A chacun le tour... (Théodora Andersen)

Je jette un coup d’oeil à l’heure. Parfait il reste une bonne heure avant que le club n’ouvre. Je regarde ensuite une fois la grande salle… Tout me semble prêt… Je peux donc prendre ma pause avant que les animaux en rutes ne débarquent. Honnêtement c’est plutôt ça qu’il y a au club qu’autres choses. Je sors donc à l’arrière du club. En face ? Le bâtiment acheté par ce même-club pour accueillir des employés en manque d’argent, sans conteste. Je l’observe alors que je sors une cigarette et que je me l’allume. Malgré la fin d’été et le début septembre, il fait déjà mauvais à Oslo… Disons que nous ne sommes pas du côté de la Terre où il fait le plus chaud ! Relevant les yeux vers le ciel, je me dis qu’il est gris et le temps un peu humide, mais avec un peu de chance il ne va pas pleuvoir. Autant profité avant que ce soit le cas en tout cas. Restant tout de même à l’abri, au cas où, je fume doucement, perdu dans mes pensées....

Il est encore un peu tôt quand j'arrive au Paradise. J'ai du temps devant moi et ce n'est pas plus mal. Après il y a aussi le fait que je n'ai pas à m'habiller ou à me maquiller enfin je me comprend. Je n'ai pas à me maquiller excessivement mais juste ce qu'il faut pour que le client apprécie tout comme la tenue qui est très légère et qui par la suite devient lourde ou non suivant l'envie du client mais ça se fait avec le client et pas avant. Arrivée, je vais poser mes affaires dans un coin enfin l'endroit où l'on range nos affaires personnelles. Je me rend compte que finalement j'ai un peu trop d'avance et que ça ne servirait à rien d'attendre dans la chambre. Je décide de mettre ma veste et de sortir à nouveau derrière le club. Alors que je sors, je regarde autour de moi et voit une personne qui semblerait être Eliaz. Je me rapproche doucement pour ne pas lui faire peur parce qu'on ne sait jamais.

-Tu vas bien ?

Je fume tout en pensant à un tas de choses. Trop de choses en réalité. En même temps lorsqu’on a plus de 200 ans… Il y a forcément beaucoup trop de choses qui tournent dans l’esprit. Des choses bonnes, des choses beaucoup moins bonnes. Moi en ce moment je dirais qu’elles ne le sont pas, bonnes je veux dire. Entre cet homme qui se dit d'être mon père et Ombeline, ma demi-soeur et… Crystal avec cet homme. Non… Beaucoup trop de choses qui font que je tire une nouvelle tafe de ma cigarette. Je sors cependant de mes pensées en entendant une voix. Je tourne la tête et repère immédiatement la jolie sirène, ce qui me tire un sourire, celui-ci dit contagieux.

-Ça va… Et toi ?

Certes mon ton n’était pas convaincant, mais ce soir je n’avais pas envie de me forcer, pas avant le boulot. Qu’elle y croit ou pas… Ça m’était égal au fond. Je crois que j’étais lasse, comme un trop-plein.

Je n'avais pas voulu déranger Eliaz en lui parlant mais je sentais qu'il était dans ses pensées, peut-être un peu déprimé ? Je ne sais pas et je savais qu'il ne m'en parlerait pas de toute façon mais plutôt que d'attendre seule, j'avais eu envie d'avoir quelqu'un à qui parler. Je m'entendais bien avec lui après tout et je lui en devais toujours une après qu'il m'ait sauvé d'un client il y a plusieurs semaines de cela.

-Ca va...

Je ne le sens pas convaincu par ses propos et je ne suis pas convaincue par les miens non plus. Je ne sais pas trop ce qui se passait mais j'ai bien l'impression que notre humeur est au plus bas. J'ai un petit sourire et je viens me poser à ses côtés sans rien dire d'autre. Parfois ça fait du bien le silence et ici c'est le cas.

-Toi aussi tu as un peu trop d'avance ?

