À défaut d'un médecin, il y a une infirmière dans le coin [PV Theodora Andersen]

La forêt... Il faut que je me rappelle ce que je viens faire ici parce que ce n'est pas clairement pas mon endroit de prédilection. Moi ce serait plutôt la mer en tant que sirène et plus je suis loin de la mer, moins je me sens bien. Mais parfois s'éloigner de la civilisation peut faire du bien et je crois que c'est pour ça que je suis dans la forêt actuellement. Surtout que je suis toute seule donc c'est une idée bizarre venant de moi mais bon. Tout d'abord, j'avais pris le sentiers car je ne connaissais pas la forêt et ce serait bête de s'y perdre, d'autant que mon pouvoir ne pourrait rien face à la nature verte, ça ne marche que sur la nature bleue.

Je marchais depuis un petit moment maintenant sans vraiment regarder où j'allais. Et j'aurais dû parce que sans savoir comment, j'ai atterris au sol, tombant dans un bruit sourd qui avait dû faire fuir les animaux alentours alors que je ne suis pas grosse du tout. Enervée, je me relève et maudit la racine qui m'avait fait tombé, me blessant la main par la même occasion. Génial, plus jamais je vais en forêt de ma vie ! Je me remets à marcher, en boitant légèrement pour revenir sur mes pas et retrouver la civilisation.

J'en viens à penser que la forêt n'est pas faite pour moi, non c'est même sûr. On ne mélange pas deux éléments distincts de la nature et qui sont frères pourtant. Non la forêt se venge contre moi d'être une créature marine. La prochaine fois je m'écouterai et ne ferai pas de promenade en forêt. Non j'irais nager dans la mer comme toute sirène qui se respecte. Au moins je serai sûre de ne pas me faire mal à nouveau.

Intérieurement je maudis la nature parce que résultat je vais me perdre et en plus j'ai mal au pied. Je soupire et finit par m'arrêter. Je regarde mon pied et soulève mon pantalon. Ca n'a pas l'air en bon état mais je ne pense pas que ce soit cassé sinon je ne pourrais pas marcher. Je prend une respiration pour me calmer. M'énerver ne me servira à rien. J'allais repartir quand je sursaute au son d'une voix. Je déteste qu'on me prenne par surprise. Je me retourne pour faire face à une jeune femme qui n'était pas là y'a une minute. Je ne l'ai même pas entendue arriver mais je vais pas faire ma difficile parce que je dois bien avouer que je suis en train de me perdre.

-Oui, je suis tombé. J'ai dû me prendre les pieds dans quelque chose et mon pied enfin ma cheville me fait mal.

Je n'allais pas avoir peur de la personne qui allait venir m'aider enfin qui pouvait potentiellement m'aider. Cette jeune femme avait l'air inoffensive en plus, une petite bouille mignonne et probablement un peu plus petite que moi.

-Je veux bien s'il vous plait parce que ça me fait vraiment mal.

Et puis je ne vais pas refuser des soins ou au moins de l'aide. J'avais de la chance que la jeune femme soit infirmière. Et j'ai peur aussi de ne plus pouvoir marcher, d'être perdue et de ne plus pouvoir rentrer alors oui cette jeune femme me donnait un peu d'espoir. Je ne sais pas si elle était un miracle alors que je ne savais plus quoi faire mais je crois que je la remercierai jamais assez. Même si pour l'instant elle n'avait encore rien fait. Quoi qu'il en soit son aide était précieuse.

-Tant mieux alors. Je ne suis pas méchante non plus si ça peut vous rassurer. Merci de votre aide.

Je souris un petit peu, histoire de la rassurer aussi. Après tout nous sommes des inconnues l'une comme l'autre. Et puis on ne sait jamais sur qui on tombe question créature surnaturelle ou humaine ?

Pas sûr qu'après tout ça je retourne dans une forêt de si tôt voir même jamais. Le fait que ce ne soit pas mon élément y est aussi pour quelque chose. Mais c'est comme si j'étais plus faible lorsque j'étais loin de l'eau. A Oslo je n'ai pas ce problème et pourtant je suis en ville. Alors que j'observais la jeune femme, je l'entendis me dire de m'asseoir sur une souche. C'est toujours mieux que rien après tout. Je me levai et avec son aide je parvins à m'asseoir sur le tronc.

-Merci.

