Mais où est cette eau ?! (Ft. Aedan Cursse)

Aujourd’hui, je suis côté humains, donc côté fragiles ! C’est vrai que les humains sont un peu plus fragiles que les êtres surnaturels, leurs corps n’ont pas de pouvoir particulier si ce n’est celui des femmes parce que donner la vie c’est quand même pas rien. Quoi qu’il en soit, que je sois de ce côté-ci ou de l’autre, je fais mon job du mieux que je peux. Toujours. Après avoir quitté l’une des pièce avec les prises de sang en main afin de les apporter au labo, j’entends quelqu’un grommeler dans la réserve. Je passe alors ma tête pour voir qui peut bien râler puisque cette voix me dit quelque chose. Finalement, je vois le docteur Karev.

-Un problème docteur ?

Demandais-je simplement pour commencer.

Je suis là depuis un bon moment maintenant et je dois dire que j’en ai vu passer des médecins, des infirmières et infirmiers aussi hein. J’en ai vu des internes échouer, péter un plomb, tout quitter, tout balayer. Oh ouai… J’en ai vu pas mal de soucis dans le coin. Alors les problèmes de stock, comme là, avec le docteur Karev je peux vous dire que j’en ai vu passer aussi ! Franchement, c’est pas la chose dont on se vante le plus en fait parce qu’un problème de stock dans un hôpital, on va pas se mentir : ça craint complètement, mais c’est un fait ça arrive. Je ne m’occupe jamais du réapprovisionnement donc en soit je ne suis pas responsable, mais ça me fait tout autant péter un plomb que le docteur Karev à cet instant précis. Surtout lorsqu’on est dans l’urgence… Les patients sont rarement réellement patients et parfois leur vie tout simplement ne l’est pas alors courir à droite et gauche ou dans différents services pour trouver ce dont on a besoin : il y a de quoi s’arracher les cheveux ! Ou les poils pour lui vu sa nouvelle condition… Ça aussi tiens ! On en parle pas, mais c’est un vrai risque.

Je suis peut-être un sorcier, mais j’ai failli crever ici, crever en guise de sandwich, il y a plus glorieux comme mort quand même… Heureusement, comme je le disais, je suis un sorcier, j’ai donc pu user de ma force, de ma magie et mon intelligence pour m’en sortir. Mais lui… Pauvre humain totalement à la merci du surnaturel, qu’aurait-il pu faire ? Moi je contrôle et maitrise les transformations de lycans trop violents grâce à ma magie, mais lui aurait jamais du se trouver là-bas. Maintenant, on le voit encore plus son côté impatient, au tempérament un peu chaud… Déjà qu’humain il m’avait cassé les couilles une fois… Mais en lycan, tous les traits de sa personnalité sont exacerbés alors ouai… Il pète un plomb pour un problème de stock, mais je peux le comprendre. Ce que je comprends pas par contre ? C’est qu’on ait envoyé un humain là-bas, en bas, un soir de pleine lune avec des loups-garou et louve-garelle, pleins les caves de l’hôpital ! Franchement, ils ont de la chance qu’il ait pas porté plainte.

J’savais même pas d’ailleurs qu’il connaissait l’existence d’êtres surnaturels… Mais voilà… Il aurait peut-être mieux fait d’être ignorant, ça lui aurait évité cette mésaventure. Non ? Je crois… Un peu comme moi. Si j’avais pas ignoré les recommandations de Liorah ce soir-là… Ma vie serait différente. J’aurais pas du jouer la sourde oreille pour une fois, mais que voulez-vous, je suis têtu et ça restera. Maintenant, ça fait un moment que ma vie sert de jouet à un démon et malgré ma puissance, je ne peux rien faire contre lui. Il a quelque chose de plus puissant encore contre moi : mon amour pour ma famille. Franchement, même si je fais semblant, que je fais tout pour qu’il pense qu’elles ne comptent pas pour moi, ma sœur et ma mère, je suis sûr qu’il se doute de quelque chose, sinon il ne me tiendrait pas depuis tout ce temps… Mais je n’aime pas penser à ça, ça me met de mauvaise humeur et je crois pas que le docteur Karev en a besoin actuellement. Je sors d’ailleurs de mes pensées lorsqu’il me répond enfin en se tournant vers moi. À ce qu’il me dit, je me mords légèrement la lèvre inférieure et discrètement, dès qu’il se retourne de nouveau, je pointe du doigt l’étagère et récite une formule qui fait apparaître ce qui n’est pas visible au premier regard.

-Attendez…

Je me rapproche alors de l’étagère, tout au-dessus… Et attrape finalement l’une de ces fameuses bouteille d’eau stérile.

-C’est ça, non ? Quelqu’un les as mis totalement en hauteur...

Normalement, elles ne le sont pas, mais… Ce n’est pas toujours la même personne qui range, alors ça arrive parfois !

Évidement lorsque je viens en aide au docteur Karev, comme je le fais pas mal ces derniers temps d’ailleurs, à croire que je ne suis plus sorcier, mais ange gardien, je le fais discrètement ! Je ne compte pas me faire griller. Je sais qu’il est loup et il sait que je le sais, mais lui ne connaît pas ma nature. Il me pense certainement simple humain et pour le moment ça me va parfaitement. Lorsqu’on connaît ma nature, et la force de ma magie, on peut avoir tendance à vouloir l’utiliser pour soi. Non… Je ne parle pas du tout de vécu voyons… Évidement que si. Bref ! Tout ça pour dire que je fais apparaître ce qu’il cherche et même s’il est confus sur le coup, j’hausse les épaules pour paraître tout à fait normal.

-Dans la précipitation, vous avez peut-être passé trop rapidement votre regard sur cet endroit…

Il m’en demande alors d’autres et ma tête se hoche légèrement tandis que je les attrape et que je les lui donne. Je me tourne alors totalement vers lui.

-C’est tout ce qui vous fallait ?

Mon rôle d’infirmier est aussi de seconder les médecins. Ce que je fais là parce qu’entre notre première rencontre et maintenant, il a quand même été plus poli avec moi donc ça passe mieux entre nous maintenant.

Le docteur Karev semble au bout de sa vie. Il marmonne donc comme un grand-père dans sa barbe inexistante, parlant pour rien dire… Comme un vieux quoi. À ma question, il hoche la tête et je m’attendais à pouvoir l’aider de nouveau, mais non, il me parle de quelque chose dont il a besoin que je ne peux clairement pas lui offrir. Je ne lis pas et ne fait pas encore le futur. Je relève donc un sourcil et, avant de perdre patience parce qu’il est à l’ouest et que je me connais, je dis simplement.

-Maintenant que vous avez ce qu’il vous faut, vous feriez mieux de vous grouiller à y aller.

Je sais qu’il est médecin, qu’il est « au-dessus », mais je ne me suis jamais laissé marcher sur les pieds, ce n’est pas pour leur lécher le cul aujourd’hui. D’autant plus qu’entre lui et moi, ça avait mal commencé à la base, donc il connaît mon caractère. Il sait que je ne suis pas du genre à m’éparpiller, le boulot, c’est le boulot, que je suis plutôt secret et tout ça...