La jolie sirène ne relève absolument pas mon ton « faux ». Je ne suis pas faux avec elle, attention, je suis faux avec moi-même. Je n’étais pas sincère lorsque je disais que « ça va », parce que ça n’allait pas. Il y avait beaucoup de choses qui n’allaient pas, pourtant… On faisait avec. Je veux dire… C’est le jeu. C’est la vie ! Et il y a toujours pire n’est-ce pas ? Il suffit que je repense au fait où j’ai tué mon propre fils et alors là je sais qu’il y a pire… Lorsque je lui retourne la question et qu’elle répond sur le même ton que le mien, je ne retiens pas un sourire et lui jette un regard tandis que je la laisse s’approcher en silence.

-On dirait qu’on est tous deux très mauvais menteurs aujourd’hui…

Je ne dis rien de plus, rien de moins. Je ne cherche pas à savoir ce qu’elle cache derrière ce lasse « ça va » et elle ne cherche pas non plus de mon côté, mais… Ça marche comme ça pour le moment et ce n’est pas plus mal ! Je ris finalement un peu en l’entendant et hoche la tête.

-Il faut croire oui !

Marquant une petite pause, je reprends simplement après quelques taffes de cigarette dans l’organisme.

-Je suis sur que l’on offre un drôle de tableau toi et moi aujourd’hui !

C’est vrai après tout… Deux âmes en peine, dehors, attendant de travailler, le temps de plus en plus gris, en train de fumé et d’apprécier les silences, tout en appréciant la compagnie de l’autre.

Expliquer ce qui n'allait pas je pouvais le faire mais je ne sais pas si j'en avais réellement le courage. Et je crois que c'était un peu la même chose pour lui, nous sommes aussi mauvais menteurs l'un que l'autre mais je ne vais pas le titiller pour qu'il me dise ce qui ne va pas, je ne suis pas comme ça. Je le laisserai se confier s'il en a envie mais je sais qu'il faut faire attention et je n'avais vraiment pas envie de le braquer contre moi parce que je l'aime bien comme ami. Il n'a jamais été désagréable avec moi et travaillant tous les deux ici il valait mieux que l'on s'entende.

-On dirait bien oui...

Je fais un pauvre petit sourire en haussant les épaules. Je ne suis pas vraiment de nature à m'épancher sur mes problèmes ou alors il faut vraiment me tirer les vers du nez pour que je le dise. Je ne veux pas l'embêter avec mes problèmes.

-Au moins je suis en bonne compagnie et qu'ils profitent de ce tableau. Ils n'auront pas l'occasion de le revoir à nouveau tout de suite.

Je ris un peu à ce qu'il dit et rapplique moi aussi. Après tout il n'a pas tord, on doit faire un sacré tableau de dépressifs tous les deux. Mais il y a aussi de la beauté dans les tableaux et parfois on le trouve dans le désespoir et la tristesse.

La joie ne nous inonde pas aujourd’hui alors que le ciel semble prêt à le faire lui. Je relève d’ailleurs un peu les yeux vers ce dernier en fumant ce qui reste de ma clope qui se consume bien trop vite à mon goût. Je souris légèrement lorsqu’elle confirme que nous sommes bien piètre menteur aujourd’hui et reprends en lui jetant un regard.

-Tu veux en parler… ?

Pas que je veuille la forcer, mais parfois il suffit d’un petit élan. Avouer à l’autre que l’on ment, c’est comme lui proposer une perche qu’il doit saisir pour nous aider à ouvrir la porte et parler de ce qui ne va pas. Alors si elle veut en parler… Je suis là. Sinon je peux être là pour autre chose, comme le faire rire avec cette histoire de tableau, comme à cet instant et j’en souris de plus belle en hochant la tête.

-Oui tu as raison, les moments de faiblesse c’est bien, ça fait du bien, mais ils doivent rester rare pour en garder leurs beautés et leurs charmes....

Le temps qu'il faisait à Oslo ne m'aidait pas vraiment pas non plus à voir la vie en couleurs. Ca n'existe pas ce genre de vie et même si je suis assez libre dans ce que je fais, il y a toujours certaines petites choses que je regrette profondément. Oui il m'arrive d'être déprimée parce que finalement je suis dans cette vie depuis un bon moment et rien n'avance. Je sais que l'on m'a dit que faire des études était possible mais je ne vois pas dans quoi parce qu'une sirène au milieu d'une ville ça fait mauvais genre.

