Calme sérénité... le repos n'est jamais éternel (Ft Eiril I. Hróaldrsdóttir)

Sølveig PawelSwen s'était baladée en ville d'un pas tranquille, traversant les rues calmes en ce début d'après-midi. Peu de personnes devant les maisons des beaux quartiers, préférant probablement profiter de la journée et du beau temps du côté des Fjords et autres lieux naturels des environs.
Mais la jeune femme se trouvait dans ce quartier non pas par hasard, mais en tout état de cause. Elle avait invité Eiril à se joindre à elle au Pandémonium, profitant toutes deux de l'heure de la sieste des petits pour les confier en toute tranquillité au voisin de la jeune mère... Surveiller des enfants endormis était dans les cordes de l'étudiant.

L'Elfe avait entendu parlé de ce salon de massage par quelques unes de ses clientes, qui en vantaient les bienfaits et usaient régulièrement ses services au cours de leur grossesse, profitant de ces moments de repos et de bien-être... Alors au vu de leur dernière soirée "tranquille" à toutes les deux, il semblait opportun pour cette fois de se retrouver dans un salon de massage et bien être... après tout, qu'est ce qui pourrait mal tourner dans un tel lieu de tranquillité ?

La jeune femme était arrivée bien trop en avance, ayant prévu large le temps de trouver le bâtiment qui était finalement bien indiqué. Elle franchissait donc le seuil, et fut orientée par le personnel vers la salle d'attente des lieux où attendaient déjà deux autres personnes.
Sølveig les avait salué, mais au lieu de s'assoir parmi eux comme n'importe quelle cliente, elle était restée dans l'embrasure de la porte au niveau du hall pour guetter l'arrivée d'Eiril, qui ne devait plus tarder à la rejoindre.

Les après-midi de la fin du mois d'août sont, en Norvège, les plus agréables de la saison. Les enfants, qui ont déjà repris le chemin de l'école, profitent de l'incouscience de leur derniers week-ends sans devoir. Il reigne dans les quartiers résidentiels une atmosphère légere et frisonnante alors que le vent froid arrive par bourasque pour le reste de l'année.
Eiril appreciait ces après-midi en famille, mais pour l'heure, elle avait besion de calme. Maintenant que ses deux garçons étaient endormis, il lui semblaient entendre l'écho de leur éclat de rire bruyant. La mère adorait ce son, mais elle était fatiguée. Son seul rêve était une musique d'ambience et un massage du dos, ce qui - d'après elle - était sur le point de se réaliser. Elle avait imaginé d'odeur du monoï embaumer ses narines, quand elle avait ouvert un fils des voisins venu babysitter ses fils. Elle avait presque entendu les son du handpan quand elle lui avait donné l'instruction simple : ne l'appeler qu'en cas d'urgence vitale.

Quand, son amie et babysitter attitrée de ses enfants, lui avait proposé ce massage dans un institut, paraissait-il, réputé, elle avait imédiatement accepter. Leur dernière sortie, un mois plus tôt, avait été plutôt vertigineuse alors le repos n'était pas de refus.
Alors Eiril avait enfourché le vélo qu'elle venait de s'acheter pour de déplacer dans les rues étrangement plates d'Oslo -d'après les critères norvégiens -, et avait pris la direction des beaux quartiers.

C'est avec une vingtaine de minute de retard de la demie naine arriva enfin dans la rue de l'institut Pandémonium... A pied. Elle tenait dans ses mains son vélo, plus si neuf, qui faisait un effroyable bruit en roulant. Bien qu'elle soit encore à une dizaine de mètre de la porte d'entrée, on pouvait l'entendre pester dans un jargon nain fleuri. Inger avait pris la place de la bien élevée Eiril depuis le départ de la maison.

En arrivant près de la porte, carte à la main pour servir de guide, Inger vit son amie Sølveig qui l'attendait dans l'embrassure. A son regard intérrogateur, la demie naine répondit d'un signe de main pour la faire patienter. Elle ne pris pas la peine d'attacher son vélo - qui le volerait de toute façon ? - et défit son casque.

