Coincées [PV Bloody Wolfia]

S'il y avait une chose qu'Ombeline ne regrettait pas vis-à-vis du mode de vie moderne (bien qu'elle pose toujours un regard bienveillant, quoiqu'un peu triste, sur l'évolution de la société), c'était la possibilité de faire du shopping. Elle aimait passer des heures à flâner dans les rayons comme s'il s'agissait de forêts de vêtements, d'accessoires, de livres et tout autre article que pouvait proposer la boutique où elle se trouvait. Elle n'avait pas beaucoup de soucis d'argent, n'en avait jamais réellement eut étant donné qu'elle avait vécu et sortait tout droit des forêts où la monnaie n'avait aucune valeur, et pouvait donc, de temps à autre, craquer sur tout un tas de futilités. Elle considérait toujours cela comme futile. Les vêtements se dégradaient vites, les modes passaient plus vite encore, la technologie se renouvelait presque plus rapidement que la mode mais elle ne le voyait pas de façon cynique ni péjorative (bien qu'elle s'inquiète beaucoup pour l'écologie en général). Faire des choses futiles avait des avantages non négligeables pour le moral.

Bref, toute cette description menait à une chose : Ombeline aimait faire du shopping, et donc était actuellement en train de boucler une journée de congé avec moult sac renfermant un peu de tout : des vêtements, des chaussures, des accessoires, des livres, des gâteaux et des bonbons et d'autres choses totalement inutiles en pratique mais dont l'achat avait eut un impact positif sur le moral de la fée. Elle était d'excellente humeur, bien qu'un observateur lambda ne puisse faire la différence entre son état habituel et celui-là. En réalité, dans le nuancier de l'humeur d'Ombeline, il y avait tout de même des menues différences entre son habituelle gaieté et ce moment où, légèrement euphorique, elle se disait qu'elle avait passé une excellente journée. Alors qu'elle rentrait dans l’ascenseur menant au parking, elle n'aurait jamais songé à ce qui allait se produire.

Elle était seule avec une autre femme qui se rendait visiblement au même endroit, Ombeline respirait la joie de vivre, sacs en main, la démarche un tantinet sautillante quand soudain... le drame : l'ascenseur s'arrêta tout net, manquant de les déséquilibrer au passage.

Dire que c'était un drame était un peu exagéré, enfin, ce n'était pas si grave que ça aux yeux d'Ombeline. Elle échangea un regard intrigué avec sa compagne d'infortune, attendit un peu en examinant tout autour d'elle puis appuya sur le bouton d'appel.

- On ne devrait pas tarder à venir nous chercher... Dit-elle pour rassurer l'inconnue.

Elle fouilla dans un des sacs et en sortit des bonbons qu'elle lui proposa avec un grand sourire.

- En attendant, ça vous dit de grignoter un peu ?

Lorsque la femme s'appuya sur Ombeline, la fée sentit quelque chose... d'étrange. Mais l'état de l’ascenseur détourna son attention assez vite. Elle appuya sur le bouton d'appel, sourit en voyant l'autre femme faire de même.

Ombeline était plutôt calme, optimiste, comme à son habitude. Elle proposa des bonbons qui furent acceptés.

«  vous ne semblé pas le moins du monde perturbé par ce qui nous arrive je me trompe ? »


Tout en mangeant, Ombeline haussa les épaules.

- C'est juste un ascenseur en panne. C'est des choses qui arrivent tous les jours.

Et elle n'avait jamais reçu de patients morts ou blessés pendant une panne d’ascenseur. C'était impressionnant et effrayant sur le coup (surtout à l'époque des débuts de l'engin), mais ce n'était pas dangereux.

- De toute façon c'est un endroit très fréquenté. On ne va pas rester coincées très longtemps. Il faut juste un peu de patience.

Elle piocha de nouveau dans son sachet et demanda :

- Et vous, ça va aller ? Vous m'avez l'air un peu plus inquiète.

