Aimer et être aimée de tous !

Au début il y avait du vert. Beaucoup de vert. Ma couleur préférée. Même si aujourd'hui je vous répondrais que c'est le rose. En réalité c'est le vert des feuilles, celui des terres innocentes de toute culture humaine. Celui de la vie. J'étais heureuse, entourée de mes semblables, en pleine possession de mes pouvoirs et de mes forces. Quand des humains s'approchaient je les aidaient parfois. Parfois je les punissais. Ils avaient cette fâcheuse tendance à piller la nature. Mais je pensais que cela n'irait pas plus loin.
Les années se sont écoulées si rapidement et si lentement à la fois.
Les forêts où nous vivions ont été réduites à peau de chagrin, le petit peuple a quasiment disparu avec. Je ne sais même pas comment j'ai survécu moi même. Peut être était ce parce que j'étais plus proche des humains... peut être parce que j'étais plus résistante... J'ai tout de même été affaiblie, je me suis retrouvée seule dans ce monde d'humains. C'était intéressant, mais ils sont si... fragiles. Ils naissent et s'éteignent en un battement de cil. Et pourtant ils restent en ce bas monde suffisamment longtemps pour qu'on s'attache, qu'on souffre. Et même si on se jure de ne pas les aimer, on ne fait que se mentir à soi-même. Et qu'est ce que j'ai aimé... Peut être un peu trop. J'ai tout aimé et j'aime toujours. Tout ce qui fait partie de ce monde. Je me suis mariée. Une fois. Deux fois. Trois fois. J'ai eu des enfants. Beaucoup. Tous emportés par la mort. Les années ont passé, mais je n'ai pas baissé les bras. J'ai continué d'aimer, de voir le bon en ce monde qui me déchirait le cœur à chaque seconde d'existence, d'aider. Je voulais aider oui. Je voulais réparer tout le mal qui se trouvait sur Terre. Peut être que cela me réparerait en même temps. À l'intérieur.
Mais évidemment cela ne marche pas. Enfin, pas totalement. J'éprouvais et éprouves toujours du réconfort à aider les autres, mais ils sont bien trop occupés par leur propre vie. Je me suis vite rendue compte qu'il fallait que je m'améliore toute seule. Peut être qu'en étant plus joyeuse je me convaincrais de ne plus être triste ? Peut être qu'en essayant de ressembler aux fées idéalisées que les humains ne cessent de représenter, j'en approcherais ? Petit à petit, je me suis prise au jeu. J'ai vraiment apprécié être aussi positive, j'ai même réalisé des études d'infirmière pour continuer d'aider les autres, et je crois que maintenant, après tant d'efforts, je suis vraiment guérie. Oui. Les ténèbres sont toujours là, mais... tout le monde en a au fond de soi. Je sais les dompter à présent et elles ne m'affectent plus.
J'ai aidé différentes personnes en tant qu'infirmière, mais aussi en dehors de ce métier, dont un homme qui peinait à maitriser son pouvoir. Je lui ai conseillé un endroit en Norvège où il pourrait vivre en paix et nous sommes restés en contact. Après quelques missions humanitaires, sentant mon moral menacer de chuter de nouveau, il m'a conseillé de venir m'installer dans cette ville.
Et me voilà, donc.