White Nigth (Feat Hailey O'Connor)

Ethan avançait seul dans la nuit silencieuse, pris dans l'étreinte de la neige tombante. Chacun de ses pas laissait derrière lui une empreinte fugace sur le manteau blanc qui couvrait le sol. Sa longue veste était ballotée par le vent froid, tandis que son regard fatigué se posait sur les lampadaires vacillants le long du trottoir. Ces lampadaires projetaient des éclats dorés qui se perdaient dans les tourbillons de flocons virevoltant autour de lui. Leur lumière irrégulière créait des zones d'ombre profondes.

De temps en temps, des voitures passaient, leurs phares perçant la nuit de brèves lueurs avant de se fondre dans le brouillard de neige. Le bruit mat des pneus sur le bitume humide se mêlait au murmure lointain des moteurs. Les rares passants qu'Ethan croisait étaient enveloppés dans leurs manteaux, écharpes et bonnets, leur souffle visible dans l'air glacé. Certains marchaient d'un pas pressé, le regard fixé sur le sol, tandis que d'autres levaient la tête pour observer les flocons en suspension, captivés par la magie éphémère de la neige. Pour sa part, Ethan restait en retrait, évitant au maximum les interactions.

L'air était empli de l'odeur pure et froide de la nuit, teintée d'une douceur minérale. Le parfum de la neige fraîche se mêlait à celui du bitume humide et des échappements des voitures. Un soupçon boisé flottait dans l'air, portant avec lui la promesse d'un feu de cheminée dans un intérieur chaleureux, entouré de personnes aimées, une promesse à laquelle Ethan ne pourrait plus jamais prétendre.

Sous la lueur vacillante des lampadaires et le murmure de la circulation, Ethan continuait sa marche, laissant son passage être effacé par les flocons, telle une silhouette solitaire dans la nuit enneigée. Sa tête était baissée, ses yeux empreints de mélancolie l'empêchant de regarder devant lui. Ses souvenirs se heurtaient les uns aux autres, transformant peu à peu la mélancolie en rage. Après toutes ces années, il n'avait pas encore pu assouvir sa vengeance envers le vampire qui avait détruit sa vie. Il serra les poings et se mordit la lèvre jusqu'au sang. Cependant, perdu dans ses pensées et ne regardant pas devant lui, il heurta une jeune femme.

"Oh... Putain... enfin pardon, je ne voulais pas vous bousculer, excusez-moi" s'excusa-t-il rapidement.

Ethan la regarda avec des yeux fatigués, son visage légèrement blessé par quelques griffures, il frotta doucement sa longue veste.

"Effectivement, il semblerait que nous ayons été absorbés par nos propres mondes" il continua tout de suite. "Je suis désolé pour le choc, je ne voulais pas vous perturber dans votre moment de contemplation."

Il réfléchit brièvement. Pourquoi une personne d'apparence aussi raffinée que la sienne se risquait-elle dans ces quartiers déshérités, surtout de nuit, alors que tant de créatures menaçantes y rôdaient ?

"Dite-moi, vous êtes perdus ? Car ce n'est pas un des endroits les plus fréquentables." Sa voix était empreinte de préoccupation, mais aussi de curiosité. Il observa les détails de son apparence distinguée, cherchant des indices sur ce qui l'avait amenée ici.

Pour Ethan, la femme paraissait presque hors de sa place, comme une rose au milieu d'un champ d'épines. Était-elle simplement une âme égarée, ou peut-être une créature astucieuse, là pour séduire la proie la plus vulnérable d'esprit ? Ethan se sentait de plus en plus intrigué par cette énigme vivante qui se dressait devant lui. Il fit un pas en arrière, glissant doucement ses mains dans ses poches tout en la scrutant attentivement.

Bien que sa méfiance innée le poussait à tâter la poignée de son couteau, il se retint. La femme en face de lui avait l'air parfaitement ordinaire. La violence et sa soif de vengeance l'avaient tant poussé vers la brutalité qu'il se demanda un instant s'il n'était pas devenu, lui aussi, semblable aux créatures qu'il traquait... Il leva son visage vers le ciel, laissant la neige fondante tomber sur lui. Cela lui permit de détourner ses pensées vers d'autres horizons que son tumulte intérieur.

La neige fondue caressait son visage, une sensation à la fois réconfortante et froide. Il pouvait presque sentir les éclats de son passé s'effriter sous leur toucher.

Ethan resta droit, levant légèrement un sourcil au ciel, il finit par lâcher son couteau, sortant sa main de sa poche, pour commencer à frotter sa longue veste qui s'ondulait au rythme des légères brises. Sur son visage un sourire commença à apparaitre, il fit alors un pas en avant, allongeant son bras avant de dire.

— Si vous voulez, je peux vous conduire là où vous voudriez aller, je connais cette endroit comme ma poche, peut-être même mieux que ma poche.