«  oui sûrement, mais avec une créature comme moi qui ne supporte pas l'enfermement... croyait moi, vous devriez avoir peur »

Ombeline haussa un sourcil. C'était rare les êtres surnaturels qui se dévoilaient aussi vite. Elle ne paniqua pas plus pour autant. C'était aussi une créature magique, elle avait 1008 ans, elle travaillait dans l'aile surnaturelle à l'hôpital, et l'inconnue la prévenait, ce qui voulait dire qu'elle ne voulait pas la blesser. De toute façon, paniquer ne serait pas très utile et la situation n'était pas encore critique. La fée réfléchissait tout de même à une solution. Ce n'était pas parce qu'elle n'avait pas peur qu'elle devait rester plantée à ne rien faire.

«  je suis sur le point de muter, donc oui je ne vais pas bien... je résiste au max, mais ça va pas durer longtemps... »

Muter. Donc c'était une louve. Ou du moins une créature capable de se transformer.

«  je suis désolé, que vous soyer enfermé avec moi »

Ombeline lui adressa un petit sourire compatissant, se rapprocha et posa une main rassurante sur son épaule.

- C'est pas grave.

Elle regarda les parois métalliques et inspira un grand coup. Ses pouvoirs étaient bien plus faibles qu'aux temps anciens, mais elle pouvait peut être faire quelque chose.
Elle posa ses sacs et se concentra. Les murs à droite et à gauche disparurent. Elle imagina un environnement qui lui était facile à modéliser en détails, quelque chose de familier, qui lui venait naturellement. Une forêt. De chaque côté apparurent des arbres, de la terre, des buissons, qui vinrent empiéter légèrement sur le sol de l’ascenseur et donner l'illusion que l'espace venait de s'ouvrir réellement. Elle réfléchit aux odeurs, aux courants d'air, aux sons et même à la texture des plantes les plus proches.

- Ça va mieux comme ça ? Par contre ne vous y aventurez pas.

Elle examina son œuvre. On ne voyait pas le fond de la forêt, une légère humidité s'en dégageait et l'odeur de l'herbe mouillée chatouillait agréablement ses narines. C'était comme si elles se tenaient entre deux plaques de fer au milieu des bois. Une sensation plutôt étrange. Au top de sa puissance, elle aurait pu modéliser n’importe quoi, de n'importe quelle taille, et elle aurait même pu s'y promener. Enfin, donner l'impression de s'y promener. Mais c'était avant. Elle ne pouvait que s'occuper de deux murs maintenant et cela lui demandait beaucoup d'efforts l'air de rien.  

- Et si vous sentez que vous perdez le contrôle...

Elle s'éleva une dizaine de centimètres au dessus du sol, toujours en face d'elle.

- Je peux me mettre hors de portée et je me régénère vite.

Son sourire se fit plus rassurant encore.

- Tout va bien se passer.

Ce n'était pas vraiment une prédiction, plutôt une façon de la convaincre, de la rassurer et de se rassurer elle-même.

L’illusion eut l’effet désiré : l’inconnue allait mieux et reprenait doucement le contrôle sur elle. Mieux : elle souriait. Il n’y avait rien de plus gratifiant pour Ombeline qu’un sourire.

«  oh oui merci beaucoup... je me sens revivre … mais tu es quoi ? Enfin qu'elle créature... car je penchais pour la succube au vu de ce que tu fais là tous de suite... mais je le pense pas... tu es trop gentille pour l'être et je ne connais pas toute les créature surnaturel du coup je suis un peu curieuse »

La fée ne pu s’empêcher de sourire plus encore. Elle n’avait absolument rien à voir avec une succube, et ce n’était pas la gentillesse qui différenciait leurs deux espèces. Juste… c’était pas la même chose. C’est tout.

Avant de répondre, elle ajouta tout de même, pour être sûre que ce soucis de transformation ne la tracasse plus :

- Et si vous sentez que vous perdez le contrôle...Je peux me mettre hors de portée et je me régénère vite.

Elle lévitait à une dizaine de centimètres du sol pour appuyer sa phrase et la rassurer.

- Tout va bien se passer.

«  je voie... mais tous vas bien vous pouvez descendre... j'ai mis le loup en cage si je puis dire »

Ombeline redescendit à terre. Ainsi, elle était plus petite que son interlocutrice, mais cela ne la gênait pas. Elle était souvent plus petite que les autres. Enfin… tout dépendait des époques. Chaque nouvelle génération lui semblait plus grande que les autres.

- Tant mieux. Et pour répondre à votre question, je suis une fée.

