Une sirène à soigner [PV Théodora]

Il y a quelques jours de cela je m'étais terriblement fait mal à la cheville et heureusement pour moi ce n'était pas très grave et ça guérirait probablement vite mais ça m'handicapait, notamment au niveau de mon travail alors j'étais en arrêt. Je continue à penser que j'ai la poisse avec moi mais dans mon malheur j'étais tombée sur une personne en qui j'avais tout de suite eu confiance, une fée. Elle avait été gentille et m'avait aidé à aller à l'hôpital et s'était même proposée pour venir faire mes soins à domicile, j'avais accepté car je ne connaissais personne. Peut-être aussi qu'elle voulait s'assurer que je n'allais rien faire de stupide comme marcher pour aller travailler ou je ne sais quoi.

J'avais fais un peu de rangement avant de la voir venir dans mon appartement car même si je n'étais pas bordélique, il fallait que ce soit un minimum rangé. J'étais en train de lire un livre quand j'ai entendu frapper à la porte de mon appartement. Je me suis levée et suis allée lui ouvrir du mieux que je pouvais car je boitais un peu quand même.

-Bonjour. Comment vas-tu ?

Je me pousse un peu pour la laisser passer et refermer la porte derrière elle.

J'avais trouvé Ombeline sympathique et donc c'est normal que j'accepte son aide après tout. S'il y a bien quelqu'un à qui je pouvais faire pour me soigner et prendre soin de moi lui faire confiance c'était bien elle.

-Je vais bien hormis mon pied.

Je la laisse entrer et referme la porte avant d'aller m'installer sur une chaise que je tire. Je fais un petit sourire lorsque la fée me demande si le travail n'était pas trop problématique. Non il ne me manque pas parce qu'être prostituée n'est pas de tout repos mais ma mobilité me manque. Et non ils ne m'ont pas embêté plus que ça, ils ont compris même si c'est toujours délicat.

-Pas vraiment, ils ont pas eu le choix de toute façon mais j'espère que des blessures comme ça ne se reproduiront plus parce que j'ai l'impression d'avoir la poisse.

Il peut paraître étrange pour la jeune femme de m'entendre parler de la sorte mais je ne supportais pas de rester tranquillement assise ou allongée à ne rien faire. Ce n'était pas dans mes habitudes de le faire et je ne comptais pas continuer à le faire mais je n'avais pas le choix, d'autant plus que j'étais surveillée par la fée.

-Oui mais je n'aime pas rester sans rien faire, ce n'est pas dans ma nature surtout que je suis une sirène et que je vais devoir me traîner jusqu'à la mer pour ne pas mourir.

C'est la triste réalité d'une sirène malheureusement et je ne savais pas si mon pied foulé aurait une incidence sur ma queue de sirène.

-Non rien d'autre depuis mon pied.

J'avais bien été assommée par un client mais rien de plus. Je fais ensuite ce que me dit Ombeline et pose mon pied sur sa cuisse, heureusement que je suis assez souple pour le faire même assise sur une chaise.

-Comment est mon pied ? Il se remet bien ?

Je suis rassurée d'avoir Ombeline avec moi parce que ça veut dire que je suis entre de bonnes mains même si je pense qu'en tant que fée elle pourrait utiliser son pouvoir sur moi. Enfin sauf si je me fais de fausses idées évidemment.

-Je suis soulagée parce que ça commence à devenir vraiment long.

J'ai un petit rire mais je pense que la fée l'a comprit assez vite de toute façon que je n'aimais pas rester sans rien faire, encore moins blessée. Je la laisse alors faire mes soins quand elle me fait une proposition sincère et gentille de sa part.

-Non, je n'ai pas beaucoup de personnes dans ma vie.

C'est un peu triste mais c'est comme ça, on va dire.

-Tu ferais ça pour moi ? C'est gentil de ta part.

J'ai regardé le bandage qu'elle me faisait et je le trouvais très joli avec du scotch à paillettes, tout le monde va être jaloux de moi.