Il s'étira longuement, se redressant avec une assurance décontractée. Les coins de ses yeux se plissèrent légèrement alors qu'il observait attentivement la réaction de son interlocuteur.

— Les rues sinueuses, les recoins cachés, les endroits que même les habitants ignorent parfois. Tu vois, c'est un peu le putain... de paradis des détraqués ici. Si tu sais où chercher, tu peux trouver tout ce que tu veux. Ou alors c'est l'enfer ? oh... putain... bref, tu comprends l'image, enfin vous comprenez...

Ethan fit quelques pas de plus, maintenant à quelques pas de l'autre personne. Il sortit un paquet de cigarette dans il en extirpa une pour la placer entre ses dents, l'allumant, laissant la fumée monter dans le ciel, comme une cheminé de maison. Se mélangeant, avec la douce neige qui continuait de tomber, complétant le sol comme une pelouse blanche.

La fumée de la cigarette montait dans le ciel. Ethan la regarda doucement se dissiper dans l'air, puis redressa sa tête vers la jeune femme. Il sourit légèrement et commença à avancer, faisant un geste de la main pour lui demander de le suivre. Habituellement, il n'était pas amical ; il aurait certainement posé des questions sur le surnaturel, mais pas cette fois-ci. Cette femme semblait si gentille, si paisible.

Ouais... je vis ici depuis quelques années. J'avoue que je ne suis pas le plus grand fan de cet endroit. J'ai toujours préféré la fine pluie, les grandes ruelles de Londres. L'Angleterre me manque beaucoup, mais je suis ici pour le travail... Enfin, et vous, comment vous vous êtes retrouvée ici ?

Il préférait rester discret sur les raisons de sa présence : un travail, non, une vengeance. Trouver ce foutu vampire, et rien que d'y penser, lui faisait serrer les poings de rage, pourtant il continuait d'avancer, guidant la jeune femme vers un endroit plus sûr, mais une question restait gravée dans son crane "et si cette femme était une créature, et si elle était un vampire" et bien qu'il marchait il ne pouvait s'empêcher de la regarder de temps en temps au cas où.

La jeune femme venait étonnamment, elle aussi, de Londres, ce qui le fait inhabituellement sourire, lui qui avait pourtant l'habitude de rester stoïque face à la mort. Rien que penser à sa jeunesse, la douce pluie glisse le long de son uniforme de marines, les soirées passées à juste contempler le Big Ben. Londres était plus qu'une simple ville à ses yeux, c'était plus comme un gigantesque chez lui, mais comme chez tout le monde, il y a autant de bons souvenirs que de mauvais cauchemars.

Il lance sa cigarette sur le sol avant de l'écraser d'un geste vif et lui jeta un regard intrigué comme réponse.

- Ouais... des foutues concessions... Il s'arrête brusquement de parler avant de continuer aussi rapidement, comme si c'était une pulsion.
-Mais c'est plutôt par besoin... Vous savez, un truc incontrôlable, comme si une voix intérieure nous poussait inconsciemment à le faire. Je dirais même que c'est plus qu'un besoin, c'est une nécessité... enfin, j'suis désolé de vous déranger avec mes histoires.

Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas pu parler à une personne, et à vrai dire, c'était surtout par peur de souffrir à nouveau. Même s'il ne voudrait pas l'admettre, même lui pouvait avoir peur, mais après tout, malgré tout ce qu'il a pu faire, il restait humain, et comme chaque humain, il ne pouvait échapper à la peur.

Il s'arrête de marcher et commence à tousser, glissant son avant-bras devant sa bouche.

Pour la première fois depuis son arrivée à Oslo, il avait réussi à engager une conversation avec quelqu'un sans la menacer, et même, il appréciait parler avec cette personne – une sensation étrange pour le chasseur solitaire qu'il était. Mais à vrai dire, en lui parlant, il ne faisait plus du tout attention au chemin qu'il empruntait.

— Oh... j'avoue ne plus avoir l'habitude de discuter avec des gens. J'ai un peu de mal à savoir ce qui dérange, mais si vous connaissez peu de monde ici, restez sur vos gardes. Il y a vraiment un paquet de créa... de gens particuliers.

Il écouta alors la femme lui demander où ils allaient. À vrai dire, lui aussi n'en savait rien. Il était complètement perdu, autant dans les rues que dans ses pensées. Mais devait-il lui dire qu'il était perdu ?

— Alors... euh... nous ne sommes pas très loin de...

Il balaya du regard le décor, l'inspectant de droite à gauche pour trouver un indice sur sa position actuelle, un exercice facile pour lui qui avait passé des jours, ou plutôt des nuits, à chasser des vampires dans le coin.

— Pour faire simple, disons que nous sommes bientôt proches des boutiques, enfin je crois... J'avoue que je n'avais plus trop la tête à ça.