Soir de pleine lune (Aedan)

Ce soir je suis de garde pour les lycans. Je dois surveiller que tout se passe bien. Heureusement le nombre de lycans au sein de l’hôpital à grandement diminuer, mais qu’il en reste tout de même un petit nombre, je serais accompagné de deux autres collègues. Donc je ne serais pas seul ce soir. Ça me fait carrément chier, car j’aime ne pas porter H24 mon masque et me déteindre, mais là ça va être impossible. Mais je n’ai pas le choix, on m’insigne souvent à cette tâche parce qu’avec mes pouvoirs je peux aisément les retenir sans être touché… Et puis ils seront en cage de toute façon. C’est alors que j’arrive en bas, tout se passe au sous-sol de l’hôpital. Mes collègues de l’après-midi ont déjà déposé dans les cages les patients atteints de ce handicap, parce que pour moi c’est un véritable handicap. Nous avons tous une cage assignée et lorsque je m’installe sur ma chaise face à… Hannah, je cache tant bien que mal ma surprise. Fait chié, sur tous ceux restant il fallait que se soit-elle. Cependant… Je ne laissais rien transparaitre et je la fixais, sans dire un mot… Au vu de l’heure, j’imagine que l’influence de la lune commençait déjà à être douloureuse sur elle.

M’installant, me mettant en place, je remarque Hannah. Elle ? Elle vient directement attraper les barreaux et je ne bouge pas. Je ne montre aucun sursaut rien… Disons que j’ai l’habitude et de toute façon je suis bien à l’abri derrière ces barreaux, c’est elle qui est dedans après tout. C’est alors qu’elle me supplie d’échanger avec quelqu’un, qu’elle ne veut pas que je la voie ainsi. Fronçant légèrement les sourcils je secoue la tête.

-Non… C’est impossible.

Je ne donnerais pas plus de raison parce que de toute façon je la voyais déjà se tordre de douleur et qu’elle n’entendra même pas mes explications. Mais hors de question que mes collègues se questionnent sur le « pourquoi il ne veut pas avoir cette patiente-là ? » Hors de question de lancer la moindre rumeur ou même que ça parle de moi… Hors de question. Alors pour lui signifier, et qu’elle le comprenne bien, que c’est impossible, je la fixe et je la vois souffrir tout simplement… Se déformer… Hurler....

Je la regarde, je vois bien qu’elle ne veut vraiment pas que se soit moi, mais moi je lui fais comprendre que je ne peux vraiment pas faire autrement. Si je le pouvais, je le ferais, ça m’arrangerait moi-même, mais je ne peux pas. Je me redresse donc sur ma chaise alors qu’elle prononce mon prénom, mais elle n’a pas le temps de plus qu’elle se plie et se tord de douleur. Je tente de ne pas détourner les yeux, qu’elle ne croit pas que son état me touche, même si je n’aime pas l’entendre hurler, elle ne doit pas le savoir. Je la fixe donc, mais dans mon esprit ? Je suis ailleurs, je tente de ne pas… Voir ce que je vois. C’est difficile à expliquer, à réaliser aussi, mais c’est à peu près ce que je tente de faire. Puis… Après de longues minutes je ne vois qu’un loup face à moi. Un loup au regard bleuté, qui me rappelle que c’est bel et bien Hannah. Me rapprochant légèrement de la cage je tente de voir si elle n’est pas blessée, parfois certain lycans se font mal… Lors de leur transformation, surtout elle.

La transformation n’est pas nécessairement belle à voir et les cris de douleur qu’a Hannah ne sont pas nécessairement agréable non plus à attendre, mais je ne sourcille pas. Je ne montre pas que ça me fait quelque chose… Je ne peux pas. Cependant lorsque le silence revient presque totalement, je me rapproche de la cage. Elle recule immédiatement en me grognant dessus. Je sais que les loups-garou sont très nerveux et assoiffé de mordre… Alors pour le moment je reste prudent, mais avec mes pouvoirs, je peux également me protéger et c’est pour ça que je fais souvent partie de ce genre de moment : la transformation à la pleine lune des loups-garou. Elle se rapproche finalement de moi en couinant et je fronce un peu les sourcils.

-Tu as mal ?

Je sais qu’elle me comprend, je sais également qu’elle ne va pas pouvoir me répondre autre qu’en me le faisant comprendre… Mais c’est pour m’assurer de son état. Je regarde un peu autour de moi pour voir où en sont les autres.

Elle finit par se transformer et je sens que quelque chose ne va pas. Enfin je le vois aussi et elle me le fait comprendre par le petit son qu’elle émet. Je fronce légèrement les sourcils et le demande de façon orale, même si elle ne peut pas me répondre, elle pourra me le faire comprendre. En attendant j’entends qu’a coté tout se passe mal, il semblerait que le loup soit agressif et tente de défoncer sa cage pour se faire un petit infirmier… Je focus alors sur Hannah qui se rapproche elle aussi de la cage, mais lentement, boitant même un peu. Je regarde alors sa patte qui passe à travers les barreaux… Puis je relève lentement mes yeux, je croise les siens, si bleu, si clair… Je me mords légèrement la lèvre et touche alors doucement la patte. Je ne suis pas vétérinaire, mais… Je sais reconnaître quelque chose de casser.