Elle fit la moue et ajouta :

- Par contre il vaut quand même mieux éviter de penser que les fées sont gentilles de nature. C’est comme tout le reste… il y a des gens gentils et d’autres qui le sont moins.

Même si elle était persuadée que tout le monde en général avait bon fond, elle n’était pas naïve et stupide. Et puis… elle même avait « taquiné » quelques humains avant de s’y mêler. Il y a très très longtemps. À cette époque, on avait une définition très différente de ce qu’était la taquinerie.

- Enfin, je doute que vous croisiez d’autres fées. Nous sommes très rares.

En voie d’extinction même. Ombeline n’avait jamais croisé personne d’autre de son peuple après avoir été obligée de sortir des forêts. En plusieurs siècles. Enfin. Ce n’était pas le moment d’y penser. Ce n’était même jamais le moment. Parce que qui disait créatures en voie d’extinction, disait solitude, affaiblissement et mort.

«  je n'en doute pas et je voie... ça ce comprend alors, vous êtes très puissante m'a ton dit. J'ai lus beaucoup de livre sur vous à une époque... au moment ou je pouvez encore rêver puis le vie ma rattraper et adieu les rêve bonjours la bonne grosse couche de merde »

Visiblement, cette femme avait besoin de se confier, de vider son sac. Ombeline s’assit à côté d’elle, sortit son sac de bonbons et commença à grignoter en l’écoutant, lui laissant ce dernier à disposition pour qu’elle se serve. La fée avait l’habitude que les gens lui parlent facilement. Elle avait une bonne bouille. La tête de quelqu’un de confiance. Ça ne lui déplaisait pas. Elle aimait aider les autres et leur remonter le moral.

- Je ne suis pas si puissante que ça.

Elle désigna les illusions qu’elle maintenait de chaque côté de l’ascenseur.

- Ce ne sont que des petites illusions. À une époque j’aurais pu faire ça sur tous les murs et même vous donner l’impression qu’on pouvait se promener dedans.

Après, il était sûr que ça impressionnait toujours. C’était comme sortir un lapin de son chapeau. C’était « magique ». Même pour les autres créatures, ça faisait rêver.

- Par contre il vaut quand même mieux éviter de penser que les fées sont gentilles de nature. C’est comme tout le reste… il y a des gens gentils et d’autres qui le sont moins.

«  je n'en doute pas... dans toute les race c'est la même chose je vous assure, surtout dans la mienne quoi qu'il y a plus de mauvais que de méchant, mais bon... c'est une autre histoire »

Ombeline eut une moue compatissante.

- Oh, il ne faut pas vous dénigrer comme ça. Vous m’avez l’air très gentille. La preuve qu’il y a du bon chez les êtres de votre espèce.

Et puis les loups qu’elle avait soigné jusque-là étaient très sympathiques. Un peu communautaires, mais pas si agressifs que ça quand on leur offrait un grand sourire et qu’on se montrait un peu gentil avec.

- Enfin, je doute que vous croisiez d’autres fées. Nous sommes très rares.

Ce que la femme répondit en revanche la surpris :

«  je suis désoler pour vous... de mon espèce non plus y en a plus beaucoup »

- Ah ? J’ai pourtant vu beaucoup de loups à l’hôpital. J'y suis infirmière. Je ne pensais pas qu’il y en avait plus beaucoup…

Peut-être étaient-ils tous réunis au même endroit…Elle les enviait un peu d’ailleurs. Elle se retrouvait toute seule et ce n’était jamais très bon pour le moral d’être isolée.

«  ça a du bon d'être peu nombreux pour mon cas je veux dire... personne pour ce mettre dans nos affaire et nous emmerder... moi perso ça me vas »

Ombeline eut un petit sourire.

- C’est une façon de voir les choses, et puis du coup on est toujours content de recroiser ses congénères après des siècles et des siècles…

Elle attendait toujours d’en recroiser d’ailleurs…

Faire la modeste ? Non, la fée était réellement  plus puissante avant. Ce qu’elle lui fit comprendre rapidement.


