Un plaisir de te revoir feat artemis

Je suis assise là, dans la salle de repos et je tremble. Je viens de m'en apercevoir. Mais j'ai si faim ... Je sens mon estomac se tordre douloureusement. Du coup, je tente de penser à autre chose et je me suis dis que la meilleure façon était de venir dans un endroit bondé de gens qui bougent et font autre chose sur lesquelles je peux me concentrer, mais comme ça ne fonctionne pas vraiment, j'ai attrapé un magazine. Je suis tellement à côté de la plaque que je le tiens à l'envers et je ne m'en aperçois même pas... Je sursaute cependant en entendant une voix à mes côtés. Je reconnais cette jeune femme que j'ai croisé lors de mon arrivée ici, il y a plusieurs mois. Moi qui pensait que cet hôpital était petit, au final, il est suffisamment grand pour que je ne la re-croises que maintenant. Il me semble qu'elle avait tenté de m'aider avec mes menottes et que .. Je n'avais pas compris grand chose de ce qu'elle me disait, en rapport avec le surnaturel, car je n'y était pas encore très préparé. Je lui souris pourtant.

- Salut, en effet. Il faut croire que c'est notre seule lieu de rencontre... Désolé, mais j'ai complètement oublié ton prénom .. Ça fait très longtemps que l'on ne s'était pas vu.

C'était probablement en juin et nous sommes en décembre. Je sais qu'il ne s'est pas passé beaucoup de chose dans ma vie et que du coup j'aurais sans doute dû retenir son nom, mais je m'en sens assez mal à l'aise.

Alors que mes yeux sont rivés sur le même mot du magazine que je tiens dans mes mains depuis plusieurs minutes, je suis plongé dans mes pensées. J'entends les bruits autour de moi sans vraiment les entendre. Je tente de penser à autre chose qu'à mon ventre qui gargouille presque et à mes mains qui tremblent légèrement, à ce mal de crâne qui me martèle depuis des heures déjà. Je relève les yeux en entendant une voix et j'adresse un sourire à la jeune femme que je reconnais pour lui avoir déjà parlé ici. J'admets par contre ma gêne d'avoir oublié son nom.. Je hoche la tête à sa question, posant mon magazine sans me départir de mon sourire. De la compagnie ! Quoi de mieux pour se changer les idées ?

- Ça me rassure alors. Enchanté à nouveau Bloody, moi c'est Artemis et oui, assis-toi !

Je ramène mes jambes sous moi, m'asseyant comme une indienne sur ma petite chaise de plastique, un peu tournée vers Bloody. Je fais un mouvement de tête signifiant un peu « comme-ci, comme-ça ».

- On peut dire que ça va. Ils se préoccupent un peu moins de moi, ça fait du bien. Et toi, tu sembles allez mieux aussi, non ? Moins ... enchaînée à ta chambre. La dernière fois tu te cachais des infirmières, il me semble.

Au final, on est un peu pareil et ça me fait sourire.

J'ai un peu la tête dans les vapes à cause de mon mal de crâne. Je n'arrive même pas à lire ce fichu magasine. J'aimerais bien retourner directement dans ma chambre, mais je n'ai pas envie de me retrouver à nouveau seule avec moi-même. C'est la situation la plus angoissante que l'on peut vivre dans la situation dans laquelle je suis. Quoi que .. être entouré de gens ne m'aident pas particulièrement davantage. En fait, je déteste ma situation, ce n'est pas plus compliqué que cela. Heureusement, mes idées se changent rapidement lorsqu'une jeune femme s'approche de moi et entame la conversation alors qu'un sentiment de déjà-vu s'installe et me fait sourire légèrement. Nous évoquons notre dernière rencontre tout en se donnant les dernières nouvelles. Je hoche la tête à ce qu'elle dit.

- Oui, en effet. Je suis contente de ne plus les avoir, j'ai un peu moins l'impression d'être en prison ... Juste un peu.

Elle doit ressentir la même chose parce qu'ici, c'est un peu comme une prison, même si nous ne sommes pas forcément menottés en tout temps. Je penche un peu la tête sur le côté quand elle me dit qu'elle transgresse les règles.