-J'ai l'impression que ma vie tourne en rond, qu'elle n'avance pas.

J'ai saisi l'opportunité pour lui dire car je ne suis pas quelqu'un à cacher quand on me le demande sauf quand c'est quelque chose de très secret. Je ne m'attends pas à ce qu'il me console ou quoi que ce soit de ce genre mais juste un ami à qui parler. Et peut-être que lui aussi voudra parler de ses problèmes.

-Tu as raison. Et la ville n'aide pas à offrir un meilleur tableau.

On a surement l’aide de deux âmes en peine ainsi, mais… C’est comme ça. Il semblerait que ça ne la dérange pas et ça ne me dérange pas non plus pour tout dire. Elle est comme ça. On se permet, tous deux, se s’offrir un moment de répit sans peur du jugement… Non juste… Un moment de répit. D’ailleurs elle profite de ce moment pour s’ouvrir un peu… Je l’y pousse légèrement, mais pas trop. Elle fait ce que bon lui semble et il en est de même pour moi. Lorsqu’elle me parle du sentiment de sa vie, je tourne la tête vers elle, sans pour autant l’enfumé de ma cigarette.

-Et tu sais ce qu’il faudrait faire pour faire cesser ce cercle ?

Peut-être qu’elle sait, mais n’ose pas franchir le pas. Peut-être qu’elle ne le sait pas et dans ce cas-ci je pourrais l’aider à trouver quelque chose, si elle le désire et si ce n’est pas trop entré dans sa bulle… Car en ce moment nous sommes dans une bulle chacun, bien que par-dessus il semble y avoir une bulle commune ou la communication s’ouvre petit à petit. Je souris légèrement en l’entendant parler de la ville.

-Tu parles du temps ?

Il est vrai qu'avec Eliaz nous nous voyons le plus souvent au travail et peu en dehors du travail ou alors lors de pauses. On ne faisait pas le même travail de toute façon mais j'aimais bien le temps passé avec lui parce que je le considérais comme un ami et j'en avais très peu des amis. Il m'avait sauvé d'un client et je lui en étais toujours reconnaissante. Avec lui je ne me prenais pas la tête et j'appréciais. Je pouvais lui parler de mon problème puisqu'il m'invitait à le faire mais je ne comptais pas non plus m'épancher sur son épaule.

-Changer de vie ? Changer totalement ce que je suis ?

Je le regarde avec un haussement d'épaules. C'est impossible mais j'ai du mal à me dire que ma vie pourrait changer. Je n'ai personne sur qui compter, pas d'amoureux et pas de réelle famille là pour moi. Je suis toute seule donc peut-être que ça y fait aussi à mon humeur. Mais je sais que je peux parler de tout ça avec Eliaz car je ne sais pas s'il comprend mais je peux m'ouvrir à lui et j'apprécie son geste alors qu'il a mieux à faire.

-Oui mais je trouve qu'il est approprié à mon humeur. On pourrait presque être des sujets peints sur un tableau si on nous prenait sur l'instant présent.

Nous n’étions pas dans les mêmes branches de la vie et pourtant le courant passait bien entre nous et c’était tout ce qui comptait. Je croisais tellement de personnes tout au long de ma longue existence… Mais peu avec qui je nouais un vrai lien. Je veux dire, un lien… Tout cours, autre que « bonjour et au revoir ». Théodora faisait partie des personnes avec qui j’avais un lien. Plus qu’un poli bonjour, même si nous nous caption que rarement. À sa réponse, je relève un sourcil questionneur.

-En tant qu’espèce ou… En tant que professionnel ?

C’était vaste comme réponse, j’avais donc besoin de plus d’information. Elle voulait peut-être changer le fait d’être une prostituée ou une sirène. « Ce qu’elle est » ça dépend comment elle se définit. Elle se définit par son espèce ou par son boulot ? Ou les deux peut être bien. De toute façon j’allais vite le savoir. Je souris finalement lorsqu’elle parle d’oeuvre d’art.

-Je pense que ce serait une très bonne idée ! Nos émotions sont si vraies, que si on tombe sur un bon artiste, ce serait un chef-d'oeuvre, c’est certain !