- C'était le pire trajet de la vie ! râla Inger sans même avoir saluer son amie, et en insistant sur le "i" pou un effet dramatique.
Elle repris quelques inspirations douloureuses avant de continuer :
- J'étais sur la grande route à la sortie de Grünerløkka. Je roulais sur la piste cyclable ammenagée sur le trottoir, et un homme dans une mercedes noire, avec des vitres teintée - Tu sais, les grosses votures qui pollue pour deux ? - Il a ouvert sa portière jute devant moi ! J'ai essayé de m'arreter mais c'était trop tard, je me suis pris la voiture à pleine vitesse.

Inger qui n'avait pas laissé son amie dire un mot depuis son arrivée, claqua ses mains entre elles pour imiter le bruit du choc :
- J'a volé sur trois mètres ! Mon vélo c'est compétement tordu ! Foutu ! Fait chier, il était neuf, putain.

Inger, était bien moins regardante sur les détails qu'Eiril. Elle déformait, ampliait pour plus d'immersion dans l'histoire.
- En plus de ça, je le suis rapé le genou, j'ai mal au bras, mais heureusement, je me suis pas tapé la tête. Alors quand le type à la mercedes vient vers moi, je pense qu'il va m'aider à me relever, mais que nénie ! Il commence à m'engeuler !

Elle imita par la suite, les injures que l'homme lui aurait proféré... dont une bonne partie était inventée.
- Il me dit que c'est de ma faute, alors que j'ai clairment de la sienne, et que j'ai abimé sa voiture de merde.

Le qualificatif était aussi de son invention, l'homme avait plutot employé les termes de "sportive et onéreuse".
- Donc j'ai repris mon vélo, j'ai foncé un grand coup dans sa portière arrière qui s'est enfoncée et je suis partie. Heureusement c'était en descente, j'ai pu partir vite en vélo, et j'ai pris les escaliers pour pas qu'il me suive.

Inger récupera la gourde sur le cadre de son vélo, elle la décapuchona et appuya alégrement dessus pour qu'un filet d'eau se dirige directement dans sa bouche ouverte, elle renversa le reste du contenu sur le haut de sa tête et un peu sur son geou écorché.
- Je suis toute suante, maintenant à cause de ce salopard qui m'a olbigé à marcher jusqu'ici. Et j'ai des ampoules en plus.

La demie naine s'arrêta un instant de parler pour lacher un soupir avant d'ajouter :
- C'est fou comment son les gens, non ?

Pas un instant, Inger avait pensé que ces propos purent choquer. Elle avouait avoir commis un délit, sans nullement se préocuper des conséquences. Puis, comme la rage était venue, elle la quitta. Eiril refi surface avec son sourire poli.
Elle regarda derrière Sølveig le menu des services proposés.

- Ouh, je vais me faire faire un massage au henné... Tu penses q'ils me laisserons prendre une douche avant ? demanda-t-elle en voyant son reflet dans la vitre de l'institut.

Elle lança une derier soupir, signe qu'elle finissait enfin sa longue tirade.
- Sinon, toi, comment ça va ?

Sølveig Anya PawelSwen avait entendu Eiril arriver bien avant de l'apercevoir. Ce qui, pour une Elfe Noire, est plutôt banal... mais pour le coup, n'importe quel humain doté d'oreilles aux capacités plus que basique l'aurait entendu arriver. Il y avait le bruit affreux et grinçant du vélo en piteux état qui peinait à faire tourner ses roues sur la route, mais c'était surtout Eiril elle-même qu'on entendait arriver... Pestant et jurant comme seuls les nains savent le faire, elle parvient enfin à hauteur de la jeune femme qui l'attendait à l'entrée du Pandémonium.

Le regard interrogateur, Sølveig observa son amie arriver, sans pouvoir placer un seul mot alors que cette dernière détaillait ses dernières mésaventures... à croire que conduire à vélo était bien plus risquer qu'éteindre un incendie de forêt à bord d'un canadair.
L'Elfe Noire la laissa parler, avec son calme habituel, attendant simplement que le doux visage de la nymphe refasse surface en éloignant l'image furibonde de la naine outrée par le comportement du chauffeur qu'elle avait rencontré. Ce qui ne tarda pas à arriver, une fois l'histoire du jour raconté avec moult détails, même si certains semblaient opaques... Eiril finit par se renseigner sur les services de massage proposés, tout en demandant à Sølveig comment allait cette dernière.