C'est un début parce qu'elle n'était pas obligée de m'aider après tout mais je sentais la bonté et la gentillesse en elle. Je commençais à lui faire confiance. Je fis ce qu'elle me dit de faire et bougea ma cheville. Selon elle, elle n'est pas cassée c'est déjà ça mais ça m'embête vraiment si c'est une entorse car pour travailler ça va être compliqué.

-Un arrêt ? Mais je peux pas m'arrêter de travailler.

Je ne suis pas sûre que la patronne le prenne bien mais ce n'est pas comme si c'était ma faute après tout mais quand même. Si je devais aller à l'hôpital, il allait falloir qu'elle m'emmène à l'aile des surnaturels car je ne suis pas sûre que mon squelette humain soit bien formé. Après tout je me transforme en sirène donc forcément c'est différent. Je ne veux pas prendre de risques.

-C'est obligé l'hôpital ?

Avec un peu de chance elle va comprendre que j'ai une peur bleue des hôpitaux et ne pas m'y emmener parce que je me vois mal lui demander de m'appeler quelqu'un qui s'y connaît en surnaturel. Je prend sa main tout de même mais pas rassurée. De toute façon je ne peux pas rester ici.

La jeune femme ne pourrait pas comprendre mon métier, j'évitais d'en parler aux autres. Je me doutais que je n'avais jamais eu à faire avec elle sinon elle me connaîtrait. Je pouvais peut-être laisser échapper quelques indices par ci par-là. Je ne voulais pas le dire à voix haute parce qu'elle serait peut-être choquée comme beaucoup de gens pouvaient l'être quand on leur en parlait.

-C'est très physique comme métier.

Je n'ajoute rien de plus à cela. Je la regarde, essayant de voir si elle va comprendre mon sous-entendu ou si je vais devoir lui dire. Mais une chose était sûre, je ne voulais pas aller à l'hôpital. Je suis une créature surnaturelle, je devrais vite m'en remettre normalement. La jeune femme saurait forcément que je ne suis pas humaine et j'ai peur de son regard. Je ne veux pas qu'elle le sache parce que son regard changera forcément. Elle va être effrayée et mon identité va être découverte...

-J'aimerais vraiment ne pas en arriver là.

La jeune femme n'a pas l'air de comprendre et je m'énerve, je panique aussi. Je ne peux pas lui dire ce que je suis sans risqué mon identité. Toutefois je me tiens à elle pour marcher en m'appuyant sur elle. Nous marchons alors que je suis surprise de l'entendre parler de personnes avec des réticences, des problèmes pas comme les autres. Saurait-elle pour le surnaturel ?

-Quoi ?

Je n'ai pas pu m'empêcher de l'exclamer haut et fort. C'est une surprise et une interrogation en même temps. J'ai peur de ne pas comprendre quand elle me dit que cela fait des siècles qu'elle fait ça. Je dois vraiment la prendre au pied de la lettre ?

-Vous savez pour les... enfin vous voyez ?

C'est une vraie question qui est capitale.

Je ne sais pas vraiment comment lui expliquer le métier que je faisais. J'avais peur qu'elle me juge sur ce que je faisais même si je pensais que ce n'était pas le genre de la jeune femme en face de moi. Elle avait plutôt l'air compréhensive et gentille mais derrière les apparences se cachent toujours les sombres desseins. J'ai peur je l'avoue. Pourtant elle ne comprend pas mon sous-entendu et j'allais donc devoir lui dire explicitement.

-Pas forcément tout le temps debout mais la plupart du temps oui je dirais.

Malgré que la plupart des choses se passaient au lit, j'avais besoin de mes jambes pour marcher et notamment aller dans la chambre et monter les marches. Je ne pouvais pas manquer à nouveau le travail pour une simple cheville blessée. Et puis debout ça dépendait du client aussi parce que tous n'avaient pas les mêmes goûts. Et puis sans parler du travail, comment j'allais faire blessée pour aller dans la mer ? Mes jambes se transformaient en queue de poisson et est-ce que ma queue de poisson serait aussi blessée ?

-Des siècles ? Vraiment ?

Puisque l'on en vient à parler des surnaturels et j'ai l'impression que oui elle connaît ce côté-là. Je ne peux que l'interroger sur le sens des siècles. Je détourne aussi la conversation car peut-être cela m'occupera l'esprit le temps d'oublier la douleur. J'allais certainement en apprendre beaucoup plus finalement et peut-être que me blesser à servi à quelque chose. Je marche avec son aide, tentant de m'appuyer le moins possible sur ma cheville blessée.

