra le bruit particulier du portillon d'accès au port, se doutant que des visiteurs arrivaient. Se levant, visage tourné vers la terre, la jeune femme observa les pontons à proximité, cherchant à trouver une silhouette blonde accompagnée de ses fidèles compagnons. Et bientôt dans le lointain, elle aperçu Eiril et ses deux petits... qui n'allaient absolument pas dans la bonne direction.
Plaçant deux doigts à ses lèvres, Sølveig émit un sifflement pour attirer leur attention, tout en secouant une main en l'air alors qu'elle se tenait fermement de l'autre à l'hauban de son voilier.
- Eiril ! Les garçons ! Par ici !

La jeune femme n'arrivait pas vraiment à voir si la petite famille l'avait entendue, mais elle ne resta pas là à attendre. Nus pieds, un pull de marin sur le dos et un short d'aventurier de circonstance, Sølveig lança sa chaloupe à l'eau avant de sauter à bord, empoignant les rames. Sans difficultés, par l'habitude de ce moyen de locomotion, elle quitta l'emplacement de la bouée H27 à laquelle elle se trouvait désormais pour aller à la rencontre de ses invités qui longeait les quais du port.

- Par ici… Non par là… Ne vous approchez pas du quai ! Gunnar ne lâche pas la main de ton frère !.. Par ici.


Depuis le début de la matinée, Eiril n’avait pas cessé de courir, à droite, à gauche. Là, sur le quai d’Oslo, son seul souhait était de s’asseoir. Sur le bateau de Solveig ou un autre, peu importe ! Juste une chaise, pour reposer ses pieds fatigués. Déjà épuisée, elle avait que la journée ne serait pas de tout repos : avec deux enfants en bas-âge nain et au cœur du fjord, elle devrait être prudente. Mais, malgré la perspective de devoir surveiller ses deux garnements pendant les prochaines heures, son cœur s’était satisfait : elle retrouverait bientôt son amie et babysitter, Solveig Anya PawelSven.
Elle croyait déjà entendre sa voix. 


- Les garçons ! Eiril ! distinguait-elle d’un bruit si lointain qu’il ne pouvait se trouver sur les quais. 


La voix était à la fois calme et puissante, le ton juste et doux. Elle était si ressemblante que la mère de famille douta même qu’il s’agissait d’un tour de son esprit fatigué. Elle se retourna vers le quai, mais n'aperçut d'abord rien. Personne, pas même sur la promenade, ne ressemblait à la silhouette svelte de leur capitaine d’un jour.


- Gunnar, Hagen, Eiril !


Eiril leva les yeux : cela ne faisait pas de doute, on les appelait. Pourtant toujours personne qui ressemblait de près ou de loin à Solveig ne marchait dans leur direction ; et puis quelque chose clochait : le son semblait provenir directement du fjord. 


- Regarde Maman ! dit Gunnar en pointant du doigt une embarcation. Anya sur son bateau ! 


Eiril regarda, surprise, son amie les aborder dans un barque juste assez grande pour les contenir tous les quatres. Sans raison particulière, la mère de famille s’était toujours figuré que sa babysitter avait un emplacement à quai et non pas au milieu du port. N’était-ce pas fatiguant de devoir ramer jusqu’à la terre ferme tous les matins ? Epuisée, comme elle l’était Eiril se dit qu’à sa place, elle ne quitterait jamais son bateau habitable. 


En arrivant à sa hauteur Eiril salua son amie. Elles firent d’abord embarquer le sac de course que la mère étrangement prévoyante avait amené avec elle, puis se fut les tour des garçons qui n’étaient pas mécontent de quémander au passage un câlin à leur baby sitter préférée. Quand elle souleva Hagen, le troisième et dernier de ses paquets, elle ressenti une vive douleur au ventre. 


- J’espère que je ne vais pas être malade ! se dit-elle en son for intérieur.
 
Une fois la douleur passée, elle embarqua à son tour. Ce fut quand elle s'assit qu’elle se rendit compte que son pantalon était déjà mouillé. 

La jeune femme avait réparti les charges dans la petite barque, de manière à gagner en stabilité malgré le poids des bagages et des passagers. Enfilant immédiatement un gilet de sauvetage aux deux petits après leur avoir distribué des baisers de bienvenu, elle pu enfin prendre le temps de saluer la mère des chenapans, qui semblait bien contente de pouvoir s'assoir enfin dans la barque.