- Ça semble si facile à t'entendre le dire... Comment est-ce que tu fais, si tu dis que tu es toujours autant surveillé ? Ils doivent bien s'apercevoir que tu n'es plus dans ta chambre..

Après, elle semble avoir beaucoup plus de courage que moi pour tenter de s'évader, moi même si ce n'est pas l'envie qui manque de partir loin d'ici, j'ai trop peur des conséquences qui pourraient survenir si je le tentais réellement. Déjà que mes petites escapades secrètes ou mini-incursion ailleurs dans l'hôpital me rendent nerveuses ... Elle me demande si j'ai des passes-temps, j'esquisse un nouveau sourire.

- Si compter les carreaux du plancher et du plafond compte comme un passe-temps, j'en ai un ... Sinon, excepté me promener dans l'hôpital, il n'y a pas grand chose à faire. Surtout que tous les magazines sont là depuis des années alors quand tu les a tous lu, il ne te reste plus grand chose ... Heureusement, j'ai un ... ami qui m'a apporté des choses de chez moi comme des livres alors ... Je m'occupe avec ça ! Et toi ?

J'aimerais avoir son courage, sa force. Elle n'a pas peur des conséquences de ses actes je pense et du coup, je l'envie pour ça. Parce que malgré mon changement de nature, au fond, je reste toujours la bonne petite fille que j'ai toujours été. Je me sens mal quand je dis des choses blessantes et je refoule toute ces mauvaises choses au fond de moi. On évoque un peu notre dernière rencontre qui remonte à il y a très longtemps j'a l'impression et à ses mots je hoche la tête.

- ça peut se comprendre, je pense que peu de gens aiment ça ... En tout cas, moi non plus je n'aime pas ça !

Je ne sais pas si ça peut la rassurer comme elle semble un peu mal à l'aise, mais je lui adresse tout de même un peu sourire. Mais soudain, quelque chose change dans le regard de Bloody, ses yeux deviennent violet, mais presque rose. Je cligne des yeux, allant pour poser une question quand j'entend alors sa voix comme directement dans ma tête ! J'ouvre un peu grand les yeux, ouvrant un peu la bouche même sous le choc, mais j'écoute tout de même ce qu'elle me dit. Quand elle termine de "parler", je mets quelques secondes à me remettre.

- Oh .. Je .. Oh .. Tu .. Comment est-ce que tu fais ça ? Tu ne peux que parler ou tu ... entends aussi ?

Je murmure parce que je me doutes bien que si elle l'a fait de cette façon c'est pour éviter de se faire choper. Je ne reviens pas trop sur ce qu'elle m'a dit puisque je n'ai pas tout compris, même si c'était assez simple, mais avec la surprise ... On devient tous un peu idiot ! Heureusement, la conversation dérive finalement vers quelque chose d'un peu plus normal : nos passes-temps ! Bon moi comme je ne tarde pas à lui dire, je n'en ai pas réellement de passionnants. Je fais une petite moue quand elle parle d'Aedan.

- Je ne l'aime pas lui .. Même pas du tout. Tu fais bien de l'emmerder, c'est un idiot.

Juste à repenser à ce qu'il me fait subir pour me nourrir, j'en ai l'estomac tout retourné. Je finis par secouer la tête, voulant chasser tout cela de mes pensées.

- Dis, tu penses que tu vas rester encore longtemps ici ? Enfin, à l'hôpital, je veux dire.

Elle nous compare aux humains et ça me fait bizarre de me dire que je ne fais plus partie de cette espèce.. Mes épaules se haussent finalement un peu avant de lui répondre :

- Je ne sais pas, les humains peuvent être claustrophobes et je sais que je n'aimais déjà pas être enfermée avant. Mais je ne sais pas pour les autres.. eum créatures. Du coup toi tu ... as toujours été ... comme ça, si je comprends bien.. ?

Je me sens maladroite, j'ai l'impression de marcher sur des oeufs. J'ai peur qu'elle puisse mal prendre ce que je viens de lui dire, même si je ne vois pas ce qu'elle pourrait prendre mal. Peut-être le "ça" et le "créature" ? Je dois apprendre à faire attention avant de parler.