«  ah je voie... c'est plus le cas ? Pourquoi  vos pouvoir ce décline autant ? »

Ombeline haussa les épaules en énumérant :

- Déforestation, trou dans la couche d’ozone, catastrophe écologique…

Elle disait ça comme si ce n’était rien. Comme si c’était une chose normale, que tout était voué de toute façon à mourir et qu’elle s’y était fait. Dans un sens, c’était le cas. Elle voulu tout de même la rassurer, cachant ainsi son désespoir à ce sujet.

- Mais ça va, ça ne m’empêche pas de vivre pour autant. De toute façon, ce n’est pas comme si ces pouvoirs me servaient tous les jours.

Elle fourra un bonbon dans sa bouche pour se consoler. S’obliger à vivre comme une humaine. Elle s’y était fait avec le temps, mais avait toujours cette impression d’inadaptation. Sans doute parce qu’il fallait constamment cacher sa véritable nature. Sans doute aussi parce qu’elle survivait à tous ses proches mortels. Sans aucun doute, même, parce que la plupart des croisements entre humains et fées se soldaient majoritairement par des enfants morts-nés ou handicapés. Et mortels.

Elle reporta son attention sur sa compagne d’infortune qui visiblement n’avait pas une très haute estime d’elle-même et en profita pour tenter de lui remonter le moral. Elle préférait toujours aider les autres dans leur peine que se pencher sur la sienne.

«  bon ok je ne vous est pas tous dis je suis une louve oui, mais pas queux. Je suis une hybride si je puis dire »

Son regard changea et elle paru d’un seul coup terriblement attirante. Elle était très belle de base, mais il y avait quelque chose… en plus. Ombeline, bien qu’attirée par les hommes en général, se figea tout de même quelques instants, comme hypnotisée, puis reprit ses esprits lorsque l’autre lui demanda :

«  vous avez déjà vu ce genre de yeux un jour ? »

Si elle en avait déjà vu de semblables ? Il lui semblait oui. Il y a des siècles et des siècles. En pleine chasse aux sorcières. Une période bien sombre où il avait fallu faire profil bas, cacher sa véritable nature plus que tout et surtout se serrer les coudes entre surnaturels en priant pour qu’il y ait le moins de morts possible en général.  

«  oui j'imagine... mais pour ma part je n'en ai connue aucun de cette partit de moi je veux dire... la partit la plus dangereuse de moi »

- Cela ne fait pas de vous un être mauvais… La rassura-t-elle doucement.

Elle ajouta, pour tenter de la convaincre :

- Il vous est facile d’obtenir des partenaires consentants et une fois nourrie, rien ne vous pousse à faire le mal.

«  disons que les succube ne sont pas des monstre en sois... mais c'est des démon... des démon passif certes, mais des démon quand même. Du coup je me bas s'en arrêt contre son envie de tuer … »

Ombeline lui envoya un regard compatissant.

– Si ça peut vous rassurer, je trouve que vous vous en sortez plutôt bien pour le moment.

Et puis elle semblait faire la différence entre bien et mal, savait qu’il était mal de tuer, résistait. Certaines personnes ne résistaient plus depuis longtemps. Des personnes parfois humaines même.

- Cela ne fait pas de vous un être mauvais… Il vous est facile d’obtenir des partenaires consentants et une fois nourrie, rien ne vous pousse à faire le mal.

«  ça c'est sur, les partenaire consentant son présent enfin ça c'est si je veux une armer d'esclave à mes pied... si je couche avec un humain il deviens soumis à moi pour le reste de sa vie à toujours en demander plus... est perso c'est pas mon délire de rendre les hommes ainsi »
- Oh…

Là, Ombeline ne savait pas trop quoi dire. C’était plutôt gênant comme particularité… surtout quand on vivait aussi longtemps.

- Et il n’y a pas moyen d’avoir une ou deux personnes seulement et…

C’était drôle comme une créature qu’on imaginait coucher à droite et à gauche avait une particularité qui pouvait pousser à la monogamie… Ironique…

- Et avec les personnes non-humaines ?

… Dit celle qui avait épousé trois humains au cours de son existence … Bon, ça, son interlocutrice ne le savait pas, mais Ombeline était plutôt mal placée pour conseiller ce genre de chose. Elle qui ne semblait craquer quasiment que sur des humains…
Enfin, comme on disait : fais ce que je dis, pas ce que je fais….

