Bilan sanguin (Liorah Cursse)

Je prépare tout ce qu’il faut sur mon chariot. Ok j’ai besoin de cette aiguille-là… De ça aussi, de ce flacon-ci… Et au vu de la feuille, quatre de celui-ci… Ça commence à faire pas mal de flacons là, mais je sais que c’est pour un bilan complet. Ça peut être un peu long, douloureux aussi pour la personne concernée, mais avec un cas comme celui de ma… Soeur, on est obligés de faire des bilans complets régulièrement ! Une fois que j’ai tout, et que j’ai vérifiédeux fois, parce qu’il s’agit de Liorah et que je veux tout bien faire, même si je ne le montrerais jamais devant elle, je prends la direction de sa chambre. Une fois devant celle-ci, je toque et entre peu après.

-C’est pour ton bilan sanguin…

Annoncais-je simplement en venant « garer » mon chariot près de la chaise où elle est assise qui est près de son lit.

Les journées s'assemblent et se ressemblent en ce moment et je ne sais pas si c'est le temps qui y est pour quelque chose ou non. Il faut dire que l'on est au automne et que même si j'aime voir les feuilles tomber et les arbres revêtir leurs plus beaux feuillages, les journées sont moins longues et il y a beaucoup moins de soleil, j'adore le soleil et ses rayons chauffants, mais ils ne sont plus là... Je pensais songeuse dans le fauteuil où je venais de prendre place, l'ordinateur posé sur mes cuisses quand j'entends frapper, ce qui me sort de ma rêverie pour voir la tête de mon frère apparaître.

-Oh oui, j'avais oublié que c'était aujourd'hui.

Je fais tellement de bilans sanguins que je suis perdue parfois et je ne sais plus quand ils se font, visiblement c'est aujourd'hui, mais ça ne me fait pas peur. Quand on est habitué, les aiguilles ne font plus rien hormis la douleur, elle, je la ressens toujours, mais ce n'est rien comparé à celles que je peux avoir lorsque je fais des crises, elles sont pires que tout et je crois que je peux survivre à ça. Je remonte la manche de mon pull avant de positionner mon bras pour qu'il puisse prélever mon sang plus facilement.

Franchement vider ma sœur comme une vache à lait, ça me fait pas vraiment plaisir. J’ai l’impression que les médecins font que ça de lui demander des bilans sanguins, mais ils réalisent qu’elle peut pas être en forme si elle a plus de sang dans le corps ?! Bon je sais que cette réaction est irrationnelle total puisqu’on va jamais la vider de son sang, mais quand même… Ça me rends dingue. Dingue qu’ils trouvent pas non plus ! Je veux dire, ils sont réputés ou pas à un moment donné ?! En tout cas, elle semble sereine, je m’approche, sa manche est déjà relevée… Je la regarde un instant et pose mon chariot près d’elle, préparant alors tout ce qu’il me faut à portée de main, en attendant… Je repousse le moment de la piquer parce que ce sera rapide, comme ça… Je reste un peu plus longtemps avec elle, sans le lui dire évidemment… !

J'ai l'habitude des prises de sang, j'en fais tellement souvent depuis longtemps que j'oublie les moments où je dois les faire, il faut dire que ce n'est pas un événement, juste une routine. Je ne sais pas à quoi servent tous les tubes qu'ils me prennent, mais j'espère qu'ils trouveront bientôt un remède à ma maladie... C'est un rêve je le sais, mais je ne peux pas m'empêcher d'espérer qu'un jour un médicament sera trouvé et me permettra de sortir d'ici pour de bon, je ne veux pas mourir ici !

-Tu vas comment ?

Je tente de faire la conversation en posant une question banale, mais je cherche à le garder près de moi même s'il ne veut pas de moi. C'est égoïste, mais ce sont les seuls moment que je peux passer avec lui.

Je ne sais pas comment Liorah peut encore avoir du sang dans son corps au vu du nombre de piqûres qu’elle doit faire. Heureusement elle n’est pas du genre à faire trop de bleu, sinon… Elle ressemblerait certainement la partie du temps à un schtroumpfs. Je prends donc le temps de préparer tout le matériel, parce que… Comme ça, je peux passer un peu plus de temps avec elle. En plus, comme à son habitude, elle fait l’effort de faire de la conversation entre nous…. Gardant le regard rivé sur le matériel stérile, je réponds doucement.

- Ca va… Ce n’est pas moi qui vais me faire piquer…

Parce que ça, ça ne doit pas être très agréable...