-Je dirais bien que je comprend l'immortalité mais je n'ai pas cette chance.

C'est dommage parfois mais ça pousse à vivre la vie telle qu'on l'a veut et je commence à le comprendre. Je ne suis pas éternelle, loin de là. Dans tous les cas, je suis soulagée et je pense que cela peut se voir sur mon visage car je n'avais pas à me cacher. Je sentais que je pouvais lui faire confiance.

-Une fée ? Je n'en avais jamais rencontré une. Je suis une sirène si vous voulez tout savoir.

Je n'avais toujours pas dis à la jeune femme quel était mon métier, je n'en avais pas forcément honte mais devant la jeune femme si. Je ne sais pas pourquoi parce que je n'ai pas pour habitude de le cacher aux gens que je rencontre... Quand j'en rencontre évidemment. Mais la jeune femme en face de moi avait l'air si innocente que je ne voulais pas lui dire ce que je faisais. Pour preuve, elle ne devinait même pas ce que je faisais malgré ma description. C'est vrai qu'il y avait beaucoup trop de métiers pour pouvoir deviner lequel je faisais. Et je ne devais pas ressembler à une prostituée pour qu'elle ne voit pas du tout le métier que je faisais. Ça m'arrangeait car finalement j'étais assez passe-partout. Il faut dire que j'étais bien plus habillée et surtout normalement.

-Je me doute, surtout que vous avez l'air d'être une personne censée.

Je ne sais pas vraiment ce qu'elle voulait dire mais probablement qu'elle était infirmière ou quelque chose en rapport avec le domaine médical. C'est ce qui me paraît le plus logique quand elle me dit qu'elle fait ça depuis plusieurs siècles. Je pense être entre de bonnes mains.

Puis j'apprend qu'elle est immortelle et je ne sais pas ce que cela fait de l'être. Moi je suis née et je mourrais dans plusieurs dizaines d'années avec un peu de chance. Je ne sais pas ce qui était le mieux, être immortelle ou ne pas l'être.

-Je ne suis pas prête de recommencer.

J'ai presque envie de rire quand elle me dit qu'elle a rarement vu des sirènes dans les forêts et je comprend pourquoi. Ce n'est pas notre élément donc on se blesse plus facilement et on ne sent pas forcément bien à l'intérieur. Au moins j'avais reçu une bonne leçon et la prochaine fois je me retiendrais d'y aller. Une sirène au coeur de la forêt qui n'est pas une forêt d'algues ou de corail n'est pas une bonne idée.

-J'espère ne pas me blesser à chaque fois même si je serai ravie de vous revoir.

Je ne mens pas, je trouve la jeune fée vraiment gentille, avec de l'empathie et elle me rassure. Mais ce n'était pas une raison pour revenir se blesser. Il y avait beaucoup de moyens aujourd'hui pour se voir sans se faire mal.

-Non je n'ai jamais eu besoin d'y aller.

Je ne me blesse presque pas ou alors ce n'est jamais grand chose.

Je ne pense pas que je remettrai les pieds dans une forêt dans les mois à venir voir même les années, sauf si on m'y emmène sans que je ne puisse rien faire. C'était une des pires idées que j'avais pu avoir parce que maintenant j'avais quelque chose à la cheville et tout ce que je pouvais espérer était qu'elle n'ait rien de trop grave.

-Pour le coup c'est la forêt qui ne veut pas de moi. J'avais très envie de découvrir un autre élément naturel que la mer.

Je soupire un petit peu. Dommage, ça avait l'air d'être un joli endroit encore inconnu pour moi. Dorénavant j'allais m'en tenir à la plage et à la mer. Au moins je connais ces éléments naturels et je ne risque pas de me blesser.

-Je vous comprend. Chaque créature a son élément et parfois je me dis que j'aurais mieux fait de restreindre ma curiosité.

Je souris un petit peu quand elle me dit qu'elle aussi serait ravie de me revoir. Tant mieux, je ne lui ai pas fais mauvaise impression. Ça peut toujours servir d'avoir une fée comme amie après tout. Au moins je n'aurais pas à craindre qu'elle me voit sous mon apparence naturelle ou qu'il m'arrive quoi que ce soit.

-Oui avec deux chevilles intactes et peut-être que l'on se verrait sous nos formes surnaturelles. Je me posais la question, avez-vous des ailes ?