Ombeline écoutait la jeune femme parler. Elle ne savait pas quoi lui conseiller, alors elle l’écoutait. C’était le mieux qu’elle pouvait faire pour le moment. On avait toujours besoin de quelqu’un à qui se confier de temps à autre.

«  si comme je t'ai dit c'est possible... mais je veux des personne consentante et pas les forcer par la manipulation mental et l'attraction sexuelle »

La fée hocha la tête en piochant dans son paquet de bonbons.

«  je ne l'ai rend pas esclave de moi, mais dépendant... il sente comme s'il sont amoureux et me couvre de présent et autre et me rende dingue aussi... car je sais que c'est du fictif et qu'il ne m'aime aps pour ce que je suis... mais pour ce que je leur et fait... ses horrible et je ne le veux pas non plus »


- Il y a peut-être moyen que la personne tombe réellement amoureuse avant toute relation sexuelle… avec internet, il y a même moyen que ça se fasse sans pouvoir de séduction ou autre.

Elle ajouta avec un petit sourire compatissant :

- Enfin, je ne suis pas une experte dans le domaine. La dernière personne avec qui j’aurais pu construire quelque chose, je l’ai fuie il y a deux siècles…

«  oui je voie... je ne suis pas une experte moi non plus... j'ai était follement amoureuse à l'époque de ma création et puis maintenant je suis éperdument amoureuse d'une cas désespérer que je tente par tous les moyens de sauver, mais qui fait que me repousser est avec cruauté en plus.. »

Ombeline était désolée pour elle. Ce n’était déjà pas facile de vivre en sachant que l’autre allait mourir mais se faire repousser en le voyant souffrir… quelle horreur !

- Un mortel ?

Peu-être que son calvaire n’allait pas durer. Les mortels menaient une vie si courte.

«  l'amour et un poison qui nous fait brûlé à petit feu... »

La fée ne put qu’acquiescer.

- Je ne sais pas si c’est l’amour en lui-même… j’ai été heureuse, mais… je ne peux plus supporter d’enterrer d’autres maris et d’autres enfants. Peut-être que ce n’est pas l’amour en lui même qui fait souffrir mais le fait de savoir qu’il ne protège pas l’autre de tous les malheurs.

C’était sans doute pour cela qu’elle aimait et détestait à la fois les fictions où le pouvoir de l’amour aidait les héros à se sortir de tous les périls, qu’il les protégeait même. Elle avait d’ailleurs beaucoup pleuré à la fin du premier Harry Potter lorsqu’elle avait appris qu’il avait été protégé par sa mère. Si seulement l’amour d’une mère pouvait réellement sauver ses enfants. Mais non. Ce n’était qu’une histoire.

- Et même quand on essaye d’éviter la chose, on fait quand même souffrir l’autre…

Elle songea encore une fois à Eliaz, qu’elle avait terriblement blessé en l’abandonnant.

Puis elle se reprit et tenta un petit sourire.

- Hum, désolée, on ne peut pas dire que je te remonte le moral là.

Elle s'était un peu trop laissée aller à cette tristesse qu'elle cachait habituellement.

L’homme qu’elle aimait était un sorcier ? Bon… Il mourra au jour alors. C’était cruel de penser une telle chose. Surtout en sachant la douleur que cela faisait de perdre l’être qu’on aimait. Mais la vérité était là. La terrible fatalité : il allait mourir.

Elles philosophèrent sur l’amour et Ombeline se dit que la plus grande plaie était justement le fait de ne pas pouvoir sauver les autres. Sa plus grande plaie en tout cas.


«  oui je suis bien d'accord avec toi... même si je n'ai pas vécu ca... même si j'ai perdu énormément de proche dans ma vie... je suis moins triste aujourd'hui. Je vis avec leurs souvenir et je vie pour trouver la coupable également... et je la connais très bien... »

La fée fronça les sourcils.

- Ils ont été assassinés ? C’est terrible !

Un de ses maris était mort à la guerre, certains de ses enfants aussi, d’autres avaient été assassinés. Mais s’il y avait eut de la colère, au final, elle s’était vite rendue compte que se venger ne les ramènerait pas.

Son interlocutrice posa sa main sur la sienne, mettant un tissus pour éviter le contact direct. Ombeline se souvint de la sensation lorsqu’elle l’avait touchée et comprit. Elle apprécia l’attention et le geste.

