-Flash Back- Le réveil tant attendu (Liorah Cursse)

Je ne sais pas combien de temps est-ce que ça fait que je suis dans ce brouillard, que je suis dans ce noir… Mais j’ai comme l’impression que je suis happé par quelque chose. Par une espèce de lumière… Et soudainement… Mes yeux s’ouvrent ! Tout est flou sur le coup et ça me fait vraiment mal de les ouvrir… Comme si j’étais vraiment habitué au noir… C’est presque comme si j’avais dormi, simplement une nuit, mais je me sens épuiser pourtant… Je n’ai plus la force de bouger réellement les bras… De comprendre ce qui se passe. Sauf que quand je sens un truc dans mon nez, que je trouve la force de me concentrer pour entendre un des « bip » constant et que je remarque enfin le mur blanc… Le bout du lit. Je commence à paniquer, n’ayant pas encore toutes les informations, ne voyant même pas ma sœur assise à mes côtés. Que s’est-il passé ?! J’aimerais questionné, hurler et surtout me lever, mais je n’ai aucune force hormis celle de bouger frénétiquement les yeux pour chercher une réponse.

Mon souffle s’est accéléré et je peux penser que même si je suis épuisé et incapable de bouger ça doit clairement s’entendre. Mes yeux bougent dans tous les sens et mon rythme cardiaque bat à une vitesse folle puis soudainement… De longs cheveux blonds arrivent dans mon champ de vision et mon regard accroche alors ma sœur. Que s'est-il passé ?! Pourtant est-ce qu’elle est là ? Que moi je suis là ?! C’est alors que Liorah touche ma joue avec une douceur qu’elle seule connaît. Ça fait longtemps que je n’ai plus connu cette douceur-ci… Parce que je me dois de la repousser sans cesse, mais aujourd’hui j’en suis bien incapable. Je tente simplement de comprendre ce qui se passe et d’arriver à comprendre ce qu’elle dit… Et pourtant, même si je ne comprends pas tout, sa main sur ma joue reste quand même mon seul vrai lien avec la réalité, un lien qui me montre que je suis bien éveillé… Et alors mon rythme cardiaque se baisse, même si dans mon regard la peur et l’incompréhension restent présentes.

Je crois que je sors d’un espèce de coma, enfin je ne sais pas trop… Tout ce que je sais c’est que je suis totalement paniqué. Jusqu’à ce que…. Jusqu’à ce que je croise ses yeux bleus, ceux qui m’ont bercés toute mon enfance, ceux qui m’ont toujours accompagné… Ceux qui pourraient être semblables aux miens, bien que les miens soient totalement opposés. Les miens sont noirs, les siens sont bleus. Elle a toujours été la lumière au fond et moi j’ai toujours été les ténèbres. Et alors que je me calmais grâce à elle, elle disparaît de mon champ de vision et une infirmière y apparaît pour faire je ne sais quoi. En fait je m’en fiche, tout ce que je veux c’est Liorah. C’est bizarre dit comme ça parce que je fais toujours en sorte de la repousser, mais j’ai besoin d’elle. J’ai toujours eu besoin d’elle. C’est pas pour rien que je suis infirmier dans l’hôpital où elle est patiente et ce n’est pas pour rien non plus que je fais ce métier, c’est parce qu’elle est tombée malade. Même si je ne peux pas le montrer, même si je ne pourrais jamais le montrer. Au bout d’un moment c’est Liorah qui m’apparaît de nouveau et lorsqu’elle parle de “m’en sortir” je la regarde perdu. Heureusement l’infirmière venait de retirer le tube de ma gorge et je peux parler, bien que ma voix soit totalement cassée et rauque.