Je sentais qu'avec Eliaz je pouvais continuer à parler de ce qui me dérangeait, ce qui me titillait sans qu'il me fasse la moindre remarque. Bien au contraire, il m'aide j'ai l'impression à aller au bout de ce que je veux dire. Qui sait ? Peut-être que j'y verrai plus clair une fois notre conversation terminée mais je n'ai pas envie qu'elle le soit. Je n'ai pas beaucoup d'amis mais le peu que j'ai me convient parce qu'ils sont vrais et réels, qu'ils comptent et qu'ils ne me laisseront pas tomber.

-Les deux je dirais. La prostitution j'ai toujours connu ça et je ne sais rien faire d'autre. Je n'ai plus de famille enfin elle m'a carrément oubliée. Je crois que j'aimerais recommencer à zéro.

C'est une envie comme une autre, un peu folle j'en ai conscience mais une envie, un rêve. Je ne pense pas que ce soit possible car après tout je ne peux pas m'éloigner de l'eau, c'est mon élément vital et je préfère la fraîcheur d'Oslo à la chaleur des tropiques. Ici je ne suis pas vue que comme une créature surnaturelle.

-J'en suis persuadée ! De toute façon avec deux êtres comme nous ça ne peut être que parfait.

Je ris un petit peu pour faire passer car l'atmosphère n'est pas forcément pesante mais mélancolique.

Elle me répond, mais ça reste un peu flou alors je cherche à en savoir plus. Si elle ne voudrait pas parler, elle ne l’aurait pas fait. Elle n’aurait pas fait un pas, un seul, en ma direction… Et elle a fait un pas en ma direction alors… Je sais que c’est une invitation à l’écouter et l’aider et ça me convient parfaitement. Je réfléchis un instant et focus sur une partie du problème pour commencer.

-Et tu sais ce que tu aimerais faire d’autre, imaginons que tu sait, qu’est-ce que ça serait ?

Sinon j’imagine qu’il y a des possibilités d’évolution au sein du Paradise Night Club, non ? Après il est sur que pour faire le métier qu’elle fait, il ne faut pas savoir grand-chose… Mais il faut avoir une grande force d’esprit… Car pour beaucoup c’est difficile mentalement. Je souris, de mon sourire si communicatif, tout en l’écoutant et hoche la tête en reprenant.

-C’est vrai que nos deux espèces sont connues pour être… Vraiment hypnotisante et charismatique…

Les sirènes étaient connues pour être d'une beauté irréelle, mais les vampires aussi.

Parler librement de ce qui me tracassait avec un ami était ce qui me manquait la plupart du temps car je ne voulais pas les ennuyer avec ça. Alors je saisis ma chance avec Eliaz qui m'a invité à parler et je le remercie pour ça parce que l'ennuyer n'est pas ce que je voulais faire mais peut-être pouvait-il me donner un avis extérieur. Il me connaît un petit peu après tout donc peut-être a-t-il des idées ?

-C'est le problème je ne sais pas du tout ce que je pourrais faire. Je ne m'étais jamais posé la question jusque-là car j'ai toujours connu le PNC.

Je sens qu'il m'écoute et ça m'encourage à continuer de parler parce que c'est ce dont j'ai besoin finalement. Je suis de plus en plus morose depuis un certain temps et je ne sais pas pourquoi réellement. Tout va bien ou presque dans ma vie non ?

-Ce n'est pas pour rien que l'on a des livres et des légende sur nous. Chacune à leurs façons, nos espères attirait les gens. Les sirènes c'était par le chant et on faisait couler les bateaux et vous par la beauté irréelle que vous transmettiez. Je serai presque jalouse qu'il y ait plus de films sur les vampires que les sirènes.

Je dis ça en souriant car ce n'est pas vrai mais ça détend un peu l'atmosphère.

Je vois bien que Theodora semble un peu face à un mur. Elle semble vouloir le braver, mais ne semble pas savoir comment. Je hoche doucement la tête lorsqu’elle me dit que le problème c’est qu’elle ne sait pas comment faire puisqu’elle a toujours connu que le Paradise Night Club. Je souris un peu.

-Qu’est-ce qui te plaît dans la vie en dehors du club ?