Question probablement bête mais c'était la première fois que je voyais une fée et après tout on m'avait raconté que les fées avaient des ailes. C'est le cas dans les contes en tout cas.

-De ce côté-là c'est une chance oui, la chance d'être surnaturelle et de résister un peu mieux, au froid notamment. Seulement quand je tombe malade je mets plus de temps à guérir.

Ma condition surnaturelle aidant après tout. Mon soulagement se faisait immense quand je constatais que nous allions sortir de la forêt pour revenir à la vie citadine.

-Pourquoi pas. Ce sera un moyen de faire plus ample connaissance.

Drôle de moyen de faire connaissance. Se blesser pour ça. Je sentais que je pouvais avoir confiance en la jeune femme donc peut-être que oui ce serait mieux que ce soit elle qui s'occupe de moi.

-Non, ma famille n'est pas... ici.

Je n'avais que peu de contacts avec ma famille et c'était tant mieux d'un sens.

-Oui je ferai ça la prochaine fois... Enfin si prochaine fois il y a.

Un guide ? Oui probablement que c'est une personne que j'engagerai pour m'aider dans la forêt mais je ne pense pas qu'il y aura une autre prochaine fois. Je suis vaccinée pour un bon moment de la nature verte. Malgré la douleur, j'aimais beaucoup parler avec la jeune femme. Il y avait ce quelque chose de réconfortant chez elle, quelque chose de posé que j'appréciais et qui me permettait de ne pas paniquer. J'étais tombé sur une fée, ça aurait pu être pire de toute façon et tomber sur un humain. La jeune femme savait au moins ce qu'il fallait faire comme premiers soins. Elle m'était d'une aide précieuse.

Je me mets à regarder du mieux que je peux alors que j'aperçois des ailes dorées dans le dos. Je ne sais pas à trop à quoi elles font référence mais je les trouvais tellement belles. J'aurais aimé avoir des ailes juste pour frimer même si j'aimais ma queue de poisson. Probablement que je lui montrerai un jour.

-C'est dommage parce qu'elles sont magnifiques. Au moins vous n'avez pas à vous cacher quand il pleut ou qu'on renverse un peu d'eau sur vous.

Sa vie avait l'air tellement plus facile que la mienne à vivre niveau surnaturel. Puis j'ai remarqué après qu'elle ne pouvait plus voler depuis plusieurs siècles. Serait-elle si âgée ?

-Des siècles ? Pardon c'est impoli de vous demander ça. Je suis désolée, ça ne me regarde pas.

Quitte à faire la route ensemble, autant en connaître un peu plus sur elle même si pour le moment je connaissais plus de choses d'elle que elle sur moi. Enfin nous étions sur le béton et c'était beaucoup plus simple pour marcher car je n'avais pas à faire attention aux racines et c'était plat donc bien plus facile.

-Non... Enfin oui je peux toujours demander à un ami mais il est déjà bien occupé.

Je n'ai pas tant d'amis proches que ça et là je pensais à Alexandre mais je ne voulais pas lui rajouter ça en plus de son travail, ses études et le kiné. Alors que je pensais à ça, je m'aperçois que nous arrivons à l'hôpital. J'ai un petit peu d'appréhension et je pense que ça peut se sentir. Ce n'est pas mon lieu favori. Un avantage est que je n'ai pas à attendre bien longtemps qu'on me prend aussitôt en charge. La fée reste avec moi et j'apprécie alors qu'elle n'y est pas obligée.

Je laisse le médecin m'examiner puis faire quelques radios. Je prie intérieurement pour que ce ne soit rien de grave.

-Alors docteur ?

Je ne savais pas vraiment où me mettre après lui avoir demandé ça. J'avais réussi à me retenir jusque-là de lui demander si elle avait des ailes. On ne rencontrait pas une fée tous les jours et tout le monde s'imagine que les fées ont des ailes. Mais visiblement ce n'est pas le cas et la jeune femme semble le prendre plutôt bien. Ouf je suis rassurée car je ne voulais vraiment pas me mettre à dos la gentille fée parce que oui je la trouvais vraiment gentille et je n'avais pas envie qu'elle me laisse là même si nous étions presque arrivées à l'hôpital. Et puis je suis sûre que je pourrais m'en faire une amie.

-Et bien... Vous avez dû en voir des choses en toutes ces années ?