-Ce serait avec plaisir pour les gâteaux, si tu as le temps je peux te faire un thé ou un café ?

Ce serait l'occasion de discuter un peu plus.

Je ne pense pas qu'Ombeline se moque de moi, il n'y a aucune trace de méchanceté en elle et c'est bien la première fois que je vois une personne comme elle. Bien souvent les gens font ça parce qu'ils attendent quelque chose en retour mais pas elle.

-C'est gentil, merci. Très peu de personnes savent ce que je suis réellement donc parfois c'est difficile à cacher.

J'imagine qu'Ombeline n'a pas réellement ce problème pour cacher qui elle est réellement. Elle est une fée et ça doit être plus facile alors que moi à la moindre goutte de pluie je peux me transformer en sirène sans crier gare.

-Je vais te faire ça.

Je me lève pour aller faire chauffer le café et heureusement la cuisine n'est pas loin. Elle est vraiment professionnelle et une bonne amie en plus de ça et je suis contente de la compter parmi les miens. Une fois prêt je viens lui donner une tasse et en prend une à mon tour alors que je vois ses gâteaux sur la table.

-Et tu as eu raison.

Ils ont l'air bien bons ces gâteaux.

-

Lorsque j'ai rencontré la jeune femme je ne pensais pas que quelques temps plus tard nous serions là à prendre le café chez moi alors qu'elle est mon infirmière mais je n'échangerai pas la jeune femme contre quelqu'un d'autre. Elle était positive et c'est ce qu'il me fallait pour oublier que j'étais coincée ici pendant plusieurs jours voir plus d'une semaine. Je n'avais pas pu continuer mon travail parce que ce n'était pas évident avec une cheville en mauvais état. J'en profite pour manger quelques gâteaux.

-Si je le disais ma peur serait surtout de finir enfermée dans un aquarium avec des gens faisant des expériences sur moi. Une fois, un client a découvert ce que j'étais mais c'était sa faute et j'ai dû partir pendant plusieurs semaines me faire oublier.

J'aimais être une sirène, c'était mon identité même s'il y avait quelques défauts dans le package de la sirène entre redouter la pluie et les flaques d'eau qui peuvent me transformer. Non j'aimais l'être mais pas les inconvénients.

-C'est vrai que je pense qu'être un vampire aujourd'hui doit être plus facile vu les romans.

Je ris avec Ombeline parce qu'elle n'a pas tord et ça me refait penser à la discussion que j'ai pu avoir avec Eliaz à ce propos justement.

-Je dirais demain parce que j'ai trois jours avant de totalement dessécher et de mourir. Et c'est gentil pour les courses, je veux bien.

Les êtres surnaturels n'étaient pas prêts de se montrer aux yeux du monde, aux yeux des mortels parce qu'ils savaient ce qui risqueraient d'arriver comme je le savais. On avait tous une épée de Damoclès au-dessus de la tête parce qu'on risquait de finir exterminés, peu importe la race et c'était aussi dangereux parce que des chasseurs pouvaient être sur nos traces. Si en plus ils apprenaient que la ville d'Oslo était le refuge de créatures alors c'était fini pour nous et pour tous ceux qui y vivaient. Imaginez la psychose des gens.

-Ce serait bien oui mais ça n'arrivera jamais.

Je suis lucide sur ce genre de chose parce qu'il faut être réel et que les humains auront toujours peur de nous même si je ne suis pas sûre que les sirènes en fassent partie. Je n'ai pas envie de me retrouver dans un aquarium, étudiée par des scientifiques.

-Ils ont dû confondre avec les génies mais alors comme ça tu n'exauce pas les vœux ?

Je ris un petit peu, je ne moque pas mais c'est juste de la taquinerie. Elle me parle alors des courses et me demande si ça me convient.

-Oui c'est parfait.

Je la regarde alors qu'elle me demande si l'eau n'est pas trop froide en cette période.

-Oui, je ne sens pas vraiment le froid de l'eau. J'ai toujours vécu sous l'eau avant de venir ici donc je n'ai pas froid quand j'y vais.