Ça pourrait être un bon point de départ déjà ! Savoir ce qui lui plaît et voir ce qui peut être exploitable. Et en parlant d’exploitable, on parle de nos espèces qui ont bien, bien été exploité. Dans les livres, dans les séries, dans les films… Il est vrai. Je souris et ris même en l’entendant avant de reprendre.

-Que veux-tu ! Les vampires sont les créatures les plus captivantes vis-à-vis des humains ! Disons que je pense que l’on attire dès l’adolescence, ce qui aide…

Alors que les sirènes, ça reste une sorte de poisson et je pense que c’est moins « sexy » pour des adolescents. Bien qu’en regardant Théodora on se doute qu’ils se trompent bel et bien !

D'un côté c'était facile de parler avec Eliaz parce qu'il semblait comprendre ce que je pouvais ressentir. Aujourd'hui je sentais que je pouvais me confier à lui et il m'écoutait, ce que j'appréciais car de nos jours les personnes à qui l'on peut se confier étaient rares. Et puis il savait ce que j'étais réellement comme créature, ce qui pouvait simplifier les choses entre nous.

-J'aime beaucoup me promener dans le côté historique de la ville pour le côté histoire.

Je souris un petit peu, peut-être que des études dans l'histoire ou le patrimoine pourrait aider ? Je ne suis pas sûre d'être sur la bonne voie mais ça peut être un début pour le jour où je partirais du Paradise, si je pars un jour.

-Il doit sûrement y avoir quelque chose de sexy chez les vampires et pour en côtoyer un je pense que oui c'est ce qui les attire. Il faut dire que les sirènes n'ont encore moins bonne réputation que les vampires ou alors il y a toujours une histoire d'amour entre un humain et une sirène.

C'est vrai que le peu de livres ou de films que j'ai pu voir sur mon espèce différent, sont moins nombreux mais toujours avec une histoire d'amour et moins de personnages très sexualisés.

Nous devions offrir un bien beau spectacle aux spectateurs, enfin s’il y en aurait… Nous sommes seuls, dans une ruelle derrière le Paradise Night Club et on discute alors que la pluie perle légèrement… Mais nous sommes à l’abri. De toute façon, je pense que Theodora n’a pas le droit de toucher de l’eau juste comme ça. J’essaie d’en savoir plus sur elle, de l’aider de penser à une vie future, à ce qu’elle aime, à ce qui lui fait du bien… bref tout ce que je peux pour l’aider ! Parce qu’elle me dit qu’elle aime bien le côté historique de la ville pour le côté de l’histoire justement, je souris et reprends.

- Ah oui ? C’est bizarre que nous ne nous soyons jamais rencontrés vu que je vis là-bas !

Enfin, je dis ça, mais nous nous étions déjà rencontrés au sein du travail, mais en dehors de ça il est vrai que je ne l’ai jamais croisé du côté historique de la ville. Je reprends cependant.

- Peut-être que prendre des études dans l’histoire pourrait t’être bénéfique… Ou même travailler dans un musée ! Ou même dans le tourisme !

Après tout… Tout le monde ne veut pas reprendre des études, tout le monde ne veut pas ou ne peut pas! Donc les métiers comme guide dans un musée ou guide touristique ça peut être une bonne alternative à de longues et difficiles études qui ne mènent pas forcément et nécessairement à un super métier hyper connu… Ou un métier où il y a beaucoup de débouchés.

La conversation file toute seule ainsi… on parle de tout et de rien, surtout de tout ! On parle de nos espèces respectives et lorsqu’elle me dit qu’il doit y avoir quelque chose de sexy chez les vampires et que vu qu’elle en côtoie un elle pense que c’est ce qui l’attire, je lui jette un coup d’oeil avant de lui sourire de façon sincère. Cependant, face à ce qu’elle dit, sur les histoires d’amour entre une sirène et un humain, je secoue légèrement la tête et reprends.

- Et bien merci pour ce compliment… Mais il y a souvent des histoires d’amour entre les vampires et les humains. C’est même la base de la plupart des films ou des séries des êtres humains justement. Quoi qu’il en soit, que ce soit vampire ou sirène, nous sommes des espèces qui fascinent les êtres humains.

