Cours de danse privé [PV Jimin]

Cela faisait une petite semaine qu’Ombeline avait rencontré Jimin et, malheureusement, leurs horaires respectifs n’aidant pas, n’avait pu le revoir depuis. Mais qu’à cela ne tienne ! La technologie avait cela de merveilleux, c’était qu’on pouvait quand même communiquer même si on ne pouvait pas se voir ! Ce fut donc après un échange de sms qu’il fut convenu une séance de danse privée suivie d’une dégustation de gâteaux histoire de rattraper toutes les calories perdues. Le tout chez elle.

Toute impatiente, la fée avait fait un peu trop de gâteaux (tant pis, ça fera des réserves), et trépignait d’impatience au fur et à mesure que l’heure de leur rendez-vous approchait.

À peine Jimin eut-il sonné que la porte s’ouvrit sur son hôtesse qui manqua de se jeter dans ses bras et se retint en voyant les siens chargés. Son immense sourire illuminait son visage et elle s’extasia sur les cheveux de son invité :

– J’adore cette nouvelle couleur ! Elle te va vraiment bien !

Puis elle s’écarta :

– Entre, entre, attends, je vais te décharger un peu. Tu peux tout poser sur la table.

… Table où il y avait déjà moult gâteaux, boissons et autre. On aurait dit qu’une dizaine de personnes étaient attendues. Mais non. Il n’y avait qu’eux deux. Enfin, une chose était sûre, ils ne mourront pas de faim et pourraient même tenir un siège avec leurs réserves.

En tout cas l’appartement d’Ombeline avait tout pour mettre à l’aise les gens et particulièrement les fées. La profusion de plantes donnait l’impression qu’une forêt avait commencé à squatter chez elle et cohabitait avec les coussins qui avaient envahit le reste de l’espace. Le tout éclairé par des guirlandes dont la lumière tamisée donnaient une impression globale de douceur. Les bibelots entreposés à quelques endroits avaient parfois un petit coté vintage. Sans doute parce qu’ils l’étaient. Certains étaient d’ailleurs plus vieux que Jimin.

– Ça me fait tellement plaisir cette soirée ! Comment ça va depuis la dernière fois ?

- Et assez joyeuse, ajouta Ombeline au sujet de sa nouvelle couleur.

La fée n’avait jamais vraiment songé à colorer ses cheveux réellement mais avait parfois usé de ses pouvoirs pour donner l’impression qu’ils n’étaient plus bruns. En revanche, elle n’arriverait pas à aller dans un salon de coiffure pour appliquer un quelconque produit colorant. Sans doute son âge qui influait quand même… après tout, elle avait beau se mettre à la page, elle devait quand même faire avec les vieilles coutumes qu’elle avait aussi apprises. Mais globalement, elle était toujours contente de réussir à ne pas ressembler à ces personnes hors du temps qui n’arrivaient plus à suivre les époques. C’était un coup à se mettre en décalage avec tout le monde et elle ne voulait surtout pas s’en couper.

Une fois la table chargée de leurs victuailles, Jimin l’étreignit et elle l’enlaça tendrement, toujours aussi soulagée de tenir contre elle un autre de ses semblables. Et un semblable absolument adorable en plus !

« Je vais bien et toi ? Si tu savais comme j’avais hâte !! Je…j’ai ramené quelques snack typique de chez moi…j’espère que tu aimeras ! »

- J’ai hâte d’y goûter ! Répondit-elle, intriguée et joyeuse. J’ai fait quelques gâteaux aussi… enfin… beaucoup de gâteaux…

Elle eut un petit rire et ajouta :

- Je crois qu’on pourra tenir un siège avec tout ce qu’on a.

Puis répondit enfin à sa première question :

- Et je vais bien, le travail est un peu dur en ce moment, mais j’ai l’habitude à force. D’ailleurs, je ne t’ai pas revu après le cours de danse, ça a été, ton partenaire était sympa ?

Après tout, il n’était pas très rassuré en y allant, la faute au lieu, et son attention à elle avait été occupée par son propre partenaire avec qui elle flirtait depuis…….. eh bien pour être honnête…. Depuis plus de 200 ans en fait….Enfin, en quelque sorte…

Ombeline répondit avec un sourire :

– Si, il y a moyen, en passant des bons moments comme maintenant sur mon temps libre.

En vérité, même après des années d’exercice, il y avait toujours des moments plus difficiles que d’autres. Le métier en lui même l’était, les situations étaient toujours différentes et même avec beaucoup d’entraînement et d’habitude, elle ne savait jamais sur quoi elle allait tomber. Mais c’était aussi pour ça qu’elle l’avait choisit. Elle pouvait aider les autres et ne se lassait jamais.

– Et puis même si c’est dur, c’est toujours agréable de voir les gens repartir en bonne santé. Ça compense.

Lorsque le sujet du cours de danse de la dernière fois fut abordé, son sourire s’élargit.

– Aw, tu es vraiment bien tombé alors ! En plus tu pourras le revoir ! Moi ça a été très bien avec mon prince charmant. En fait, je le connais depuis un long moment...