Je ne suis pas immortelle et par conséquent je ne verrais jamais des tas de choses. Mais je crois que je préfère ne pas l'être car faire attention sans arrêt à ce que je fais comme veiller à ne pas être mouillée par le pluie ou faire attention quand je dois aller dans la mer pour me transformer.

Notre conversation continuait au fur et à mesure que nous avancions dans les couloirs de l'hôpital car oui nous venions d'arriver. J'avais été prise en charge tout de suite et si je n'étais pas friande de ce genre d'endroits, j'étais plutôt rassurée avec la présence de la fée. Elle me rassurait et je ne voulais pas qu'elle me laisse. Pas quand je passais des examens.

-Oui pourquoi pas.

Je ne refusais pas son offre car je recevais peu de personnes chez moi mais je savais que je n'avais rien à craindre avec elle. Et puis peut-être que ça me permettrait de guérir beaucoup plus vite. Je fais tous les examens et malheureusement le verdict tombe et c'est bien celui que la fée m'avait donné.

-Quelques semaines ?!

D'accord je suis peut-être allé un peu fort dans la manière de le dire mais même si je m'y attendais, je ne pouvais pas vraiment me le permettre. Enfin de toute façon je n'allais pas avoir le choix et la jeune femme veillerait sur moi. J'écoute alors les conseils du médecin, ce que j'ai le droit de faire ou pas et je comprend que je ne pourrais pas travailler. Je lâchais un petit soupir.

-J'espère... Je n'ai pas le choix de toute façon ?

Je ne suis pas hyper convaincue et je crois que ça se sent et se voit. Après avoir écouté le médecin, mon entorse pansée, je suis autorisée à sortir de l'hôpital avec des béquilles et la jeune femme ne m'a pas quittée.

-Je vous suis reconnaissante pour votre aide.

La question s'était posée d'elle-même. Lorsque l'on est éternel, on doit bien voir beaucoup de choses positives ou négatives et je ne doutais qu'elle ait vu pas mal de ces choses-là. Mais je suis un peu surprise lorsqu'elle me dit qu'elle a essayé d'avoir une vie normale. Je ne suis pas sûre qu'elle comme moi puissions avoir une vie normale. Peut-être avait-elle moins de risques à prendre que moi. Il fallait que je fasse attention à tous éternellement et notamment dès que de l'eau s'approchait trop près de moi. Faire attention quand je me transformais, que d'inconvénients et je n'étais pas sûre que la vie éternelle soit faite pour moi. Les sirènes ont toujours été considérées comme des êtres maléfiques depuis l'Antiquité alors pourquoi ça changerait ?

-Aussi normale que l'on peut être.

Je comprenais ce qu'elle voulait dire et plus que n'importe qui d'autre. La normalité n'était pas une chose que l'on pouvait se permettre et même s'il m'arrivait d'envier ceux qui l'avaient, je ne me voyais pas vivre sans une bonne dose de péripéties même si elles m'apportaient des ennuis. Les créatures surnaturelles n'ont pas de vie normale ou essaient de l'être comme j'ai essayé de le faire. Mais j'ai commencé à ne plus renier ce que je suis parce que c'est ce qui fait de moi quelqu'un de différent. Une partie de ce que je suis.

Je ne sais pas si la présence de la fée fait que je me sens philosophique ou bien ma présence à l'hôpital pour expliquer que j'ai envie de penser à autre chose. En l'occurrence c'est le fait de ne pas pouvoir travailler pendant plusieurs semaines qui me posent pose problème. Je n'ai pas le choix de toute façon mais... J'espère que cela n'impactera pas ma queue de sirène parce que je dois me transformer au moins une fois tous les trois jours pour éviter de m'affaiblir et de mourir. Je finis par sortir avec la présence de la jeune femme et sa présence est tellement rassurante que je me sens bien ou à peu près un sentiment qui s'en rapproche.

-Vous êtes la première fée que je rencontre et je suis ravie que ce soit vous.

Je soupire alors qu'elle me demande si je vis loin.

-Non enfin je ne crois pas... Je vous ai assez monopolisé comme ça, je vais me débrouiller. Je vous remercie pour tout.

Je commence à marcher mais je ne suis pas très douée avec les béquilles. Je sais que ça va bien se passer et que je vais m'habituer mais là c'est un peu plus compliqué. Je m'arrête l'air de rien pour la regarder.

-Est-ce que je vous reverrais ?