Quelques instants plus tard, je me retrouve à être assez chamboulée de l'entendre parler dans ma tête, encore plus quand elle me confirme qu'elle peut entendre ce que je pense. Je ne suis plus à l'aise du tout, j'essaie de faire une sorte de barrière autour de mon esprit quand elle me dit ça, mais je n'ai aucune expérience là dedans alors ça doit être plutôt inutile.

- Euh .. non, rien rien ..

Je me sens idiote d'être aussi mal à l'aise suite à ce qu'elle vient de faire. Heureusement ou malheureusement en fait, on change de sujet pour parler d'Aedan, cet infirmier de malheur que je détestes. Je finis par sourire légèrement à ce qu'elle me dit pour terminer.

- C'est vrai que ça peut être drôle quand on y pense..

Elle semble joyeuse en tout cas de parler d'Aedan, je pense qu'elle est un peu perdue dans ce qu'elle ressent à son égard vu ce qu'elle dit. Je la questionne sur le temps qu'elle va rester encore ici et je hoche la tête, repoussant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Je me retiens de me mordre la lèvre à sa dernière question, encore un peu mal à l'aise de ce truc de télépathie ou je ne sais quoi de tout à l'heure. Je souris finalement.

- Je suis contente pour toi si tu peux sortir bientôt et oui, tu pourras venir me voir avec plaisir ! J'espère que je pourrais sortir rapidement moi aussi ..

Je soupire faiblement, même si je sais très bien que comme je ne fais pas d'effort, je ne risque pas de sortir d'ici bientôt.

On parle du fait d'être enfermée et je lui donne ma vision humaine de tout ça ou plutôt mon ancienne vision puisque je n'en suis malheureusement plus une depuis quelques mois déjà. Je me mords un peu la lèvre lorsqu'elle me reprend un peu sur le mot que j'ai employé.

- Désolé, je ne savais pas trop quel mot employé..

Elle parle dans ma tête ensuite et franchement l'expérience est à la fois trop intense et désagréable. Je n'aime pas ça et je n'ai pas du tout envie qu'elle recommence... Mais je tente de ne pas trop y penser puisqu'elle semble venir de me confirmer qu'elle peut aussi entendre ce que je pense. Ce n'est vraiment pas rassurant comme situation ! Au moins, on change de sujet pour parler d'Aedan, pas que je sois heureuse de parler de lui, mais au moins je ne pense plus à ce qu'elle vient de me faire vivre. Je lâche un petit rire au vu de son sourire et à ce qu'elle me dit.

- Vu ton sourire, je m'en fais une petite idée.

La conversation continue sur elle et je la questionne pour savoir si elle va pouvoir partir bientôt d'ici. D'une certaine façon, ça me rassure de savoir qu'elle va partir et donc ne plus pouvoir parler dans ma tête ou lire ce qu'il se passe dedans ! Mais de l'autre, je me sens triste de savoir que je vais me retrouver presque toute seule ici, sans beaucoup d'amies. À sa proposition, je me mords un peu plus la lèvre, mais je tente de faire un sourire.

- Oui, ce serait une bonne idée ! Il faudra vraiment qu'on se revoit en dehors d'ici. Ça nous fera du bien à toutes les deux, j'en suis sure.

Une infirmière arrive et me fait signe que je vais devoir la suivre. Je me lève alors rapidement et adresse une petite moue à Bloody.

- Je vais devoir y aller ... Mais j'espère qu'on aura le temps de se revoir avant que tu partes, mais sinon, je te dis à bientôt quand même et amuses-toi bien pour nous deux dehors, d'accord ?

Je réalise que je l'ai peut-être inciter à faire des choses qu'elle ne devrait pas faire avec ma phrase. Je me mords l'intérieur de la joue pour ne rien laisser paraître et je lui adresse un dernier petit sourire ainsi qu'un signe de la main avant de suivre l'infirmière qui semble surprise que je la suive aussi facilement et sans protester.