-Je dirais que l’os c’est mal… Mit lors de ta transformation...

Un loup a ses os qui sont brisés, puis ils se refont… Est-ce que si je lui brise cela se remettra maintenant que la transformation est fini ? Je ne suis pas sûr… C’est plus comme une foulure que quelque chose de brisé. J’entour alors sa patte de mes mains et tente de disperser du chaud à travers toute sa patte. C’est à l’aide d’une petite formule magique que j’évacue une grande chaleur de mes mains comme pour apaiser la douleur.

Qu’importe mon masque… Ce soir, là, dans les caves, il n’y a pas Samaël, il n’y a même pas de caméra… Je peux donc être qui je veux, même si je connais Hannah et que c’est un risque que je prends… Avec un peu de chance elle ne s’en souviendra pas où je pourrais toujours dire que ses pensées, est souvenir, ont été déformer par le loup qu’elle était à ce moment-là. Quoi qu’il en soit… Je chasse son mal par la magie, sans faire gaffe à tout ce qu’il y autour. Lorsque je finis mon sort et que je vois que ça va mieux, un faible sourire me trahis alors que je le réalise et me reprends bien vite en me redressant. Normalement on donne à manger au loup… Elle semble calme… Très calme, a côté de tous ceux autour, mais je vais lui donner quand même si jamais. Je lui passe donc de la viande entre les barreaux histoire qu’elle se défoule dessus si l’envie de sang lui prend....

C’est la première fois que j’ai Hannah en « garde » de pleine lune. Je ne sais pas si c’est dû à ça ou autre chose, mais elle est calme comme louve. C’est presque déroutant. C’est une humaine plutôt douce, de mes souvenirs d’enfant, mais général les loups sont des loups… Après elle est blessée et ceci explique peut-être cela, mais… Attention, je ne vais pas m’en plaindre non plus. On passe la nuit ainsi, à se regarder… Au fond. Elle mange et moi je surveille. J’observe son état loup aussi… J’apprends également, sur les loups calment, ce que je ne connaissais pas.

Puis arrive ce moment, le moment où le processus est inversé. C’est tout aussi déroutant, dégueulasse et affreux. Il y a tous autant de cris et de bruit d’os brisé… Mais c’est comme ça. Hannah finit par être totalement humaine, mais visiblement inconsciente. Je viens rapidement prendre ses constantes et je pense que c’est la douleur qui a fait ça. Je la rhabille donc d’une simple nuisette puis la porte dans mes bras pour la poser sur un brancard… Par la suite je pousse doucement le brancard jusqu’à sa chambre. La nuit fut longue et éprouvante...



PS : ton second lien ne marche plus du coup ça déforme la page alors je l'ai mis en spoiler pour le garder si jamais, mais je n'ai pas pu voir ce que c'était

Je pourrais être un gros pervers qui profite, mais actuellement… Je ne le fais pas. Je sais qu’elle a dû avoir extrêmement mal pour s’évanouir et je connais sa pathologie. Je m’empresse donc de la remettre sur le brancard afin d’atteindre sa chambre. Ce sera déjà plus agréable pour elle de se réveiller là-bas que dans la cage froide. Finalement une fois dans sa chambre, je la porte de nouveau et à cet instant elle prononce mon prénom. Je me fige légèrement, mais me reprends au plus vite avant de la déposer délicatement dans le lit.

-Non… Tu as été plutôt calme.

Je n’ose pas vraiment la regarde sur le coup, puis je relève finalement les yeux vers elle en tirant la couverture vers elle.

-Mais tu t’es blessé. Je ne sais pas si tu le ressens encore, j'ai essayer de le soigner… Demain j’enverrais quelqu’un pour te faire des examens du coup.

Je me redresse finalement complètement. Ça faisait longtemps qu’on n'avait pas « autant parler » et parler aussi calmement de mon côté. Certes je reste froid, mais… Je lui réponds quand même plus que deux mots, c’est déjà bien !

-Tu devrais te reposer pour le peu d’heures de sommeil qu’il te reste.

Elle n’est pas très réactive, mais c’est normale après ce qu’elle vient de vivre. Je ne dis rien, mais je suis content, au fond, de la voir apaisée par l’idée de ne pas avoir été un réel monstre ce soir. J’en étais moi-même le premier surpris. Lorsqu’elle me dit qu’elle a un peu mal, ma tête se hoche légèrement, même si elle ne le verra peut-être pas… Je note cependant mentalement l’idée de ne pas oublier l’examen pour elle dès demain matin. Alors que j’allais m’en aller elle m’attrape la main et je me stoppe soudainement, un peu raide. Je lui jette alors un petit regard et échappe un petit « de rien », un peu perturbé par ce geste… Et je quitte la chambre presque immédiatement.



FIN