Elle hésita. Elle ne s’était confiée à personne au sujet d’Eliaz…

– On est sortis ensemble il y a 200 ans, je l’ai quitté en pensant qu’il était humain. Je ne voulais pas le voir dépérir et mourir de vieillesse… alors je te laisse imaginer la surprise qu’on a eut tous les deux quand on s’est revus il y a pas longtemps ! Du coup on… rattrape le temps perdu en quelque sorte.

Le sourire d’Ombeline ne put s’empêcher de s’étirer.

– Oui… et si tu veux du plus romantique encore, j’ai appris que j’étais son premier amour.

Elle eut un petit rire.

– Je me suis vraiment sentie bête d’être partie en courant de peur de tomber vraiment amoureuse de lui… Parce que je pensais qu’il était humain.

Souriant un peu bêtement, elle ajouta :

– Mais je dirais pour ma défense que les vampires nés sont difficiles à déceler quand ils sont tout jeunes.

Ça faisait du bien d’avoir quelqu’un avec qui en parler, quelqu’un qui pouvait comprendre… Bien sûr, il était jeune et ne semblait jamais s’être marié ni avoir eut des enfants, mais il comprenait mieux que n’importe quel humain.

Elle regarda autour d’elle et demanda :

– Au fait, il y a besoin de faire de la place ou ça ira ? Je peux pousser la table et le canapé s’il y a besoin

– Oui, confirma la fée. Et le moment est sans doute meilleur pour se fréquenter lui et moi.

Les mœurs étaient différentes, et surtout, elle avait fait son deuil. Sa peur de tomber amoureuse d’un autre mortel avait été appuyée à l'époque par la mort de son dernier mari puis de son dernier enfant. La douleur, qui loin de diminuer de mort en mort, était trop insupportable.

Puis, changeant de sujet pour leur programme actuel, elle demanda s’il y avait besoin de faire de la place. Visiblement, un peu mais sans plus. Heureusement parce qu’elle n’habitait pas dans un studio de danse !
Lorsqu’il lui montra la vidéo, elle se demanda un moment ce qu’il entendait par simple. Peut-être était-ce un effet du fait que le rendu semblait très sympa, mais elle avait quand même l’impression qu’il y avait beaucoup de pas à apprendre, non ?

– Wow, ça rend vraiment bien ! Je ne sais pas si je serais capable de faire tout ça en une fois…

Elle se redressa et ajouta avec un grand sourire :

– Mais j’ai un super professeur, alors ça ira sans doute !

Ombeline se rendit compte d’une chose. Une chose qu’elle savait pourtant mais dont elle n’avait pas l’habitude. Une chose positive. Ils avaient tout leur temps. Genre ils avaient VRAIMENT tout leur temps. L’éternité !

Elle avait beau se dire qu’elle n’était plus toute seule à traverser les siècles, c’était étrange de s’en rendre compte dans un acte aussi banal qu’un cours de danse. Il lui faudra sans doute un peu de temps avant de bien le réaliser et s’y habituer. Heureusement, elle avait tout le temps possible.

– C’est vrai, sourit-elle.

Alors qu’elle l’observait, elle le copiait en cherchant le moindre petit défaut qu’elle pourrait corriger d’elle-même. Comme tous les débutants, elle voulait commencer en exécutant parfaitement les pas dès le début. Heureusement pour elle, elle avait une grâce naturelle et les pas étaient plus simples que ce qu’elle craignait.

– C’est vraiment différent des danses d’il y a des siècles. On bouge beaucoup plus et il y a plus d’expression de soi je trouve. Enfin, tout dépend de l’endroit où on apprend à danser je suppose.

Ombeline sourit. La danse, un moyen de séduction ? Elle l’avait constaté la dernière fois avec Eliaz. Bien qu’ils aient entamés ce jeu de séduction entre eux il y a des siècles, ce cours avait eut un certain effet sur eux. En même temps, quand on se rencontrait à une époque où le contact était mal vu et qu’on se revoyait maintenant où il était admis de se coller les uns contre les autres en boite de nuit et de s’habiller de manière plus décontractée… Elle n’avait jamais pensé le voir dans ce contexte !

– Les codes n’étaient pas que dans la danse, rit doucement Ombeline. Tu n’imagines pas à quel point ça l’était il y a mille ans.

Mais ils avaient d’autres façons de séduire. Il fallait plus réfléchir.

Le contact de Jimin ne la dérangeait pas. Ils se câlinaient constamment alors il n’y avait pas de quoi rougir en sentant ses mains l’accompagner dans un pas qu’elle tentait pourtant de faire… à la perfection. Peut-être voulait-elle trop bien faire dès le début et qu’elle se bloquait ainsi. La fée réfléchissait trop à ses mouvements.

« Essaye d’imaginer que tu es une plume soufflée par le vent, ton mouvement doit être comme cette plume »

Souriant à cette image, elle tenta de se détendre pour suivre son conseil. Une plume dans le vent. Comme toute chose appartenant à la nature, ça lui parlait.

Le mouvement fut plus libre et gracieux mais elle fit la moue en se rendant compte qu’elle s’était trompée dans sont pas quand même. Puis, se rendant compte à quel point elle était intransigeante avec elle-même alors qu’elle était tout le contraire avec les autres, elle eut un petit rire.

– Désolée, je crois que j’essaye de faire trop bien… du coup j'ai du mal à me lâcher