«  tous vas bien aller ma belle... la vie est belle malgré tous. On est là, pas les autres c'est vrai... mais faut justement chérir cette chance... crois moi un loup qui vit depuis bientôt 4 siècles c'est pas commun... même impossible... mais mon coté succube me donne l’immortalité d'un démon... du coup c'est pas tous noir et pour toi c'est pareil... tu les gardera toujours dans ton cœur mais tu va avancer et être de moins en moins triste »

Ombeline ne pu s’empêcher de sourire. C’était gentil. Et elle se rendit compte qu’au lieu de la réconforter, elle n’avait fait que se plaindre. Elle détestait se plaindre. Surtout quand la personne en face n’allait pas bien.

- Hum, désolée, on ne peut pas dire que je te remonte le moral là.

Elle croisa le regard bleu de la louve lorsque celle-ci prit son visage entre ses mains.

«  on ne peu pas toujours être un réconfort pour une personne... parfois on a besoin de réconfort nous aussi. Laisse toi aller si ta besoins de parler... je pense que nous avons tous notre temps et puis je suis apaiser maintenant... ma louve aussi et c'est grâce à toi »

La fée pouffa légèrement. C’était elle qui faisait ce genre de chose en général. Pas l’inverse.

- Tu vois, j’avais raison : tu es quelqu’un de bien.

Elle tenta de sourire pour la rassurer.

- Je suis sans doute un peu trop vieille et seule… À plus de mille ans, on a le temps de voir le monde lentement se désagréger, aller vers sa fin prochaine sans qu’on puisse y faire quoi que ce soit. On a eu le temps de se demander quel était le sens de sa vie avant de se rendre compte que rien n’avait réellement de sens, aucune importance dans ce que nous faisions puisqu’au final… le monde avance quand même quoi qu’on fasse. Tout finira par mourir un jour, peu importe ce qu’on aura fait ou vécu…

Elle sentait que ses yeux devenaient humides et battit rapidement des paupières pour refluer les larmes qui montaient. Zut... à la base elle voulait juste la rassurer, lui dire que c'était à cause de son grand âge, que ce n'était rien... et puis elle s'était emportée dans un grand discourt déprimant à souhait. Enfin... Maintenant que c'était commencé...


- J’ai essayé de vivre comme si de rien n’était… j’ai enterré trois maris et treize enfants. Tous morts dans des conditions différentes. C’était une véritable torture pour ceux qui sont morts de vieillesse. Je les voyais dépérir progressivement sans rien pouvoir y faire, ça a duré des années et des années et je savais parfaitement comment ça allait se finir. Et j’ai l’impression d’assister à la même chose concernant ce monde.

Finalement, une larme roula sur sa joue et elle l’essuya rapidement.

- Je suis… fatiguée. J’essaye de faire semblant, de m’adapter, d’aider les gens au maximum, mais je suis vraiment fatiguée psychologiquement parlant.

«  c'est ça quand on est éternelle... c'est une croix bien lourde que l'on doit porter... »

Ombeline se laissa prendre dans les bras de sa confidente. Elle en avait besoin, en plus d’aimer les câlins en général. Sa gorge était nouée, mais finalement, ça lui faisait du bien d’avoir dit ce qu’elle avait sur le cœur. Elle n’en parlait jamais et ça pesait si lourd… Elle avait beau le savoir, c’était toujours quelque chose de se rendre compte à quel point les mots étaient concrets. On ne dirait pas pourtant. On ne pouvait pas les voir, ni les toucher, on pouvait les entendre mais c’était éphémère. Ils agissaient autre part. Sur l’esprit. Ils concrétisaient des pensées, les faisaient sortir, s’imprimaient dans l’esprit des autres… C’était puissant un mot.

«  ça va passé... il suffit juste que tu trouve une épaule sur qui te tourné quand ça va pas... et pensé à toi... je pense que tu le mérite maintenant »

Penser à elle ? C’était facile à dire. Elle avait l’impression de s’acheter trois tonnes de trucs inutiles et de n’en faire qu’à sa tête en prenant sous son aile des humains et en les bichonnant jusqu’à leur mort comme s’il s’agissait de combler un manque affectif. Les humains avaient leurs femmes à chats, elle était une fée à humains. Et pourtant ça n’arrangeait pas ce mal qui grandissait sans cesse. C’était comme si c’était indépendant d’elle.
Parfois elle se demandait si son mal être n’était pas tout simplement celui de cette planète à laquelle elle était si liée. Peut-être que son désespoir n’était pas que sien, mais qu’à travers elle, la nature hurlait à l’aide.