-Qu’est-ce que… Qu’est-ce qui.. S’est passé…

Je suis totalement ailleurs, totalement déboussolé… Je ne comprends rien de ce qui m’arrive sur le coup et je sais juste que tout est douloureux, le fait de parler, le fait d’avoir la lumière du jour, le fait de tenter de réfléchir… Tout est une épreuve pour le moment et ça m’énerve plus qu’autre chose ! Sauf que je n’ai même pas la force de m’énerver… Je ne vois que son regard de toute façon et j’ai beau dire et beau faire… Son regard c’est le seul qui me maintient à peu près calme à l’instant T. J’ai beau avoir dix mille masques, j’ai beau jouer la comédie… Elle reste ma jumelle et elle a déjà vécu ce que je vis actuellement. Elle a déjà été dans le coma… Mais une différence est notable, je n’étais pas là à son réveil, elle… Elle l’est. Mais ça ne veux pas dire que je n’étais pas tous les jours dans la chambre à aller la voir ! Seulement… Je ne pouvais pas faire autrement que de faire l’indifférent. Aujourd’hui c’est différent, je ne peux pas protester et au fond ça me fait du bien de me dire ça, car j’ai besoin d’elle… Ma tête ne se hoche que faiblement lorsqu’elle me demande si je veux boire et je reprends, avec le peu de force que j’ai.

-Quel… Accident ?

J’ai seulement de petit flash, mais rien de concret, je vois simplement les couloirs de l’hôpital… Mais je n’ai pas pu avoir un accident aussi grave juste en état à l’hôpital... Si ?

Je n’aurais jamais cru ça possible un jour. En tout cas plus possible depuis que je porte ce masque qui m’empêche de vivre avec ma jumelle ce que je devrais normalement vivre, mais c’est pourtant bien vrai. Je suis calme, avec elle dans la pièce et elle m’aide même. À nous voir ainsi on ne pourrait pas croire que la plupart du temps on se déchire… Ou en tout cas que je fais tout pour qu’on soit déchiré… Simplement parce que je n’ai pas le choix, même si je ne lui dirais jamais. Je la laisse m’aider, sans dire quoique se soit parce que clairement… J’ai besoin d’elle a ce moment précis. Et je suis visiblement en faiblesse… En infériorité alors ça ne compte pas réellement, si ? Je vais donc profiter encore un peu de ce moment… Enfin autant que la douleur de ne pas avoir bougez-me le permet. Je l’écoute me raconter l’histoire et un tel flash plus concret me revienne, même si je ne distingue pas encore le visage de mon agresseur. Une seule chose me vient en tête.

-Est-ce que… Ça fait longtemps que je suis… Ici ?

Par ici j’entends : coucher dans ce lit. Combien de temps s’est écoulé... ? Beaucoup ? Elle semble en forme en tout cas et la dernière fois que j’ai vu Liorah elle était dans un fauteuil… Dites-moi que je n’ai pas raté tout un pan de ma vie !

Je suis totalement perdu et en même temps j’ai conscience de tout, c’est horrible comme sentiment. Je ne sais pas combien de temps est-ce qu’il sait écouler, mais j’ai juste l’impression d’avoir fermé les yeux à peine deux secondes et en même temps je sens mon corps si douloureux que j’ai l’impression que ça fait plutôt 2 ans… Et au fond… Ça ne fait « que » deux semaines. Heureusement… Je crois que je n’aurais vraiment pas supporter de perdre 2 ans de ma vie… Même au moins j’étais en paix. Enfin je crois… Tout est flou. Lorsque Liorah me dit qu’elle va me laisser, je ne fais que hocher faiblement la tête… Je n’ai pas envie d’être seul, j’ai soudainement peur… Je ne sais pas de quoi… Mais j’ai peur, mais jamais je ne l’avouerais à voix haute. Jamais… Et puis je me sens épuisé, comme si tout ce maigre effort était le bout du monde et que j’en avais demandé vraiment trop. Peut-être que je devrais me reposer, d’ailleurs… Mes yeux se referment déjà sans que je le veuille réellement.


(Je te laisse clôturer ! Comme ça on sera good pour la MAJ !)