Je fais les choses machinalement ayant l'habitude de devoir donner mon sang, si seulement ça servait à quelque chose, mais à chaque fois il n'y a aucune nouveauté et c'est désespérant. Pour oublier que le résultat de cette prise de sang sera décevant, je préfère parler avec mon frère même si c'est moi qui parle le plus et je suis heureuse qu'il me réponde, il m'en faut peu. J'aime croire que c'est de l'inquiétude qu'il a pour moi en me disant ça, je veux y croire.

-Mon corps est habitué, je suis sûre que je n'aurais aucun bleu enfin presque pas en tout cas.

Ca pouvait paraître horrible dit de cette façon, mais ce n'était que la vérité et je ne savais pas si je disais ça pour le rassurer lui parce que c'est mon frère et je ne veux pas qu'il sache si souffre ou pas. Je ne veux pas lui faire de mal, il le verra certainement parce que même si j'ai souvent des prises de sang, je suis habituée sans l'être.

-Et je sais que tu fais très bien ton travail, j'ai confiance en toi.

J'ai un petit sourire en disant ça parce que c'est la vérité. J'ai confiance en lui et si je souffre alors je l'aurais certainement mérité pour avoir fait du mal à mon frère il y a toutes ces années...

Je ne peux m'empêcher de jeter un coup d'œil à Liorah lorsqu'elle me dit que son corps est habitué aux prises de sang, et qu'elle n'aura pas de bleu... Ou presque pas. Regardant à nouveau mon matériel pour ne pas qu'elle voit que je la regarde trop, je réponds machinalement.

- C'est sûr que tu en auras pas aujourd'hui... C'est moi qui fais ta prise de sang... Et je pique bien !

On pourrait croire que je l'agresse légèrement en disant ça, mais ce n'était absolument pas le cas... Dans un sens j'essayais de la rassurer, j'essayais de faire attention à elle... De lui dire qu'avec moi, je ne vais pas la rater et que ça va aller... C'est alors qu'elle dit que je fais bien mon travail et qu'elle a confiance en moi. Je relève donc les yeux vers elle en me mordant légèrement la lèvre inférieure et hoche un petit peu la tête.

-Tu peux relever ta manche s'il te plaît ?

J'ai une confiance aveugle en mon frère, certains diraient que c'est idiot, mais pas moi parce que je l'aime mon frère même si je sais que je mérite son mépris et peut-être même sa haine. Il finit par me dire qu'il pique bien et que je n'aurais pas de bleus, je le sais, il est doué mon frère.

-Je sais...

Même s'il me faisait mal je n'aurais rien dis car c'est son droit, il peut me faire payer ce qui lui est arrivé quand nous étions jeunes. Je sais que c'est ma faute ce qui est arrivé il y a toutes ces années et je m'en voudrais toute ma vie. Si seulement je pouvais faire quelque chose pour tout réparer, mais c'est peine perdu malgré mes pouvoirs de sorcière.

-Oui.

Je relève ma manche, la fixant pour qu'elle ne retombe pas et qu'il soit embêté par ça pour la prise de sang.

Je ne réponds rien lorsqu’elle me dit que je vais y arriver, parce que je pense qu’on a fait le tour de la conversation tout simplement. Elle relève la manche comme je lui demande et je viens donc me placer correctement. Je plaque le garrot, je prépare mes tubes puis je lui demande de serrer le poing. Je cherche ensuite une veine du bout des doigts en y allant doucement et en faisant gaffe de ne pas trop appuyer et une fois que je l'ai, je prends mon aiguille et la place.

- J’y vais…

Et je plante doucement l’aiguille. Bingo ! J’ai la veine du premier coup ! Je lui demande donc de relâcher un peu le poing après quelques minutes et remplie mes flacons. Ensuite je desserre le garrot et finit de remplir le dernier flacon puis je retire l’aiguille, désinfecte la zone et place un pansement tandis que je secoue le bon nombre de fois chaque flacon avant de la regarder en commençant à tout ranger.

-Bon moi j’ai tout en tout cas… T’auras les résultats, comme d’habitude, dans la journée…

Puis je reprends le chariot, prêt a m’en aller. Je n’ai pas de raison de m’attarder plus que de raison sauf si elle me retiens pour une question, mais je ne pense pas.



HJ : je te laisse clore avec ta réponse si tu n'as pas de question comme je le dis dans mes pensées ?