- Merci… Se contenta-t-elle de dire.

C’était étrange de voir comme une simple panne d’ascenseur pouvait provoquer des moments comme celui-ci. C’était la preuve que même ce qui pouvait paraître comme des coups de malchance aux premiers abords ne l’étaient pas forcément, au contraire même.

- Ça fait plaisir de rencontrer d’autres immortels, conclut-elle. On se sent moins seule.

Elle leva la tête vers la porte de l’ascenseur qui semblait toujours close. Les secours en mettaient du temps…

- Que dirais-tu d’aller boire un coup après être sortie de là ? Histoire de se remettre de toutes ces confidences déprimantes.

Trouver une confidente dans un ascenseur… c’était pas le genre de chose à laquelle on s’attendait. Mais c’était plutôt un heureux hasard.
Elle sourit lorsque la louve accepta sa proposition, un endroit précis en tête.

- Super, j’avoue que je ne connais pas encore tous les bons endroits où aller, mais j’y travaille.

Elle explorait et testait tout petit à petit, sans à priori, sans retenue. C’était toujours plaisant de découvrir de nouvelles choses, de nouveaux lieux, de nouvelles personnes.

- Au fait, précisa-t-elle avec un petit rire, je m’appelle Ombeline.

Elle venait de se rendre compte qu’elles ne connaissaient pas leurs prénoms respectifs. Par contre, pour ce qui était de leurs peines et de se faire un gros câlin de réconfort, c’était fait. Drôle de rencontre. Pas désagréable et sans doute la preuve qu’à son âge, elle avait encore moyen d’être surprise. Elle n’en avait jamais douté.

Un bruit retentit un peu au dessus d’elles et Ombeline se rapprocha de sa nouvelle amie et leva une main hésitante vers son visage :

- Hum, je peux ? Pour qu’il n’y ait que toi qui voie mon illusion au moment où on nous sortira de là.

Comme ça il n’y aura pas de crise de panique des deux côtés.

Ombeline hocha la tête. Elle était prévenue au moins. Posant ses mains sur ses tempes, elle frissonna agréablement et se crispa. Même au courant, c’était quand même surprenant. Elle inspira doucement pour se concentrer. C’était difficile mais savoir que cette attirance n’était que l’effet du pouvoir de Bloody aidait. Il fallait juste qu’elle mette son illusion dans sa tête et uniquement dans sa tête. Heureusement, elle était déjà créée, il fallait juste effectuer un petit déplacement. Lorsque ce fut fait, elle retira ses mains, soulagée, bien que rouge.
- Voilà, c’est bon, les secours ne verront pas l’illusion.

Et elle avait bien fait d’agir immédiatement. Une voix masculine retentit au dessus d’elles.
- Est-ce que tout va bien ?

Ombeline répondit :
- Ça va! Personne n’est blessé !
- D’accord, restez calmes, on va bientôt vous ouvrir.

Quelques minutes à peine plus tard, effectivement, les portes de l’ascenseur s’ouvrirent, laissant apparaître les pompiers en uniforme. Aucun ne vit l’illusion d’Ombeline et cette dernière ramassa ses sacs et se redressa.
- Pfiou, ce n’était pas si long finalement.

Et puis ça lui avait permis de rencontrer une personne très sympa.

- Je sais, ce n’est pas grave, la rassura Ombeline lorsqu’elle s’excusa pour l’effet qu’elle lui avait causé.

Et puis elle avait bien fait d’agir puisque les secours intervinrent rapidement. Une fois sorties, la louve la prit dans ses bras et la fée lui rendit son étreinte avec un grand sourire.

- Merci à toi !

Elle était plutôt contente de cette journée : même dans le petit accident qui s’était produit, elle en était ressortie avec une nouvelle amie avec qui continuer avec un verre ou un café.

- Alors, quel est cet endroit auquel tu pensais aller ?