- Alors mes moussaillons, prêts pour l'aventure ? On a de la chance, le temps est idéal, soleil, un peu de vent mais pas trop... Il y a trois jours, ils avaient annoncé un orage, mais les vents ont du l'amener plus au nord, il ne s'est pas montré près de nos côtes.

Tout en discutant, l'Elfe Noire avait ramé avec entrain, d'un rythme machinal et régulier qui trahissait son habitude à se déplacer ainsi. Menant l'embarcation d'une main ferme à travers les bateaux en mouillage, ils arrivèrent rapidement en vu du voilier de Sølveig, qui s'exclamait triomphalement.
- Et voici notre frégate du jour !


Nommer le bâtiment "frégate" était un peu exagéré bien sur, car le navire était loin d'en atteindre la superficie... mais il avait bel et bien le charme des voiliers anciens, coque et pont en bois, voilures de toile... Et à défaut d'une figure de proue, il était orné à l'avant des deux mascottes récemment embarquées à bord, le gros matou et la poulette rousse. Ces deux là ne se quittaient plus depuis que l'Elfe Noire les avaient récupérés par hasard chez un vétérinaire, et ils trônaient fièrement sur le pont pour observer venir les nouveaux arrivants.

Tandis que la barque arrivait au niveau du voilier, Eiril se fit la remarque qu'elle ne l'avait jamais vu auparevant, même en photo. Quand Sølveig lui avait parlé de son habitation insolite, elle s'était figuré d'un de ses voiliers composites à la coque d'un blanc éclatant comme on en voyait dans chaque port ; mais à la vue de ce qui était effectivement le bateau de son amie, elle ne fut pas surprise. Colorés et insolites, propriétaire et embarcation se ressemblait finalement beaucoup.

Eiril avait attrapé fermement la poignée du gilet de sauvetage de ses enfants tandis qu'ils se penchaient au dessus de leur petite barque pour admirer le voilier de leur babysitter.
Gunnar eut une exclamation admirative.
- C'est un vrai bateau ! Comme les pirates ! dit-il en frappa dans ses mains.
L'enfant avait surtout remarqué le pont en bois.

- Un chat ! cria l'autre enfant en pointant son doigt en direction d'une matou qui les regardait impatiblement, assis sur le bastingage.

Et tandis que les deux jeunes nains laissaient exprimer leur joie, une douleur sourde plia Eiril en deux. Son mouvement passa inapercu alors qu'elle se rasseyait, tirant ses enfants en arrière.
L'enbarquement sur le voilier fut bien plus facile que ce qu'Eiril ne s'était imaginé ; c'était l'expérience de Sølveig qui les avaient guidés.

Une fois tous embarqués, Eiril fut curieuse de decouvrir le reste de l'habitacle de Sølveig, l'antre d'une elfe noire.
- Je peux  ? demanda-t-elle à la propriétaire des lieux en designant la porte qui menait à l'interieur.
Elle ne laissa pas le temps à son amie de répondre et s'engagea sur l'étroit escalier qui descendait de quelques marches. L'endroit était encore plus exigu que la demie-naine ne l'avait imaginé. ll n'y avait en bas que le strict minimum pour vivire indolement au gré des élements. Son instinct maternelle lui fit remarquer qu'il n'y avait pas de salles de bain... Elle espérait que ses enfants sauraient bien se conporter.

Une fois remontée sur le pont, elle les fit d'ailleurs d'assoir sur l'un des bancs à coté de la bar de navigation.
- Ecoutez moi bien, lui dit-elle en tournant de ses mains leur visages dans sa direction. Vous allez être bien sage et resté assis ce banc tant qu'Any ne vous a pas autorisé à vous lever, c'est compris ? C'est ele la capitaine et vous êtes ses fidèles et obéissants matelots, d'accord ?

Les enfants hochèrent la tête, bien content du jeu de rôle qui se profilait. Et tandis que le bateau prenait la mer pour quitter le port, Eiril fut confiante qu'ils reviendraient à quatre, comme ils étaient partis.

Pour comprendre la suite de l'histoire et découvrir ce qui se passa sur ce bateau le 27 sptembre 2022, suivez ce lien.