Je finis tout ça en souriant de façon grande et fière et en jetant un coup d’oeil à Theodora, comme pour lui remonter le moral face à cette constatation plus que valorisante pour nous.

Avec Eliaz, il nous arrivait de ne pas nous parler pendant plusieurs jours parce qu'on ne se croisait pas ou on ne se voyait pas. Nous étions tous les deux répartis dans deux lieux différents, moi dans les chambres et lui dans la salle principale. Mais lorsqu'on avait le temps comme aujourd'hui on prenait le temps de discuter. Il était devenu un ami entre temps à qui je pouvais me confier pour certaines choses et je n'avais pas peur de le faire.

-Vraiment ? J'habite là-bas aussi !

Je suis étonnée de savoir qu'Eliaz vit dans le quartier historique parce que je vis là-bas aussi et je ne l'ai jamais vu. C'est quand même étrange puisque le quartier n'est pas si grand que ça, il y a eu beaucoup de constructions autour du quartier historique. Ca dénaturait un peu selon mon avis mais ce n'était que le mien. Je n'échangerais pas mon logement contre un autre ailleurs.

-J'aime beaucoup tes idées, ça me plairait beaucoup.

Je souris à ses propositions et on peut enfin voir un vrai sourire sur mon visage. J'y avais pensé mais le fait de devoir me remettre aux études m'avait un peu rebuté. Je commençais à être vieille pour faire des études par rapport à ceux qui venaient de sortir de l'école. Reprendre une vie normale, ça serait aussi bizarre et peut-être que je pourrais faire comme Alexandre. Suivre des études tout en travaillant mais ça ne reste qu'un probable futur projet.

-C'est vrai que ça existe aussi. Il faut croire que nous sommes tous les deux des espèces qui attirent les humains. Oui tu as bien raison on fascine et c'est tout ce qui compte. Peut-être que cette époque est consacrée aux vampires et qu'avant c'était les sirènes.

C'est vrai que lorsque j'y pense nous sommes deux espèces attirantes et fascinantes. J'ai un grand sourire, Eliaz m'a remonté le moral.

Le monde peut être vraiment petit ! On travaille au même endroit, on vit au même endroit et pourtant on se croise et se parle si peu… Je souris lorsqu’elle me confirme qu’elle vit là-bas aussi.

-Le destin faisait en sorte d’être sûr que l’on croise le chemin de l’autre visiblement !

Et en parlant de destin, et donc de futur dans un sens, je tente de l’aider au mieux pour son futur à elle. Visiblement mes idées lui plaisent et je souris grandement en lui disant que c’est super. J’étais surtout heureux d’avoir réussi à lui remettre un sourire sur son visage ! Maintenant elle avait les clés et si elle avait besoin d’un peu d’aise pour trouver la bonne porte, je serais là et j’espère qu’elle le sait. Finalement ont conclu que nos deux espèces fascinent les humains et ma tête se hoche alors que je souris, mais je repère rapidement l’heure.

-En parlant d’humain… On ne va pas tarder à ouvrir… On y retourne ?

Je tourne la tête vers elle après avoir écrasé ma cigarette. Je lui posais la question parce qu’elle n’était pas au top du top… Alors je voulais m’assurer que ça aille avant d’y retourner !

S'il y a bien une personne que j'appréciais de plus en plus c'était Eliaz. Il m'avait sauvé une fois et pourtant on ne se parlait pas plus que ça mais c'est ce qui rendait nos conversations si belles d'un sens. On ne parlait pas pour rien dire en tout cas.

-Oui mais visiblement il ne nous l'a jamais permis jusqu'ici.

Je ris un petit peu parce que c'est vrai on travaille au même endroit, on vit dans le même quartier et on ne s'est jamais croisés en dehors. Puis il est là pour m'aider dans mes choix et c'est ce qu'il fait sans rien demander en retour. Il me donne un petit coup de pouce. Je ne regrettais pas de lui en avoir parlé car je ne sais pas ce que je pouvais faire en dehors de mon métier. Si je peux l'appeler un métier mais il paie mes factures.

-Oui allons-y.

Je souris un petit peu et je rentre avec lui dans le club pour aller me préparer. Au moins je penserai à autre chose.

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