- Tranquille, la mer est belle ces jours-ci.
La jeune femme, puisqu'elle vivait sur un bateau, avait tendance à vivre avec indolence sans se soucier des problèmes du quotidiens vécut par les humains terrestres. Un détachement qui la faisait parfois paraître "un peu ailleurs", comme si elle était toujours plus ou moins sur son navire, Capitaine dans l'âme même lorsqu'elle avait le pied à terre.
- Il y a deux autres personnes qui attendent, on peut peut-être leur dire de passer avant nous si tu veux prendre une douche pendant ce temps là, ça ne me dérange pas d'attendre...
Elle repensa à la jeune femme brune qui attendait dans la salle d'attente, accompagnée d'un homme, cheveux mi-long. Etrangement, elle s'était figurée que seules les femmes venaient ici, probablement parce que c'était ses patientes en pleine grossesse qui lui en avaient parlé.

La jeune femme était restée tout ce temps dans la salle d'attente, alors qu'Eiril se préparait. Du moins, elle était restée physiquement dans la salle d'attente, puisque mentalement, c'était une autre histoire... N'ayant rien d'autre à faire que de patienter, elle avait laissé son ouïe elfique vagabonder. Oh, bien sur, sans arrières pensées, elle n'était pas du genre à utiliser ses capacités surnaturelles pour léser les humains qui en auraient fait les frais... Non, elle s'était contenté de ne pas se soucier de ce qu'elle pouvait entendre ou non.

Et elle avait entendu.

Ses oreilles n'avaient pu s'empêcher de tester, repousser leurs limites. De la salle d'attente donc elle percevait les moindres micro-sons, le bourdonnement de la ventilation, le bruissement des ailes d'un papillon éphémère s'étant glissé dans la pièce, le goutte à goutte de l'eau s'échappant du pot de la plante d'intérieur... Et puis ses oreilles s'étaient lassées de ses modulations trop simples, et elles étaient partie au delà des murs, jusqu'à l'accueil, bruissement de papier de l'agenda de la secrétaire, pianotement sur le clavier d'ordinateur, dont les nuances selon les touches auraient pu permettre à la jeune femme d'en reconstituer les messages tapés.
Au delà encore, Sølveig avait entendu l'écoulement caractéristique d'une douche, et reconnu la respiration de son occupante, qui n'était autre que son amie Eiril.

Et puis, elle avait entendu.

Ce double battement de cœur. Par défaut professionnel certainement, la jeune femme ne pu s'empêcher de s'attarder sur ce son si caractéristique, celui qu'elle entendait régulièrement du fait de son travail.
Le battement de cœur immergé.
Celui qui ne frappait pas la poitrine d'un être libre de circuler à chaque instant non..., celui dont la résonnance était à la fois étouffée et sublimée par le liquide qui englobait l'être. Un battement de cœur d'un enfant à naître.

Sølveig ouvrit prestement les yeux, elle qui avait fermé les paupières le temps de cette balade audible. Réalisant ce que ses sens avaient différemment perçu, et les conséquences qu'il en découlait.
Aucune femme croisée dans l'établissement n'arborait de ventre arrondi d'une grossesse presque à terme. Ses yeux de gynécologue ne s'y serait pas trompés. Et pourtant, ses oreilles d'Elfe Noire non plus ne pouvaient être en erreur, alors... alors, il n'y avait qu'une seule solution. Et c'est le visage sombre que la jeune femme accueillit le retour de son amie, alors que cette dernière était étrangement vêtue d'une blouse de service.

La jeune gynécologue ne pouvait laisser une situation ainsi sans agir. Et elle savait pouvoir compter sur son amie, qui d'ailleurs lui avait inconsciemment apporté un début de solution... Se levant de sa chaise, Sølveig pris finalement la parole d'une voie décidée, presque investie d'une mission.
- Direction la salle de massage, j'ai une conversation importante à mener à bien.
Sans un mot de plus, l'Elfe Noire attrapa elle aussi au passage une blouse, entrainant Eiril à sa suite, dans ce qui s'annonçait encore une fois tout sauf un moment de tranquillité normalisée. Mais cela, venant d'elles deux, c'était plutôt prévisible, n'est-ce pas ?
Et cette fois-ci, pour comprendre le fin mot de l'histoire, il faudra embarquer à bord d'un voilier quelques semaines plus tard, pour un voyage en eaux troubles...